La cuisine de Pythagore - article ; n°1 ; vol.29, pg 141-162

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Archives des sciences sociales des religions - Année 1970 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 141-162
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
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Publié le

01 janvier 1970

Nombre de lectures

63

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Marcel Detienne
La cuisine de Pythagore
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 29, 1970. pp. 141-162.
Citer ce document / Cite this document :
Detienne Marcel. La cuisine de Pythagore. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 29, 1970. pp. 141-162.
doi : 10.3406/assr.1970.1840
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0003-9659_1970_num_29_1_1840Social des Rel. 29 1970 141-162 Arch
Marcel DETIENNE
LA CUISINE DE PYTHAGORE
Pythagore sont Plutarque alimentaires impose politique traits tation aspects NSTiTU Grande-Grèce bonnes qui des les milieu ce est plus 3) sont nourritures groupe la manger singuliers la philosophique inséparables de fin pratique la nombreux hommes du société les vie la du alimentaire autres littérature pythagorisme siècle des pythagoricienne aliments son dont différents interdites avant faciès la qui pythagoricienne sont tension notre et permet est modèles distribués et sa prohibées ère sans configuration au se de dans caractérise reconnaître doute ur en secte est une la espèces aucun remplie cité religieuse propres même par de un dont la époque une Crotone disciple de réglemen pratique les série Un groupe tabous unes des en de
Au grand livre de BUBKERT Weisheit und Wissenschaft Studien zu Pythagoras
Philolaos und Platon Nuremberg 1962 cité sous le sigle W.W.) il suffira ajouter les articles
de VON FKITZ RRIE M.B.L VAN DEB WAEBDEN s.v Pythagoras Pythagoreer Pytha-
gorismus Pythagoreische Wissenschaft R.E 1963) 171-300 qui donnent une bonne vue
ensemble du phénomène pythagoricien
Sur ces tabous les études classiques sont celles de HOLK De acusmatis sive symbolis
Pythagoricis Diss Kiel 1894 Fr HM De symbolis Pythagoreis Diss Berlin 1905
DELATTE Etudes sur la littérature pythagoricienne Paris 1915 pp 285-294 BURKERT
W.W. pp 150-175 Dès le ive siècle avant notre ère certains historiens comme Androcyde et
Anaximandre ont donné des interprétations allégoriques de ces tabous qui méritent de retenir
attention est le cas du précepte attribué Pythagore il ne faut pas rôtir le bouilli
öèï 8è JAMBL. V.P. 154 87 6-7 Deubner Pour ARISTOTE des
Problèmes III 43 éd Bussemaker IV 331 15 sv Cf REINACH Cultes mythes et religions
Paris 1923 62 sv.) une telle pratique culinaire prohibée dans les mystères signifierait
revenir en arrière rétrograder un stade inférieur de civilisation le bouilli étant plus civilisé
que le rôti cf Cl VI-STRAUSS Origine des manières de table Paris 1968 398 et sv.
Pour les Pythagoriciens il ne agit pas de deux degrés de vie cultivée mais de deux comporte
ments moraux Ils interprétaient en effet ce précepte de la manière suivante la douceur
pas besoin de la colère üô op est une transposition en
termes éthiques de opposition entre deux modes de cuisson dont un est caractérisé par le
mûrissement lent par équilibre parfait du sec et de humide la cuisson par ebullition
répond sur le plan culinaire la la maturation sur le plan naturel) tandis que autre
est marqué par exposition directe la flamme la dent sauvage du feu
La preuve est pas seulement fournie par les Q.uaest ones Convivales VIII 727 B-730
de PLUTARQUE mais par les fragments des comédies écrites Athènes dans le dernier tiers du
ive siècle avant notre ère par des poètes comme Aristophon Alexis Antiphane qui créent le
personnage comique du Pythagoricien en prenant comme modèles les survivants de échec
politique du mouvement les disciples de Pythagore réfugiés Athènes Cf MEAUTIS Recher
ches sur le pythagorisme Neuchâtel 1922 pp 10-18 BURKERT W.W. 194)
141 ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS
Ces conduites alimentaires des Pythagoriciens quelle en est la signification
Faut-il voir un fatras observances sans relation nécessaire une collection de
tabous hérétoclites échoués dans le pythagorisme par hasard Sont-ce bien là
comme écrivait Léon Robin 4) les débris un folklore où il rien
comprendre Ne faut-il pas au contraire tenter de définir les raisons pro
fondes qui conduisent les Pythagoriciens refuser de manger des fèves et de
