Représentation de l espace en Égypte tardive. De la représentation fonctionnelle à la représentation symbolique - article ; n°1 ; vol.15, pg 141-174
35 pages
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Représentation de l'espace en Égypte tardive. De la représentation fonctionnelle à la représentation symbolique - article ; n°1 ; vol.15, pg 141-174

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1989 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 141-174
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Françoise Dunand
Représentation de l'espace en Égypte tardive. De la
représentation fonctionnelle à la représentation symbolique
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°1, 1989. pp. 141-174.
Citer ce document / Cite this document :
Dunand Françoise. Représentation de l'espace en Égypte tardive. De la représentation fonctionnelle à la représentation
symbolique. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°1, 1989. pp. 141-174.
doi : 10.3406/dha.1989.1833
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1989_num_15_1_183315,1 1989 141 -174 DHA
Representations de l'espace en Egypte
tardive
de la representation fonctionnelle ala symbolique
Françoise DUNAND
Université de Strasbourg II
Le problème de la représentation de l'espace en Egypte
tardive nous place d'emblée devant un paradoxe : les Egyptiens
dont la culture, à toutes les époques, fait une si large place à
l'image (il suffit de penser au "décor" des tombeaux et des
temples) ne nous ont pratiquement pas laissé de représentations
figurées du monde dans lequel ils vivaient, ou qu'ils
connaissaient "cartographie" n'existent par leurs pas voyages. en égyptien Les i. termes Existe-t-il "carte", une
géographie égyptienne ? Très tôt cependant les Egyptiens
commencent à effectuer l'inventaire de leur espace, et c'est
manifestement une nécessité vitale.
I L'ESPACE DE L'ARPENTEUR.
a) Les Egyptiens sont d'abord des arpenteurs. L'espace,
c'est avant tout l'espace qu'on mesure, qu'on divise, pour
l'exploiter et l'administrer 2. La pratique est fort ancienne : sur la
Pierre de Palerme 3, pour chaque année de règne, on a inscrit la
Sur les problèmes de la cartographie (ou de l'absence de cartographie)
égyptienne, cf. J.D. Muhly, Ancient Cartography, Expedition, XX, 2,
1978, p. 26-31 ; J.B. Harley - D. Woodward, Cartography in Ancient
Europe and the Mediterranean (Chicago, 1987).
Hérodote attribue à "Sésostris" (Sésostris III ?) l'institution de la division
du territoire pour servir de base à l'impôt : "ce roi... partagea le sol entre
tous les Egyptiens, attribuant à chacun un lot égal aux autres, carré ; et
c'est d'après cette répartition qu'il établit ses revenus, prescrivant qu'on
payât une redevance annuelle" (II, 109 ; trad. Ph. E. Legrand, Coll. des
Universités de France, Belles Lettres, Paris, 1948).
Il s'agit des annales royales des cinq premières dynasties, inscrites sur des
dalles de pierre noire dont sept fragments ont à ce jour été retrouvés ; cf. 142 Françoise DUNAND
hauteur de la crue et, tous les deux ans, parmi les événements
marquants, le "recensement", dont le retour régulier est devenu
un moyen de numéroter les années; ce recensement concernait
probablement les superficies cultivées aussi bien que le bétail
"grand et petit".
La mensuration périodique des champs cultivés était
rendue indispensable par le retour annuel de la crue, qui déplaçait
les bornes et, du fait de son irrégularité, modifiait l'état des sols.
Il s'agit donc d'une nécessité pratique; mais, si elle s'est imposée
comme une règle, c'est dans le cadre d'un état très tôt centralisé,
pour qui elle a pu représenter à la fois un objectif et un instrument
de pouvoir. En effet l'aménagement des nomes, réalisé
apparemment dès le début de l'époque historique 1, impliquait
une prise en compte et une évaluation globale du territoire; une
des plus anciennes listes de nomes indique pour chacun d'eux la
valeur régionale de la mesure d'arpentage. D'autre part, le signe
sp3t, employé pour désigner le nome, représente un terrain
sillonné de rigoles ou de canaux, et le titre des nomarques au
début de l'Ancien Empire, titre apparu dès l'époque thinite,
âdj.mer, canaux" 2. Ainsi, peut se mensuration traduire par et division "préposé de l'espace au creusement répondent des à
une nécessité qui est à la fois d'ordre économique (organiser le
réseau d'irrigation, indispensable à l'exploitation du territoire) et
administratif ("parcelliser" pour répartir les responsabilités et
assurer un meilleur contrôle).
