Regula - article ; n°1 ; vol.66, pg 255-273
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1942 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 255-273
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1942
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Demangel
Regula
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 66-67, 1942. pp. 255-273.
Citer ce document / Cite this document :
Demangel Robert. Regula. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 66-67, 1942. pp. 255-273.
doi : 10.3406/bch.1942.2648
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1942_num_66_1_2648'
.
ISS
REGULA
Ce que les auteurs anciens nous apprennent sur la régula de l'architrave
dorique tient dans deux phrases de Vitruve, qui fixent sa place et ses
. proportions : sous la taenia de l'épistyle, la hauteur dont pendent les
gouttes, régula comprise, doit être d'un sixième de module (1) ; d'autre
part, les six divisions (en largeur) du triglyphe, à savoir cinq au milieu et
deux demi-divisions aux extrémités, doivent correspondre à la régula (2).
Selon Vitruve, donc, la régula est, sous le listel supérieur continu de
l'architrave, un autre listel discontinu, formé par une baguette de faible
hauteur munie de gouttes. Cette réglette à gouttes correspond au triglyphe ;
elle a la largeur d'un triglyphe, c'est-à-dire d'un module, lorsque le
a la largeur modulaire (3) : la régula est alors la règle même, le κανών —
terme grec que traduit le mot transmis par Vitruve — qui régit non seule-
(1) Vitruve, IV, ///, 4 : epistylii altitude unius moduli cum taenia et guttis; taenia moduli
seplima; gultarum longitudo sub taenia contra Iriglyphos alla cum régula parte sexla moduli prae-
pendeat.
(2) Vitruve, IV, III, 5 : iriglyphorum latitudo dividatur in partes sex, ex quibus partibus quinque
in medio, duae dimidiae dextra ac.sinislra designentur régula. Ce second passage peut prêter à
discussion. J'ai adopté le texte des éditeurs récents (V. Rose, F. Krohn ; cf. A. Choisy, Vitruve,
II, p. 182 : « dont les marques répondent aux (extrémités de) la réglette »). Les anciens éditeurs
rattachaient régula à la phrase suivante (trad. Perrault, p. 161 : « en la partie du milieu on tracera
une règle que nous appelons femur et les Grecs meros »). Le bon dictionnaire Gaffiot traduit régula
par montant du Iriglyphe. Peut-être enfin la régula ici nommée désignerait-elle, non la réglette de
l'architrave, mais le κανών λίθινος des inscriptions classiques, la règle de pierre couramment
utilisée pour les opérations de dressage des pièces d'architecture en pierre ou en bois. Cf.
A. Choisy, Éludes epigraph. surVarchil. gr., p. 149 sq., 194 et 228. Le texte, comme tant d'autres
passages de Vitruve, reste obscur. '
(3) Vitruve, IV, ///, 4 : triglyphi ... lati in fronte unius moduli. Dans les temples doriques, le
module est donné, selon Vitruve, par l'épaisseur de la colonne ou le triglyphe : in aedibus sacris
aut e columnarum crassiiudinibus aut triglypho (I, //, 4). En. fait, la largeur du triglyphe esi
généralement inférieure au rayon de la colonne, rarement supérieure (dans certains temples
archaïques de Sélinonte et à Égin,e), parfois identique ou presque identique (temple d'Héraclès
à Agrigente, 1 m, 07 ; « Théseion » d'Athènes, 0 m. 50 ; temple d'Asclépios à Épidaure, 0 m. 44). :
'
,
.
·
■.
.
'
256 R. DEMANGEL
ment la place des triglyphes (1), mais leurs proportions (un module sur un
et demi) et, par surcroît, toutes les dimensions du monument. Elle forme
ainsi à la façade du temple dorique comme un étalon répétant régulièrement,
pour l'œil et pour l'esprit, l'unité de mesure qui a présidé à l'équilibre
particulier choisi par le constructeur pour son édifice.
G'est ce que montrent, en effet, la plupart des entablements doriques,
où la réglette apparaît, sous la moulure de couronnement de l'épistyle,
comme un appendice nécessaire du triglyphe. Elle semble, avec ses six
pendentifs, compléter le système triglyphique et coopérer pour sa part à
la stabilité de là corniche. Entre les trois éléments de même largeur super
posés dans l'entablement existe une corrélation frappante, confirmée
jadis par la couleur, la même couleur bleue (2), qui couvrait régula, triglyphe
et mutule. ' .„
Le rapport décoratif évident qui unit la régula au triglyphe correspond-il
à une réalité organique, permettant de retrouver son rôle constructif
particulier, et peut-être d'éclairer un peu mieux tout l'étage de la frise
dorique ? Mes recherches sur ce dernier thème m'ont conduit à faire,
concernant la régula, certaines observations que je voudrais présenter ici.
