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Publié le
01 janvier 1980
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Français
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Roland Campiche
La Religion, source de conflits ou ciment de l'unité suisse, /
Religion, Source of Conflict or Consolidation of Swiss Unity ?
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 49/1, 1980. pp. 43-57.
Citer ce document / Cite this document :
Campiche Roland. La Religion, source de conflits ou ciment de l'unité suisse, / Religion, Source of Conflict or Consolidation of
Swiss Unity ?. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 49/1, 1980. pp. 43-57.
doi : 10.3406/assr.1980.1280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1980_num_49_1_1280Arch Sc soc des Rel. 1980 49/1 janvier-mars) 43-57
Roland CAMPICHE
LA RELIGION
source de conflits ou ciment de unité suisse
It is currently accepted that the Swiss social and political sys
tems are wisely balanced Religion in particular in its institu
tionalized form the important Churches plays constructive role
However is it determining role secondary or subordinate
one
In order to try to answer this question it is necessary to first
of all determine the field covered by the concept of religion
This leads to reconsideration of the theories of secularization
According to the most classical religion is on the decline in Switzer
land However by refusing to identify religion with its institu
tionalized forms the problem resurges and what seemed to be acquired
is called into question
INTRODUCTION
Aborder la question du rôle de la religion dans la société helvétique constitue
sans aucun doute une tentative risquée Cela pour deux raisons principales Pre
mièrement nous ne disposons pas analyse globale du phénomène religieux en
Suisse mais bien une floraison études dont la mise en perspective sociologi-
que reste souvent faire Deuxièmement la relative décentralisation que connaît
la Suisse au plan géographique culturel et institutionnel pose la connaissance
sociologique un problème théorique et méthodologique délicat Le sociologue est
ainsi tenté soit de développer un discours uniformisant en recourant la termi
nologie juridique ou au concept de luttes de classe soit de privilégier étude des
spécificités régionales voire locales et de leur intégration au système suisse
sur le mode du consensus et du pluralisme CAMPICHE de RHAM 1977 1)
Cet article est la version remaniée de la conférence donnée Neuchâtel le avril
1978 dans le cadre du Congres de la Société Suisse de Sociologie sur le thème Conflits
et consensus dans la société suisse auteur tient remercier les participants cette confé
rence qui par leurs questions et leurs critiques on aidé repenser certaines parties de
exposé
Ce texte est publié avec aimable autorisation de la Revue Suisse de Sociologie où il
paru en 1978
43 ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
exposé qui va suivre aura donc un côté provocateur et un aspect fragile
Mais mieux vaut avancer en boîtant que attendre ce qui risquerait de nous
reporter très longtemps que la sociologie de la religion dispose en Suisse
des moyens et des possibilités investigation la mesure de ses ambitions
FIN DES INSTITUTIONS RELIGIEUSES OU ERADICATION DE LA RELIGION
Dans les conclusions de ses Soziallehren der christlichen Kirchen und
Gruppen Ernst Troeltsch écrivait au début de ce siècle
Les jours du type-Eglise purs sont comptés au sein de notre civilisation
Les idées que le monde moderne nourrit tout naturellement sur existence ne
coïncident plus avec le point de vue de Eglise Dès lors la contrainte est plus
une défense du tout contre les attaques de individu mais une violence exercée
égard de courants véritablement vitaux Le pouvoir séculier est retiré
complètement ou en partie et il ne prêtera bientôt plus une aide insignifiante
ou nulle TROELTSCH 1961 30.
Venant confirmer cette prophétie grin ante un participant la Conférence pros
pective de la Nouvelle Société Helvétique La Suisse en an 2000 N.S.H.