toucher la chair du uf laboureur tandis que Pythagore passe pour se nourrir
de substances qui suppriment la faim et la soif alima et adipsa) et que ses
disciples se contentent de quelques céréales pures Le choix de certaines nourri
tures et le refus de certains aliments ne sont-ils pas les éléments complémentaires
un même système de pratiques alimentaires dont le sens ne peut être déchiffré
indépendamment du groupe social qui les revendique et les assume dans toute son
histoire
Poser le problème des nourritures dans le pythagorisme ce est pas formuler
une question insolite ou même inédite est au départ reprendre un problème
réel du pythagorisme Réel en ce sens abord il est posé très tôt dans
histoire du mouvement Dès le ive siècle avant notre ère est une question
controversée de savoir si Pythagore et ses disciples mangeaient ou non de la chair
animale La controverse prend même allure une sorte de débat contradictoire
qui oppose un autre les deux historiens anciens les mieux informés du pytha
gorisme une part limée de Tauromenium historien de la Sicile et de la
Grande-Grèce de autre Aristoxène de Tarente le musicologue confident et
témoin une des dernières communautés pythagoriciennes Timée se
rattache la tradition un Pythagore qui refuse de consommer de la viande et
rejette en même temps le sacrifice sanglant Cette représentation un Pytha-
Sore
lequel Ce gnages des prohibé Dans interdire dans nourriture passage quer sphagia fondateur refus animaux végétarien le ce une aucune associent 9) sacrifice important contexte avec de information de carnée réservé consommer aux de manger victime une paraît étroitement la sanglant dieux et du sorte secte aux en souligner de animale parallèle dans même respectant la sacrifices de angoisse réservait viande formulée la Pythagore interdiction ne Diogene équivalence de viande uvre pouvait où les est de immédiatement le que autel autels reprend vient sang Timée dit le être de Laërce sacrifice trahit Jamblique entre consommer qui est délien confirmer sacrifiée interdiction inséparable offrande étaient 8) emploi le sanglant Apollon avant sacrifice il est En vécut de et pas principale effet du préciser la de qui dans même et viande la en couverts Génétôr terme est sacrifier plusieurs le vénération abstenant plus formellement meurtre même la et technique représen- de question 6) destiné thueîn témoi texte prati sang que Un sur de
ROBIN La pensée hellénique des origines Epicure Paris 1942 35
Le dossier de cette question déjà été constitué par DELATTE La vie de Pythagore
de Diogene Laërce Bruxelles 1922 176 et sv 192 et sv
Le rapprochement impose entre DIOGENE LA RCE VIII 13 cité sous le sigle D.L.
et TIM dans Gr Hist 566 147 cf le commentaire de Jacoby 592 Cf LEVY
Recherches sur les sources de la légende de Pythagore Paris 1926 57
JAMBL. V.P. 107-108 éd Deubner 62 6-12
D.L. VIII 22 éd Delatte 122 10-11
Cf CASABONA Recherches sur le vocabulaire des sacrifices en grec des origines la fin
de époque classique Aix-en-Provence 1966 pp 155-196
142 LA CUISINE DE PYTHAGORE
tation que les Pythagoriciens se faisaient de la mise mort un animal Pytha
gore aurait interdit ses disciples de phoneuein 10) littéralement de com
mettre un meurtre Or assassinat dont le maître veut détourner ses fidèles
ce est pas verser le sang un citoyen ou un parent est porter la main sur les
animaux qui ont en commun avec nous le droit de vivre et qui possèdent une âme
Manger de la viande est commettre un meurtre phoneuein Et équivalence
entre les deux termes si rigoureuse que Pythagore raconte Eudoxe de Cnide
refusait être en contact avec les cuisiniers et les chasseurs il considérait
comme des criminels phoneuontes 11 ce triple refus de consommer la chair
des animaux offrir des sacrifices sanglants et de verser le sang êtres vivants
répond dans le même milieu pythagoricien obligation offrir aux dieux des
sacrifices non-sanglants thusiai anaimaktoi 12) et de leur présenter des offrandes
simples et pures 13 des figurines de pâte psaistd) des rayons de miel kèria)
de encens libanôton Telles sont les offrandes que Pythagore invite les femmes
de Crotone faire de leurs mains au lieu honorer les dieux par la mort et le
meurtre 14 est la même espèce appartiennent les offrandes rituelles de
blé orge de gâteaux réservés autel que Pythagore respectait le plus celui
Apollon Génétôr Délos 15 Elles sont aux antipodes des victimes animales
du

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