Voyons d'abord rapidement les solutions imaginées par les bons
connaisseurs de l'architecture antique au cours du dernier demi-siècle.
Avec le juste sentiment que la raison décorative ne pouvait suffire à
expliquer la présence de la régula dans l'entablement et sa, place presque
immuable sous lé triglyphe, ceà, érudits ont cherché le sens premier du
groupement dans un rapport constructif direct. Ils ont supposé une jonction
réglette-triglyphe assurée aux ' origines normalement par les organes de
liaison que révèlent les gouttes sous-jacentes, et inféré le passage primitif
des chevilles-gouttes à travers la taenia, pour servir à la fixation des
triglyphes. La réglette elle-même était là spécialement pour assurer la
rigidité de ces chevilles, leur donner «plus de raide», selon l'expression de
Chipiez (3). . :
(1) K. Boetticher, Tektonik der Hellenen, p. 204. ·.·.···'..
(2) Cf. J. Durm, Bauk. Gr., 3e éd., p. 231, pi. IV, Au temple G de Sélinonte, la régula était
bleue, les gouttes blanches et la taenia rouge (R. Koldewey et O. Puchstein, Gr. Tempel UnLerital.
und Sicil., p. 100). - . .· . - ■· ■·
(3) Perrot et Chipiez, Hist, art, VI, p. 713. .
'
257 REGULA
On nous montre, en conséquence, les chevilles de la régula prolongées
au-dessus de la taenia/pour venir soit piquer par en-rdessous la planchette (1)
(fig. 1) ou les trois barres verticales des triglyphes (2) (fig. 2), soit coincer
ladite planchette (3) (fig. 3) ou les barreaux isolés (4) (fig. 4) entre la
charpente et les extrémités des gouttes.
Le premier type de restitution (Durm-Washburn ·■: chevilles plantées
dans le triglyphe) ne peut résister à la simple objection que réglette à gouttes
et triglyphe se présentent,
dans la .construction en
pierre, sur des plans diffé
rents, et que la face exté
rieure du triglyphe est de
règle à L'aplomb du nu de
l'épistyle* sur lequel fait
saillie le groupe de couron
nement de l'architrave,
taenia, régula et gouttes
(fig. 5).
Les solutions du deuxiè
me type (Ghipiez-Choisy ♦
chevilles comme taquets-
arrêt du triglyphe) tiennent
Fig. 1. — Restitution (Bauk. Gr., théorique 3e éd., p. 375, de la fig. régula 360). selon Durm compte de la réalité et
ne s'exposent pas à la
même critique. En effet, que le triglyphe ait pris sur la taenia la
place d'une grille de fenêtre, comme je le crois (5), ou d'une planchette
cannelée, selon la théorie vitruvienne de Gh. Chipiez et J. Durm, ou encore
(1) J^ Durm, Bauk. Gr., 3e éd., p. 375, flg. 360. La monstrueuse (longueur des poutres !)
restitution de l'entablement dorique en bois, donnée p. 262, flg. 233, ne comprend ni taenia,
ni gouttes.
(2) O. M. Washburn, The origin of the triglyph frieze, AJA, XXIII, 1919, p. 46, flg. 8. Ici
la grille du triglyphe est justement placée devant un intertignium («entre-solives »), mais je ne
crois pas que la frise dorique ait jamais existé dans un entablement sous cette forme.
(3) Perrot et Chipiez, Hist, art, VI, p. 712, flg. 309. La face du triglyphe est serrée entre les
gouttes et un ressaut du madrier-faema.
(4) A. Choisy, Hist, archil., I, p. 288, flg. 2. Selon Choisy, les barres des triglyphes représentent
des tringles verticales, engagées en haut dans la sablière et serrées en bas par les chevilles contre
les planches lambrissant l'étage des têtes de poutres. La taenia est supprimée.
(5) Cf. Syria, XVI, 1935, p. 358 sq. Le sens religieux de l'emblème de stabilité n'est pas ici
en cause ; j'ai déjà signalé à plusieurs reprises sa valeur propre et j'espère reprendre bientôt
d'ensemble le problème. ι
258 R. DEMANGEL
des trois liteaux rapportés que restituent, en des places différentes,

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