Formes de croyance et de rationalité en Grèce ancienne / Forms of Belief and of Rationality in Ancient Greece - article ; n°1 ; vol.63, pg 115-123
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Formes de croyance et de rationalité en Grèce ancienne / Forms of Belief and of Rationality in Ancient Greece - article ; n°1 ; vol.63, pg 115-123

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Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1987 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 115-123
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 52
Langue Français

Extrait

Jean-Pierre Vernant
Formes de croyance et de rationalité en Grèce ancienne / Forms
of Belief and of Rationality in Ancient Greece
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 63/1, 1987. pp. 115-123.
Citer ce document / Cite this document :
Vernant Jean-Pierre. Formes de croyance et de rationalité en Grèce ancienne / Forms of Belief and of Rationality in Ancient
Greece. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 63/1, 1987. pp. 115-123.
doi : 10.3406/assr.1987.2421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1987_num_63_1_2421Arch Sc soc des Rel 1987 63/1 janvier-mars) 115-123
Jean-Pierre VERNANT
FORMES DE CROYANCE ET DE RATIONALITE
EN GR CE ANCIENNE
The specific characteristics of the types and functions of belief in
archaic or classical Greece Belief is not an isolated entity and the
structure of belief changes and is transformed In the same vein there
is also the question of the role played by religion in the socio-political There is no individual religious link to the divine without
social mediation The realm of belief cannot be clearly divided from
the realm of rationality Certain forms of rationality and forms of
belief are both inherent in social phenomenon
Les remarques que je veux faire ont pas du tout un caractère méthodolo
gique et ne constitueront pas une réflexion du sociologue sur des problèmes
généraux concernant la nature du croire ou de la raison ou insertion du
religieux dans une société Le terrain qui est le mien est un terrain très particulier
il agit pour essentiel de la religion grecque et je veux essayer de réfléchir sur les
deux types de problèmes que peut affronter un historien des religions qui travaille
dans le domaine grec et se rattache au courant sociologique
La première question pourrait être formulée de la fa on suivante quel est le
statut et quelles sont les frontières du religieux dans une société comme la Grèce
archaïque et classique du VIIIe au IVe siècle avant Nous parlons de la
religion grecque du religieux puis nous parlons de la société grecque de
la société civile de la cité de la vie politique mais quelles sont les relations entre
ces deux plans
Bien entendu étant donné la fa on dont nous vivons et nous étudions le
religieux hui dans nos sociétés étant donné les problèmes que cela nous
pose et dont nous ne pouvons pas nous abstraire nous lisons obligatoirement
cette culture différente de la nôtre dans un cadre qui est quand même le nôtre
Nous nous apercevons il est pas adéquat mais nous ne pouvons pas nous en
détacher où le deuxième problème
Quand nous disons religion nous entendons foi croyance croire
une forme adhésion particulière qui est pas celle que nous trouvons dans
autres domaines comme la science par exemple Quelles sont donc les moda
lités et les fonctions du croire de la croyance par rapport autres types
attitudes intellectuelles disons de conviction voire de certitude
115 ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
Voilà les deux types de questions sur lesquels je me propose non pas du tout
apporter des conclusions mais de réfléchir les modalités et les fonctions du
croire par rapport ce qui nos yeux est pas exactement la croyance et la place
du religieux dans le social Ce sont deux angles attaque mais en réalité les deux
problèmes sont liés comme on va voir
LES MODALIT DE LA CROYANCE
est-ce que croire Croire en Zeus ou en Athena en Hestia ou en Hermès que cela veut dire est-ce que cela signifie dans une société dans une
religion qui est pas une religion du livre et où il pas glise Dans la
Grèce ancienne il des prêtrises qui sont soit les apanages de certaines
familles elles sont devenues rares dans ensemble soit des magistratures
déléguées comme autres fonctions civiques selon des procédures institutionnel
les de vote Entre toutes ces magistratures il un rapport très étroit elles sont
pensées de la même fa on Il donc pas un corps sacerdotal Il pas
