Réflexions sur l aristocratie suédoise au Moyen Age : l exemple d un lignage noble entre 1250 et 1350 - article ; n°21 ; vol.10, pg 115-132
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Réflexions sur l'aristocratie suédoise au Moyen Age : l'exemple d'un lignage noble entre 1250 et 1350 - article ; n°21 ; vol.10, pg 115-132

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Description

Médiévales - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 21 - Pages 115-132
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marie Maillefer
Réflexions sur l'aristocratie suédoise au Moyen Age : l'exemple
d'un lignage noble entre 1250 et 1350
In: Médiévales, N°21, 1991. pp. 115-132.
Citer ce document / Cite this document :
Maillefer Jean-Marie . Réflexions sur l'aristocratie suédoise au Moyen Age : l'exemple d'un lignage noble entre 1250 et 1350. In:
Médiévales, N°21, 1991. pp. 115-132.
doi : 10.3406/medi.1991.1229
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1991_num_10_21_1229Médiévales 21, automne 1991, pp. 115-132
Jean-Marie MAILLEFER
RÉFLEXIONS SUR L'ARISTOCRATIE SUÉDOISE
AU MOYEN AGE :
L'EXEMPLE D'UN LIGNAGE NOBLE ENTRE 1250 ET 1350*
Le problème de la noblesse médiévale — ses origines, sa défini
tion, sa composition, son évolution — reste, malgré des avancées signi
ficatives, une question irritante pour l'historien. L'objectif essentiel
de cet essai sur l'aristocratie suédoise aux xme et XIVe siècles est de
faire progresser les recherches comparatives dans ce domaine, car il
reste confondant de constater que la plupart des synthèses, même
récentes, consacrées au Moyen Age font une impasse parfois totale
sur les royaumes Scandinaves qui constituèrent pourtant à la fin du
XIVe siècle, au temps de la reine Marguerite, le plus vaste ensemble
territorial de l'Europe médiévale.
Une telle recherche est d'autant plus possible que l'aristocratie
laïque est la catégorie la plus facilement accessible du Moyen Age sué
dois. La documentation à notre disposition comporte des milliers de
chartes, actes privés et royaux, donations, testaments, transactions
mobilières et immobilières1. Grâce à ces sources, nous sommes au
premier chef renseignés sur la composition des patrimoines et les liens
de parenté. À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, il est per
mis de construire des généalogies et d'appréhender des stratégies famil
iales. La période retenue (1250-1350) correspond à un net accroisse
ment quantitatif des sources ; elle marque aussi une étape cruciale dans
l'histoire de la noblesse suédoise, étape sur laquelle il est utile de faire
le point avant d'étudier le cas concret d'un lignage noble.
En effet, c'est avec le document connu sous le nom de Statut
d'Alsnô, édicté par le roi Magnus Birgersson Ladulâs (1275-1290) entre
* Nous avons délibérément limité les références bibliographiques en suédois.
1. Diplomatarium suecanum (Svenskt diplomatarium), Stockholm, 1829, 10 vol.,
couvre la période des origines à juin 1374 avec une lacune entre juillet 1368 et 1371
(cité dorénavant DS). 116
mai 1279 et septembre 1281 (vraisemblablement à la fin septembre
1280), que l'aristocratie suédoise apparaît pour la première fois en
tant que corps constitué privilégié.
Dans ce texte2, on constate que la première caractéristique de la
noblesse est l'exemption fiscale pour les hommes du roi, des évêques
et pour tous ceux qui sont sur des domaines libres de toutes charges
dues au souverain. Ce privilège est motivé par la nécessité de recon
naître à ceux qui suivent et assistent le roi une plus grande dignité.
Le décret d'Alsnô légitime en réalité une situation sociale acquise, la
transforme en statut juridique mais il fait aussi davantage : il étend
ces prérogatives à tous les hommes qui servent medh ors, c'est-à-dire
à cheval, « quels que soient ceux qu'ils servent ».
Ce qui fait la noblesse, c'est donc l'exemption accordée en
échange du coûteux service militaire à cheval. Mais il faut souligner
l'importance du vocabulaire. Le mot germanique pour désigner la
noblesse, adel, n'est pas utilisé au Moyen Age en Suède. Le terme
usuel est fraise (vieux norrois frelsi) qui a la signification générale de
