Qui étaient les premiers tchékistes ? - article ; n°4 ; vol.32, pg 501-512
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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 4 - Pages 501-512
Nicolas Werth, Who were the first Chekists ?
In the summer of 1918. a commission carried out an investigation on Soviet officials in forty institutions, one of which was the Cheka. The present article is based on the forms filled out in compliance with this investigation and preserved in the Central Archive of the October Revolution (TsGAOR).
In the present article, the author analyzes a representative sample of the rank and file Chekists: in this case, it is a group of 894 employees of the Lubianka. The investigation gives interesting data on the distribution of Chekists according to their positions, on their national origins, on their former occupations before joining the party, etc.
The study of Chekists' itineraries allows to better understand the way in which, in the aftermath of October 1917, one of the elements of the new state apparatus was constituted.
Nicolas Werth, Qui étaient les premiers tchékistes ?
Au cours de l'été 1918, une commission a procédé à une enquête sur les fonctionnaires soviétiques dans une quarantaine d'institutions dont la Tchéka. Cet article est fondé sur les formulaires de cette enquête conservés aux Archives centrales de la révolution d'Octobre (TsGAOR).
Dans le présent article, l'auteur analyse un échantillon représentatif des tchékistes de base : il s'agit en l'occurrence des 894 personnes employées à la Lubjanka. L'enquête révèle des données intéressantes sur la répartition des tchékistes selon les fonctions occupées, sur leur nationalité, leur date d'adhésion au parti, leurs occupations antérieures, etc.
L'étude des itinéraires des tchékistes permet de mieux cerner la manière dont s'est constituée, dans les mois qui suivirent octobre 1917, une des composantes du nouvel appareil d'État.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicolas Werth
Qui étaient les premiers tchékistes ?
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 32 N°4. Octobre-Décembre 1991. pp. 501-512.
Abstract
Nicolas Werth, Who were the first Chekists ?
In the summer of 1918. a commission carried out an investigation on Soviet officials in forty institutions, one of which was the
Cheka. The present article is based on the forms filled out in compliance with this investigation and preserved in the Central
Archive of the October Revolution (TsGAOR).
In the present article, the author analyzes a representative sample of the rank and file Chekists: in this case, it is a group of 894
employees of the Lubianka. The investigation gives interesting data on the distribution of Chekists according to their positions, on
their national origins, on their former occupations before joining the party, etc.
The study of Chekists' itineraries allows to better understand the way in which, in the aftermath of October 1917, one of the
elements of the new state apparatus was constituted.
Résumé
Nicolas Werth, Qui étaient les premiers tchékistes ?
Au cours de l'été 1918, une commission a procédé à une enquête sur les fonctionnaires soviétiques dans une quarantaine
d'institutions dont la Tchéka. Cet article est fondé sur les formulaires de cette enquête conservés aux Archives centrales de la
révolution d'Octobre (TsGAOR).
Dans le présent article, l'auteur analyse un échantillon représentatif des tchékistes de base : il s'agit en l'occurrence des 894
personnes employées à la Lubjanka. L'enquête révèle des données intéressantes sur la répartition des tchékistes selon les
fonctions occupées, sur leur nationalité, leur date d'adhésion au parti, leurs occupations antérieures, etc.
L'étude des itinéraires des tchékistes permet de mieux cerner la manière dont s'est constituée, dans les mois qui suivirent
octobre 1917, une des composantes du nouvel appareil d'État.
Citer ce document / Cite this document :
Werth Nicolas. Qui étaient les premiers tchékistes ?. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 32 N°4. Octobre-Décembre
1991. pp. 501-512.
doi : 10.3406/cmr.1991.2296
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1991_num_32_4_2296NICOLAS WERTH
QUI ÉTAIENT LES PREMIERS TCHÉKISTES ?
Au mois de juillet 1918, fut créée, auprès du Conseil des commissaires du peuple
et du Comité exécutif panrusse des soviets, une commission spéciale chargée de recen
ser tous les fonctionnaires soviétiques et de stimuler la mise sur pied, dans tous les
établissements publics, de cellules du parti.
Cette initiative survenait dans une période particulièrement critique pour le nou
veau régime, au cours de laquelle son existence même était mise en question. En été
1918, le pouvoir bolchevik ne contrôlait en effet plus guère qu'un territoire réduit à
la Moscovie historique. L'Ukraine aux mains des Allemands, Krasnov et Denikin
consolidaient leur contrôle sur le Don et le Kouban, Savinkov occupait laroslavl', l'A
rmée du peuple russe levée par le KomuC étendait son influence jusqu'à Kazan, les
Tchèques coupaient le Transsibérien ; les révoltes paysannes se multipliaient, pro
voquées par la politique de réquisitions, légalisée par le décret du 13 mai 1918 qui
avait attribué des pouvoirs très étendus au commissariat du peuple au Ravitaillement
et inauguré l'ère du « communisme de guerre ».