Au Nouvel Empire, la mensuration des champs est
souvent représentée dans le décor peint des tombes : un exemple
célèbre est celui de la tombe de Menna (pi. 1). Elle a lieu en
bibliographie et traduction des principaux fragments chez A. Roccati, La
littérature historique sous l'Ancien Empire Egyptien (Paris, Cerf, 1982),
p. 36-52.
L'accord semble général sur ce point; cf. W. B. Emery, Archaic Egypt
(dernière édition 1984), p. 109. Les listes de nomes qui figuraient dans la
"Chambre du Monde" du temple solaire de Neouserrê à Abou Ghorab
remonteraient à l'époque thinite; cf. A. Roccati, op. cit., p. 61-63.
Cf. E. Drioton - J. Vandier, L'Egypte (Paris, PUF, 4e édition, 1962),
p. 148-149. DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 143
cadastre" principe (Moyen après l'inondation Empire) ou i; "scribe les acteurs du blé" sont (Nouvel le "scribe Empire), du
assisté de deux "scribes des champs", d'un "porteur de corde" et
d'un "tendeur de corde"; T'ancien du village" devait attester sous
serment que les bornes étaient bien à leur place 2. Des hauts
fonctionnaires comme Senenmout, vizir d'Hatshepsout, peuvent
être représentés tenant le cordeau d'arpentage (cf. pi. 2) : c'est
bien le signe qu'il s'agit d'une fonction vitale pour le pouvoir.
C'est le P.Wilbour, rédigé sous Ramsès V, vers 1158
a.C, qui nous fournit le plus ancien relevé cadastral : il s'agit
d'un inventaire des domaines d'Amon (temples de Thèbes et
autres lieux) et de diverses institutions 3. Chaque paragraphe
concerne un ensemble de champs ("département", entité
administrative); sont indiqués pour chaque parcelle de cet
ensemble le nom du cultivateur, la superficie de la parcelle,
l'évaluation de son rendement (donc du revenu taxable), enfin la
part réservée au temple. En voici un exemple :
64 : "Département de ce domaine (administré) par la main du
contrôleur Meryma'a;
Arpentage fait au NE du village d'Iwn.ryss;
Terre cultivée par le cultivateur Benenka 10 (aroures),
mesures : 5 (par aroure), mesures : 50 (total);
(h3r)" Attribué 4 . au domaine d'Osiris, Seigneur d'Abydos, 3 sacs 3/4
Aux époques ptolémaïque et romaine, la pratique de
l'arpentage reste bien entendu en usage; il existe à ce sujet une
abondante documentation papyrologique . Un bon exemple est
Le fait que la récolte soit figurée sur pied servirait simplement à indiquer
qu'il s'agit de terres à céréales; cf. LDÀ, art. Feldereinteilung,
Feldervermessung.
Cf. le P.Anastasi I, 1, qui évoque les activités du "scribe du blé" : ..."il
établit les bornes sur les champs, il fait la protection du Roi grâce à son
cadastre"...
L'édition, avec traduction et commentaire, de ce texte fondamental est due
à Sir A. J. Gardiner, The Wilbour papyrus, I-III, 1941-1948; cf. l'étude de
B. Menu, Le régime juridique des terres et du personnel attaché à la terre
dans le Papyrus Wilbour, Lille, 1970.
L'unité de mesure est soit le sac, soit le 1/4 de sac; il existe trois taux de
rendement : 5, 7 1/2 ou 10 mesures par aroure. 144 Françoise DUNAND
celui des archives de Kerkéosiris et de Magdôla i ; les relevés
comportent :
- l'indication du nombre d'aroures (pour le village, les
terres des dieux, la terre royale, les terres clérouchiques...);
- la classification des parcelles selon l'état du sol :
ensemencé (esparménè), trop inondé (embrochos), trop sec
(abrochos);
- pour la terre royale, la classification des terres en plein
rapport (apègmenon), ou de qualité inférieure (hypologon);
- le classement selon le taux du revenu et sa destination.
Un autre texte de Tebtynis, qui recense des terres royales
et clérouchiques, présente, selon l'ordre topographique des
tenures, le nom de l'occupant, les superficies ensemencées ou
plantées, les canaux, digues et routes 2 . Ces inventaires étaient
résum

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