Population et personnalités juives du Sud-Est (Bouches du Rhône et Alpes-Maritimes). À l époque du grand Sanhédrin - article ; n°1 ; vol.235, pg 67-85
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Population et personnalités juives du Sud-Est (Bouches du Rhône et Alpes-Maritimes). À l'époque du grand Sanhédrin - article ; n°1 ; vol.235, pg 67-85

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1979 - Volume 235 - Numéro 1 - Pages 67-85
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Hildesheimer
Population et personnalités juives du Sud-Est (Bouches du
Rhône et Alpes-Maritimes). À l'époque du grand Sanhédrin
In: Annales historiques de la Révolution française. N°235, 1979. pp. 67-85.
Citer ce document / Cite this document :
Hildesheimer Françoise. Population et personnalités juives du Sud-Est (Bouches du Rhône et Alpes-Maritimes). À l'époque du
grand Sanhédrin. In: Annales historiques de la Révolution française. N°235, 1979. pp. 67-85.
doi : 10.3406/ahrf.1979.1037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1979_num_235_1_1037POPULATION ET PERSONNALITÉS JUIVES
DU SUD- EST
(BOUCHES-DU-RHONE ET ALPES-MARITIMES)
A L'ÉPOQUE DU GRAND SANHÉDRIN
II est bien superflu de rappeler l'importance de la période
révolutionnaire et impériale dans l'histoire des Juifs en France,
pas davantage d'ailleurs que les interprétations divergentes
auxquelles elle a donné lieu. A cet égard, on dispose de travaux
de deux types : les ouvrages de synthèse, généraux et étendant
leur étude à l'ensemble du territoire français, et les travaux
érudits s'attachant aux événements particuliers et à des régions
bien spécifiques. Or il est un point sur lequel il convient toujours
d'insister, quoiqu'il soit bien connu : c'est l'absence d'unité de
la population juive telle qu'elle se présentait sous l'Ancien Régime,
les différences opposant Juifs du Midi et Juifs de l'Est, et, à
l'intérieur du premier groupe, Portugais de Bordeaux et Avignon-
nais. Or il apparaît que ces derniers, pour la période que nous
considérons aujourd'hui et qui, malgré l'émancipation, demeure
fortement tributaire de l'Ancien Régime, ont bien fait l'objet
d'études de détail ne les replaçant que peu dans le cadre d'une
problématique historique générale, mais ont été quelque peu
délaissés par les travaux de synthèse qui, à juste titre d'ailleurs
en fonction des problèmes posés à l'administration centrale, se
sont essentiellement consacrés aux communautés de l'Est, n'évo
quant que plus accidentellement celles du Sud-Est.
Autre raison tout aussi contraignante de cette relative
pauvreté : la rareté des sources et leur caractère presque exclus
ivement administratif. En effet, on sait que, sur le plan local,
les archives des communautés tant niçoise que marseillaise ont
disparu lors de la dernière guerre et que la correspondance
adressée par le consistoire de Marseille au consistoire central 68 F. HILDESHEIMER
n'est conservé qu'à partir de 1821 (1). Restent donc les archives
du pouvoir central, en l'espèce celles du ministère des Cultes
(série F 19 des Archives nationales) exploitées par Robert
Anchel (2), celles, au plan local, de l'administration préfectorale
(série V des Archives départementales) (3) qui, pour l'essentiel,
doublent les documents parisiens dans une optique de simple
exécution. Il faudrait encore signaler, pour être complet, les
minutes notariales dont le dépouillement est si important dans
une perspective d'histoire sociale. Il reste que, pour cerner la vie
des communautés et la mise en place des institutions nouvelles,
l'absence d'archives privées se fait cruellement sentir.
I — LA POPULATION JUIVE
Afin de préciser le cadre de cette étude, il convient de
commencer par citer quelques chiffres. On connaît les difficultés
que comporte toute tentative d'estimation d'une population juive :
choix des critères de distinction, provenances diverses des sources
chiffrées, exactitude ou approximations variables ; il demeure
qu'au-delà des chiffres bruts, il est possible de cerner des évolutions
significatives.
Bouches-du-Rhôtte. — Nul n'ignore la répartition territoriale
de la population juive sous l'Ancien Régime et sa concentration,
pour le Sud-Est, à Avignon et dans le Comtat avec une présence
marginale, mais réelle, en Provence (4) ; avec l'émancipation, cette
présence, devenue libre d'entraves, se renforce au détriment
d'Avignon et du Comtat (la population juive y passe de 2 000
individus en 1789 à 631 en 1808), avec pour conséquence le
développement d'un important centre juif dans ks Bouches-du-
Rhône.