1973 affirmait au début des années 70 Les Eglises sont hui dans ce
pays comme la Croix-Rouge des comités sans troupes affirmation était
fondée sur un certain nombre observations touchant la diminution de la prati
que religieuse et la chute du nombre des vocations de prêtres ou de pasteurs Or
en est-il en réalité
La comparaison des données de deux enquêtes réalisées auprès des catholi
ques genevois 15 ans de distance tend montrer en 1958 228 des
catholiques étaient présents la messe le dimanche du premier recensement alors
on en dénombrait plus que 112 soit moins de la moitié en 1973
COPASCO 1974 Le protestantisme est plus avare éléments chiffrés sur
la pratique cultuelle On relèvera cependant que selon une enquête dominicale
conduite Genève en 1962 3) on repérait 69 des protestants aux différents
cultes du canton PERRET 1963 31 et selon un pointage similaire opéré
Baie-ville en 1967 des protestants prenaient part au culte le dimanche de
enquête ce qui amenait les responsables de cette recherche intituler leur
rapport Le Culte une offre sans demande Gottesdienst-Angebot ohne
Nachfrage 1969 Plus récemment nous constations Corseaux commune de la
banlieue de Vevey que 59 des protestants assistaient au service religieux un
dimanche de décembre 1976 CAMPICHE 1978 85 Il convient peut-être de
préciser ici que tous les pourcentages cités indiquent des taux de pratique reli-
Les matériaux auxquels on se réfère dans article sont de valeur et de validité
inégales Leur comparabilité est pas toujours évidente De plus il importerait analyser
chaque fois le mode de leur production en amont et la portée réelle de leurs retombées
en aval)
Selon un sondage effectué le 16 avril 1978 ce taux serait tombé
44 LA RELIGION
gieuse observée un jour particulier en un endroit déterminé mais ne signifient
nullement que le reste de la population renoncé toute pratique Selon une
des très rares enquêtes portant sur ensemble de la population suisse on pu
remarquer en 1962 27 seulement des habitants de ce pays se déclaraient
non pratiquants BOLTANSKI 1966 178)
Que pouvons-nous dire des vocations Rien ou presque propos du protes
tantisme Quelques indications fragmentaires permettent avancer hypothèse
une certaine stabilité en la matière Il apparemment pas crise des voca
tions pastorales mais affirmation appelle vérification Il en va pas de même
du côté des catholiques Ici les impressions cèdent le pas aux analyses statisti
ques précises WAGNER 1968 10 57 sv. qui montrent que si le nombre des
vocations est lentement élevé entre 1930 et 1950 il est depuis lors stabilisé
voire régressé entraînant un vieillissement progressif du clergé catholique Ainsi
le rapport prêtre-population catholique qui était de prêtre pour 766 catholiques
en 1954 ne serait plus en 1985 que de prêtre pour 1.160 fidèles de cette
confession
Peut-on conclure de ces observations la lente mais irrémédiable eradication
de la religion dans la société suisse Si ce point de vue devait avérer juste il est
clair que le sujet même de cette conférence perdrait une bonne partie de son sens
Une religion en voie de disparition ne peut être source de conflits dans une
société et encore moins un facteur intégration en son sein
Avant même de soumettre une évaluation la portée explicative des deux
indicateurs cités la pratique et la vocation religieuse il importe de prendre en
considération deux éléments qui tendent déjà relativiser interprétation des don
nées en cause Considérée sous angle de histoire la pratique religieuse pro
testante nous nous en tenons ce cas connu depuis le XIXe siècle en tous
cas des hauts et des bas tels il paraît pour le moins hasardeux de prétendre
elle diminué si on tient compte bien sûr du long terme Dans ses romans
vaudois Urbain Olivier par exemple ne cesse de déplorer indifférence religieuse
qui caractérise la campagne vaudoise au XIXe siècle Nécrit-il pas dans La Paroisse
des Avaux Suivant le temps il fait et les ouvrages de saison le culte est
pratiquement déserté OLIVIER 1877 De même divers témoignages permettent
de penser que la pratique dominicale régulière des protestants était au moins aussi
faible entre les deux guerres elle est hui
Quant aux vocations la prêtrise il est certain que leur nombre diminue
mais encore faut-il situer le phénomène en parallèle avec celui de la montée des
ministères de laïcs semi-prêtres ou semi-laïcs qui sous appellation de catéchètes
de diacres ou de théolog