Quand croire c est faire. Le problème de la croyance dans la Rome ancienne / When Believing is Doing. The Problem of Believing in Ancient Roma - article ; n°1 ; vol.81, pg 47-61
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Quand croire c'est faire. Le problème de la croyance dans la Rome ancienne / When Believing is Doing. The Problem of Believing in Ancient Roma - article ; n°1 ; vol.81, pg 47-61

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Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1993 - Volume 81 - Numéro 1 - Pages 47-61
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Linder
John Scheid
Quand croire c'est faire. Le problème de la croyance dans la
Rome ancienne / When Believing is Doing. The Problem of
Believing in Ancient Roma
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 81, 1993. pp. 47-61.
Citer ce document / Cite this document :
Linder M., Scheid John. Quand croire c'est faire. Le problème de la croyance dans la Rome ancienne / When Believing is
Doing. The Problem of Believing in Ancient Roma. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 81, 1993. pp. 47-61.
doi : 10.3406/assr.1993.1634
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1993_num_81_1_1634Arch de Sc soc des Rel. 1993 81 janvier-mars) 47-62
LINDER John SCHEID
QUAND CROIRE CEST FAIRE
LE PROBL ME DE LA CROYANCE DANS LA ROME
ANCIENNE
In thé Roman religion lie and faith did not exist in the Christian sense
The only religious requirement was the strict observance of rituals and all
manifestation of emotion was excluded from the religious domain Believing
was doing The excess in practice as in emotion and thus unreasoned faith)
which consisted of imagining the gods as jealous tyrannical belonged to
superstition closer look nevertheless divulges two types of belief in the
practice and life of the Romans The rites themselves were not empty but im
plicitly stated the facts concerning the gods and the order of things Again
from this point of view believing was doing In other respects the Roman
religion as the ensemble of Roman mental attitudes had at its base real
faith in the order of the city guaranteeing liberty for all and justifying the
effectiveness of cold ritualism
En la religion romana no existe una creencia una fe en el sentido asi
gnado por el cristianismo esos términos La nica exigencia religiosa exis
tente era la observancia estricta del ritual lo que significaba que toda
manifestaci de sentimiento estaba excluido del nivel religioso Creer era si
nimo de hacer El exceso en la pr ctica en la emoci en consecuencia
la fe no racionalizada que consist imaginar los dioses como envidiosos
tiranos estaba considerado como superstici Un an lisis fino per
mite identificar dos tipos de creencia en la pr ctica en la vida de los romanos
Los ritos no eran estructuras vac as sino que enunciaban impl citamente he
chos que concern an los dioses el orden real Desde este punto de vista
creer continuaba siendo hacer Por otra parte la religi romana como conjun
to de actitudes mentales romanas estaba subtendida por una fe real en el
orden de la ciudad lo que garantizaba todo la libertad justificaba la eficia
del ritualismo fr
47 ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
Les Romains selon une opinion répandue étaient pas croyants Les
savants du XIXeme siècle et bien autres après eux déniaient tout sens
cette religion apparemment indifférente immobile marquée par un ritualisme
sec et automatique 2) réduite un commerce froid entre hommes et dieux
Ces jugements fortement marqués par idéalisme romantique 4) sont trop
excessifs pour emporter la conviction en fait ils passent côté du problème
et méconnaissent le génie de la religion romaine et la place de la croyance
dans ce système religieux
il faut entendre par croyance la foi de type chrétien les critiques tra
ditionnelles contre la religion romaine ne sont pas exagérées il effec
tivement pas place dans ce système religieux parmi beaucoup autres
pour une adhésion profonde de esprit et du ur qui emporte la certitude
Dictionnaire Robert s.v foi Mais si on considère la croyance comme le
fait de croire vraie ou possible une proposition relative aux dieux ou au sys
tème des choses il faut reconnaître que ritualisme et formalisme impliquent
en effet ni vide religieux ni absence de croyance Une forme qui se main
tient inchangée pendant au moins six siècles et qui est capable évoluer sans
changer de nature est pas gratuite bien elle ne énonce pas elle re
couvre des croyances implicites et si on se fonde sur absence une foi
explicite et obligatoire pour évincer le polythéisme ritualiste des religions
