Pierre Frapin, un apothicaire fournisseur de Molière (23 septembre 1640-5 novembre 1714) - article ; n°318 ; vol.86, pg 187-200
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Pierre Frapin, un apothicaire fournisseur de Molière (23 septembre 1640-5 novembre 1714) - article ; n°318 ; vol.86, pg 187-200

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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1998 - Volume 86 - Numéro 318 - Pages 187-200
Pierre Frapin, an apothecary supplier of Molière
Molière's after death inventory showed that there was a debt to the apothecary Pierre Frapin. The author proved that Pierre Frapin lived near Molière's house in Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre place du Palais-Royal. The apothecary was avid for money, so it is possible that the opening scene of Le Malade imaginaire was inspired to Molière by over evaluated bills made out by Frapin.
L'inventaire après décès de Molière prouve qu'il avait une dette de 166 livres envers l'apothicaire Pierre Frapin. Celui-ci, chirurgien à l'origine, devenu marchand apothicaire, était installé à Paris rue Saint-Thomas-du-Louvre, place du Palais-Royal, à proximité de la maison où habitait Molière.
L'auteur trace un portrait sans complaisance de cet apothicaire violent, dépravé, avide d'honneurs et d'argent et émet l'hypothèse que Molière, en écrivant le fameux monologue d'Argan du Malade imaginaire, ait fait des emprunts aux mémoires de drogues et compositions élaborés par Pierre Frapin.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dr Christian Warolin
Pierre Frapin, un apothicaire fournisseur de Molière (23
septembre 1640-5 novembre 1714)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 318, 1998. pp. 187-200.
Abstract
Pierre Frapin, an apothecary supplier of Molière
Molière's after death inventory showed that there was a debt to the apothecary Pierre Frapin. The author proved that Pierre
Frapin lived near Molière's house in Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre place du Palais-Royal. The apothecary was avid for
money, so it is possible that the opening scene of Le Malade imaginaire was inspired to Molière by over evaluated bills made out
by Frapin.
Résumé
L'inventaire après décès de Molière prouve qu'il avait une dette de 166 livres envers l'apothicaire Pierre Frapin. Celui-ci,
chirurgien à l'origine, devenu marchand apothicaire, était installé à Paris rue Saint-Thomas-du-Louvre, place du Palais-Royal, à
proximité de la maison où habitait Molière.
L'auteur trace un portrait sans complaisance de cet apothicaire violent, dépravé, avide d'honneurs et d'argent et émet l'hypothèse
que Molière, en écrivant le fameux monologue d'Argan du Malade imaginaire, ait fait des emprunts aux mémoires de drogues et
compositions élaborés par Pierre Frapin.
Citer ce document / Cite this document :
Warolin Christian. Pierre Frapin, un apothicaire fournisseur de Molière (23 septembre 1640-5 novembre 1714). In: Revue
d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 318, 1998. pp. 187-200.
doi : 10.3406/pharm.1998.4626
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1998_num_86_318_4626187
PIERRE FRAPIN,
UN APOTHICAIRE FOURNISSEUR
DE MOLIÈRE
(23 SEPTEMBRE 1640 - 5 NOVEMBRE 1714)
par Christian Warolin *
Moins d'un mois après la mort de Molière, le 17 février 1673, son
inventaire après décès fut étabU à la requête de damoiselle Claire-
Elizabeth-Armande-Gresinde Béjart, sa veuve l.
Parmi les quelques dettes de la communauté des époux, deux concernent
des apothicaires : « Aux sieurs Frapin et Dupré, appothicaires, cent soixante-
six livres quatorze sols, d'une part, et vingt livres dix solz, d'autre. »
Maurice Bouvet a cherché à identifier ces deux apothicaires. Connus, a-t-il
écrit, l'un et l'autre comme apothicaires privilégiés, Pierre Frapin était apo
thicaire de la Grande Écurie du roi, en 1680, et Jean Demion, dit Dupré, était
aide-apothicaire du roi pour le quartier de juillet 2. Dans son importante étude
sur les apothicaires royaux 3, M. Bouvet note que la nomination de Pierre
Frapin « figure dans un registre de la série 01 des Archives nationales ; nous
n'avons pu retrouver cette cote égarée, ajoute-t-il ».
Nous avons entrepris une recherche biographique sur Pierre Frapin bénéfi
ciant, comme point de départ, des cotes de deux scellés apposés par les comm
issaires au Chatelet sur le logis de Pierre Frapin, l'un rue Saint-Thomas-du-
Louvre, après le décès de sa femme Marie Corot 4, le 24 février 1707, l'autre
rue Fromenteau, après son propre décès 5, le 5 novembre 1714. Les procès-
Communication présentée à la Société d'histoire de la pharmacie le 18 juin 1997.
* 17, rue Ronsard, 37270 Montlouis-sur-Loire.
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLVX N° 318, 2e TRIM. 1998, 187-200. 1 88 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
verbaux d'apposition de scellés présentent l'intérêt de citer le nom du notai
re chargé de rédiger l'inventaire après décès. C'est ainsi que nous disposons
des inventaires de Pierre Frapin à sa mort 6 et lors du décès de sa femme 7.
