Le livre illustré et la dévotion des laïcs au XIVe siècle : les enluminures du Ci nous dit de Chantilly - article ; n°1 ; vol.144, pg 173-196
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Le livre illustré et la dévotion des laïcs au XIVe siècle : les enluminures du Ci nous dit de Chantilly - article ; n°1 ; vol.144, pg 173-196

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2000 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 173-196
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Christian Heck
Le livre illustré et la dévotion des laïcs au XIVe siècle : les
enluminures du Ci nous dit de Chantilly
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 173-
196.
Citer ce document / Cite this document :
Heck Christian. Le livre illustré et la dévotion des laïcs au XIVe siècle : les enluminures du Ci nous dit de Chantilly. In: Comptes-
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 173-196.
doi : 10.3406/crai.2000.16109
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_1_16109COMMUNICATION
LE LIVRE ILLUSTRÉ ET LA DÉVOTION DES LAÏCS AU XIVe SIÈCLE:
LES ENLUMINURES DU CI NOUS DIT DE CHANTILLY,
PAR M. CHRISTIAN HECK
Le cycle enluminé d'un manuscrit des collections de l'Institut
de France, le Ci nous dit du musée Condé à Chantilly1, constitue un
ensemble essentiel pour l'art du XIVe siècle, et particulièrement
révélateur de l'histoire intellectuelle et religieuse de la fin du
Moyen Âge2. Dans la littérature médiévale de langue française, le
Ci nous dit occupe une place originale. Le texte en a été écrit en
moyen français, vers 1320, par un auteur anonyme, probablement
religieux, et qui semble bien connaître la région de Soissons, si
l'on suit les conclusions de Gérard Blangez3. Le titre primitif de
l'ouvrage était Une composition de la Sainte Ecriture. Mais cette fo
rmule peu précise est rapidement remplacée, dès les années 1370,
par le titre de Ci nous dit qui fait référence au début des courts cha
pitres qui constituent l'ouvrage. La plupart d'entre eux commenc
ent en effet ainsi : « Ci nous dit comment Joachim s'en alla avec
ses pasteurs... »4 Le Ci dit peut être appelé un recueil d'ins
truction chrétienne, traité écrit à l'usage des laïcs, et qui tient de
plusieurs genres littéraires. C'est à la fois un commentaire de
l'Écriture Sainte, qui s'apparente aux Bibles moralisées par la com-
1. Je suis particulièrement reconnaissant au professeur Jean Delumeau qui, avec le
soutien du professeur Francis Rapp, est à l'origine de cette communication. Je les remerc
ie très vivement pour les suggestions qu'ils m'ont faites sur les enluminures du Ci nous dit,
et sur l'apport de l'histoire de l'art à l'histoire des idées et de la vie religieuse.
2. Cet article s'inscrit dans le cadre des recherches que nous menons en vue de l'étude
et de la publication de l'ensemble des enluminures du manuscrit du Ci nous dit conservé à
la bibliothèque du musée Condé à Chantilly, sous la cote 1078-1079 (26-27). Nous remer
cions vivement M"" Nicole Garnier, conservateur en chef du musée Condé, et M. Frédéric
Vergne, conservateur de la bibliothèque, pour leur accueil et leur aide. Le texte du Ci nous
dit est désormais disponible dans une édition critique, Ci nous dit. Recueil d'exemples
moraux, publié par G. Blangez, 2 vol., Paris 1979-1986 (Société des anciens Textes français).
Pour une première étude de la relation entre les enluminures et la composition du Ci nous
dit, voir G. Heck, « Description et mémoire du texte dans les enluminures du Ci nous dit»,
dans Le texte de l'œuvre d'art: la description. Actes des journées d'études de l'Université de
Strasbourg (1997), réunis par R. Recht, Strasbourg, 1998, p. 19-31.
3. Pour une étude d'ensemble de l'origine, de la composition et des sources du Ci nous
dit, voir G. Blangez, op. cit. (n. 1), p. IX-CIII.
