Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les bibliothèques centrales en Europe (XVe-XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.111, pg 431-453
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Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les bibliothèques centrales en Europe (XVe-XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.111, pg 431-453

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 431-453
Frédéric Barbier, Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les bibliothèques centrales en Europe, XVe-XIXe siècle, p. 431-453. L'histoire des bibliothèques a longtemps été considérée comme un domaine secondaire de l'histoire du livre, dont Fapproche a surtout été envisagée sous forme de monographies et en privilégiant l'analyse de contenu (étude des listes de livres constituant la bibliothèque). Or, il s'agit d'un domaine qui se situe à la rencontre de questionnements divers et complémentaires : histoire des idées (les contenus), mais aussi histoire politique (la lente affirmation de l'«espace public»), histoire de l'architecture et de l'art, histoire des pratiques culturelles et des méthodes de travail intellectuel, etc. En s'appuyant sur l'exemple des «grandes bibliothèques» (plus tard qualifiées de «bibliothèques centrales») dans une perspective comparatiste, et en étudiant tout particulièrement l'évolution des fonctions qu'elles remplissent, l'article en propose une typologie sommaire, permettant d'en suivre et d'en comprendre l'évolution dans le long terme.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Frédéric Barbier
Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les
bibliothèques centrales en Europe (XVe-XIXe siècle)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 111, N°1. 1999. pp. 431-453.
Résumé
Frédéric Barbier, Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les bibliothèques centrales en Europe, XVe-XIXe
siècle, p. 431-453.
L'histoire des bibliothèques a longtemps été considérée comme un domaine secondaire de l'histoire du livre, dont Fapproche a
surtout été envisagée sous forme de monographies et en privilégiant l'analyse de contenu (étude des listes de livres constituant
la bibliothèque). Or, il s'agit d'un domaine qui se situe à la rencontre de questionnements divers et complémentaires : histoire des
idées (les contenus), mais aussi histoire politique (la lente affirmation de l'«espace public»), histoire de l'architecture et de l'art,
histoire des pratiques culturelles et des méthodes de travail intellectuel, etc. En s'appuyant sur l'exemple des «grandes
bibliothèques» (plus tard qualifiées de «bibliothèques centrales») dans une perspective comparatiste, et en étudiant tout
particulièrement l'évolution des fonctions qu'elles remplissent, l'article en propose une typologie sommaire, permettant d'en suivre
et d'en comprendre dans le long terme.
Citer ce document / Cite this document :
Barbier Frédéric. Représentation, contrôle, identité. Les pouvoirs politiques et les bibliothèques centrales en Europe (XVe-XIXe
siècle). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 111, N°1. 1999. pp. 431-453.
doi : 10.3406/mefr.1999.4624
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1999_num_111_1_4624FRÉDÉRIC BARBIER
REPRÉSENTATION, CONTRÔLE, IDENTITÉ
LES POUVOIRS POLITIQUES ET LES BIBLIOTHÈQUES
CENTRALES EN EUROPE, XVe-XIXe SIÈCLE
Les pouvoirs et les villes
L'histoire des villes, et notamment des villes dominantes (les capit
ales), renvoie fondamentalement à une histoire des pouvoirs politiques1 :
ceux-ci s'inscrivent dans l'espace concret de la ville, et ce rapport à l'espace
devient d'autant plus sensible qu'ils échappent de plus en plus nettement et
de plus en plus souvent, à partir du XVe siècle2, au modèle féodalo-dynas-
tique traditionnel, pour intégrer un modèle géographique - fondé sur le
contrôle d'un territoire. Le symbole du territoire et son pôle organisateur
en est la ville principale, qui se définit d'abord comme le lieu de résidence
du prince.
Notre première hypothèse sera donc que la transformation du statut et
du rôle de la ville principale répond à la transformation du champ des pouv
oirs entre l'Humanisme - entendons fondamentalement le XVe siècle - et
l'époque contemporaine. Le modèle humaniste et classique est celui de la
ville de résidence, le modèle nouveau devient celui de la capitale de l'État
policé, puis de l'État des Lumières, et de l'État/Nation. Le passage de la ré
sidence à la capitale renvoie au changement du modèle et de la pratique
1 «[Le mot de capitale] vient du latin caput, et se dit en différentes occasions,
pour marquer la relation de chef ou de principal : ainsi ville capitale signifie la pre
mière ville d'un royaume, d'une province, d'un État, comme Paris est la capitale de
France; Londres est la capitale d'Angleterre; Moscou, la capitale de Moscovie;
Constantinople, la capitale de l'Empire ottoman; Rouen, la de Normandie,
etc. » On notera, au passage, l'absence de Rome, dans la théorie des capitales exemp
laires proposée par Y Encyclopédie.
