Quelques épitaphes grecques - article ; n°1 ; vol.99, pg 219-227
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1975 - Volume 99 - Numéro 1 - Pages 219-227
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Olivier Masson
Quelques épitaphes grecques
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 99, livraison 1, 1975. pp. 219-227.
Citer ce document / Cite this document :
Masson Olivier. Quelques épitaphes grecques. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 99, livraison 1, 1975. pp.
219-227.
doi : 10.3406/bch.1975.2077
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1975_num_99_1_2077ÉPITAPHES GRECQUES QUELQUES
i. Une épitaphe archaïque de Sélinonte
En ces dernières années, l'épigraphie de la Sicile s'est enrichie avec la publication
d'un certain nombre d'inscriptions funéraires de Sélinonte, que nous connaissons
grâce à la diligence^ de Mme Manni Piraino. Les pierres qui sont conservées au musée
de Palerme sont maintenant rassemblées, avec une excellente illustration, dans le
catalogue des inscriptions lapidaires de ce musée, qui a paru récemment sous la même
signature1.
Au n° 85 (Tav. LUI), nous trouvons une épitaphe de la série caractérisée par
le mot σάμα, déjà publiée en 1970a. Le texte donné est Θεοξέν|δ εμ.ί σα|μ.α το N[i]|qoXaç,
soit « Je suis le monument de Théoxénos, fils de Nikolas » ; lettres du vie siècle, dont
un qoppa3, la plupart très lisibles (fig. 1). A première vue, l'inscription semblerait
banale, avec des noms sans grande originalité.
Cependant, la forme du second génitif doit retenir l'attention. A ce sujet, l'édi
trice remarque : «... genitivo ... terminante in -ας. Quest' ultimo fatto ci conferma
senza ombra di dubbio l'opinione di M. Guarducci4 sull'esistenza, nel mondo greco,
di nominativi maschili beotici (o greco nord-occidentali) uscenti al nominativo in -a
e contraddice l'opinione contraria di O. Masson ... »5.
En évitant tout parti pris dans cette question de morphologie dialectale, il est
nécessaire d'examiner de plus près les faits allégués. En effet, pour les noms masculins
en -a- long, il n'existe nulle part en grec une flexion unitaire qui aurait, d'une part,
un nominatif en -â, et, symétriquement, un génitif en -ας : on reviendrait, ainsi, à
la flexion des féminins, ce que le grec, à la différence du latin, a voulu éviter6. Les
(1) Maria -Teresa Manni Piraino, Iscrizioni greche lapidarie del Museo di Palermo, s. d. [1973],
(2) M. T. Manni Piraino, Kôkalos, 16 (1970), p. 291-292.
(3) ■ Pour l'emploi de cette lettre en Sicile, voir dans le même recueil les nos 76 (vne s.), 61 et 64 (vie s.),
37 (vie-ve s.), 65 (ve s.) ; dans l'imprécation de Sélinonte, vers 475-450, emploi moins régulier, voir BCH 96
(1972), p. 378-380. Je remercie Mme Manni Piraino pour l'aimable communication de la photographie qui est
reproduite ici.
(4) Renvoi à RendicLincei 25 (1970), p. 62-64.
(5)à Glotta 43 (1965), p. 227-234.
(6) Sur ce point, voir en dernier lieu E. Risch, « A propos de l'origine des masculins grecs en -ας », BSL 69
(1974), p. 109-119. OLIVIER MASSON [BCH 99 220
affirmations dans ce sens, présentées par quelques érudits7, se sont révélées inexactes :
s'il existe, essentiellement en béotien et au Nord-Ouest, des exemples de nominatif
en -a, aucun rapport ne peut être démontré avec des génitifs en -ας8, et finalement,
l'existence de ces derniers est illusoire, tous les exemples recensés étant susceptibles
de recevoir une explication différente9.
Mais il faut revenir à la forme NiqoXaç, considérée comme un génitif masculin
par l'éditrice de l'inscription. En admettant qu'il soit possible, pourrions-nous le
placer en face d'un nominatif en -ας des thèmes en -ô-? En aucune manière, car s'il
existe un nominatif en -λας en dorien et ailleurs, il est bien connu qu'il résulte de la
contraction d'un thème en *-e/o-, le groupe très répandu des noms à second élément
-λά/ος.
Il convient donc d'examiner brièvement les formes que prennent ces composés
dans les divers groupes dialectaux. A) Le type ancien, avec digamma intervocalique
conservé Δεξίλα/ος11 comme ; achéen en probable mycénien10, Άρκεσίλα/ος est bien au attesté début : achéen d'un texte des non environs grec en de Apulie18, Sybaris,
corinthien /Ίόλα/ος et Μενέλα-Γος13, chypriote syllabique Νικόλα/Ός14. Β) Après la
chute du digamma, on a, dans divers dialectes, le type Νικόλαος, avec d'innombrables
exemples. G) En dehors de l'ionien-attique, une contraction s'est souvent produite,
nominatif Νικόλας, etc., génitif -â de -aô15. D) En ionien-attique, par *-ληος, on est
passé normalement à -λεως16. De tout cela, il résulte à l'évidence qu'un nom masculin
de cette série, en dorien de Sélinonte, ne peut pas avoir d'autre forme que nominatif
Νικόλας, génitif Νικόλα.
