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Publié le
19 juin 2014
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Français
Poids de l'ouvrage
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1
Foi et unité des Chrétiens Protestants2
Foi et unité des Chrétiens Protestants
-- T. R. Bucerian --
3
Cet ouvrage est protégé par le code de la propriété intellectuelle. 4
« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés; et, en ce jour-là, le nombre des disciples
s'augmenta d'environ trois mille âmes.
Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la
fraction du pain, et dans les prières. »
-- Actes 2 : 41-42 –
5
INTRODUCTION
(1)Au cours des siècles, l'Eglise a été amenée à exposer sa doctrine dans des textes parfois développés
(2)ou de façon systématique .
Evidemment, ces ouvrages expriment fidèlement l'enseignement du Christ et des Apôtres, et il ne
(3)serait pas concevable que les pasteurs les ignorent .
Mais par la suite, de nombreuses dénominations se sont affirmées sur la scène ecclésiastique, et ont
exposé leurs enseignements dans des Livres Symboliques, que l'on peut considérer comme des sortes de
(4)chartes doctrinales .
Si ces Livres Symboliques sont généralement orthodoxes sur le fond, chacun exprime cependant des
(5)particularismes doctrinaux parfois discutables et impliquant, souvent, un haut degré de technicité .
Or, dans la mesure où ces courants restent attachés au Credo de l’Eglise indivise et ne rompent pas
l’unité baptismale avec cette Eglise antique (Ephésiens 4. 5), la question se pose de savoir quelle place
il faut accorder à de telles divergences:
Faut-il les placer (comme on l’a fait depuis 1580) à un degré confessionnel? C'est-à-dire:
faut-il que chaque clivage justifie la constitution d'une nouvelle Eglise, ou dénomination?
Ou bien faut-il placer ces clivages à un niveau académique?, c'est-à-dire que chaque clivage,
dans la mesure où il ne renverse pas la foi traditionnelle, amène des divergences d'écoles, sans
(6) diviser l'Eglise .
La première solution entraine des schismes en série, parfois difficiles à expliquer, et s'oppose à
(7)l'enseignement biblique (Galates 5: 19-21), tout en rendant nulle la visibilité de l'Eglise .
Et ceci est d’autant plus vrai aujourd’hui où nous voyons s’intensifier à l’intérieur même de chacune
des confessions historiques, la lutte entre évangéliques et libéraux.
___________________________________
(1) Comme l'exposé du Concile de Chalcédoine ou de Constantinople III.
(2) Les 28 chapitres de la Confession d'Augsbourg, véritable 7e concile œcuménique pour les protestants, d'autant qu'ils l'ont tous
reconnue depuis 1532 et surtout 1536, ainsi qu'en témoigne, par exemple, l'harmonie des confessions de foi de Salnar, en 1581. De
même pour les "hussites" (Unitas Fratrum), selon A.G. Spangenberg dans l'Idea Fidei Fratrum.
(3) D'autant qu'ils ont été rendus nécessaires pour répondre aux torsions faites par les hérétiques.
(4) Ainsi par exemple: la Confession de Westminster des réformés, ou le Livre de Concorde des luthériens.
(5) Combien de fidèles ont connaissance de notions comme le Genus Majestaticum, ou encore, de l’extra carne verbum dei est
(extracalvinisticum), et que faire de ceux qui n'ont pas les facultés pour trancher cette difficulté? Faut-il leur demander de se prononcer au
hasard, ou leur fermer la porte de toute Eglise le temps qu’ils se décident ?...
(6) Ainsi dans l'Antiquité, la forte distinction entre l'école d'Alexandrie et celle d'Antioche, au sein d'une seule Grande Eglise.
(7) Certains décrivent une telle situation comme une sorte de "guerre civile théologique" (cf. Archimandrite Philarète, Le Nouveau
Catéchisme contre la foi des Pères: une réponse orthodoxe). 6
Reste donc la deuxième solution : celle des clivages de portée uniquement académique.
