Une Église nationale pour les Santals : du romantisme scandinave à l orthodoxie luthérienne / A National Church for the Santals: From Scandinavian Romanticism to Lutheran Orthodoxy - article ; n°1 ; vol.103, pg 99-127
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Une Église nationale pour les Santals : du romantisme scandinave à l'orthodoxie luthérienne / A National Church for the Santals: From Scandinavian Romanticism to Lutheran Orthodoxy - article ; n°1 ; vol.103, pg 99-127

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Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1998 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 99-127
Dès 1867, deux missionnaires Scandinaves, issus d'un milieu piétiste, décident de fonder une Eglise nationale santal adaptée aux normes culturelles de cette tribu du Nord-Est de Inde. Loin de partager les idéaux de penseurs hindous de époque, partisans d'une religion universelle, les missionnaires s'affirment les défenseurs des Santal et deviennent des réformateurs sociaux. Mais les missionnaires s'avèrent impuissants à protéger les Santal contre les intermédiaires hindous qui les exploitent. De plus, les fondateurs perdent peu à peu leur pouvoir vis-à-vis des comités de soutien établis en Scandinavie. La mission se soumet de plus en plus aux exigences des Eglises luthériennes perdant ainsi son caractère national.
Two Scandinavian missionaries from pietist background decide, from 1867 onwards, to establish a national Church for the Santals, adapted to the cultural norms of this north east Indian tribe. Unlike the Hindu partisans of universal religion, the missionaries become social reformers, defending the rights of the Santals. But the missionaries are, finally, unable to protect the Santals against the Hindu middle-men who exploit them. Moreover, the founders gradually have to cede their power to the support committees established in Scandinavia, so that the mission becomes subservient to the Lutheran Churches, losing its national character.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 52
Langue Español
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marine Carrin
Harald Tambs-Lyche
Une Église nationale pour les Santals : du romantisme
scandinave à l'orthodoxie luthérienne / A National Church for the
Santals: From Scandinavian Romanticism to Lutheran
Orthodoxy
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 103, 1998. pp. 99-127.
Citer ce document / Cite this document :
Carrin Marine, Tambs-Lyche Harald. Une Église nationale pour les Santals : du romantisme scandinave à l'orthodoxie
luthérienne / A National Church for the Santals: From Scandinavian Romanticism to Lutheran Orthodoxy. In: Archives des
sciences sociales des religions. N. 103, 1998. pp. 99-127.
doi : 10.3406/assr.1998.1197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1998_num_103_1_1197Resumen
Desde 1867, los misioneros escandinavos originarios del contexto pietista, deciden formar una Iglesia «
nacional » santal adaptada a las normas culturales de esta tribu del nor-este de la India. En vez de
compartir los ideales de los pensadores hindúes de la época, partidarios de una « religión universal »,
los misioneros se afirman como los defensores de los Santal y se convierten en reformadores sociales.
Pero los misioneros se encuentran ante la imposibilidad de proteger a los Santal contra los
intermediarios hindúes que los explotan. Por otra parte, los fundadores pierden poco a poco sus
poderes frente a los comités de apoyo creados en Escandinavia. La misión se somete, cada vez más, a
las exigencias de las Iglesias luteranas con lo que pierden su carárcter nacional.
Résumé
Desde 1867, los misioneros escandinavos originarios del contexto pietista, deciden formar una Iglesia «
nacional » santal adaptada a las normas culturales de esta tribu del nor-este de la India. En vez de
compartir los ideales de los pensadores hindúes de la época, partidarios de una « religión universal »,
los misioneros se afirman como los defensores de los Santal y se convierten en reformadores sociales.
Pero los misioneros se encuentran ante la imposibilidad de proteger a los Santal contra los
intermediarios hindúes que los explotan. Por otra parte, los fundadores pierden poco a poco sus
poderes frente a los comités de apoyo creados en Escandinavia. La misión se somete, cada vez más, a
las exigencias de las Iglesias luteranas con lo que pierden su carárcter nacional.
Abstract
Two Scandinavian missionaries from pietist background decide, from 1867 onwards, to establish a
"national" Church for the Santals, adapted to the cultural norms of this north east Indian tribe. Unlike the
Hindu partisans of "universal religion", the missionaries become social reformers, defending the rights of
the Santals.
