Pour une relecture des métopes de l Héraion de Sélinonte - article ; n°2 ; vol.22, pg 93-108
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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1996 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 93-108
La publication par Clémente Marconi des métopes de l'Héraion de Sélinonte (temple E sur la colline de la Marinella) apporte une réponse définitive à l'identification des scènes figurées. À l'Est comme à l'Ouest, le bloc central présente des couples hiérogamiques. Il est encadré par des rapts, actes de violence contrôlée, et par le châtiment des impies entraînés dans le tourbillon de la démesure. Donc une composition rigoureuse dans le chef-d'œuvre d'un style sévère occidental, qui recèle un certain équilibre entre linévitable violence et la sérénité conquise.
Clemente Marconi's releasing of the metops of the Selinonte Heraion (E temple, on the Marinella Hill) brings some final answer to the identification of the diagrammatic figures. Eastwards and westwards, the central piece shows hierogamic couples. It is surrounded by abductions - where the violence is controlled - and by the punishment of the irreligious persons, dragged along in the whirlpool of immoderation. Therefore, some strict composition in the masterpiece, made in a severe occidental style, balancing between the inescapable violence and the gained serenity.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Lévêque
Pour une relecture des métopes de l'Héraion de Sélinonte
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 93-108.
Résumé
La publication par Clémente Marconi des métopes de l'Héraion de Sélinonte (temple E sur la colline de la Marinella) apporte une
réponse définitive à l'identification des scènes figurées. À l'Est comme à l'Ouest, le bloc central présente des couples
hiérogamiques. Il est encadré par des rapts, actes de violence contrôlée, et par le châtiment des impies entraînés dans le
tourbillon de la démesure. Donc une composition rigoureuse dans le chef-d'œuvre d'un style sévère occidental, qui recèle un
certain équilibre entre linévitable violence et la sérénité conquise.
Abstract
Clemente Marconi's releasing of the metops of the Selinonte Heraion (E temple, on the Marinella Hill) brings some final answer to
the identification of the diagrammatic figures. Eastwards and westwards, the central piece shows hierogamic couples. It is
surrounded by abductions - where the violence is controlled - and by the punishment of the irreligious persons, dragged along in
the whirlpool of immoderation. Therefore, some strict composition in the masterpiece, made in a severe occidental style,
balancing between the inescapable violence and the gained serenity.
Citer ce document / Cite this document :
Lévêque Pierre. Pour une relecture des métopes de l'Héraion de Sélinonte. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996.
pp. 93-108.
doi : 10.3406/dha.1996.2297
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1996_num_22_2_2297Dialogues d'Histoire Ancienne 22/2, 1996, 93-108
POUR UNE RELECTURE DES METOPES
DE L'HÉRAION DE SÉLINONTE
Pierre LÉVÊQUE
ISTA, CNRS - Université de Franche-Comté
Le livre de Clémente Marconi1 sur les métopes du temple
d'Héra à Sélinonte est un événement. Il cause grande joie à tous ceux
qui aiment un travail d'une extrême rigueur, à la fois savant et
imaginatif. Il fait franchir un pas décisif dans la connaissance de
pierres émouvantes entre toutes, la dernière série de métopes créée
dans "Sélinonte la ville des palmes". Il apporte aussi un témoignage
décisif sur un décor de style sévère dans la Sicile méridionale aux
environs de 450.
Le temple d'Héra à Sélinonte
II ne semble plus révocable en doute que le temple dit E de la
colline de la Marinella soit un Héraion. Une inscription du 3e siècle
donne une dédicace : "Archeso fille d'Eschylos à Héra en vœu". On a
également exhumé, dans Vady ton, la tête, plus grande que nature,
d'une statue de culte antérieure (2e quart du 6e siècle).
1. Clémente MARCONI, Selinunte. Le metope de/ r 'Нега шм, Modeně 1994, 356 p. 94 Pierre Lévêque
Les récents travaux de Giorgo Gullini permettent d'attribuer
les métopes à la quatrième phase de l'édifice : 460-450, ce qui corre
spond à la rencontre de plusieurs traditions ; on note en particulier
l'utilisation systématique des raffinements optiques, ce qui est très
rare en Occident. Le temple est de dimensions importantes, le second
à Sélinonte après le colossal G. La présence d'un opisthodome
entraîne un allongement (6 x 15 colonnes) et il y a douze métopes au
lieu de dix auparavant dans les temple С et F.