Les premières enquêtes du gouvernement impérial en 1806
y font état de la présence de 450 à 500 juifs, mais leur information
improvisée semble limitée à la ville de Marseille ; en 1808, une
(1) On signalera en outre que des documents concernant le Consistoire se
trouvent à Brandeis University. Documents sur la France, Box. 2. Marseille
(Renseignement communiqué par G. Nahon).
(2) R. Anchel, Napoléon et les Juifs, Paris, 1928. Sur une plus longue durée,
on dispose de la synthèse récente de P. Girard, Les Juifs en France de 1789 à
I860, Paris, 1976.
(3) R. Busquet, Répertoire numérique de la série V des Archives des Bouches-
du-Rhône, Marseille, 1910 ; L. Imbert, Répertoire numérique des fonds « Consulat
et Empire » des Archives des Alpes-Maritimes, Cannes, 1935.
(4) F. Hildesheimer, « Négociants juifs à Marseille au XVIIIe siècle », Archives
juives, 1977, pp. 11-18. JUIFS DU SUD-EST 69
statistique plus sérieuse dénombre 872 individus ainsi répartis :
Marseille : 440 : 45 Saint-Rémy
Aix 157 Barbentane : 1
Salon 60 Eygalières : 14
Marignane 10 Fontvieille : 1
Arles 96 Saint-Andiol : 24
Tarascon 24
D'autres sources toujours d'origine administrative fournissent
des estimations quelque peu supérieures, autour de 950 individus (5).
Quelques chiffres empruntés aux années immédiatement
postérieures sont utiles à citer ici, dans la mesure où ils signifient
clairement l'évolution de la population juive : en 1837 une nouvelle
estimation regroupant les individus par « synagogue » aboutit
aux résultats suivants : Marseille : 975 ; Aix : 300 ; Salon. : 125 ;
soit 1 400 Juifs pour une population totale de 359 473 habi
tants (6). En 1841, la Préfecture reprend les chiffres fournis par
le Consistoire :
Marseille : 1007 Saint-Rémy : 56
Aix : 161 Martigues : 4
Salon : 90 La Fare : 5
Marignane : 23 Saint-Chamas : 7
Arles : 59 Barbentane : 4
Tarascon : 46
soit 1 463 Juifs pour une population de 223 990 habitants
(0,625 %) (7).
Voici enfin quelques chiffres postérieurs pour Marseille et
Aix :
1851 1861 1866 1872
Marseille : 986 2 113 2 557 2 662
Aix : 123 228 395 358
soit une augmentation par rapport à la hausse générale de la
population de 150 % pour Marseille et 145 % pour Aix (8).
L'évolution générale est donc fort claire. On ajoutera qu'en
1809, 44,7 % de la population juive des Bouches-du-Rhône vivait
à Marseille ; en 1872, cette proportion monte à 83,03 % (contre
56,3 % pour l'ensemble de la population). Après ces données
(3) A. D. Bouchesdu-Rhône, 112 V 1.
(6) A. D. Bouches-duRhône, 116 V 1.
(7) A. D. Bouches-du-Rhône, 112 V 1.
(8) D. Cohen, La promotion des juifs en France à l'époque du Second Empire,
thèse, Aix, 1977, pp. 86-87 70 F. HILDESHEIMER
générales, il convient d'envisager des points plus particuliers. Pour
ce faire, trois exemples de communautés pour lesquelles on
dispose d'études particulières fondées sur les déclarations d'état
civil de 1808 : Marseille, Aix et Saint-Rémy (9). Elles fournissent
des renseignements précis sur l'origine des déclarants.
Marseille, avec 458 déclarants, constitue « un microscome du
monde juif » : juifs originaires du Sud-Est (Avignon et Comtat),
mais aussi du bassin de la Méditerranée, deux colporteurs venus
de Nancy et de la Moselle, juifs d'Amsterdam, etc.
A Aix on note 43 juifs originaires de Carpentras, 29 de
Cavaillon, 29 de l'Isle, 3 d'Avignon, 3 de Marseille, 1 de Nice,
1 de Nîmes, 1 d'Apt, 1 de Metz, pour 168 déclarants.
A Saint-Rémy enfin, sur 49 individus : 11 sont nés à l'Isle,
6 à Carpentras, 3 à Avignon, 1 à Arles, 9 sont d'origine indéter
minée (peut-être l'Isle) ; les 19 restants sont nés à Saint-Rémy.
On le voit clairement, outre sa prépondérance numérique,
Marseille affirme son originalité par rapport aux autres commun
autés du département avec un cosmopolitanisme qui n'a ri

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