Première législation tahitienne. Le Code Pomaré de 1819. Historique et traduction - article ; n°8 ; vol.8, pg 5-26
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1952 - Volume 8 - Numéro 8 - Pages 5-26
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis-Joseph Bouge
Première législation tahitienne. Le Code Pomaré de 1819.
Historique et traduction
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 8, 1952. pp. 5-26.
Citer ce document / Cite this document :
Bouge Louis-Joseph. Première législation tahitienne. Le Code Pomaré de 1819. Historique et traduction. In: Journal de la
Société des océanistes. Tome 8, 1952. pp. 5-26.
doi : 10.3406/jso.1952.1735
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1952_num_8_8_1735PREMIÈRE LÉGISLATION TAHITIENNE
LE CODE POMARÉ DE 1819
HISTORIQUE ET TRADUCTION
Avec mes remercièmentê et ma reconnaissance
aux Pasteurs Paul et Charles Vernier, à Tetua
Natua, à Martial Jorss, à Ernest Salmon et à
quelques autres, également consultés, qui m'ont
aidé de leur savoir tahitien dans la rédaction en
français du Code de 1819 et particulièrement de <•
l'article VIII. Cet article, relatif aux fauteurs
de troubles , le plus instructif au point de vue *
ethnologique, a donné lieu à de nombreuses et
différentes inteprétations avant de permettre,
grâce à une exacte décomposition et prononciat
ion des mots, la traduction précise des 71 délits,
avec leur physionomie d'époque.
Vers la fin du xviif siècle, les navigateurs des mers australes trou
vèrent à Tahiti, comme dans la plupart des îles polynésiennes, de
formation géologique relativement récente, des populations venues de
l'Indonésie et du continent asiatique.
Malgré son expédition spectaculaire — du Pérou à Tahiti — il est
peu probable que Thor Heyerdahl parvienne à convaincre les ethno
logues que les Polynésiens descendent des anciennes populations de la
côte Ouest de l'Amérique, même s'il est acquis que des groupements
américains touchèrent, à certaines époques, les rivages océaniens.
Quoi qu'il en soit, les transplantés en Polynésie, victimes des boule
versements terrestres et marins survenus dans un passé non encore
précisé, formèrent, après de nombreuses générations, la race indigène
que décrivirent, les premiers en date, Wallis, Bougainville et Cook.
Il est vraisemblable que les nouveaux habitants des îles conservèrent
un certain temps, dans la mesure du possible, la manière de vivre et de
penser des régions d'où ils provenaient. Dans des traits de mœurs, dans
le caractère, dans le physique et surtout dans les légendes les plus
anciennes on trouve des survivances du passé asiatique. Cependant, ces
groupements humains ne tardèrent pas à s'adapter à la vie d'insula- 6 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES.
rite. Les facilités de l'existence matérielle qu'ils eurent sur des terres
généreuses, à la fois humides et ensoleillées, aux rivages riches en
poissons, en crustacés et en coquillages, créèrent, principalement à
Tahiti, une vie heureuse dans la gaîté des jours lumineux et des nuits
lunaires.
Cependant, à la chute brusque du jour et durant les nuits sans lune,
l'euphorie faisait place à l'angoisse et à l'épouvante. Le passage sans
transition d'une luminosité éclatante à la profonde obscurité d'une
végétation très dense explique le côté mystérieux de l'âme océa
nienne et les « tupapau », ces esprits nocturnes qui sévissent encore de
nos jours.
Moerenhout (1) a écrit que les îles de la Société étaient dans un état
très florissant, lors des premières visites européennes, car nos maladies
n'y avaient encore fait que peu de ravages; elles jouissaient de toute
la volupté de leurs antiques plaisirs, mais on peut dire que cette époque •
fut la dernière et qu'ensuite elles déclinèrent.
Le mal vénérien, la dysenterie, nos usages et nos excès changèrent
bientôt si fort l'état de ces hommes fortunés, qu'accablés de souffrances
inouïes, en proie aux dissensions et à l'ivrognerie, moissonnés par
centaines, ils se virent diminués au point de n'être plus reconnaissables.
