Réflexions sur le Tribunat consulaire - article ; n°2 ; vol.102, pg 767-799
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 767-799
Jean-Claude Richard, Réflexions sur le Tribunal consulaire, p. 767-799. Né des circonstances, le tribunat militaire à pouvoir consulaire paraît de prime abord relever de la catégorie du provisoire qui dure sans raison apparente. Tout ou presque nous échappe des conditions dans lesquelles il naquit en 445-444, réapparut en 438, puis rivalisa avec le consulat avant de le supplanter. À l'évidence pourtant son histoire est en étroit rapport avec le processus de refonte et de réorganisation de la société romaine qui s'accomplit dans les années 450-400. Qu'ils alternent avec les consuls durant une partie de cette période ne doit pas nous détourner de reconnaître dans cette évolution l'œuvre des tribuns consulaires. Car pendant les années d'alternance les mêmes noms se retrouvent dans les Fastes de ces deux magistratures. Lorsque d'autre part, dans la deuxième (v. au verso) partie de son histoire, le tribunat consulaire devint accessible à la plèbe, la voie se trouva ouverte à la constitution du premier noyau d'une noblesse plébéienne.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Claude Richard
Réflexions sur le Tribunat consulaire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 767-799.
Résumé
Jean-Claude Richard, Réflexions sur le Tribunal consulaire, p. 767-799.
Né des circonstances, le tribunat militaire à pouvoir consulaire paraît de prime abord relever de la catégorie du provisoire qui
dure sans raison apparente. Tout ou presque nous échappe des conditions dans lesquelles il naquit en 445-444, réapparut en
438, puis rivalisa avec le consulat avant de le supplanter. À l'évidence pourtant son histoire est en étroit rapport avec le
processus de refonte et de réorganisation de la société romaine qui s'accomplit dans les années 450-400. Qu'ils alternent avec
les consuls durant une partie de cette période ne doit pas nous détourner de reconnaître dans cette évolution l'œuvre des tribuns
consulaires. Car pendant les années d'alternance les mêmes noms se retrouvent dans les Fastes de ces deux magistratures.
Lorsque d'autre part, dans la deuxième
(v. au verso) partie de son histoire, le tribunat consulaire devint accessible à la plèbe, la voie se trouva ouverte à la constitution
du premier noyau d'une noblesse plébéienne.
Citer ce document / Cite this document :
Richard Jean-Claude. Réflexions sur le Tribunat consulaire. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2.
1990. pp. 767-799.
doi : 10.3406/mefr.1990.1690
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_2_1690JEAN-CLAUDE RICHARD
RÉFLEXIONS SUR LE TRIBUNAT CONSULAIRE
Dans l'histoire d'une période riche en dossiers litigieux, celui du tri-
bunat militaire à pouvoir consulaire1 est parmi les plus désespérants qui
soient. Les témoignages anciens y laissent en effet subsister de vastes
zones d'ombre. Quant aux travaux des modernes2, force est de constater
qu'ils ne dissipent pas toutes nos incertitudes. Ceux dont les auteurs
croient seulement devoir se situer par rapport aux théories qui avaient
cours à Rome sur l'origine et la finalité de cette magistrature donnent en
règle générale une impression de déjà vu. Conçus dans une perspective
plus large, les autres appellent néanmoins la critique par la tendance
1 En règle générale nous parlerons de tribunat consulaire et de tribuns consul
aires. Sur le titre exact de ceux-ci, cf. infra, p. 781-782.
2 D'une bibliographie immense on nous permettra de détacher B. G. Niebuhr,
Histoire romaine, tr. fr. de P. A. de Golbéry, 4, Paris, 1835, p. 104-133 et 251-253
(= Niebuhr); A. Schwegler, Römische Geschichte, 3, Tübingen, 1858, p. 108-170
(= Schwegler); T. Mommsen, Le droit public romain, tr. fr. de P. F. Girard, 3, Paris,
1893, p. 208-220 (= Mommsen); E. Pais, Storia critica di Roma . . ., 2, Rome, 1915,
p. 471-521 (= Pais); Κ. J. Beloch, Römische Geschichte, Berlin-Leipzig, 1926, p. 247-
264 (= Beloch) ; J. Lengle, RE 6 A, s.v. Tribuni militum consulari potestate,
col. 2448-2453 (= Lengle); H. Siber, Die plebejischen Magistraturen bis zur lex Hort
ensia, Leipzig, 1936, p. 52-57; Id., Römisches Verfassungsrecht in geschichtlicher
Entwicklung, Lahr, 1952, p. 93-94; F. Cornelius, Untersuchungen zur frühen römis
chen Geschichte, Munich, 1940, p. 59-67 (= Cornelius); Κ. von Fritz, The reorgani
sation of the roman government in 366 B.C. and the so-called Licinio-Sextian laws,
dans Historia 1, 1950, p. 3-44 = Schriften zur griechischen und römischen Verfas
sungsgeschichte, Berlin-New York, 1976, p. 329-373 (= von Fritz); J. Bayet, Origine
et portée du tribunat consulaire, Tite-Live, Histoire Romaine, tome IV, C. U.F., Paris,
1954, p. 132-148 (= Bayet); P. De Francisci, Primordia ciuitatis, Rome, 1959, p. 697-
698 (= De Francisci) : J. Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale . . ., Paris,
1969, p. 285-288 (= Heurgon); P.C. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366
avant J.-C), Paris, 1975, p. 20-33 (= Ranouil); J. Pinsent, Military tribunes and ple
beian consuls: the Fasti from 444 V to 342 V, Wiesbaden, 1975 (= Pinsent); T. J.
