Chapitre 6 Enjeux potentiellement conflictuels de la gouvernance ...
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Chapitre 6 Enjeux potentiellement conflictuels de la gouvernance ...

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 Chapitre 6  Enjeux potentie l ement conflictuels  de la gouvernance de leau 
LA REFORME DES PRATIQUES AGRICOLES
De lautonomie alimentaire à la sécurité alimentaire ?
 
    La réforme des pratiques agricoles est indispensable. Premier consommateur deau dans les pays en voie de développement, lagriculture est la principale cause de pénurie en eau, en quantité disponible comme en qualité. Des usages agricoles inadaptés à la ressource se retrouvent dans toutes les zones de tensions. Y a-t-il pourtant un secteur plus difficile à réformer ? Et ce dautant plus que lagriculture est la seule source dalimentation ou de revenu pour les plus pauvres. En complément de son importance vitale, lagriculture remplit une fonction davantage sociale quéconomique (activité, stabilité) dans les zones arides et semi-arides.  Plusieurs voies de réforme existent : le choix des espèces cultivées, lamélioration des méthodes dirrigation, lusage contrôlé dagents chimiques (pesticide et engrais). Toutes les cultures (ou les élevages) nont pas le même besoin en eau. Le coton ou le riz exigeront plus deau que le maïs ou le blé, qui consomment eux-mêmes davantage que les légumes. Ladéquation des cultures à la ressource disponible remet donc en question des pratiques traditionnelles ou lobjectif dautosuffisance alimentaire de nombreux États. Une autre solution serait daccroître les rendements hydriques de lagriculture irriguée dans les pays en voie de développement. Premier axe des politiques de leau à la fin des années 1990, sa réalisation se heurte néanmoins à son financement. La recherche contribue à des gains de productivité, mais ne sest intéressée pour linstant quaux variétés commerciales (soja, coton). Les rendements du sorgho ou du millet, cultivés principalement par des agriculteurs pauvres de régions semi-arides, nont que peu progressé.
 
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Hormis le cas dune agriculture de subsistance, en général peu productive et « sous pluie » 112 , la réforme des pratiques agricoles sexpose à deux difficultés, internes et internationales, susceptibles de générer des tensions :  La première difficulté relève de linterpénétration des problèmes et enjeux liés à lévolution du secteur agricole.  Lagriculture, source quasi exclusive de richesse en milieu rural dans les pays en voie de développement, est essentielle à la stabilité sociale. Elle ne préserve cependant pas de lextrême pauvreté : 75 % des 985 millions de personnes qui vivent avec moins dun dollar par jour habitent des zones rurales 113 . Et les petits propriétaires ou ouvriers agricoles représentent les deux tiers des 830 millions de personnes souffrant de malnutrition 114 .  Le secteur agricole est pourtant exposé à la fois à la nécessité de réformer les usages de leau, et à différentes menaces qui compromettent sa pérennité. Ainsi, lurbanisation et lindustrialisation gagnent sur les terres agricoles. La surexploitation de leau, le changement climatique, laridité compromettent également lactivité agricole, bien que leur part respective soit difficile à déterminer. Ces conditions de vie, déjà précaires, se dégradent et favorisent un mécontentement social qui sajoute à dautres sources de contestation sociale (en Chine, par exemple, retraites non payées, chômeurs, ouvriers précaires). Comment alors réformer un secteur déficient en termes de rationalité économique et hydrique, mais essentiel socialement ? Cet équilibre fragile dans la pauvreté peut se rompre en entraînant une désagrégation sociale (et/ou communautaire, ethnique, religieuse), et alors constituer un risque pour la stabilité sociale et politique dun État. Dans les campagnes chinoises, les pénuries en eau alimentent une contestation sociale dautant plus problématique quelle revêt occasionnellement des formes violentes (sabotage dinstallations hydrauliques entre villages, maisons de cadres du Parti ou bâtiments officiels incendiés) 115 . Lexode rural déporte vers les villes, sans le résoudre, le problème de la pauvreté. On dénombre ainsi 150 millions de paysans ouvriers relégués à la périphérie des villes et qui, du fait de leur
                                               112 Agriculture dépendant uniquement des précipitations, sans irrigation complémentaire. 113  World Bank, World Development Indicators 2007, Washington, 2007. 114 PNUD, Human Development Report 2006, op. cit. 115  TAITHE Alexandre, Leau, facteur dinstabilité en Chine  Perspectives pour 2015 et 2030, Paris, Fondation pour la Recherche Stratégique/CAP, Coll. Recherches et Documents, 25 janvier 2007, 53 p., http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/rd/RD_20070125.pdf
 
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