Politique industrielle et filières - article ; n°1 ; vol.13, pg 86-99
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1980 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 86-99
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Stoffaës
Politique industrielle et filières
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 13. 3e trimestre 1980. pp. 86-99.
Citer ce document / Cite this document :
Stoffaës Christian. Politique industrielle et filières. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 13. 3e trimestre 1980. pp. 86-99.
doi : 10.3406/rei.1980.1986
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1980_num_13_1_1986Politique Industrielle et Filières
Christian STOFF AES
Professeur de Politique Industrielle
à l'Institut d'Etudes Politiques
Chef du Centre d'Etudes et de Prévision
du Ministère de l'Industrie
I. — LE CONCEPT DE FILIERE
Le concept de filière est, on le sent, au coeur de nombreux choix stratégiques
de la politique économique et de la politique de l'entreprise. Il souffre malheu
reusement en général d'une conceptualisation insuffisante. Il n'a guère sa place
dans les constructions intellectuelles qui se disputent le champ de la théorie éco
nomique.
La notion de filière déborde les nomenclatures en branches et en secteurs, qui
dépeignent les champs du marché où s'exercent la concurrence et les interdépen
dances entre firmes exerçant les mêmes activités. Elle s'oppose nettement à la
vision classique selon laquelle l'optimum de l'allocation des ressources est assuré
par l'unicité des marchés et des prix : l'intégration verticale systématique n'amél
iorerait pas l'efficacité, celle-ci étant au contraire assurée par l'atomisation de la
production et de la filière entre concurrents dont les rapports sont réglés par les
mécanismes de prix (sauf dans le cas de positions monopolitiques : voir plus
loin).
La notion de filière s'oppose aussi aux visions modernes des phénomènes de
compétitivité structurelle fondée sur les rendements croissants et sur l'apprentis
sage, selon lesquelles la compétitivité d'une entreprise ou d'une nation s'obtient
par la concentration des ressources disponibles des facteurs de production (capit
al, travail etc ...) sur les activités les mieux portées par la demande et sur les
points forts de la compétivité. L'entreprise compétitive dans son domaine d'acti
vité serait celle qui se spécialise et atteint une part dominante de son segment de
marché (ou « strategic business unit »), par le jeu des économies d'échelle stat
iques et de l'effet d'apprentissage dynamique qui lui permettent de réduire ses
coûts de production et d'améliorer ses produits. Les interdépendances aux diffé
rents stades de la filière n'apparaissent pas dans cette vision de la compétitivité,
non plus d'ailleurs que les synergies technologiques diverses qui apparaissent
pourtant être au coeur des phénomènes réels de compétitivité en longue période.
La description de l'industrie par les filières
Une filière industrielle est constituée de l'ensemble des stades du processus de
production qui conduit des matières premières à la satisfaction du besoin final du
86 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE— n° 13, 3' trimestre 1980 que ce besoin final s'adresse d'ailleurs à un bien matériel (type consommateur,
alimentation, logement etc..) ou à un service (type transport-communications,
santé, loisir).
Une activité industrielle peut ainsi être décrite comme le processus qui, à partir
d'un « input » de matières premières, à travers une succession de techniques de
transformation, aboutit à un « output », ou produit, commercialisé à son utilisa
teur final.
La manière dont est décrite l'industrie par la science économique n'est pas neut
re. Les nomenclatures utilisées pour classer les activités industrielles reflètent les
conceptions économiques du moment ainsi que la manière d'envisager les
problèmes-clefs dominants.
Les premières nomenclatures industrielles du XVIIIe siècle traduisent
l'influence des Physiocrates, pour qui les seules activités productives consistaient
en l'exploitation des matières premières, les stades de transformation ultérieurs
étant plus ou moins stériles. Ainsi, elles découpaient l'industrie en trois grandes
rubriques suivant l'origine des matières premières employées : produits miné
raux, végétaux et animaux.
La conception de filière prédomine aussi dans l'organisation des directions sec
torielles du Ministère de l'Industrie, héritière de la tradition productiviste des
comités d'organisation de la dernière guerre : filière métallurgique, à partir de la
sidérurgie jusqu'à la mécanique à la Direction des Industries Métallurgiques,
Mécaniques et Electriques ; filière agro-chimique à la Direction des Industires
Chimiques, Textiles et Diverses, la fusion du textile et du bois avec la chimie il y a
dix ans traduisant les interdépendances technologiques croissantes et les substitu
tions entre productions végétale (bois, coton) animales (laine, corps gras etc..) et
chimiques (matières plastiques, fibres synthétiques etc..) substitutions que la
prolifération des biotechnologies continuera de développer ; filière électronique,
fondée sur les courants faibles et les matériaux semi-conducteurs, qui prend une
autonomie croissante reconnue par la création de la Direction des Industries
Electroniques et de l'Informatique il y a cinq ans, par séparation d'avec la cons
truction électrique.
Les nomenclatures actuellement en vogue dans les pays occidentaux sont fon
dées sur le critère d'association, définissant les rubriques en fonction des groupe
ments d'activités les plus fréquents dans les entreprises et les établissements de
production. Les branches industrielles rassemblent les activités et les produits
similaires, en compétition les uns avec les autres sur les différents marchés.
L'approche visant à identifier les centres effectifs de décision industrielle, c'est-à-
dire les états-majors des entreprises conduit au classement en secteurs, qui
regroupe les entreprises ayant la même activité principale. Ainsi est reconnue la
predominance du concept de concurrence sur les vues productivistes. Les regrou
pements en grandes catégories, telles que biens de consommation, courantes et
durables, biens d'équipement, biens intermédiaires, matières premières reflètent,
quant à eux, le triomphe des conceptions keynésiennes et le primat du rôle de la
demande finale, intermédiaire, ou d'investissement dans la conduite de la polit
ique économique, mettant en évidence les effets de stockage, de multiplicateur et
d'accélérateur.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 13, 3' trimestre 1980 87 Filières et stratégie industrielle
Au-delà des simples questions de nomenclature, le problème de stratégie indust
rielle posé par les filières est essentiellement un problème d'intégration verticale.
Dans quelle mesure le contrôle des stades successifs du processus de production
et de commercialisation par l'entreprise (ou par la nation si l'on parle de polit
ique industrielle au niveau national) constitue-t-il une bonne stratégie ?
Le positionnement à un stade de la filière permet-il d'exercer un pouvoir de
domination ou de contrôle sur les stades amont et aval ; à quel stade faut-il se
situer ?
Encore faut-il s'entendre sur le sens du mot contrôle. S'il s'agit du problème de
la stratégie industrielle de la nation, faut-il l'entendre sous le sens de la localisa
tion des différents stades de production sur le territoire national, au besoin sous
contrôle du capital étranger de manière à éviter les importations ? Ou sous le sens
du de ces stàdès successifs par des entreprises à capitaux privés natio
naux, ou encore par des entreprises publiques sous contrôle de la stratégie écono
mique de l'état ?
D'autre part, s'il s'agit de la stratégie industrielle de la firme, contrôle ne signi
fie pas nécessairement contrôle financier. Une entreprise qui dispose de sous-
traitants entièrement captifs et en situation dispersée (cf. les firmes géantes de la
construction automobile) contrôle parfaitement sa filière aussi bien en amont
(équipementiers) qu'en aval (concessionnaires et réseau commercial) sans avoir
besoin de la proprié

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