Recherches métrologiques sur des plans de bastides médiévales - article ; n°3 ; vol.2, pg 55-87
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Histoire & Mesure - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 55-87
Les fondations urbaines médiévales ~~ex nihilo~~ comportaient des attributions de sols dont les dimensions standard nous ont été souvent conservées par les chartes de coutumes. Les cadastres actuels gardent suffisamment de traces de ces lotissements pour qu’un traitement statistique permette de retrouver, parfois avec une excellente précision, la valeur de l’unité de mesure utilisée à l’origine. Cette étude, menée sur quelques bastides de l’Agenais, a permis de reconstituer une canne de 7 pieds utilisée dans cette région au XIIIe siècle.
A metrological research on medieval bastides plans The medieval city foundations ~~ex nihilo~~ included the attribution of soles whose standard dimensions have often been recorded on the charters (chartes de coutumes). On contemporary surveys the boun-daries of these allotments can still be detected, thus the value of the original measure unit can be rediscovered, sometimes with great accurey, by statistical treatment. This study of some ~~bastides~~ of the Agenais has made it possible to reconstitute a 7 feet ~~canne~~ used in that country during the XIIIth century.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hervé Leblond
Recherches métrologiques sur des plans de bastides
médiévales
In: Histoire & Mesure, 1987 volume 2 - n°3-4. pp. 55-87.
Abstract
Hervé Leblond. A metrological research on medieval bastides plans.
The medieval city foundations ex nihilo included the attribution of soles whose standard dimensions have often been recorded on
the charters (« chartes de coutumes »). On contemporary surveys the boundaries of these allotments can still be detected, thus
the value of the original measure unit can be rediscovered, sometimes with great accuracy, by statistical treatment. This study of
some bastides of the Agenais
has made it possible to reconstitute a 7 feet canne used in that country during th XIII century.
Résumé
Hervé Leblond. Recherches métrologiques sur des plans de bastides médiévales.
Les fondations urbaines médiévales ex nihilo comportaient des attributions de sols dont les dimensions standard nous ont été
souvent conservées par les chartes de coutumes. Les cadastres actuels gardent suffisamment de traces de ces lotissements
pour qu'un traitement statistique permette de retrouver, parfois avec une excellente précision, la valeur de l'unité de mesure
utilisée à l'origine. Cette étude, menée sur quelques bastides de PAgenais, a permis de reconstituer une canne de 7 pieds dans cette région au XIIIe siècle.
Citer ce document / Cite this document :
Leblond Hervé. Recherches métrologiques sur des plans de bastides médiévales. In: Histoire & Mesure, 1987 volume 2 - n°3-4.
pp. 55-87.
doi : 10.3406/hism.1987.1325
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1987_num_2_3_1325Histoire & Mesure, 1987, 11-314, 55-88
Hervé LEBLOND
Recherches métrologiques sur des plans de bastides
médiévales
Une connaissance précise de la valeur des unités de longueur
employées au Moyen Age est très rarement atteinte, alors même que,
sans elle, une foule de documents demeurent inexploitables. D'un coté,
bien sûr, tous les textes qui comportent des mentions chiffrées de
dimensions, et qu'on est malheureusement conduit à négliger faute de
pouvoir en donner un équivalent dans le système métrique decimal ; mais
d'un autre aussi, tous les témoins matériels de l'époque, objets et surtout
bâtiments, dont une analyse sérieuse supposerait nécessairement qu'on
puisse en donner les dimensions dans les unités utilisées par le construct
eur.
On se réfère souvent, en France, aux tables d'équivalence publiées
dans chaque département après l'introduction du système métrique.
Mais, en dépit d une assez grande stabilité de ces unités (1), on ne peut
raisonnablement considérer comme valides pour les Xle-XIIe siècles, par
exemple, ces équivalences du XVIIIe, tant il apparaît difficile de
supposer un système de mesure strictement inchangé pendant sept siècles.
On est parti ici d'une suggestion de Léon Pressouyre : poser
l'hypothèse de la possible reconstitution de certaines unités à partir de la
mesure méthodique d'un grand nombre de parcelles étalonnées au
Moyen Age dans l'enceinte de diverses bastides, ou villes neuves, des
XlIIe-XIVe siècles.
Ces cités créées ex nihilo possèdent en général un plan régulier issu
d'un lotissement décrété a priori par le fondateur. Celui-ci - c'est souvent
Alphonse de Poitiers ou Edouard d'Angleterre - octroie toujours des
coutumes, lors de la fondation ou peu après. Dans celles de Monségur
« dans le diocèse de Bazas » (2), il est un article expliquant que toute
personne désirant s'installer dans la bastide recevra une parcelle de telle
longueur et telle largeur, qu'il sera ensuite tenu de bâtir, suivant des
conditions précisées dans la charte. Dans la plupart des cas, on a
55 Histoire & Mesure
simplement un article analogue à celui-ci tiré de la charte de Monclar (ou
de Monflanquin) (3). « De toute pièce de terre de 4 cannes ou aulnes de
largeur et d'étendue et de 12 de longueur nous autons 6 deniers d'oublié
et ainsi en proportion à la fête de Ste Foy. »
On va pouvoir déterminer ces « cannes ou aulnes » avec une
précision convenable, grâce à quelques rudiments de statistiques.