C’est cette position qui a été reçue par un Calvin lorsque, se fondant sur les préceptes de l'Apôtre
(1)Paul (Philippiens 3: 15-16) , il écrivait que « tous les articles de la doctrine de Dieu ne sont point d'une même
sorte. Il y en a dont la connaissance est tellement nécessaire que nul ne doit en douter, non plus que d'arrêts ou principes
(2)de la chrétienté (...) Il y en a d'autres en dispute entre les Eglises, et néanmoins ne rompent pas leur unité » .
Mais quels sont donc ces articles dont la connaissance est « tellement nécessaire que nul ne doit en douter »?
Comment les distingue-t-on d'avec les articles non-fondamentaux, ceux qui « ne rompent pas » l’unité
des Eglises, sans tomber dans l'arbitraire?
En ce qui concerne la "liste" des points fondamentaux, nous trouvons une réponse sous la plume de
Martin Luther, pour qui il y a cinq points de la doctrine chrétienne entière qu'il faut pratiquer sans cesse et exiger
(3)de faire réciter mot à mot .
Ces cinq points sont:
I. LE DECALOGUE
II. LE CREDO
III. LE NOTRE PERE
IV. LE BAPTÊME
V. LA SAINTE CENE
Telle est la classification qui a été retenue, depuis ce temps, dans les catéchismes protestants, et que
(4)nous retenons aussi .
Et nous opérons cette classification, non pas de façon arbitraire, mais en raison de la place
fondamentale qui revient à ces "piliers" du christianisme, dans la catéchèse ainsi que dans le cadre du
culte public, ou de la liturgie.
__________________________
(1) Notre ouvrage fait de nombreuses références à l'Ecriture. Pour une meilleure étude, il est conseillé d'avoir une Bible à portée de
main.
(2) Jean Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, IV. I. 12, a (Farel/Kerygma, Marne-la-Vallée, Aix en Provence, 1978)
(3) Introduction au Grand catéchisme, dans le Livre de Concorde, § 582, 585.
(4) Ainsi, en plus des Petit et Grand catéchismes de Luther: Le catéchisme de Heidelberg, le Catéchisme de Genève, le Catéchisme du Livre des
Prières, etc.
Il convient de noter que cette vision remonte à l’Antiquité, puisque la Didachè, ou Doctrine des Douze Apôtres (qui date de la fin du
premier siècle ou du début du deuxième) recense, elle aussi, les articles relatifs à la Loi (I à VI), le Baptême (VII), la Prière (VIII),
l’Eucharistie (IX, X) et l’orthodoxie des prédicateurs et la discipline ecclésiale, impliquant le Crédo (XI à XVI).
7
De par cette place, en effet, ces "cinq points" doivent être considérés comme étant (et exprimant) la
conviction, la pratique et la foi VIVANTES de l'Eglise, à la différence des textes « d'étagères » dont
(1). nous avons parlé et qui ne sont connus, parfois, que des seuls théologiens professionnels
Remarque:
Nous avons prononcé un mot qui pourra poser difficulté: la liturgie.
Parler de liturgie peut susciter en effet deux types de réactions:
(2)Les uns s'enthousiasment, par esprit traditionnaliste , à l'idée de rites très élaborés ou de
(3)vêtements particuliers .
Les autres se montrent méfiants face à ce qu'ils perçoivent comme l'expression soporifique d'une
(4)foi morte, et préfèrent se tenir à l'écart de toute "ritualisation" du culte .
Pour notre part, nous partageons naturellement les sentiments du second groupe. Toutefois, nous
n'oublions pas que "si, dans l'Eglise apostolique, une large part était faite à la prière spontanée des prophètes, le
Christ lui-même a été le premier liturgiste de son Eglise, à laquelle il a légué ce magnifique joyau que nous appelons
(5)l'oraison dominicale (le Notre Père, ndlr)" .
En d'autres termes, la liberté laissée aux fidèles dans le culte (et notamment le culte personnel) ne
signifie pas qu'ils sont abandonnés à l'arbitraire (surtout dans le culte public) ou que celui-ci n'est pas
du tout encadré. C'est ici, donc, qu'intervient la notion de liturgie (Du grec λειτουργία, signifie le service du