Cornell, The failure of the plebs, dans Tria corda, Còme, 1983, p. 101-120 (= Cor
nell); R. T. Ridley, The «consuhr tribunate» : the testimony of Livy, dans Klio 68,
1986, p. 444-465 (= Ridley).
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 767799. 768 JEAN-CLAUDE RICHARD
qu'ils traduisent à extrapoler sans raison les données de l'annalistique ou
à normaliser de manière tout aussi abusive le témoignage des Fastes. Bref
les apories demeurent ou ne sont éliminées qu'au prix d'artifices.
Ces difficultés tiennent au fait que, prisonnière de ses sources, la
recherche s'est polarisée sur la question de l'origine du tribunat consulair
e. Cette problématique conditionne même les études qui traduisent chez
leurs auteurs une volonté de ne pas s'en tenir au cadre ainsi tracé. Mettre,
dans la période qui nous occupe, l'alternance de consuls et de tribuns
consulaires au compte d'une différence de corps électoral3 ou reconstrui
re la liste de ces derniers en l'expurgeant des gentilices plébéiens4 qui y
figurent dans sa version canonique revient en effet peu ou prou à ratifier
le témoignage de Tite-Live qui reconnaissait dans le tribunat consulaire le
fruit d'un compromis qui devait se révéler être un leurre pour la plèbe (4,
6, 8-12). Or les problèmes d'origine font souvent oublier les questions
essentielles. Et la question de fond à laquelle toute étude de cette magis
trature doit apporter au moins des éléments de réponse est celle de son
œuvre, de son bilan. Plutôt donc que de l'analyser dans le seul temps de
sa genèse, on la replacera dans la durée qui est la sienne, c'est-à-dire à
l'intérieur d'une période de soixante-quinze années dont l'historien entre-
3 A. Bernardi, Dagli ausiliari del rex ai magistrati della respublica, dans Athe
naeum, 30, 1952, p. 3-58, p. 42-45, pour lequel, au moins jusqu'en 431, les tr. mil.
c.p., successeurs des anciens tribuni celerum, furent élus par les comices curiates,
alors que les consuls continuaient à l'être par les comices centuriates ; E. S. Stave-
ley, The significance of the consular tribunate, dans JRS, 43, 1953, p. 30-36, pour
qui les tribuns consulaires étaient élus par les comitia populi tributa, c'est-à-dire
par une assemblée plus « démocratique » que les comices centuriates ; R. E. A. Pal-
mer, The archaic community of the Romans, Cambridge, 1970, p. 223-226, selon
lequel, consulaires ou non, les tribuni militum étaient élus par les curies, alors que
l'élection des praetores-consules avait lieu dans les comices centuriates; ces modes
d'élection différents correspondaient aux deux «constitutions» alors en vigueur à
Rome, constitution centuriate qui prévalut jusqu'au décemvirat, système ouvert et
libéral, et curiate qui eut la priorie sur l'autre entre 444 et 367. A des
degrés divers ces théories doivent quelque chose à Niebuhr (p. 253) pour qui l'élec
tion des tr. mil. c.p. passa des comices centuriates aux comices tributes lorsque le
nombre de ces magistrats s'accrut de quatre à six.
4 Entreprise poussée à ses limites extrêmes par Beloch (p. 248-253) qui élimine
tous les gentilices plébéiens qu'il considère comme autant de falsifications pour la
période antérieure à 400, et comme des interpolations à partir des «Fastes» du tr
ibunat de la plèbe après cette date, et par Pinsent (p. 34-44) qui partage ce point de
vue, mais en se fondant sur une argumentation quelque peu différente puisqu'il
souligne que les noms suspects sont en fait ceux de plébéient ayant accédé à la
notoriété à divers moments des deux derniers siècles de la République. RÉFLEXIONS SUR LE TRIBUNAT CONSULAIRE 769
voit qu'elles furent lourdes d'innovations et de mutations décisives. À ce
prix il sera possible de mieux comprendre la naissance, mais aussi les
débuts incertains et fluctuants, puis la consolidation d'une forme de pou
voir à nulle autre pareille, s'il est vrai que, même au temps de sa plus
grande gloire, il arriva en 393 et en 392 qu'elle dût encore céder la place
au consulat.
C'est sans doute à ce phénomène d'alternance irrégulière tout au long
d'une durée d'environ trente-cinq ans5 que la naissance du tribunat
consulaire doit d'avoir été interprétée en termes politiques par une tradi
tion canonique dès l'antiquité qui la replace dans le cadre de la lutte des
ordres. Com

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