L industrie du Seuil de Rives (Bas-Dauphiné) - article ; n°2 ; vol.31, pg 215-247
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Revue de géographie alpine - Année 1943 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 215-247
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Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Pierre Bozon
L'industrie du Seuil de Rives (Bas-Dauphiné)
In: Revue de géographie alpine. 1943, Tome 31 N°2. pp. 215-247.
Citer ce document / Cite this document :
Bozon Pierre. L'industrie du Seuil de Rives (Bas-Dauphiné). In: Revue de géographie alpine. 1943, Tome 31 N°2. pp. 215-247.
doi : 10.3406/rga.1943.4378
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1943_num_31_2_4378L'INDUSTRIE DU SEUIL DE RIVES
(BAS- DAUPHINE)
par Pierre BOZON
Le Seuil de Rives est une petite région d'environ 130 km2 qu'on
découvre immédiatement en sortant de la cluse de Grenoble. Au
premier coup d'œil, il apparaît comme un tout bien homogène.
Tandis qu'au Sud et à l'Est s'enlèvent les formes violentes et du
res des Préalpes, au Nord et au Sud-Ouest les collines mollassiques
voûtent leur dos trapu de pachydermes; à l'Ouest et au Sud, deux
vallées, la Bièvre et la basse Isère, planes et vastes, ouvrent
larges avenues. \
C'est là, au milieu de ce cadre de formes tantôt lourdes, tantôt
hardies, parfois insignifiantes, que le Seuil de Rives étale l'amphi
théâtre de ses douces ondulations, vêtues d'une verdure bocagère
et toutes semées de maisons. De quelque côté qu'on l'aborde, par
tout le Seuil de Rives fait contraste avec les pays voisins; par son
allure tourmentée, lorsqu'on vient de Bièvre ou de la cluse, par l'ins
ignifiance de ses formes, lorsqu'on les compare aux puissantes épaul
es des Préalpes, enfin par son élégance plus régulière et plus fine
que les massives collines des Terres Froides et du Chambarand.
Cette unité qui se déroule si belle, de Rives à Saint-Etienne-de-
Crossey, de Vourey à La Murette, nous avons dû malheureusement
la briser, en en retranchant la vaste commune de Voiron. Celle-ci
est bien du Seuil de Rives, mais le sujet avait été déjà traité ici
même par M. Jouanny *, et d'autre part, son caractère urbain la
plaçait un peu à part et en dehors de notre étude. Par contre,
nous nous sommes dédommagé en empiétant sur la vallée de la,
basse Isère 2. Nous nous eh excusons auprès de M. Paul Veyret,
mais nous ne pouvions laisser en dehors de notre étude les indust
ries de Fures et de Moirans, car les rivières qui les ont fait naître
sont les filles du Seuil de Rives. .
. 1
1 M. Jouanny [20].
2 P. Veyret [32]. 216 P. BOZON.
C'est d'industrie seulement que nous voudrions entretenir nos lec
teurs. Il se trouve en effet que cette petite région, douée par sa
configuration en amphithéâtre morainique d'une robuste unité
physique, n'est pas moins originale de par la présence d'une intense
activité manufacturière qui la distingue ainsi de ses voisines, beau
coup plus occupées aux travaux des champs. Cette prédominance de
l'industrie n'est ^>as récente, car ce genre d'activité plonge dans le
passé des racines presque millénaires. A nous d'expliquer et de
suivre cette vieille tendance, en examinant d'abord les facteurs in
dustriels de la région, puis en dressant un tableau que nous vou
drions exact et précis de l'activité ancienne, poussée jusqu'à la fin
du xix' siècle, enfin en étudiant les conditions, les effectifs et le rôle
de l'industrie contemporaine.
I. — LES FACTEURS DE L'INDUSTRIE
- Il ne s'agit pas ici, et nous aurons sans cesse à le constater, d'une
providentielle abondance de matières premières. L'industrie du
Seuil de Rives est fille de sa situation à un carrefour de grandes
voies, qui lui permettaient de recevoir et d'expédier aisément, et
filleule des eaux courantes, qui lui fournissaient de précieux mot
eurs; elle a également profité, au moins dans le passé, de l'abon
dance de combustible.
