Pour un modèle économique de l exploitation agricole byzantine. Problèmes de méthode et premiers résultats - article ; n°2 ; vol.3, pg 221-234
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Pour un modèle économique de l'exploitation agricole byzantine. Problèmes de méthode et premiers résultats - article ; n°2 ; vol.3, pg 221-234

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Description

Histoire & Mesure - Année 1988 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 221-234
L’exploitation familiale occupe une place prépondérante dans la production agricole byzantine et est une des sources principales, par le biais de l’impôt, des revenus de l’Empire. Il est possible d’en dresser le bilan économique en estimant les divers paramètres qui le constituent : statut de l’exploitant, rendement, prélèvement de l’impôt, investissement, consommation familiale.Ce bilan fait, on s’aperçoit que le surplus est faible et ne rend guère possible une croissance économique. L’exploitation familiale est de ce fait extrêmement fragile et son progrès technique en est rendu très difficile. On comprend mieux ainsi le rôle important joué par le niveau du prélèvement de l’impôt : dès qu’il dépasse un certain seuil il conduit l’exploitation à sa perte. Finalement la santé de l’exploitation familiale retentit sur le niveau d’activité de l’économie urbaine par le biais de la redistribution faite par l’État de ses revenus à une classe de dignitaires.
For an economic model of the Byzantine agricultural holdings.Methodology and primary findings. Domestic holdings are of major importance inside Byzantine agricul-tural production. It is, by means of taxes, one of the main components of Empire income. It is possible to make an economic balance sheet of these holdings by estimating different parameters such as holder’s statue, production, tax, investment, domestic consumption. One can see that surplus is of minor importance: this fact can explain the difficulty of economic development. Domestic holdings are by this fact extremely weak and technological progress very hazardous. One better understands why tax levers are so important: if too high, they will ruin the holdings. Finally, the condition of domestic holdings has an important effect on the urban economic lever because the state used to distribute among upper class what it got from taxes.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Kaplan
Pour un modèle économique de l'exploitation agricole byzantine.
Problèmes de méthode et premiers résultats
In: Histoire & Mesure, 1988 volume 3 - n°2. pp. 221-234.
Résumé
Michel Kaplan. Pour un modèle économique de l'exploitation agricole byzantine. Problèmes de méthode et premiers résultats
L'exploitation familiale occupe une place prépondérante dans la production agricole byzantine et est une des sources principales,
par le biais de l'impôt, des revenus de l'Empire. Il est possible d'en dresser le bilan économique en estimant les divers
paramètres qui le constituent : statut de l'exploitant, rendement, prélèvement de l'impôt, investissement, consommation familiale.
Ce bilan fait, on s'aperçoit que le surplus est faible et ne rend guère possible une croissance économique. L'exploitation familiale
est de ce fait extrêmement fragile et son progrès technique en est rendu très difficile. On comprend mieux ainsi le rôle important
joué par le niveau du prélèvement de l'impôt : dès qu'il dépasse un certain seuil il conduit l'exploitation à sa perte. Finalement la
santé de l'exploitation familiale retentit sur le niveau d'activité de l'économie urbaine par le biais de la redistribution faite par l'Etat
de ses revenus à une classe de dignitaires.
Abstract
Michel Kaplan. For an economic model of the Byzantine agricultu-ral holdings. Methodology and primary findings. Domestic
holdings are of major importance inside Byzantine agricultural production. It is, by means of taxes, one of the main components
of Empire income.
It is possible to make an economic balance sheet of these holdings by estimating different parameters such as holder's status,
production, tax, investment, domestic consumption. One can see that surplus is of minor importance: this fact can explain the
difficulty of economic development. Domestic holdings are by this fact extremely weak and technological progress very
hazardous. One better understands why tax levels are so important: if too high, they will ruin the holdings. Finally, the condition of
domestic holdings has an important effect on the urban economic level because the state used to distribute among upper class
what it got from taxes.
Citer ce document / Cite this document :
Kaplan Michel. Pour un modèle économique de l'exploitation agricole byzantine. Problèmes de méthode et premiers résultats.
In: Histoire & Mesure, 1988 volume 3 - n°2. pp. 221-234.
doi : 10.3406/hism.1988.1335
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1988_num_3_2_1335Histoire & Mesure, 1988, III-2, 221-234
MESURE DE L'HISTOIRE
Michel KAPLAN
Pour un modèle économique de l'exploitation
agricole byzantine.
Problèmes de méthode et premiers résultats.
d'étude L'exploitation à la fois idéal agricole et limité byzantine pour définir avant le un Xlle modèle siècle économique offre un champ et en
examiner le fonctionnement.
