Prendre les eaux en al-Andalus. Pratique et fréquentation de la Hamma - article ; n°43 ; vol.21, pg 41-54
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Description

Médiévales - Année 2002 - Volume 21 - Numéro 43 - Pages 41-54
Quoiqu'elles privilégient clairement l'information concernant le bain à fonction hygiénique (hammam) aux dépens du bain thermal (hamma), les sources médiévales arabes (tout comme l'observation archéologique) confirment l'intérêt qui fut porté à ce dernier en al-Andalus et au Maghreb. L'impact social et économique de celui-ci fut alors beaucoup plus important que dans l'Antiquité romaine, au contraire de ce qui a souvent été affirmé.
Taking the waters in al-Andalus. Practice and frequentation of the hamma - Both mediaeval Arab sources and archaeological observations confirm the importance of the thermal bath (hamma) in al-Andalus and in North Africa. Their social and economic impact there was much more significant than in ancient Rome, contrary to what has often been stated.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrice Cressier
Prendre les eaux en al-Andalus. Pratique et fréquentation de la
Hamma
In: Médiévales, N°43, 2002. pp. 41-54.
Résumé
Quoiqu'elles privilégient clairement l'information concernant le bain à fonction hygiénique (hammam) aux dépens du bain thermal
(hamma), les sources médiévales arabes (tout comme l'observation archéologique) confirment l'intérêt qui fut porté à ce dernier
en al-Andalus et au Maghreb. L'impact social et économique de celui-ci fut alors beaucoup plus important que dans l'Antiquité
romaine, au contraire de ce qui a souvent été affirmé.
Abstract
Taking the waters in al-Andalus. Practice and frequentation of the hamma - Both mediaeval Arab sources and archaeological
observations confirm the importance of the thermal bath (hamma) in al-Andalus and in North Africa. Their social and economic
impact there was much more significant than in ancient Rome, contrary to what has often been stated.
Citer ce document / Cite this document :
Cressier Patrice. Prendre les eaux en al-Andalus. Pratique et fréquentation de la Hamma. In: Médiévales, N°43, 2002. pp. 41-
54.
doi : 10.3406/medi.2002.1555
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2002_num_21_43_1555Médiévales 43, automne 2002, p. 41-54
Patrice CRESSIER
PRENDRE LES EAUX EN AL-ANDALUS.
PRATIQUE ET FRÉQUENTATION DE LA HAMMA
La langue arabe offre la particularité de disposer de deux termes
permettant de distinguer sans la moindre ambiguïté les bains à fonction
hygiénique (al-hammâm), dont l'importance dans la vie sociale islami
que est un lieu commun, des sources thermales naturelles (al-hamma) à
vocation thérapeutique potentielle l.
Les premiers ont fait l'objet d'études très nombreuses depuis des
perspectives variées (archéologie, urbanisme, anthropologie, histoire
sociale, histoire des mentalités et histoire de la médecine, etc.). Les
monuments conservés — qui sont les sources matérielles de l'archéolo
gue — ne sont pas rares partout dans le monde islamique et de toutes
époques, tout comme sont abondantes les données textuelles disponi
bles (chroniques, ouvrages géographiques, traités de médecine, traités
de hisba, poésie) 2. En revanche les chercheurs n'ont manifesté jusqu'à
ce jour qu'un intérêt très limité pour les secondes — les hamma-s — 3,
1. Voir les notices respectives dans Y Encyclopédie de l'Islam : EI2, t. III, p. 135 et
p. 139-146.
2. Quoique ni l'un ni l'autre ne soient satisfaisants, on pourra consulter deux
ouvrages à vocation synthétique : Grupo de Estudio « Urbanismo Musulman », Banos
arabes en el Pais Valenciano, Valence, 1989 et B. Pavôn Maldonado, Tratado deArqui-
tectura hispano-musulmana. I. ElAgua, Madrid, 1990.
3. Voir la place réduite occupée, d'une façon générale, par les bains médiévaux au
sein de deux colloques relativement récents consacrés au thermalisme ancien : Terma-
lismo antiguo. Adas de la mesa redonda Aguas mineromedicinales, fermas curativas y
culto a las aguas en la Peninsula Ibérica, Madrid, 28-30 de noviembre de 1991, Ma.
J. Pérex et A. Bazzana éd. , numéro monographique de la revue Espacio, tiempo y forma.
Revista de la Facultad de Geografia e Historia, Série II, 5, 1992; Termalismo antiguo,
Ma. J. Pérex Agorreta éd., Casa de Velâzquez-UNED, Madrid, 1997. Voir dans ce dernier
volume l'introduction au bloc des communications concernant le Moyen Âge : Patrice
Cressier, « VII. Banos termales y fuentes médicinales en la Edad Media », p. 519-527. 42 P. CRESSIER
parce que les sources écrites s'y référant sont sans doute moins
nombreuses et surtout plus fragmentaires et parce que, paradoxalement,
l'engouement pour le thermalisme aux XVIIIe et XIXe siècle, dans la
péninsule Ibérique comme partout en Europe, contribua, par la mise en
place de grands ensembles balnéaires, à gommer les traces matérielles
des aménagements anciens, d'ailleurs souvent fort modestes.
