Les polémiques d Hippolyte de Rome et de Filastre de Brescia concernant le psautier - article ; n°1 ; vol.171, pg 1-51
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Les polémiques d'Hippolyte de Rome et de Filastre de Brescia concernant le psautier - article ; n°1 ; vol.171, pg 1-51

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1967 - Volume 171 - Numéro 1 - Pages 1-51
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

M.-J. Rondeau
Les polémiques d'Hippolyte de Rome et de Filastre de Brescia
concernant le psautier
In: Revue de l'histoire des religions, tome 171 n°1, 1967. pp. 1-51.
Citer ce document / Cite this document :
Rondeau M.-J. Les polémiques d'Hippolyte de Rome et de Filastre de Brescia concernant le psautier. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 171 n°1, 1967. pp. 1-51.
doi : 10.3406/rhr.1967.8464
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1967_num_171_1_8464polémiques d'Hippolyte de Rome Les
et de Filastre de Brescia
concernant le psautier
L'hérésiologue Filastro de Brescia consacre les chapi
tres 129 et 130 de son catalogue à des « hérésies » concernant
le Psautier1. Il ne s'agit pas de chefs-d'œuvre littéraires,
c'est le moins qu'on en puisse dire. La langue en est rocail
leuse, l'enchaînement des idées, laborieux. En substance,
le chapitre 129 vise à montrer, contre de méchants hérétiques
qui ne voient en David qu'un poète profane, l'éminente
qualité prophétique de ce dernier et son antériorité par rapport
aux auteurs grecs. Le chapitre 130 explique, contre d'autres
hérétiques qui se scandalisent du désordre du Psautier et
qui estiment que David n'est pas l'auteur de tout le recueil,
pourquoi les psaumes ne sont pas rangés dans l'ordre chrono
logique des événements auxquels ils se rapportent, et en
quel sens tout l'ensemble peut être imputé à David.
Prétendre que David n'a pas été un prophète du Christ,
ni un auteur inspiré, mais un écrivain profane2, voilà certes
une opinion scandaleuse. Qui donc a bien pu la soutenir ?
Quidam heretici, ut Manichei et Gnostici et Nicolaitae, el alii.
1) Ces chapitres 129 et 130 de l'édition Heylen, C.C., IX, 1957, p. 292-295
et de l'édition Galeardus, P.L., XII, 1256-1261), correspondent aux chapitres 101
et 102 de Marx, C.S.E.L., 'M, 189N, p. 95-99. Dans tout ce qui suit, nous
adoptons la numérotation des chapitres de Galeardus et de Ileylen.
2) Ouod (Ihrisli propheln Domini non fuerit ne.que doctor el commentator diui-
narum omnium scripturnrum, sed humanae cantalionis ne saecularia rei ennscriptor
exliterit (chap. 129, I;. Avec Fabricius, P.L., XII, 1257, n. h, je pense que l'expres
sion doctor el commentator diuinarum omnium scriplurarum se comprend à la lumière
du verset paulinien qu'elle démarque : Omnis scriplura divinilus inspirala utilis
ent ad docendnm, etc. 2 Tim. 3, 16ч Elle siimiíie que David ne serait pas l'un des
auteurs des Écritures qui sont toutes divinemeid, inspirées, qu'il ne serait pas
un auteur inspiré. REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS "2
nous dit Filastre. Le renseignement semble suspect. Il l'est
par sa formulation même qui, avec son ut, son et alli, ouvre la
porte à toutes les approximations. Il l'est encore parce que
le blocage de ces trois sectes reparaît deux autres fois chez
Filastre sous la même forme incertaine1 : on a le sentiment
d'une expression toute faite, d'une étiquette commode, dont
Filastre use sans grande précaution scientifique. Dans le
cas des chapitres 88 et 115, elle peut, certes, rerouvrir une
part de vérité. Mais qu'en est-il dans celui qui nous occupe ?
Les Nicolaïtes, d'après les autres hérésiologues, se caracté
risent par bien autre chose que des restrictions sur le canon
des Écritures. Les Manichéens, qui n'acceptaient peut-être pas
les Écritures canoniques à côté de leurs propres Écritures, et
les Gnostiques, qui rabaissaient l'Ancien Testament et parfois
le repoussaient, au profit du Nouveau, n'ont pas, que nous
sachions, fait un sort particulier à un rejet du Psautier2. Il
semble donc qu'on ne puisse faire fond sur les références ici
avancées par Filastre.
Parmi les livres de l'Ancien Testament, l'Ecclésiaste et
le Cantique seraient aussi, selon Filastre, rejetés par certains
hérétiques, qui ne sont d'ailleurs précisés ni dans un cas, ni