« liberté ». Dans les codes de lois et les textes islandais et norvégiens,
le frelsingi est l'homme libre par opposition à l'esclave, thraell. Frelsi
caractérise à l'origine la condition de l'homme libre, le contraire de
la servitude, anauâ. Ensuite le terme a désigné l'exemption d'impôts
et de charges vis-à-vis de la Couronne et finalement les groupes la
ïques ou religieux qui jouissent de ces privilèges.
On peut lire parfois que le Statut d'Alsnô est l'acte officiel de
naissance de la noblesse suédoise. Étaient nobles ceux qui remplis
saient les critères énoncés à Alsnô. Il faut toutefois remarquer que
ce document a un lien direct avec les événements contemporains en
Suède : transformations de l'art de la guerre et luttes pour le pouv
oir. Au cours du XIIIe siècle, s'est opéré le passage de l'ancien
ledung, convocation saisonnière de tous les hommes libres3 (institu
tion militaire devenue inadaptée), à une armée de chevaliers, convo-
cables à tout moment.
L'expression riddari qui sert à les désigner montre à l'évidence
l'influence de l'Europe continentale, notamment par l'intermédiaire
de l'Allemagne et du Danemark. Ce terme qui signifie « cavalier »
a la connotation de métier (homme d'armes à cheval) et également
de service. Il traduit le latin médiéval miles*. En Suède, le riddari
est cependant avant tout l'homme au service d'un prince, et dans le
Statut d'Alsnô il faut d'abord comprendre riddari (pi. riddarar) comme
« l'homme du roi ». C'est d'ailleurs le sens qu'il faut en général don
ner à miles dans les plus anciennes chartes suédoises rédigées en latin.
2. DS 1, p. 650-654, n° 799 (la datation est erronée).
3. Régis Boyer, « La notion de leidangr et son évolution », Inter-nord n° 12,
décembre 1972, pp. 271-281.
4. Exemple dans Elucidarius in old Norse translation, éd. Evelyn Scherabon Fir-
chow et Kaaren Grimstad, Reykjavik (Stofnun Àrna Magnûssonar), 1989, p. 108. 117
Ce vocabulaire nouveau correspond-t-il à un statut nouveau ?
Rien n'est moins sûr car les mots riddari /miles ne se sont imposés
que lentement. Dans les diplômes, on continue à utiliser le terme domi-
nus (vieux suédois haerra). Le titre sert à désigner les membres de
la haute aristocratie tandis que riddari n'implique pas forcément une
situation sociale noble, mais des qualités chevaleresques. Dans une saga
de chevaliers on rencontre cette formule caractéristique : thessi karl
var bondi at nafnbot en riddari at tign, « cet homme était un paysan
libre en titre mais chevalier en valeur5 ».
L'existence d'une suite guerrière accompagnant le roi est aussi une
réalité ancienne dans le Nord, attestée depuis l'époque viking : la
hirâ ou les house-carles des rois norvégiens et danois. Le Statut
d'Alsnô n'a donc pas créé une aristocratie militaire en Suède, sans
doute faut-il plutôt y voir l'institutionnalisation d'une aristocratie de
service. Cependant les domini, c'est-à-dire les grands propriétaires fonc
iers, eurent les premiers la capacité d'assurer le service militaire à
cheval pour le roi. Ainsi la nouvelle définition de la noblesse s'appli
quait à eux en premier lieu.
Leur prestige reposait non seulement sur la richesse mais aussi
sur la naissance, d'autant plus que cette aristocratie de sang est, en
Suède, caractérisée par les liens familiaux étroits qui, de longue date,
la rattachent aux dynasties régnantes. Le Statut d'Alsnô aboutissait
donc à la reconnaissance d'une prépondérance acquise : les Grands
du Royaume, liés par le sang à la famille royale, seuls capables d'assu
mer les charges nouvelles imposées par l'évolution militaire, recevaient
des exemptions fiscales ; ce privilège, que l'Église se voyait confirmer
parallèlement, les plaçait définitivement au-dessus des autres hommes.
Toutefois, en même temps, d'autres se voyaient ouvrir la possib
ilité d'intégrer la noblesse ancienne en échange de liens spécifiques
de service vis-à-vis du souverain, à un moment où le roi Magnus
Ladulâs se trouvait dans une situation difficile, confronté à une révolte
aristocratique (1278-1280) et à l'hostilité de son frère Waldemar. Le
roi éprouvait le besoin non seulement de consolider les an

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