Je n'aurais, je l'avoue, peut-être jamais perçu non plus la nécessité
de l'étude des hamma-s si, alors que j'avais entrepris une recherche sur
le peuplement médiéval d'une petite région d'Andalousie orientale,
dans l'actuelle province d'Almerîa4, je n'avais eu à m' interroger sur
leur rôle et la nature de leur impact sur l'organisation du territoire, à une
assez vaste échelle qui plus est. Ce sont quelques-uns des résultats géné
raux acquis à l'occasion de cette recherche régionale que je présenterai
ici, en les extrapolant chaque fois que possible à l'ensemble d'al-Anda-
lus voire au Maghreb occidental 5.
Précocité du phénomène
Trop souvent encore dans l'esprit de beaucoup, le thermalisme est
associé à la civilisation romaine, le Moyen Âge étant considéré comme
phase de régression. S'il est pourtant un domaine où cela est faux c'est,
ainsi que le montrent les lignes qui suivent, celui des bains thermaux.
Des toponymes al-hamma apparaissent cités dans les chroniques
historiques à propos d'événements prenant place aux IXe et Xe siècles
déjà, ce qui suppose de la part des nouvelles populations une reconnais
sance de la nature et des potentialités des sources chaudes en question.
Il est significatif que ces mentions concernent des régions aussi élo
ignées les unes des autres que la Rioja, à la frontière septentrionale de
l'émirat de Cordoue, ou la kûra de Rayya (actuelle province de Malaga)
aux marges sud de celui-ci. Le wâdï al-hamma identifié par E. Terés au
rio Alhama non loin d'Arnedo (province de Logrono) est cité par Ibn
Hayyân pour des faits de guerre survenus en 914 6. Une des sources de
4. La vallée de Sénés dans la Sierra de los Filabres. Voir P. Cressier, « Châteaux et
terroirs irrigués dans la province d' Almeiia (xe-xve siècles) », dans Castrum 5. Archéol
ogie des espaces agraires méditerranéeens au Moyen Âge, A. Bazzana éd., Casa de
Velâzquez-Ecole française de Rome, Madrid-Rome, 1999, p. 439-453.
5. Une version développée du présent article doit paraître prochainement dans un
livre collectif des collections de la Casa de Velazquez : P. Cressier, « Le bain thermal
(al-hamma) en al-Andalus : l'exemple de la province d' Almerfa », dans La Maîtrise de
l'eau en al-Andalus.
6. Ibn Hayyân, Crônica del califa (Abderrahmàn III an-Nâsir entre los anos 912
y 942 (al-Muqtabis V), trad. Ma. J. Viguera et F. Corriente, Saragosse, 1981 ; voir p. 85.
E. Terés, Materiales para el estudio de la toponimia hispano-arabe. Nomina fluvial. /,
Madrid, 1986 ; voir p. 202-203. PRENDRE LES EAUX EN AL-ANDALUS 43
Alhama de Al mena
BaHos de Sierra AlhamlB*
Fig. 1 — Carte de localisation des principaux toponymes al-hamma/Alhama,
ainsi que de certains bains thermaux fréquentés en époque islamique
et cités dans le texte. 44 p. CRESsmR
cette rivière, celle de Suellacabras (près d'Agreda, province de Soria)
est effectivement thermale et sulfureuse. La hamma de la kûra de Rayya
mentionnée, elle, en 886 est plus difficile à situer et deux identifications
sont généralement proposées (banos de Vilo, près de Periana ou bahos
de las Majadas près d'Alcaucin) 7.
Compte tenu de la rareté des informations textuelles concernant la
conquête de la Péninsule et le VIIIe siècle en général, l'absence de
mention avant 886 ne saurait être considérée comme significative et je
crois que l'on peut avancer sans trop de risque d'erreur, l'hypothèse
d'une reconnaissance — et donc d'une utilisation — des sources chau
des naturelles au fur et à mesure de l'avancée puis de l'installation
arabo-islamique.
L'éventail des caractéristiques hydrominérales des sources ainsi
reconnues est large : il s'agit, bien entendu, de jaillissements spontanés
thermaux voire hyperthermaux (27 °C à Alange, 32 °C à 37 °C à Alhama
de Aragon, 47 °C à Alhama de Granada et jusqu'à 58 °C aux Banos de
Sierra Alhamilla), aux eaux souvent radioactives et principalement
bicarbonatées, sodiques, sulfatées, chlorées et calciques, en moindre
proportion magnétiques, sulfureuses ou silicatées.
Remarquons enfin que les sources minérales non thermales d'al-
Andalus — qui posent d'autres problèmes d'&#

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