Mais il faut examiner aussi les féminins correspondants17. A) Un type ancien
*Άρκεσι-λά,Γα a nécessairement existé, mais ne semble pas attesté. B) Ensuite, on a
la forme non contractée -λάα. Elle se trouve bien en béotien : Άρκεσιλάα, IG VII, 830 ;
Άρχελάα ibid. 3043 ; Κριτολάα ibid. 3411 ; Χαριλάα ibid. 1493. G) Surtout, dans diverses
régions, un type contracte en -λα : en pays dorien, à Théra Νικόλα, IG XII 3, 513 b ;
à Mélos, une série Δεξίλα, Νικόλα, Χαιρέλα, ibid. 1202, 1168, 1219 ; à Gyrène Άβρόλα
SEG, IX, 182 ; Κριτόλα, 117 et 181, etc. ; parfois en Attique, Τιμόλα IG II2, 12801 ;
dans la littérature, Στρατόλα, étrangère chez Démosthène, C. Nééra 19 ; Κλεόλα
(7) Notamment E. Fraenkel, Griech. Nomina Agentis, II (1912), p. 185, n. 1 ; F. Bechtel, Griech.
Dial. I (1921), p. 268.
(8) A. Morpurgo, Glotta 39 (1961), p. 93-111.
(9) O. Masson, Glotta 43 (1965), p. 227-234. Je tiens mes conclusions pour toujours valables.
(10) Type de a-ke-ra-wo, a-pi-ra-wo, etc. ; J. Chadwick et L. Baumbach, Glotta 41 (1963), p. 216-217 ;
A. Heubeck, Studi linguistici in onore di V. Pisani, II (1969), p. 537.
(11) M. Guarducci, Epigrafla Greca, I, p. 110 (vu8 ou vie s.).
(12) Kretschmer, Glotta 4 (1913), p. 201 ; L. H. Jeffery, Local Scripts, p. 259 et 262, n° 35.
(13) R. Arena, « Iscrizioni Corinzie su vasi », MemLincei 1967, p. 72, n° 7 ; p. 112, n° 75, 1.
(14) O. Masson, Inscr. chypr. syll., n° 214.
(15) Exemples chez Bechtel, Griech. Dial. I et II, passim.
(16) Meisterhans-Schwyzer, Gramm. att. Inschr., p. 128.
(17) Déjà une liste utile d'exemples chez G. Keil, Analecta epigraphica et onomalologica (1842), p. 160-
161 ; pour la phonétique, Kretschmer, KZ 31 (1892), p. 290 ; Vaseninschriften, 1894 (1969), p. 131. QUELQUES EPITAPHES GRECQUES 221 1975]
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1. — - Épitaphe archaïque de Sélinonte, au Musée de Palerme, N.L 8800, partie inscrite (photo du Musée).
Plutarque Agés. 1918, etc. D) Enfin, en Attique, à travers *-ληα, on a un type -λέα
paroxyton19 : Άναχσιλέα vase du Ve siècle20 ; Άριστολέα IG II2, 5783, etc.
Ce détour un peu long sur la formation et l'évolution des noms de ce groupe ne
paraît pas inutile, car il nous montre clairement la solution pour le texte de Sélinonte :
le génitif NiqoXaç ne peut représenter autre chose que celui du nom féminin NiqoXoc,
dont nous avons cité plus haut des exemples pour Mélos et Théra. Ainsi, il n'est plus
nécessaire de faire appel à un génitif irrégulier pour un patronyme ; nous avons
tout simplement ici un nouvel exemple de génitif métronymique21, et notre Théoxénos
était le fils d'une Nikola, ou Nicole. L'intérêt du document est de fournir peut-être,
pour le vie siècle, le plus ancien exemple épigraphique de ce type de filiation22 ;
en tout cas, on sait maintenant que la mention du nom de la mère se trouve à diverses
époques et sans doute en toutes régions, en cas de naissance hors du mariage23.
(18) La tradition donne « Κλεόρα » ; correction de Dindorf, déjà recommandée par Keil. Il s'agit de
l'épouse d'Agésilas II ; par une prudence excessive, on conserve parfois la forme en rho, ainsi P. Poralla,
Prosop. der Lakedaimonier, 1913, n° 440 ; Plutarque, Vies, éd. Flacelière, ,VIII, p. 119.
(19)'Meisterhans-Schwyzer, o.c, p. 41, n. 244 ; Bechtel, AU. Frauennamen, p. 24.
(20) Kretschmer, Vaseninschriften, § 112.
(21) Pour cette désignation, l'usage français paraît être flottant : on peut dire matronyme, matrongmie, etc.,
sur le modèle de patronyme, mais il est peut-être plus logique d'écrire métronyme, etc., comme métropole, etc.
(22) Le problème ne semble pas avoir été 

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