Grâce à une constitution de rente sur l'Hôtel de Ville, nous savons que
Pierre Frapin était natif de Paris et qu'il fut baptisé à Saint-Séverin le 23 sep
tembre 1640 8. Ainsi, il vécut jusqu'à soixante-quatorze ans, âge respectable
à cette époque.
Le mariage de Pierre Frapin et de Marie Corot
Pierre Frapin épousa Marie Corot. Leur contrat de mariage fut signé le 18
juin 1665 9. Le jeune futur époux, chirurgien à cette époque, demeurait rue
Saint- Jacques, fl était assisté de ses parents, Geneviève Biardeau et. . . Pierre
Frapin, son père, maître-apothicaire et bourgeois de Paris. Cette identité de pr
énom conduit à se poser la question : qui, du père ou du fils, fut le fournisseur
de Molière ? Nous aUons y répondre. La fiancée, Marie Corot, « majeure usante
et jouissante de ses biens et droits », demeurait à Paris rue des Bons-Enfants
auprès d'Énémonde Joachine de Harlay, veuve de messire Charles Des
Essartz, de son vivant conseiller du roi, maréchal de camp en ses armées et
gouverneur de la ville de Montreuil-sur-Mer.
Elle était la fille de Claude Corot, procureur fiscal à Saint-Florentin-en-
Champagne et de Madeleine Fleuriet.
Jean Frapin, frère de Pierre, et Gilbert Demurat, son cousin germain,
étaient présents ainsi que Marguerite Corot, sur de la fiancée, et Marguerite
Fleuriet, sa tante.
Marie Corot apportait en dot 4 000 livres tant en argent, qu'habits, linge,
etc. Sur cette somme, 800 livres entraient dans la communauté ainsi que ses
vêtements et le reste lui demeurait en propre.
Son fiancé lui constituait un douaire prefix de 1 500 livres. Un préciput de
500 livres serait alloué au survivant des deux époux, de plus, les parents de
Pierre Frapin s'engageaient solidairement à lui donner par préciput, et avant
la célébration du mariage, une boutique garnie de toutes choses nécessaires
convenant à sa profession de chirurgien pour son établissement à Paris.
Les relations entre les deux époux furent extrêmement conflictuelles et pri
rent même un tour dramatique, comme l'atteste une transaction passée devant
notaire le 27 juin 1693 10, qui aboutit à une séparation de corps et de biens.
Les deux parties s'expliquèrent tour à tour.
Marie Corot, qui estimait être sans reproche et accomplir son devoir
d'épouse en témoignant à son mari ramitié qu'elle lui devait, l'accusait de se
comporter depuis plusieurs années d'une manière outrageante et de la traiter
indignement. Cette conduite ne pouvait qu'être exacerbée par la fréquenta- PIERRE FRAPIN, UN APOTHICAIRE FOURNISSEUR DE MOLIÈRE 1 89
tion de femmes et de filles qui le débauchaient. De plus, elle lui reprochait de
s'adonner au jeu, où il perdait parfois jusqu'à cent pistoles, en prélevant tout
l'argent de la maison. Sa haine était si violente, déclara-t-elle, qu'il plaçait les
biens communautaires sous des noms d'emprunt, partait en voyage en
Espagne, ou dans d'autres pays, la laissant sans argent.
En agissant de la sorte, son diabolique époux devait espérer obtenir leur
séparation mais Marie Corot, usant de patience, temporisait. Cependant, la
situation empirait. Non seulement, elle était injuriée en des termes « que la
bienséance ne permet pas d'exprimer », mais elle était frappée avec tant de
violence qu'elle en restait meurtrie, perdant parfois son sang, son tourmen-
teur la menaçant de la tuer « pour n'avoir plus devant les yeux un objet qui
luy estoit insuportable » ! Il aurait même pris des mesures pour la faire enle
ver, déclarant que si elle ne voulait pas se séparer de lui, U y allait de sa vie !
Perdant enfin patience, Marie Corot s'était décidée à porter plainte auprès
d'un commissaire enquêteur et examinateur au Chatelet et à présenter une
requête au lieutenant civil afin d'obtenir une séparation de corps et de biens
et pour que lui soit restituée sa dot de 4 000 livres. Le lieutenant civil auto
risa l'infortunée Marie à engager des poursuites pour faire valoir ses droits.
Naturellement, Pierre Frapin (dont le nom au XVIIe siècle était synonyme
de bruit et de tumulte) nia, déclarant que tous les faits allégués étaient insou
tenables, qu'il n'avait jamais fréquenté de femmes et de filles, ni perdu au
jeu. Mais il constatait que « les aigreurs de l'esprit de ladite damoiselle ont
engendré une telle antipathie qu'il n'était plus possible de vivre avec elle ».
Toutes les tentatives de conciliation ayant échoué, les parents et les amis
de ce couple dramatique élaborèrent la transaction suivante : les époux seront
dorénavant séparés de biens et vivront indépendamment, Pierre F

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