CHAPITRE DIXIÈME.
Jésus à Atom et à Sikdor. Retour en Jud ée par H éliopolis.
Du 12 d écembre 1820 au l5 f évrier 1821 .
Jésus arrive à Atom.Gu érison d'une h émorrhoisse et d'une poss édée.
Jésus va à Sikdor ; à Mozian ; à Ur.Il arrive à la premi ère ville égyptienne.
Jésus à H éliopolisvoyage par le d ésert à Bersab ée et à la vall ée de Mambr é.
Arrivée au puits de Jacob pr ès de Sichar.J ésus à Ephron ; à J éricho ; à
Capharnaum ; à Nazareth ; à Thenath ; à Silo ; à B éthanie.Vision
circonstanciée sur l'expulsion d'un d émon.
12 d écembre. Je vis le Seigneur quitter ses h ôtes avant le jour : les lampes étaient
encore allum ées. Ils avaient form é le projet de lui faire la conduite avec la m ême
solennité qui avait pr ésidé à sa r éception : mais il s'y refusa ; il ne voulut pas non
plus accepter un chameau pour le porter. Les disciples prirent avec eux fut peu de
pain et des flacons contenant un liquide. Le vieux Mensor supplia encore J ésus de
rester avec eux : il lui offrit tout ce qu'il poss édait et mit à ses pieds une couronne
qu'il portait habituellement sur sa coiffure. Ce bon vieillard pleurait comme un
enfant : ses larmes roulaient comme des perles sur ses joues basan ées ; tout le
monde pleurait et sanglotait.
Jésus sortit du c ôté o ù était le temple et il passa devant la tente de cette adoratrice
des idoles qui s' était convertie : c' était une tr ès grande et tr ès belle tente. Cette
femme et tous les enfants coururent à J ésus. Elle voulait retenir les enfants, mais il
les prit, les caressa, et s'entretint avec la femme qui se prosterna la face contre terre
en pleurant. Je vis Mensor, les pr êtres et d'autres personnes accompagner J ésus ; ils
allaient alternativement se mettre à ses c ôtés deux par deux et c édaient ensuite la
place à d'autres. J ésus et les disciples avaient pris des b âtons.
Les tr ésors de Mensor se trouvaient sous sa tente, dans la chambre grill ée du rez
dechaussée, o ù ils étaient sous terre comme dans une cave. Il y avait l à de l'or en
barres, en lingots sph ériques, en grains amass és ensemble par petits tas : il y avait
aussi des cassettes. Mensor est un descendant de Job qui avait aussi le teint d'un
brun jaun âtre. Cette couleur n'est pas aussi fonc ée que celle des gens qui habitent
près du Gange, c'est un brun brillant et tr ès beau. Judith que j'ai vue en Afrique a
un teint du m ême genre, elle est en outre singuli èrement belle et majestueuse : elle
a souvent une couronne sur la t ête.J'ai été aujourd'hui au premier endroit o ù J ésus passa la nuit apr ès avoir quitt é le
château des rois : il y avait bien douze heures de marche jusquel à. Je le vis dans
un camp de bergers qui appartenait encore à la tribu de Mensor. Ses disciples et lui
dormirent dans une tente ronde, sur des lits de repos s éparés les uns des autres par
des cloisons mobiles.
Je n'ai vu J ésus et ses disciples manger avec les pa ïens que lorsqu'on leur souhaita
la bienvenue, et m ême alors ils ne prirent qu'un peu de pain, des herbes et des
fruits. Quand ils burent, on leur donna un vase qui n'avait pas encore servi : dans la
suite ils mang èrent toujours seuls. Le pain consistait en g âteaux plats de forme
ovale qu'ils coupaient en croix. On le faisait cuire sur de grandes plaques o ù le
moule était en creux et on le recouvrait d'autres plaques : on allumait du feu au
dessus et audessous.
Note : Il s'agit ici d'une femme qui gouvernait une tribu juive dans les montagnes
de l'Abyssinie, et qu'Anne Catherine visita plusieurs fois dans ses extases.
Je revins alors vers le camp de Mensor et je le trouvai encore en chemin, lui et les
autres personnes qui l'avaient suivi sur des chameaux. Il faisait nuit lorsqu'ils
arrivèrent. Je vis la pa ïenne convertie debout devant sa tente je vis sur sa t ête
comme une couronne o ù on lisait les lettres CUPPES. C'est l à son nom pa ïen :
lorsque Thomas la baptisa, elle re çut le nom de Serena elle fut l'une des premi ères
martyres et elle est encore honor ée sous le nom de sainte Serena. Je vis aussi ses
enfants reposer sur des couches plac ées contre les parois de la tente. Lorsque ceux
qui avaient accompagn é J ésus furent revenus, on alluma les lampes partout : tout le
peuple se porta dans le temple ou autour du temple, ils pri èrent agenouill és et se
prosternèrent la face contre terre.
Le roi pa ïen arriv é hier s'appelait ACICUS ou AAICUS. (Elle ne sait pas
prononcer le mot que font ces lettres, mais elle les nomme les unes apr ès les autres
comme elle avait fait à propos de Cupp ès et elle croit que les lettres majuscules
latines sont des lettres grecques.) Le vieillard ami et serviteur de ce roi, était un
astrologue. Il était habill é comme un proph ète, avec une longue robe et une
ceinture a plusieurs noeuds : il portait un turban autour duquel pendaient des
cordons et des noeuds qui paraissaient de coton blanc. Il avait une longue barbe.
