La paroisse au Moyen Âge - article ; n°162 ; vol.59, pg 5-21
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1973 - Volume 59 - Numéro 162 - Pages 5-21
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 190
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Gaudemet
La paroisse au Moyen Âge
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 59. N°162, 1973. pp. 5-21.
Citer ce document / Cite this document :
Gaudemet Jean. La paroisse au Moyen Âge. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 59. N°162, 1973. pp. 5-21.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1973_num_59_162_1485LA PAROISSE AU MOYEN AGE
ÉTAT DES QUESTIONS*
La Société d'Histoire ecclésiastique de la France avait organisé en
1937 un important congrès consacré à l'histoire paroissiale. Le doyen
Le Bras dans un de ces rapports étincelants dont les membres de cette
société ont si souvent profité, traitant de la paroisse rurale, avait fait
apparaître les multiples aspects d'une telle étude, précisant ses buts
et la méthode à suivre *.
La période médiévale — celle qui nous occupe à nouveau ici — avait
bénéficié d'une longue étude de Huart qui, par la richesse de ses sug
gestions et l'ampleur de son information, fournissait un guide précieux
pour les érudits locaux 2.
Car c'était leur collaboration que le congrès de 1937 avait voulu
susciter, pensant, avec quelqu'apparence de raison, que les érudits
locaux étaient mieux placés que quiconque pour retracer une histoire
éminemment locale. Vue sans doute trop logique pour être réaliste.
On n'oserait dire que depuis trente-cinq ans l'histoire paroissiale ait
fait en France des progrès considérables. Et les germes que l'abbé
Carrière avait déposés dans son Introduction aux études d'histoire
ecclésiastique locale 3 n'ont pas fourni la moisson que l'on pouvait
espérer.
On ne saurait cependant se laisser arrêter par quelques désillusions.
Et il ne serait pas juste de dire que ces trente-cinq années n'ont pas
été marquées, en France et à l'étranger, par des contributions d'un
haut intérêt.
L'objet du présent travail n'est pas d'en tenter le relevé ni de faire
une bibliographie méthodique du sujet. C'est, plus modestement,
sur quelques secteurs d'un domaine immense, que l'on voudrait rap
peler l'attention 4.
* Le présent rapport a été présenté à l'Assemblée générale de la Société d'his
toire ecclésiastique de la France, dans sa réunion du 6 mai 1972.
1. Publiée dans la R.H.E.F., 1937, p. 486-502.
2. « Considérations sur l'histoire de la paroisse rurale des origines à la fin du
Moyen âge », R.H.E.F., 1938, p. 5-22.
3. Voir spécialement le t. III, L'histoire locale à travers les âges, 1935.
4. Les indications bibliographiques données dans les pages qui suivent ne pré
tendent nullement être exhaustives. Il s'agit tout au plus d'un « échantillonnage ».
On s'est d'autre part interdit — sauf rares exceptions — de rappeler des travaux
parus avant 1940. 6 J. GAUDEMET
Le doyen Le Bras avait bien montré que la paroisse était un monde,
avec son territoire et ses habitants, ses autorités religieuses et laïques,
tantôt alliées et tantôt rivales, parfois abusant l'une de l'autre, avec
l'extraordinaire variété des alliances et des oppositions qu'il serait
trop facile, et très faux, de réduire au dualisme du clerc et du laïc.
Avec les ordres anciens, bénédictins ou cisterciens 5, pour n'en citer
que deux parmi les plus grands, comme avec les Mendiants, la paroisse
connut des heures difficiles. Elle trouva auprès des patrons laïcs une
aide parfois pesante, dans les confréries des auxiliaires quelque peu
turbulents.
Mais l'histoire de la paroisse, c'est aussi celle de la fortune ecclé
siastique, des dîmes et de leur détournement, de la générosité des
fidèles, des fondations, d'un large secteur du régime bénéficiai.
C'est enfin celle de la vie religieuse et sociale, de la pratique sacra
mentelle, des dévotions aux saints, des pèlerinages, voire de l'ense
ignement élémentaire et de la charité.
Serait-ce la richesse du sujet qui fait reculer, l'insuffisance de la
documentation, la difficulté de cerner les contours ? Ou bien — mais
alors l'erreur serait grave — Je sentiment que le sujet est trop modeste ?