2 F. Barbier, La ville, le prince et la bibliothèque : espaces, savoirs et pouvoirs
dans l'Europe de la Renaissance (années 1437-1523), communication à paraître dans
les Actes du colloque du C.E.S.R., Tours, 1997.
MEFRIM - 111 - 1999 - 1, p. 431-453. 432 FRÉDÉRIC BARBIER
politiques : du principat qui s'impose au XVe siècle, on passe à l'absolu
tisme baroque, puis éclairé. Le paradigme de la modernité s'appuie d'abord
sur la gloire du prince, puis sur le souci éclairé et mercantiliste de prendre
en compte les populations dans leur ensemble et d'en optimiser la gestion.
Il débouche ainsi logiquement sur les développements progressifs de l'idée
démocratique et sur l'entrée en scène du plus grand nombre. De ces évolu
tions dans le temps long, les transformations du centre politique et la place
qu'y occupent la bibliotèque et les livres sont un observatoire révélateur.
La bibliothèque : statuts et rôles
La est en effet l'un des lieux privilégiés où l'on suivra le
mieux ces transformations, à la fois dans sa conception, dans sa matérialit
é3, dans son contenu et dans les pratiques d'ordre intellectuel (savant),
culturel ou politique dont elle est le support. L'affirmation de la puissance
et de la richesse du prince passe par des dispositifs architecturaux qui les
rendent visibles, et dont le principal est bien évidemment le château. Paral
lèlement, comme l'a souligné Norbert Elias, le paradigme de la distinction
prend une importance croissante, la cour se constitue comme un milieu
spécifique, fonctionnant selon des règles rigides et très précises, pour ainsi
dire dans un monde isolé du «commun»4. D'où l'importance fonctionnelle
des concepts accusant cette differentiation même, la gloire, le prestige, le
rang, mais l'importance aussi du cadre et du « style » de vie qui permettront
de les mettre en scène : c'est la création de jardins princiers (fonctionnant
comme des microcosmes de la nature)5, l'organisation de fêtes sompt
ueuses, mais aussi le souci de la distinction gratuite, avec la constitution
de collections d'objets précieux et de livres6.
Outre leur valeur marchande intrinsèque, les bibliothèques princières
du début de la période moderne remplissent trois fonctions symboliques
principales : elles suivent le modèle idéal de la bibliothèque humaniste -
entendons, le modèle antique. Elles manifestent le pouvoir, la richesse et la
distinction du prince. Enfin, elles permettent la gestion de la principauté et
sa mise en valeur. Dans un second temps, la bibliothèque du prince tend à
s'ouvrir sur l'extérieur : les savants y sont admis pour travailler, et le pro
cessus est puissamment favorisé par le développement de la pensée des Lu-
3 La localisation, l'espace, le décor, etc.
4 N. Elias, La société de cour, trad, fr., 2e éd., Paris, 1985.
5 F. Barbier, Livres de cour et «jardins imprimés» : /liortus palatinus de Sal
omon de Caus, article à paraître dans Mélanges Etienne François.
6 R. Schaer (dir.), Tous les savoirs du monde. Encyclopédies et bibliothèques, de
Sumer au XXIe siècle [exposition, Paris 1996], Paris, 1996, notamment p. 272 et suiv. CONTRÔLE, IDENTITÉ 433 REPRÉSENTATION,
mi ères. Si les grandes bibliothèques humanistes étaient d'abord destinées
au milieu des lettrés et des savants, Gabriel Naudé développe, au XVIIe
siècle, l'idée que la bibliothèque princière doit être ouverte le plus large
ment et la collection de livres «profitable au moindre des hommes qui en
pourra avoir besoin...» À Paris, la Bibliothèque du roi ne s'ouvrira cepen
dant qu'en 1720. Dès lors, la bibliothèque est présentée comme l'une des
institutions emblématiques de la capitale, et elle contribue puissamment à
son image : la richesse de la et sa mise à disposition des sa
vants témoignent du caractère éclairé de la ville et du prince, et fonc
tionnent pratiquement comme un indicateur du niveau de civilisation at
teint7.
À chaque période de son histoire, l'horizon d'attente à l'intérieur du
quel fonctionne la bibliothèque change en tendant vers un progressif élar
gissement, parce que d'autres personnages ou d'autres groupes sont définis
ou se définissent eux-mêmes comme les organisateurs et les médiateurs
sur un plan à la fois politique et culturel. Il s'agit d'abord du prince et de
son entourage8, puis interviennent des groupes plus ou moins larges d'i
ntermédiaires (la République des lettres), avant que le modèle ne renvoie à
l'u

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