Certes, le régime était aisément venu à bout de la tentative maladroite de « coup
d'État », des socialistes-révolutionnaires « de gauche », consécutive à l'assassinat, le
6 juillet 1918. de l'ambassadeur allemand von Mirbach. Néanmoins, l'existence d'une
vaste conspiration visant à abattre l'État, devait être, aux yeux des bolcheviks, démont
rée avec éclat, quelques semaines plus tard, par l'assassinat, le 30 août, de Urickij,
responsable de laTcheka de Petrograd, suivi, le même jour, de l'attentat contre Lenin
lui-même, blessé à Moscou par la militante socialiste-révolutionnaire Fanny Kaplan.
Dans l'atmosphère tendue de l'été 1918, le recensement des fonctionnaires du nou
vel État répondait, incontestablement, à des préoccupations de sécurité et de contrôle ;
néanmoins, il touchait, plus fondamentalement, à une question politique majeure sou
levée, dès le VIIe Congrès du parti (mars 1918) par le groupe dit des « communistes
de gauche » : celle de l'afflux d'« éléments socialement indésirables » dans les insti
tutions soviétiques, susceptible de provoquer une dégénérescence de l'appareil d'État.
À cet égard, un long article, publié peu de temps avant la constitution de la commiss
ion de recensement des fonctionnaires, sous la plume de K. Sorin, dans le quatrième
numéro de Kommunist (juin 1 9 1 8), organe des « communistes de gauche », était révé
lateur de ce type de préoccupations.
Cahiers du Monde russe et soviétique. XXXII (4), octobre-décembre 1991, pp. 501 -512. 502 NICOLAS WHRTH
L'auteur de l'article tentait - empiriquement - d'analyser la composition et l'i
tinéraire de ce qu'il appelait « la vaste armée de permanents des soviets qui s'est niée
sur les divers commissariats et commissions, directions et sections, bureaux et comit
és ». vSelon lui, cette « armée » était devenue un groupe social conservateur « inté
ressé dans l'ensemble à conserver sa situation privilégiée et ses intérêts purement pro
fessionnels ». Selon K. Sorin, cet état de fait était dû à l'afflux dans les nouvelles
institutions
« d'une couche semi intellectuelle, pas très riche en connaissances, qui n'avait pas de débou
ché sous l'Ancien Régime, alors qu'aujourdh'ui, grâce au sabotage du personnel technique
convenablement instruit, quiconque possède ne fût-ce que quelques connaissances ou темпе
sache simplement compter, lire et écrire est devenu un homme précieux et nécessaire auquel
on se raccroche des deux mains... ».
Dans l'ensemble, ajoutait l'auteur de l'article :
« 'poids' Ces gens et une sont, certaine bien entendu, considération désireux aux de yeux conserver des gens leur de situation leur entourage, privilégiée un : traitement un certain
décent, une ration alimentaire supérieure, une multitude de petites faveurs et priorités, tout
cela fait que le permanent soviétique lient à sa place et cela ne le prédispose nullement à
l'audace révolutionnaire. »
Aux Archives centrales de la révolution d'Octobre (TsGAOR) sont conservés
(fonds 3 524) 296 dossiers regroupant plusieurs dizaines de milliers de formulaires
d'enquête remplis, en août-septembre 1918, par les fonctionnaires d'une quarantaine
d'institutions recensées par la commission d'enquête créée auprès du Conseil des comm
issaires du peuple et du Comité exécutif panrusse des soviets.
Dans les difficiles conditions de l'année 1918, cette commission ne put mener à
bien son ambitieux programme ; elle eut les plus grandes difficultés à obtenir même
le papier nécessaire à l'impression des formulaires d'enquête. Seules les principales
institutions centrales furent inspectées. Néanmoins, le fonds 3 524 du TsGAOR consti
tue sans doute la source la plus complète pour l'étude de la bureaucratie soviétique à
ses débuts. Le dépouillement de ses 296 dossiers (comprenant chacun, en moyenne,
plusieurs centaines de feuillets) permettra de vérifier les hypothèses émises, dès 1918,
par certains dirigeants du parti, et, plus récemment, par M. Ferro, dans son ouvrage,
Des soviets au communisme bureaucratique.
En attendant, nous avons choisi, parmi ces dossiers, celui recensant le personnel
d'une institution censée incarner sinon l'« audace », du moins la vigilance révolu
tionnaire, controversée dès sa création, et promise à un bel avenir, la Tchéka.
Nous connaissons bien, depuis la remarquable étude de G. I^eggett1, les différentes
étapes du développement de la Tchéka, son rôle, son évolution, son personnel dir
igeant. Néanmoins, comme le reconnaît G. I^eggett, « aucune donnée concernant le
tchékiste de base ne peut être extrapolée à partir d

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