Il est en tout cas très actuel. Le cadre paroissial est aujourd'hui l'objet
de réflexion. Une société trop mobile, des agglomérations urbaines
sans cesse plus denses, où la foule réduit chacun à l'anonymat, des campag
nes qui se vident et des églises privées de fidèles et donc de ressourc
es, les migrations hebdomadaires ou estivales qui, au gré des condi
tions météorologiques, des congés scolaires, des engouements de la
mode, vident tout à coup les églises urbaines, apportant pour quel
ques semaines, voire pour quelques jours, les flots d'hôtes de passage
qui se pressent dans une église trop petite, puis celle-ci retrouvera,
quelques heures plus tard, son calme, sinon son abandon. Voilà, quel
ques données concrètes qui sollicitent aujourd'hui l'attention des
pasteurs.
Et c'est précisément parce que le cadre paroissial est remis en ques
tion qu'il y a plus d'urgence encore à en connaître l'histoire, et peut-
être surtout, les premiers développements.
En effet on ne saurait poser ici tous les problèmes, encore moins
les résoudre. Contraints de nous limiter 6, nous ne retiendrons que
5. Sur l'incorporation, dont Gratien marquait déjà les difficultés, D. Lindner,
Die Lehre von der Inkorporation und ihrer geschichtlichen Entwicklung (Munich,
1951).
6. On laisse hors de cet exposé ce qui concerne le clergé paroissial et le patr
imoine de la paroisse, questions trop vastes dont chacune exigerait un travail spé
cial. On ne retiendra pas davantage des questions connexes, comme celles des cha-
pellenies. A propos du desservant, il faudrait rechercher selon quelles procédures
il est désigné et quelles autorités (ecclésiastiques et laïques) interviennent à cette
occasion ; déterminer les milieux sociaux auxquels appartenaient les pasteurs,
préciser leur formation antérieure, leur culture intellectuelle, leur vie morale, leur
activité pastorale et profane, les conditions de leur vie quotidienne. Parmi une
abondante littérature et dans des directions diverses, on signalera : D. Kurze, LA PAROISSE AU MOYEN AGE
deux questions : à quel besoin répondait la paroisse ? et quel fut
son rôle dans la vie médiévale ?
La paroisse n'est pas une donnée première de l'organisation ecclé
siastique. Le cadre de la vie chrétienne dans la société antique fut
celui de la communauté groupée autour de son évêque. C'est à ces
communautés épiscopales que Constantin restituait les biens confis
qués et non à l'Église prise dans son universalité 7. Ces communautés
furent d'abord urbaines, car l'évangélisation gagna d'abord les villes,
centres de la vie sociale, administrative, économique du monde gréco-
romain.
L'apparition des paroisses est donc une donnée seconde de l'histoire
des circonscriptions ecclésiastiques. Elle est liée au progrès de l'évan
gélisation et à des phénomènes de peuplement, c'est-à-dire à des cau
ses religieuses, mais aussi socio-économiques. D'où l'intérêt de l'his
toire paroissiale pour des recherches parfaitement étrangères à
toire religieuse 8.
D'où aussi une distinction essentielle entre la formation des paroisses
rurales et celle des paroisses urbaines.
a Pfarrerwahlen im Mittelalter », Forschungen zur kirchlichen Rechtsgeschichie,
VI (1966) qui, dans un panorama européen, fournit beaucoup de références ; de
Vevey, « L'élection du curé de Fribourg », Mém. Soc. hist, du droit... des..., pays
bourguignons, XXIV (1963), p. 319-332 ; W. A. Addleshaw, Rectors, Vicars and
Patrons in Twelfth and Early Thirteenth Century Canon Law (London, 1956) ; Meers-
seman, « Die Klerikervereine von Karl dem Grossen bis Innozenz III ), Rev. d'hist.
ecclês. suisse, XLVI (1952), p. 1-42, 81-112 ; plusieurs articles publiés dans La
vita commune del clero nei secoli XI e XII (Settim. della Mendola, 1959), Milano
2 vol., 1962 ; G. Coolen, « Les communautés de Saint-Omer », Bull. Soc. Ant. de
Morinie, XVII (1947), p. 33-59 ; L. Welter, « Les communautés d

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