1ère Partie
Etude statistique d'après les plans cadastraux de quelques bastides
Après avoir recherché des articles mentionnant les dimensions des
parcelles parmi les chartes de coutumes publiées, je me suis fixé sur un
groupe de bastides pour lesquelles le libellé de ces articles est presque
unique, et qui sont localisées dans le nord de l'Agenais et le sud du
Périgord : Villeneuve-sur-Lot, Monclar, Monflanquin, Villeréal, Monca-
brier, Villefranche du Périgord, Beaumont et Molières (4).
1) Inconvénient du travail sur les plans cadastraux
On travaille sur les plans cadastraux, en général à l'échelle 1/1000.
La canne mesurant environ 2 m, les parcelles considérées feront sur le
plan environ 8 x 24 mm. La meilleure précision pour les mesures est de ±
0,1 mm, soit 0,5 % sur la longueur. Le personnel du cadastre m'a assuré
que, pour les plans réalisés à l'époque moderne, on pouvait compter sur
cette précision (5).
Si l'on veut mieux, on peut étudier les dimensions des îlots. La
difficulté est alors de savoir quelles longueurs ils représentent. Une
reconstitution du lotissement est parfois possible, on en aura un exemple
à Molières.
Il faut de toutes façons employer des méthodes statistiques les plus
fiables possibles.
Une méthode élémentaire, ayant au moins l'avantage de fournir des
résultats certains, est la suivante : on mesure systématiquement toutes les
parcelles, en en donnant la longueur et la largeur, on fait un histogramme
des nombres obtenus, sur lesquels on observe des pics. On isole les
tranches correspondant à un de ces pics, et on calcule la moyenne x et
l'écart-type <r = -y (x - x)2 de ces valeurs. Puis on trace la gaussienne,
(x- X)2
y = a exp - —- , avec a convenablement ajusté. Si le nombre de 2a2
valeurs est assez grand et si la gaussienne enveloppe convenablement
l'histogramme, on en déduit que ce que l'on observe est un pic provenant
de l'élargissement (par les erreurs de mesures, la mauvaise conservation
56 Hervé Leblond
des limites de parcelles) d'un groupe de valeurs toutes égales à la
moyenne, o- donne a priori une incertitude maximale.
On peut espérer mieux par la connaissance de la forme du pic : c'est-
à-dire que si le pic est exactement une gaussienne (ce qui suppose une
infinité de valeurs) la moyenne calculée est exactement la valeur autour
de laquelle s'est faite la dispersion. Il est malheureusement difficile
d'estimer comment ce phénomène permet d'améliorer la précision pour
un nombre fini de mesures. On peut au moins faire le raisonnement
suivant : chaque valeur dans les tranches d'un pic représentant une valeur
cherchée x, en est une valeur approchée à<r près. Si on a n valeurs
n r x1? ..., xn alors V Xj est une valeur approchée de nx à \/n cr près si la
i = 1 n 1 distribution est gaussienne, donc x = - £ x{ est une valeur approchée de
x à an"1/2 près. C'est cette précision qu'on utilisera dans la suite, sauf
dans les cas où la distribution des valeurs dont on calcule la moyenne sera
vraiment trop éloignée de celle de Gauss.
2) Résultat, bastide par bastide (6)
Moncabrier
L'histogramme (Fig. 1), bien que rappelant la distribution de
Poisson, présente un pic de 4,185 ± 0,3 m, la précision donnée est l'écart-
Sfpe car la distribution n'est pas assez régulière pour qu'on puisse mieux
ire. Cela correspondrait à 2 cannes de 2,1 ± 0,15 m, valeur très
imprécise. La charte de coutumes ne sert qu'à donner le nom de l'unité
(7). 1 canne = 2,1 ± 0,15 m.
Villefranche du Périgord
J'ai essayé de sélectionner les cotes les plus représentatives. Je n'ai
constaté aucune corrélation entre les vestiges médiévaux et les parcelles
dont les dimensions sont les plus proches de 4 ou 10 fois la canne
supposée. C'est en effet 4 cannes sur 10 qu'indique la charte de coutumes
(8] pour les des parcelles. L'histogramme présente 3 pics
(Fig. 2) bien nets. Pour chacun on va donner la moyenne x, l'écart-type
a, et le nombr

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