But the missionaries are, finally, unable to protect the Santals against the Hindu middle-men who exploit
them. Moreover, the founders gradually have to cede their power to the support committees established
in Scandinavia, so that the mission becomes subservient to the Lutheran Churches, losing its national
character.Arch de Sc soc des Rel. 1998 03 juillet-septembre 99-127
Marine CARRIN Harald TAMBS-LYCHE
UNE EGLISE NATIONALE POUR LES SANTAL
DU ROMANTISME SCANDINAVE
ORTHODOXIE LUTH RIENNE
INTRODUCTION
Quand glise catholique envoie ses missionnaires fonder de nouvelles commu
nautés chrétiennes elle choisit parfois ajuster les normes de ses institutions la
culture laquelle elle adresse est ce processus on décrit par le terme indi-
génisation En principe cette problématique ne applique pas aux Eglises protestan
tes qui de par leur tradition sont nationales voire indigènes
individualisme protestant on le sait depuis Weber fait de homme le créateur
responsable du monde social et moral tandis que la conscience collective durkhei-
mienne restitue individu libre de cette responsabilité sa propre liberté Or cette
opposition avère simpliste par rapport au pietisme où individu agit en étant
un instrument de Dieu Dieu sans doute crée des cultures et des glises différentes
mais peut-il aussi leur inspirer des normes particularistes 1)
La contradiction entre institutionalisation et croyance comme celle entre univer
sel et particulier existe chez les missionnaires comme dans les sectes et Eglises
protestantes Mais cette conception se heurte une contradiction qui lui est inhérente
car toute glise protestante doit répondre certaines normes essentiellement univer
salistes et occidentales
Pourtant nous nous proposons de montrer que est ce problème que se heurtent
les missionnaires Scandinaves Skrefsrud et Borresen arrivés en Inde en 1863 et 1865
quand ils fondent leur mission chez les Santal deux cents kilomètres de Calcutta
quelques années plus tard Le cas que nous décrivons est cet égard un peu atypique
Nous utilisons ici les termes universalisme et particularisme au sens de PARSONS 1937
1966 Il évidemment un problème quand on applique ces termes la nation car on sous-entend
normalement que tat-nation institue des normes universalistes intérieur une société même si
celles-ci deviennent particularistes aux yeux des étrangers Dans le cas de cet article les normes protestantes
sont universalistes tandis que chaque société revendique ses particularismes
99 DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS ARCHIVES
car il agit une mission indépendante de toute glise vouée la création une
glise nationale pour les Santal qui peu peu perd son indépendance pour devenir
une mission luthérienne plus orthodoxe
cette époque où on commence sentir Calcutta capitale de la Renaissance
bengalie le premier éveil national en Inde Ray 1984) les Scandinaves chez les
Santal tribu de langue austro-asiatique parlent de la nation dans un autre sens Pour
eux la est une nation et quand ils veulent doter les Santal une glise nationale
ils impliquent en rien idée un tat indépendant Il agit simplement de recon
naître chez les indigènes les caractéristiques un peuple conscient de sa spéci
ficité culturelle qui pourrait ainsi avoir dans le sens de Herder 3) son propre esprit
national
Toute humanité affirme en 1869 le réformateur bengali Keshub Chunder
Sen soucieux de lier les influences hindoues et chrétiennes va unir dans une glise
universelle mais en même temps cette glise adaptée aux besoins de chaque nation
doit assumer une forme nationale ... Chaque future Eglise se développera naturel
lement au sein de sa nation Kuriakose 1982 211 Les missionnaires Scandina
ves Skrefsrud et Borresen sont du même avis mais leur sens de la nation ne concerne
pas Inde de plus ils sont loin de partager les idées syncrétiques de Sen Kopf 1975
pp 53-56 Pour les fondateurs de cette mission issus un milieu pietiste et protes
tant les croyants eux-mêmes constituent la véritable glise et les fidèles des diffé
rentes cultures sont libres de modeler leurs pratiques religieuses sur leur propre fond
culturel
En fait le projet des missionnaires Scandinaves diffère de celui de glise baptiste
dont Carey est le premier représentant en Inde Potts 1967 Forrester 1980) qui
vise surtout le monde des castes Kopf 1975 45) auquel la plupart des mission
naires protestants opposent avec véhémence Dirks 1996 Metcalf 1990 100
La mission est mal vue par la Compagnie des Indes époque et Carey installe chez
les Danois dans leur colonie de Serampur Or depuis 1828 les missionnaires se
Sur le climat intellectuel de Calcutta et du Bengale époque voir CRAWFORD 1987 KOPF 1969
1975 PODDAR 1970
La conception du nationalisme du philosophe allemand Herder 1744-1803 est marquée par le
mouvement romantique dont il est un des représentants Herder oppose aux idées fran aises de tat-na-
tion issu des Lumières Pour Herder ethnie auquel il attribue esprit du peuple est le fondement de
la nation Cette conception liée au romantisme est aussi radicale et libertaire car elle oppose le peuple
tat HERDER 1964 CAISSON 1991) une dimension qui semble avoir échappé attention de DUMONT
1979 1991 Si la position de Herder oppose celle de RENAN 1992) il faut cependant souligner la
différence par rapport aux écrits de FICHTE 1992 qui lui évoque esprit national pour légitimer la primauté
de la culture allemande sur les autres Cette supériorité est absente chez Herder qui les nations sont
différentes mais égales Le nationalisme norvégien continue de inspirer des idées de Herder par inter
médiaire notamment de WERGELAND 1843-1844 BEYER 1961 pp 83-88 et 126-147) tandis que la
conception de Fichte est peu représentée idée une telle supériorité culturelle paraît ridicule aux
Norvégiens TAMBS-LYCHE 1992)
Le roi danois Fredrik IV avait envoyé les premiers missionnaires protestants Ziegenbalg et
Plutschau en Inde 1705 Cette mission établie Tranquebar est encore très active en 1787 mais perd de
sa vitalité la mort du missionnaire Swartz en 1798 Or quand Carey arrive

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