A) Une zone de passage et de contact. /
Le Seuil de Rives es( aussi un seuil humain. Ses degrés montent
de la vallée de l'Isère vers la beauté piste, aplanie et sèche, de la
plaine de Bièvre, large avenue ouvrant vers le Rhône et d'où il
est possible de gagner Lyon; en même temps, il est béant juste
devant l'issue de la cluse de Grenoble, route de l'intérieur des Alpes
et de l'Italie. C'est aussi un pays de contact, « l'élément liant » 3
entre Haut et Bas-Dauphiné; c'est une jointure dans le département
de l'Isère, car il unit les plaines et coteaux tournés vers Lyon et les
montagnes axées sur Grenoble. Ce rôle de passage, inscrit dans la
nature, a toujours existé et le Seuil de4Rives a peut-être, toujours
été la partie la plus fréquentée du Dauphine.
" Sans remonter aux Romains, dont la route de Turin à Vienne
traversait la région de Moirans à Beaucroissant, on peut dire qu'au
Moyen Age le pays était l'un des plus passagers du Dauphine. Selon
« Cf. Blanchard [Ç]. > S * > ' •.,-... '
du seuil de rives. > %\1 l'industrie
M. Allix 4, après la route du Rhône, la seconde en importance était
celle qui remontait l'Isère. Or, à Moirans, cette route bifurquait et
la plus grande partie du trafic se détournait vers le Rhône moyen,
c'est-à-dire traversait le Seuil de Rives. M. Allix ajoute : « Jusqu'à
la disparition des foires de Genève, il passait là, en temps de foire,
environ 200 mulets par jour vers cette destination, et il nous semble
que c'était là le plus gros trafic de marchandises à travers tout le
Dauphine. Cette grande route, qui suit d'un bout à l'autre la limite
entre Haut et Bas-Dauphiné, conservera jusqu'au xixe siècle la
même importance relative... La voie en question était la plus fr
équentée de celles qui se trouvaient entièrement en territoire dau
phinois, ouvrant un raccourci entre la Provence, la Méditerranée,
le Rhône et l'Alsace, le Jura, la Suisse 5. » Les deux autres routes
qui passaient par là étaient celle qui allait à Vienne par la Bièvre
et celle qui allait à Lyon, déjà carrossable au xve siècle 6. Cette con
vergence de routes explique à la fois le rôle commercial de Voiron
et la présence de la foire célèbre de Beaucroissant, deux faits de la
plus haute antiquité et toujours bien vivants.
" Du rôle de Voiron, nous ne dirons* que peii de mots : 11 suffit de
dire que la ville a joué jadis pour le chanvre le même rôle que Lyon
plus tard pour la soie. Il existait à Voiron une puissante fabrique
de toiles, qui faisait travailler pour elle dans tout le Dauphine; le
chanvre même du département actuel des Hautes-Alpes 7 était con
centré à Voiron, qui se chargeait du finissage et de l'écoulement des
produits. Ce rôle de trafic, plus que d'industrie, ne peut s'expliquer
pour Voiron que par le caractère remarquable de lieu de passage
que présente le Seuil de Rives. _....,
4 La foire de Beaucroissant. — Le second fait qui illustre cette
qualité, c'est l'existence de la célèbre foire de Beaucroissant. Elle se
tient ici, les 14, 15, 16 septembre, parce que le Seuil de Rives est
un pays de contact entre Haut et Bas-Dauphiné. D'autre part, elle
se tient à Beaucroissant plutôt qu'à Rives, qui pourrait fort bien
posséder cette forte assemblée, à cause d'un événement historique 8,
7 "
* A. Allix [1], p. 381.
в Idem, ibidem.
e Allix [1], p. 382.
f Ces renseignements, concernant le chanvre des Hautes-Alpes, nous ont
été fournis par M. Pattl Veyret. - • -
s M. Jullian {21], p. 603, 604, veut voir dans cette foire une réunion de
caractère pastoral et il prétend tout expliquer par des raisons géographiques.
Or, il est très douteux que la foire de bétail ait précédé 4a foire de marchand
ises. M. Jullian le reconnaît lui-même implicitement un peu plus loin (p. 613) :
с La grande foire de marchandises du Moyen Age, dit-il, qui a laissé tant de
traces dans la tradition, au point de rejeter dans l'ombre la foire de bétail, qui
existait sans doute déjà et qui a fini par devenir la plus importante. » D'autre
part, il n'y a aucun facteur géographique qui prédestinait la. foire*. plus à.Bean-
?JÉi p. BOZON. 248
un pèlerinage le jour de la Sainte-Croix. Dès le vu* siècle, en effet,
les évêques de Grenoble vinrent tous les ans solenniser l'exaltation
de la Sainte-Croix sur la montagne de Parm

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