dans l'autre3. Or, il y a bien un exégète antique qui a manifesté
1, Alia est heresis, (...) e quibns mini maxime Manichei, (ïrwslici, Nicolailae,
Valentiniani, et alii quarn plurimi qui ont «les Écritures apocryphes, et rejettent
les Écritures canoniques ichap. «*, l-'.), Heylen, p. 25Г>.. El primům hoc senliunt,
quod aller deus feceril nnimam, aller cnrnem, ut Manichaei, Gnostici, Nicolailae et
alii pe.rdili arbilranlur, dicenles quvd aller qiiidem bonus deus esl, aller autem malus,
inquiunl, in hoc saeculo 'chap. 115, 2, Heylen, p. 280j.
2) V.n rejet explicite de David, comme d'Élie, de Samson et des prophètes,
serait, dit expressément Epiphane, Panarion, XXX, Г>, le fait du pseudo-Clément.
Le renseignement est plausible, étant donné la théorie du vrai prophète que
prônent les Homélies clémentines : le vrai prophète s'est incarné d'abord en Adam,
puis dans les patriarches, Moïse, et entin Jésus ; entre Moïse et Jésus, il n'y a pas
eu de prophète cf. O. Chu.mann, Le problème littéraire el historique du roman
pseudo-clèmenlin, Paris, 1930, p. 1S4 sq.l. Mais rien ne nous permet de penser que
le. chapitre 129 de P'ilastre vise le pseudo-Clément, qu'au reste Kpiphane rattache
à une autre catégorie d'hérétiques : les éhionites.
.T: Sunl quidam heretici qui de neleri leslamenlo rnulla reprobanl, id esl Salornonis
Ecclesiaslem... chap. KM, I, Heylen, p. 2'Jtt;. Esl heresis quae de Canlicis (Uinliconim
ambigit ipsius ilidern neslimans non Spiritu divino, sed humanarum rerum causa ac
voluplalum horninibus ab e<>dem praedicala, curn caeleslium rerum nerilas humanae
simililudini comparala genus hominum docuerit... (chap. l.'î">, I, Heylen, p. 299).
Nous avons cité plus lonsuemerit ce qui concerne le Cantique afin de mettre en ■
LES POLEMIQUES D HIPPOLYTE DE ROME ))
une certaine réticence devant l'inspiration ou la portée messia
nique de ces trois livres. Psautier, Ecclésiaste et Cantique,
c'est Théodore de Mopsueste1. Mais, pour nous en tenir au
cas du Psautier, ce que dénonce Filastre coïncide mal avec
ce que nous savons de l'exégèse de l'Interprète sur ce livre2.
S'il est exact que ce dernier réduisait la signification ehristique
du Psautier à quelques psaumes,3, il ne la supprimait pas.
A supposer que l'extrapolation sur ce point fut facile pour
un esprit partisan4, il reste que Théodore, loin de nier que
David soit un auteur inspiré, exalte en 'lui le prophète mû
par l'Esprit5. Il eût fallu que Filastre fût bien mal informé ou
de très mauvaise foi pour trouver chez Théodore l'idée que
David neque doctor el commentator diuinarum omnium scrip-
turarum. sed humanae canlalionis nc saecularis rei conscriplor
exlileril. Certes, ce médiocre génie est capable de bien des
bévues, mais il serait imprudent de s'arrêter à penser que
évidence, le parallélisme de fond et de forme entre ce début du chapitre 135 et le
début de notre chapitre 129 sur le psautier : Sunl quidam heretici (...) qui de heato
Dnuid audenl direre. quod (Ihrisli prophelu Domini non fueril neque doctor et comrnen~
bûnr diuinarum omnium scripturarurn, sed humanae canlalionis ne saecularis rei
conscriplor exlileril, cum c.aeleslis graliae nique nrcuni salularis Christi Domini ipse.
meruerit prne mullis humano yeneri mystéria prnedicure. Preuve que Filastre croit
qu'il s'agit, dans les deux cas, des mêmes hérétiques ".» Ou pauvreté de style ".'
1) (If. R. Devreesse, Essai sur Théodore de Mopsueste, Studi e Testi 141, cité
du qu' Vatican, « une sorte 1948, d'inspiration p. ,'}Г>. 11 se d'un peut deyré que inférieur Théodore ». Dans n'ait accordé, le Cantique, à l'Ecclésiaste d'après le
malveillant Léonce de Byzance, il n'aurait vu qu' « un chant d'amour qui n'avait
pas sa place dans le canon ».
2) Théodore étant né vers .'î.r>0 et son Commentaire des psaumes étant, de son
propre aveu, une œuvre «le jeunesse, la chronologie ne s'oppose pas à ce que ce
commentaire, ait été connu de Filastre composant son Liber de haeresibus entre 15хГ»
et .491.
.'{) Trois, s'il faut en croire Léonce de Byzance. Dans la partie du commentaire
qui a été retrouvée et éditée par H. Devreesse, Le commentaire de Théodore de
Mdpsuesle. sur les psaumes, Studi e Testi 9Я, cité

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