4. Id., chap. 15, t. I, p. 45.
1998 12 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 174
pilation de très nombreux courts passages, accompagnés de leur
interprétation morale ; il partage avec de nombreux traités l'inté
rêt pour l'enseignement des vices et des vertus, ainsi la fameuse
Somme le Roy, rédigée en 1279, par Frère Laurent5, mais en choi
sissant, plutôt que de longs et arides développements, de courts
textes fondés sur une narration ou un fait précis ; il se rapproche
enfin des recueils (ïexempla. On peut rappeler la définition don
née par Jacques Le Goff, selon laquelle Vexemplum constitue « un
bref récit donné comme véridique et destiné à être inséré dans un
discours (en général un sermon) pour convaincre un auditoire par
une leçon salutaire »6. Le Ci nous dit comporte bien de multiples
exempla, surtout dans certaines de ses parties, mais un grand
nombre des courts récits qui composent notre texte n'en sont pas,
et sont tirés de la Bible, d'autres de la Légende dorée de Jacques de
Voragine, d'autres de fables, etc. Au total, le Ci nous dit comprend
près de huit cents courts chapitres, que l'on cite selon la numérot
ation (de 1 à 781) donnée par Louis Mourin vers 1950, et adoptée
dans l'édition de Gérard Blangez.
Au contraire de nombreux recueils ft exempta, qui suivent l'ordre
alphabétique des sujets, le Ci nous dit adopte un plan cohérent en
cinq grandes parties, en un cheminement spirituel. Il ne s'agit pas
d'une recherche théologique complexe, mais d'une vision claire du
monde, organisée par grands thèmes, et conçue pour proposer une
morale simple, de bon sens, et facile à suivre. Par son résumé des
grandes étapes du Salut, avec une importance donnée à la Passion
du Christ, puis ses traités de morale, ses enseignements sur la
conversion et la pratique de la vie chrétienne, et l'exemple des
saints, avant de terminer par les Fins dernières, il constitue vérit
ablement un condensé de la culture et de la morale chrétiennes tel
qu'il pouvait être présenté à un laïc au début du XIVe siècle.
Une vingtaine de manuscrits du Ci nous dit ont été conservés,
datant des XIVe et XVe siècles7. La grande majorité d'entre eux ne
sont pas illustrés, ou ne comportent qu'une enluminure, au début,
représentant en général la Création. Certains comportent quelques
enluminures, et un des manuscrits conservés à Paris en contient
vingt-deux8. Mais ce chiffre n'est rien à côté de notre manuscrit de
5. Voir E. Brayer, « Contenu, structure et combinaisons du Miroir du Monde et de la
Somme le Roi *,Romania 79, 1958, p. 1-38 et 433-470.
6. C. Bremond, J. Le Goff, J.-C. Schmitt, L'exemplum (Typologie des sources du Moyen
Âge occidental, 40), Turnhout, 1982, p. 37 sq. ; voir aussi Prêcher d'exemples. Récits de prédi
cateurs du Moyen Âge, présentés par J.-C. Schmitt, Paris, 1985 ; Dictionnaire des Lettres Franç
aise. Le Age, nouv. éd. dir. par G. Hasenohr et M. Zink, Paris, 1992, article « Exemp
la », p. 437 sq.
7. G. Blangez, op. cit. (n. 1), 1. 1, p. CIV-CXV
8. Paris, Bibliothèque nationale de France, nu. fr. 17.060, fin du XIV* siècle. . tortftn&labtlt màvbenfmnub&nte i le tua
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FlG. 1. — Ci nous dit, vers 1330 (Chantilh, musée Coudé, ms. 1078- 1079). t. I. fol. 7 v°-8. L'Arbre de Jessé :
Judith et Holopherne. Estlier devant Assuérus. 176 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Chantilly. Ce dernier comprend en effet près de huit cents enlumi
nures soit à peu près une par court chapitre, même si la répartition
n'est pas systématique. Il s'agit d'un ouvrage de petites dimensions
(18,5 x 14 cm), en deux volumes, sur parchemin, de 265 et 228 folios,
et la répartition moyenne est quasiment d'un chapitre et d'une
enluminure pour chaque face de folio. Les enluminures — et c'est
là une autre des originalités du manuscrit, dont nous reparlerons —
sont systématiquement situées dans la partie supérieure des folios
(fig. 1, fol 7 v°-8), et mesurent environ 3,5 x 9,5 cm. En achetant ce
manuscrit en avril 1851, le duc d'Aumale a bien acquis une œuvre
unique et d'un intérêt exceptionnel9. Car, de tous les manuscrits
conservés du Ci nous dit, celui de Chantilly est à la fois le plus
ancien, le plus proche du texte original, et le seul à être abondam
ment illustré.
Par la p

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