davantage de tradition pas de dogme pas de Credo que peut être la croyance
dans une religion où il pas de Credo pas de théologie car pour il ait
une théologie il faut abord il ait des livres il faut il ait un corps de
spécialistes qui réfléchissent sur ces livres et qui élaborent un certain nombre de
certitudes ou de croyances qui vont définir appartenance cette religion Kien de
tout cela existe et ne peut exister Mais il ni textes sacrés ni corps
sacerdotal pour réfléchir sur ces textes en dispenser enseignement en xer
même interprétation où le croire se gîte-t-il
Si je fais une analyse de la religion grecque bien entendu je vois que le
croire est pas separable de pratiques que la religion est pas séparée de
ensemble des rapports sociaux et des pratiques sociales Je ne peux pas poser le
problème des croyances en dehors du tuple volet qui constitue un système
religieux le premier volet comprend ce que nous appelons les rituels Croire
est ici accomplir un certain nombre actes tout au cours de la journée ou tout au
cours de année avec des fêtes qui sont fixées par le calendrier les actes de la vie
quotidienne la fa on dont je mange dont je me marie dont je pars en voyage
dont je prends certaines décisions la fois domestiques ou mêmes politiques
Tout cela ne se fait pas importe comment mais il des règles qui sont la fois
sociales politiques domestiques et qui ont aussi un caractère religieux parce
il idée comme le vocabulaire me indique que si je ne le fais pas agis de
manière non-pieuse impie je fais une faute qui est du domaine non seulement
civil politique ou juridique mais qui est religieuse Mais tout cela est immergé
dans la pratique quotidienne la fois individuelle familiale relevant de organi
sation du déme dont je fais partie et de la cité Les croyances si je puis dire sont
mises en uvre dans des pratiques On en la preuve dans les grands procès
impiété est-ce on reproche Socrate ou Anaxagore Non leurs
croyances leurs convictions intimes égard du divin Les procès impiété
accusent soit avoir introduit des divinités étrangères la cité soit de ne pas
accomplir comme il convient les rituels prévus Les déviances par rapport aux
représentations et récits sacrés traditionnels les écarts ordre intellectuel dans
interprétation des faits de culte ne sont pas pris en compte Il pas de place
dans ce système pour la notion hérésie Elle pas de sens
116 CROYANCE ET RATIONALIT EN GR CE
Deuxième volet en dehors de ces rites la figure des dieux les images divines
les idoles Je dirai simplement ici que ces idoles elles-mêmes insèrent dans un
système social et politique que leur valeur symbolique du point de vue de la
psychologie du dévot qui les regarde ou se prosterne ou dépose entre leurs mains
des offrandes ou leur donne une vêtu re est jamais indépendante des valeurs
symboliques sociales des prestiges que confère la possession de idole idole
fonctionne comme un symbole permettant agir dans certains cas et dans
certaines conditions selon des modalités comparables celles que Bourdieu
mis en lumière dans un autre contexte
Je prends un exemple qui pourra faire comprendre parfaitement ce que je
veux dire II de vieilles idoles tout fait archaïques on appelle des xoana
qui sont des idoles non-représentatives des pièces de bois plus ou moins infor
mes qui ont une valeur sacrale par tout ce elles représentent dans esprit des
dévots Ces idoles sont le privilège de personnes singulières ou de familles qui les
gardent chez elles cachées tenues secrètes La possession de ces idoles leur donne
certains pouvoirs sociaux liés leur(s fonction(s Or partir un certain
moment nous voyons très bien comment ces idoles cessent avoir ce rôle et
comment image divine est en quelque sorte arrachée au secret et la privatisa
tion de pouvoirs elle conférait des personnages privilégiés est la cité est-
à-dire la collectivité qui les confisque et qui ce moment-là va les donner voir
tous Mais ce moment-là idole devient une sorte de miroir où la cité peut se
voir elle-même Il deux exemples qui sont tout fait clairs dans une période
de trouble social de stasis révolte rébellion) nous voyons un personnage prendre
un de ces symboles iconiques une image un xoanon et emporter avec lui en
dehors de la ville en proie au désordre Au moment où les mutins se précipitent
sur lui il leur montre image alors les autres arrêtent absolument terrorisés et
désarmés et de ce moment-là comme le racontent ces histoires plus ou moins
arrangées image va cesser habiter dans la maison de celui qui exhibé

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