réputées dignes de ce nom le coup ne porte pas autant plus que côté
de la pratique proprement dite se développait notamment partir du IIe siècle
avant notre ère une réflexion erudite et spéculative sur les dieux et la religion
qui ailleurs formulait souvent le fa on explicite certaines croyances mises
en scène par les rites Il est néanmoins exact il existe des différences
nettes entre le croire de type chrétien et celui des traditions romaine ou
grecque dans la pratique religieuse aussi bien que dans la spéculation philo
sophique Nous nous limiterons une remarque concernant la réflexion spé
culative qui expose ouvertement éventail des convictions philosophiques
linguistiques ou historiques il serait exagéré de conclure de existence
coles et de sectes philosophiques que la recherche spéculative de la vérité
éliminait tout autre type de savoir et aboutissait une foi unique Encore au
IIe siècle de notre ère les oracles de Claros et de Didyme recevaient des de
mandes sur la nature des dieux 8) et même intérieur des écoles existaient
plusieurs courants de pensée Les théories philosophiques et scientifiques
excluaient pas les représentations traditionnelles mais elles tentaient aller
plus loin éclairer les faits sous un angle différent En tout cas il ne fait
aucun doute que les spéculations philosophiques ou scientifiques des Anciens
aient exprimé ouvertement des convictions sinon des croyances Le cas est
différent pour les conduites religieuses traditionnelles Nous nous attacherons
dans les pages qui suivent définir le statut du type de croyance qui était
construit par les institutions rituelles avant de réunir les deux expressions de
la religiosité des Romains la pratique rituelle et la réflexion théologique sous
une croyance ou une conviction uniques sous une foi dont le noyau
coïncidait avec idéal de la cité
48 CROIRE EST FAIRE QUAND
La religion est-à-dire le culte des dieux ou encore La religion
est la connaissance des devoirs cultuels envers les dieux Ces fameuses
formules de Ciceron 10 expriment une différence principale par rapport
une religion du Livre la religion romaine est pas régie par une doctrine
révélée rigoureusement définie et un code moral enjoignant homme
penser la chose vraie elle est une orthopraxie Comme dans autres re
ligions ritualistes exécution du rite se trouve la base des rapports avec
les dieux enjeu fondamental une telle religion est pas la recherche une
relation intime et personnelle avec la divinité mais exact accomplissement
des actes rituels le savoir-faire pratique la connaissance précise des gestes
et des paroles et une parfaite administration du culte dans le cadre qui est
le sien la communauté
Dans un dictionnaire du Heme siècle de notre ère on peut lire la définition
suivante Le rite est la coutume exacte dans la célébration des sacri
fices 11) la coutume religieuse résidait dans la transmission une suite
précise de gestes et attitudes et non dans la conservation de vérités méta
physiques premières En nous appuyant sur exemple de Inde ancienne 12)
nous pouvons appeler croyance cette coutume relative aux services reli
gieux La déesse Sraddha Croyance) dont le culte été instauré par Manu
ancêtre de la race humaine et modèle du sacrifiant est responsable des
techniciens du rituel et de la gestion du culte Le pendant romain de Sraddha
pourrait être le roi Numa fondateur mythique des institutions juridiques et
religieuses parmi lesquelles se trouve aussi le culte de la déesse Fides Bonne
Foi Le nom de cette déesse provient de fides qui sert de substantif verbal
credo je crois correspondant formel du mot Sraddha 13 En effet
la première exigence de Numa fut observance correcte du culte 14 Il est
significatif que le mythe précise que Numa avait appris de la bouche de la
nymphe Egèrie les raisons des rites il recommandait aux Romains il
les avait consignés dans un livre mais il voulut que ce livre fût enterré
avec lui après ce mythe le sens de la religion se réduit donc au rite
renvoyé dans espace privé le savoir des raisons ultimes des choses est
ni essentiel ni contraignant du point de vue religieux
exact accomplissement du culte requérait une parfaite connaissance des
paroles et des gestes rituels appropriés La parole emportait sur le geste
car elle conférait celui-ci la perfection en le rendant immédiatement per-
formatif 15 oubli une épithète une fausse appellation une formule am
biguë pouvaient irriter la divinité et inciter exécuter la lettre ce on
lui demandait avec autant de maladresse attention prêtée aux mots allait
de pair avec cel

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