Ces gens avaient le teint blanc : leur intention était de s'arr êter ICI quelque temps.
Ils avaient envoy é dans les tentes des femmes celles qui les suivaient euxm êmes et
d'autres personnes de leur suite. Ils venaient d'un endroit situ é à deux journ ées de
voyage. Je n'ai pas vu J ésus s'entretenir avec eux, mais je l'ai entendu dire qu'ils
recevraient aussi la lumi ère et louer la charit é de leur roi envers ses semblables. J'ai
oublié le nom de leur pays et beaucoup de noms étrangers que j'entendis
prononcer. J'entendis des noms comme Ormusd et Zorasdat. J'ai aussi oubli é le nom du gros homme, mari de Cupp ès : c' était un fils du fr ère de Mensor ; tout
jeune encore, il avait été du voyage de Bethl éhem. Cupp ès et lui avaient le teint
d'un brun jaun âtre et ils étaient de la post érité de Job.
Je vis aussi hier le cimeti ère des gens de l'endroit. C'est une colline situ ée derri ère
les mines d'or et o ù il se trouve des grottes. J'y vis le corps d'un enfant expos é dans
une petite maison sans toit. Je vis que ces gens mettaient le plus grand soin à bien
appareiller les animaux : je vis qu'ils les pla çaient par couples dans des foss és tr ès
bien tenus et palissades, qu'en outre ils entouraient de toiles.
Les animaux malades sont ici dans une grande tente et ils ont suivant leur esp èce
des compartiments à part s éparés par des sentiers. Ce sont la plupart du temps des
jeunes filles et des enfants qui les soignent.
J'entendis hier le roi Mensor d éclarer que quiconque ne voudrait pas conformer sa
vie aux pr éceptes de J ésus et croire à sa doctrine aurait à quitter le pays. Mensor
n'était pas le plus brun des trois chefs de tribu qui visit èrent J ésus ; il tenait le
milieu entre les deux autres. Il y avait ici des personnes dont le teint était encore
plus fonc é que le sien. L'endroit o ù J ésus a été re çu est le cheflieu o ù se trouvent
le temple et la s épulture des trois races royales, mais à deux lieues à la ronde il y a
encore quatre campements occup és par des gens dont la plupart r ésident ici le plus
souvent.
13 d écembre. J ésus s' était dirig é hier vers l'est avec les trois disciples, je le vis
dormir sous la tente dans un village de bergers. Ce matin il quitta cet endroit avant
que les habitants fussent éveillés et je vis qu' étant arriv é à un cours d'eau trop
considérable pour qu'on p ût le passer à gu é, il le remonta dans la direction du nord
pour le franchir : vers le soir il arriva à des cabanes rondes de mousse ou de terre.
Il s'approcha d'une fontaine d écouverte entour ée d'un retranchement en terre : ils
s'y lav èrent les pieds. D'apr ès mon calcul, le voyage avait d û être de sept lieues.
Jésus, n'ayant rencontr é personne, entra dans une cabane de feuillage o ù il passa la
nuit. C' était une hutte ronde, ouverte de tous c ôtés faite de branches tress ées et de
gazon. et surmont ée d'un toit pointu : il y avait à l'entour une enceinte de filets pour
écarter les b êtes sauvages.
Le pays ici est tr ès fertile. Je vis de tr ès beaux champs bord és de rang ées de gros
arbres touffus ; je vis aux angles, o ù les arbres se confondaient ensemble, des
habitations qui n' étaient pas des tentes comme chez Mensor, mais plut ôt des
cabanes rondes faites de branches tress ées. Au milieu de tout cela se trouve un
grand édifice ovale, avec un toit oblique aplati par en haut en sorte qu'on peut y
marcher entre deux balustrades. Sur ces balustrades se trouvaient diverses figures
qui regardaient le ciel à travers des tubes ; l' édifice était entour é d'emplacements
séparés par des barri ères. Les habitants du pays avaient le teint br ûlé par le soleil, mais non pas d'un beau brun comme Mensor. Ils étaient v êtus à peu pr ès comme
les premiers adorateurs des astres que J ésus avait visit és dans ce voyage. Les
femmes ont des pantalons larges et sont envelopp ées dans des manteaux. Ces gens
paraissaient exercer le m étier de tisserand ; ils ont des toiles et des fils tendus d'un
arbre à l'autre à d'assez grandes distances et plusieurs personnes y travaillent en
même temps. Les arbres qui bordent les champs et beaucoup d'autres sont taill és
avec un soin recherch é : on voit m ême des si èges pratiqu és au milieu des branches.
Je vis les pr êtres du pays en longs v êtements blancs avec des rubans de diverses
couleurs formant des garnitures en zigzag. Autour du corps ils avaient une large
ceinture dont l'extr émité pendante était orn ée de pierres brillantes et de lettres : des
cordons avec des plaques de m étal étaient attach és à l'une de leurs épaules. Les
gens de l'endroit portaient suspendu à leur c ôté un cor recourb é assez court. Il y a
devant le temple une fontaine sacr ée qui est ferm ée : il y a aussi un brasier pour le
feu, mais qui ne pose pas imm édiatement à terre, car on peut voir audessous.
Voilà à peu pr ès tout ce que je me r