Les métopes sont en calcaire, comme le temple (dans un
calcaire différent), mais les parties nues des sujets féminins sont en
marbre de Paros, ce qui impose une technique raffinée de pièces
rapportées qu'on ne peut qualifier d'acrolithique, malgré des ressem
blances. Etait-ce manière d'économiser ? Je crois que c'est d'autant
moins le cas que le transport du marbre et le recours nécessaire à des
spécialistes devaient augmenter les dépenses ; au reste la cité ne
paraît guère avoir lésiné pour édifier cet Héraion aux vastes proport
ions, doté au surcroît d'une décoration imposante. Il faut plutôt
songer à des jeux de couleur et de lumière, aujourd'hui disparus, où le
blanc lumineux, voire étincelant, du marbre s'opposait à la poly
chromie en bleu/rouge/vert.
Des questionnements sur la technique de travail ont mainte
nant reçu réponse. On distingue deux ateliers, l'un à l'Est et l'autre à
l'Ouest, chacun d'eux composé sans doute de deux sculpteurs pour le
marbre, de deux pour le calcaire et de quelques assistants. Il sont
assez aisément reconnaissables, avec notamment plus de vivacité sur
les visages à l'Est, plus d'atonie à l'Ouest ; il y a aussi des
divergences nettes dans les plis et dans la disposition de
Yapoptygma dont une remarquable analyse est faite (p. 180). Ce qui
n'empêche nullement une forte unité des deux façades. Quant aux
rapports en marbre, on est sûr maintenant qu'ils étaient montés avant
que les métopes ne fussent en place.
Le travail exhaustif de CM. fournit d'abord un historique des
fouilles, avec, sur deux siècles, des documents d'archives assez
pittoresques du fait des querelles d'amateurs et de fonctionnaires.
Ensuite est donné un atlas des métopes entières et des fragments, ces
derniers ayant une importance capitale pour la détermination des
thèmes des métopes perdues. Les recherches se poursuivent en deux
grandes parties : Le immagini et / significati. Notes très riches,
bibliographie abondante, où l'on découvre beaucoup.
DHA 22/2, 1996 Pour une relecture des métopes de l'Héraion de Sélinonte 95
Le décor des métopes
On attendait l'auteur avec une vive impatience dans l'identi
fication des scènes représentées sur les métopes manquantes, dont il
reste souvent si peu. Certes les exégètes avisés s'étaient révélés
nombreux parmi ses prédécesseurs, mais ce qui retient ici l'attention
c'est la sûreté et la souplesse de la démonstration. Démonstration
très rigoureuse, mais toujours modeste (cf. p. 242 : "de simples
hypothèses").
On dispose de critères d'identification raisonnables :
• place des fragments dans les ruines du temple effondré, surtout à
l'Est, car à l'Ouest la situation est chaotique ;
• place dans le schéma des six métopes de chaque façade, qui ne
peut être aléatoire ni arbitraire. On remarque que, dans les deux
métopes centrales de chaque côté, la présentation des dieux est
calme et même solennelle, tandis qu'elle est mouvementée et même
agitée dans les autres ;
• compatibilité avec le message global d'un Héraion, où il est
difficile que figurent les divinités infernales ou Dionysos ;
• progressivité de l'identification : le jeune dieu imberbe de O4 ne
peut être Dionysos pour des raisons de convenance, ni Apollon qui
figure déjà dans le rapt de Daphné. On songera donc à Ares, ce que
confirme le trou de sa lance.
Les métopes centrales
Deux groupes s'opposent fortement, de manière à imposer la
distinction fermement visualisée de deux mondes : les métopes
centrales dans une atmosphère de paix, les métopes latérales mont
rant des scènes de violence. Cette opposition est la même sur les deux
façades, ce qui en fait une grille de lecture fondamentale.
Au centre s'impose ce qu'on peut bien appeler un panthéon
généalogique qui montre Cronos et ses descendants :
le génération : Cronos et Rhéa ;
2e : les Cronides : Zeus, Héra, Poseidon (ce dernier
accompagné de son épouse Amphitrite, qui n'est
pas une Cronide, mais une simple Néréide) ;
3e génération : deux enfants de Zeus, Ares et Aphrodite.
Ces métopes représentent des couples établis, dans de calmes
attitudes, même quand il s'agit de divinités engagées une action
DHA 22/2, 1996 96 Pierre Lévêque
mystique, comme le dévoilement hiérogamique d'Héra (ce relief
étant le seul du centre à offrir une présentation non-verticale des
protagonistes).
La façade principale
• E 4 représente les préparatifs de l'hiérogamie de Zeus et d'Héra.
Héra est rayonnante de vie et de bonheur, ce qui apparaît sur son
visage que CM. dit joliment (p. 231) florida e giovanile.
• E 3 est plus di

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