Après son exposé sévère, Moerenhout donne, à propos du dernier
voyage de Cook, une appréciation qui contient un regret. Quand Cook,
dit-il, exprimait le vœu que les Européens ou les autres nations civi
lisées continuassent à visiter les îles de la Société pour fournir aux
insulaires les objets dont ils avaient appris l'usage et sentiraient désor
mais la privation, quoique animé de bonnes intentions, il formait, pour
ce peuple, un vœu indiscret dont l'accomplissement ne pouvait qu'être
contraire à leur bonheur.
Après ce regret, que d'autres ont exprimé, sans songer aux évolutions
inéluctables, je rappellerai quelques faits essentiels de l'histoire de
Tahiti, en manière d'introduction au code Pomaré.
Les Anglais missionnaires protestants arrivent à Tahiti vingt ans après
la description de la Nouvelle Cythère par Bougainville.
Peu après leur installation, Pomaré II, victorieux de ses ennemis,
grâce aux Anglais, se tourne vers le protestantisme et entraîne avec lui
de nombreuses conversions plus opportunes que convaincues.
Elles contentaient les uns et ne modifiaient guère les autres, mais la
religion et les coutumes indigènes, qui étaient une force aux mains des
chefs, supprimées sans ménagement, produisirent un grand désarroi
(1) Voyages aux îles du Grand Océan, Paris, 1837, tome II, p. 402 et suiv. .
LE CODE POMARE DE 1 819. 7
dans la société tahitienne. La foi nouvelle que les missionnaires étaient
naturellement désireux de voir adopter par les Tahitiens et l'opportu
nisme intéressé de Pomaré et de ses partisans transformèrent trop vite
la vie sociale de Tahiti et des îles adjacentes.
À une organisation ancienne qui formait un tout et avait fait ses
preuves, on substitua, presque du jour au lendemain, des concepts et des
règles qui n'étaient pas à la mesure des habitants des îles.
Le roi néophyte accorda, plus ou moins, sa volonté sur celle des mis
sionnaires anglais dont le but était de modifier au plus tôt les mœurs
indigènes considérées comme immorales et, cela, dans un sens favorable
à la religion nouvellement introduite. La rédaction et la proclamation
d'un code, le premier en date à Tahiti, fut l'aboutissement normal de
ces deux volontés — l'une anglaise, l'autre indigène.
Le code, dans son édition originale, en langue tahitienne, était com
posé de trois fragments de papier imprimés d'un seul côté. Réunis, ils
formaient une grande feuille de 70 cm. X 30 cm. sortie des presses de
la mission protestante de Tahiti.
Il contenait des interdictions d'actes, de gestes et d'intentions qui
n'avaient jamais été ainsi précisés, et un grand nombre, d'obligations
nouvelles. Rédigé en tahitien de la première heure, il contient des mots
qui n'ont plus leurs équivalents dans la langue actuelle.
La connaissance du milieu indigène de l'époque est indispensable
pour comprendre certaines phrases pleines de sens et la portée de nomb
reuses expressions relevant du folklore.
La traduction française du Code de 1819 (2) que nous présentons
serre le texte tahitien de très près. Elle n'a pas toujours été facile parce
que le manque d'accentuation conduit à des interprétations très diffé
rentes; une même syllabe, suivant la façon dont elle est prononcée,
prend des significations différentes, souvent très éloignées les unes des
autres.
Une version libre n'aurait présenté qu'une suite de défenses et de
sanctions valables pour des Océaniens à convertir sans distinction de
leur personnalité.
La traduction presque mot à mot et l'interprétation d'après la situa
tion de 1819, à défaut d'autres documents plus précis, situe le tahitien
de l'époque, dans ses coutumes et ses habitudes sociales, avant sa trans
formation au contact permanent des Européens. Elle permet de mieux
apprécier l'esprit et le génie de la langue tahitienne.
(2) The Report of the directors to the Twenty-eight general meeting of the
Missionary Society, Londres, 1822, aux pages 8-10, donne la traduction anglaise
des dix-neuf titres des articles, ainsi que la traduction des articles 6, 7 et 15.
REYOE DES OCBA518TE

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