Idéal, parce que l'exploitation familiale occupe une place prépondér
ante dans la production agricole, indépendamment du statut de l'exploi
tant : propriétaire, locataire ou parèque (1), le paysan économiquement
indépendant est la cheville ouvrière du système ; même sur les terres
appartenant à de grands propriétaires, les réserves sont tout à fait
marginales (2). Une part écrasante de la production est assurée par la
petite exploitation. De plus, les Byzantins eux-mêmes définissent l'idéal
qui anime le petit exploitant, comme d'ailleurs le grand propriétaire, et
qui correspond à la logique du système : l'autarcie (3). Cette vision de
1 économie agraire conduit d'ailleurs le grand propriétaire à rechercher
systématiquement la mise en valeur de ses terres par de petits exploitants
tout en se désintéressant ouvertement de l'investissement productif (4).
L'exploitation paysanne n'est donc pour lui qu'une source de prélève
ment, comme d'ailleurs pour l'Etat, dont ce prélèvement constitue le
principal moyen d'existence.
Limité, parce que les sources disponibles sont peu abondantes dès
que l'on veut quitter le plan qualitatif pour entrer dans le champ
quantitatif. Les documents d'archives sont peu nombreux et, de plus,
presque tous issus des monastères athonites, dont les terres se situent exclusivement en Macédoine orientale. Un grand nombre de
variables externes ou internes ne peuvent être approchées que de loin :
les prix autres que ceux des céréales - et encore ! - sont pratiquement
inconnus (5) ; les rendements, évidemment variables, ne se laissent pas
facilement cerner, ni en valeur ni en variation (6) ; le prélèvement fiscal
ou privé n'est pas toujours connu avec une exactitude suffisante. La
221 Histoire & Mesure
contradiction est donc irritante entre l'existence assurée d'un modèle, sur
lequel les empereurs du Xe siècle affirment que leur régime repose, et la
difficulté que nous avons à en cerner le fonctionnement. Le fait même
que le régime socio-politique qui correspond à l'apogée de cet empire en
fasse consciemment sa base nous pousse toutefois a tenter, autant que
possible, de comprendre la logique de fonctionnement de cette petite
exploitation paysanne.
Bien entendu, cette exploitation paysanne est éminemment variable,
en dehors même du mode de faire-valoir, et notre premier problème
consiste à en rechercher les constantes, au-delà des différences de village
à village et même à l'intérieur de ceux-ci. Nous avons pu ainsi définir la
prépondérance de l'exploitation familiale équipée d'un araire tiré par une
paire de bœufs. La famille doit ici s'entendre au sens conjugal ; ce point
distingue d'ailleurs nettement le paysan de l'aristocrate, dont la famille
est organisée sur le mode patriarcal. La taille de la tenure paysanne est
variable, mais dans des limites relativement étroites, qui tiennent à la
logique même du système. Une exploitation plus grande permet certes un
meilleur niveau de vie, et d'abord une alimentation plus abondante et
plus variée ; cette amélioration permet l'entretien d'une famille plus
nombreuse ; les partages successoraux qui s'ensuivent réduisent l'exploi
tation à la génération suivante. Faute de main-d'œuvre familiale, il
faudrait avoir recours au salariat ; or celui-ci est, comparativement, hors
de prix, diminuant du même coup la rentabilité économique d'une
exploitation trop étendue. Non que les salaires soient très élevés : 6 à 7
nomismata par an. Mais cette rémunération doit permettre de nourrir
toute une famille (7), au lieu d'une seule personne dans le cadre de
l'exploitation familiale. Au reste, le manque d'hommes, mal endémique
des campagnes byzantines, explique ce coût élevé de la main-d'œuvre.
Certes, des exploitations paysannes ressortent du lot, dégageant une
élite de coqs de village parmi lesquels se sont longtemps recrutés les
soldats-paysans qui forment l'encadrement de l'armée des thèmes (8).
Mais elles sont relativement peu nombreuses et leur contingent va en
diminuant, si l'on regarde la rareté des dizeugitai, paysans dotés d'une
terre double de celle que peut cultiver la paire de bœufs attelés au joug,
dans les archives des Xle-XIIe siècles (9). De la même façon, les
exploitations de taille inférieure au zeugarion qu'exploite l'attelage de
base sont finalement minoritaires dans la plupart des villages. Le
zeugaratos, qui exploite avec sa famille et, éventuellement, un serviteur,
en utilisant un araire tiré par une paire de bœufs, correspond à une
norme constante à travers toute notre période ; les tenures plus étendues
et en toute propriété étaient plus nombreuses aux VIIe-IXe siècles, mais
sans compromettre le caractère exemplaire d'une ferme qui recouvrait
une superficie d'une dizaine d'hectares (10).
Trois autres constantes viennent influer sur la logique économique
de cette tenure. La première résulte d'une donnée technique simple, le
mode de rotation des cultures : les Byzantins pratiquent, du moins sur les
zones qu'ils ne peuvent irriguer en permanence et qui sont l'immense
majorité, une rotation au mieux biennale ; la moitié des terres de plein
champ de la tenure reste donc chaque année en friche (11). La seconde
ressort des sources tant narratives que diplomatiques : chaque tenure
222 Michel K

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