Les irrigations de la basse Durance - article ; n°199 ; vol.36, pg 40-57

Marius Peyre

Description

Annales de Géographie - Année 1927 - Volume 36 - Numéro 199 - Pages 40-57
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1927
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Marius Peyre
Les irrigations de la basse Durance
In: Annales de Géographie. 1927, t. 36, n°199. pp. 40-57.
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Peyre Marius. Les irrigations de la basse Durance. In: Annales de Géographie. 1927, t. 36, n°199. pp. 40-57.
doi : 10.3406/geo.1927.8588
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1927_num_36_199_8588IRRIGATIONS DE LA BASSE DURANCE LES
La Durance nourrie par les glaciers et les neiges du Pelvoux et
des Alpes proven ales descend rapide vers le Sud et re oit 265
altitude son dernier affluent important le Verd est quelques
kilomètres en aval au pont de Mirabeau 228 altitude) que on fait
commencer son cours inférieur pour les raisons suivantes La Durance
alors parcouru 216 km. et il ne lui reste que 88 km pour gagner son
confluent avec le Rhône sa pente encore très forte 30 90
par km.) est considérablement atténuée La rivière alors grossie
par de puissants cours eau de haute montagne ne recevra plus que
les pauvres torrents du Lubéron et de la Trévaresse elle donc pour
son alimentation normale que les eaux de son cours supérieur et éva-
poration tend diminuer progressivement son débit vers aval Elle
enfin coulé jusque-là presque délaissée entre ses berges désertes les
canaux irrigation des Hautes et des Basses-Alpes ne lui enlèvent pas
plus de 20 m3 par seconde le quart environ de son étiage la navigation
jamais été possible et le flottage complètement disparu en 1908
les usines hydro-électriques de Argentière celles surtout de Ventavon
la Erillänne Sainte-Tulle sont récentes avenir du cours supérieur est
donc surtout dans utilisation de la force mécanique Par contre la
fonction capitale du cours inférieur est dans irrigation des plaines
proven ales et com ales Considérée autrefois avec le mistral et le Par
lement comme un des trois fléaux de la Provence la basse Durance
est depuis longtemps artère bienfaisante qui pousse aux extré
mités de ses plaines et de ses petits bassins par des milliers de kilo
mètres de rigoles eau indispensable dans ce pays de pluies rares et mal
réparties étiage été quand vingt canaux arrosage se gonflent
de son flot précieux le fleuve appauvri roule misérablement vers son
embouchure quelques hectolitres eau travers les barres de gravier
de son lit trop large tandis autour de lui verdissent sous le soleil
brûlant les plaines il fertilisées
CONDITIONS RALES DES IRRIGATIONS
Le climat Le climat méditerranéen est caractérisé par la tiédeur
des hivers et absence de pluies été exception faite des orages locaux
fort irréguliers Cette douceur de la saison froide Avignon moyenne
relativement humide permet la végétation de poursuivre un
cycle ininterrompu condition avantageuse que ne connaissent pas les
pays septentrionaux La sécheresse de la saison chaude est par contre LES IRRIGATIONS DE LA BASSE DURANCE 41
un gros désavantage économique Sur une moyenne de 562 mm. Mar
seille ne re oit que 217 mm de pluies avril septembre et 94 mm pen
dant les mois de mai juin juillet août époque essentielle pour le déve
loppement des plantes Ajoutez que les pluies été sont des orages
courts et violents est-à-dire les précipitations les moins utiles agri
culture Ajoutez encore que la luminosité du ciel la chaleur accablante
la fréquence des vents le mistral souffle peu ou prou cent cinquante
jours par an activent evaporation Aussi les seules cultures possibles
sont-elles celles de olivier de amandier de la vigne du blé et de
orge qui résistent bien la sécheresse Et encore que de fois vergers
vignobles et emblavures ont-ils pas dépéri faute humidité irriga
tion impose donc pour augmenter le rendement des cultures anciennes
et permettre introduction de cultures plus rémunératrices olivier
ne donne une bonne récolte un an sur deux amandier très sensible
aux gelées printanières une année sur trois la vigne de puissants
ennemis dans les maladies cryptogamiques et aussi les difficultés de la
vente du vin Au contraire les fourrages les légumes les graines donnent
des revenus plus sûrs et trouvent des débouchés avantageux mais ar
rosage leur est indispensable De eau sous ce climat torride est la
certitude une production régulière précoce abondante
étendue arrosable ce jour presque toute eau utilisée
est prise des rivières se déversant suivant la pente naturelle du sol
dans des canaux qui la répandent sur les champs élévation des eaux
basses par des moulins vent ou des moteurs vapeur ou essence est
trop coûteuse pour être vulgarisée Il faut donc disposer la fois de
rivières plafond suffisamment élevé et de pays assez bas Ces condi
tions sont réalisées heureusement dans la Basse-Provence Les Alpes
dominent ses collines et ses plaines et la Durance qui en descend est
encore 228 altitude 88 km de son embouchure 66 Cavail-
lon 28 km du Rhône En tenant compte de la pente nécessaire des
canaux arrosage on peut donc en amont de Cavaillon irriguer si on
le veut les plaines et les collines et en aval les plaines et les premières
pentes En fait dans les Bouches-du-Rhône et dans Vaucluse plus de la
moitié du territoire est ainsi fertilisable infériorité du Rhône est
due surtout la faible altitude de son lit 15 Avignon Arles
tant que des barrages auront pas relevé le niveau du fleuve seule une
partie de la Camargue pourra recevoir ses eaux limoneuses bien plus
riches en éléments fertilisants que celles de son impétueux affluent de
gauche
La Basse-Provence étage en paliers de plus en plus bas du Nord-
Est au Sud-Ouest du Ventoux au plateau de Saint-Christol et au Com-
tat du Lubéron aux plaines de Châteaurenard des Alpines la Crau
et la Camargue des chaînons de Sainte-Victoire au bassin Aix 42 ANNALES DE OGRAPHIE
et étang de Berre Son allure générale est donnée par le grand nombre
de ses chaînons calcaires aux vives arêtes burinées par une érosion vio
lente Ces montagnes alignent ordinairement de Est Ouest et vont
affaissant et émiettant vers la dépression rhodanienne Entre eux
le remplissage été fait par les torrents locaux et surtout par le Rhône
et la Durance Petits bassins resserrés entre des hauteurs Est vallée
du Calavon entre le Lubéron et le plateau de Saint-Christol bassin
Aix dominé par le bord de faille de Sainte-Victoire dépression de la
Touloubre vers Pélissane et de Huveaune vers Aubagne Larges plaines
vers Ouest alluvionnaires basses parfois encore marécageuses
Régions arrosées Au Nord de la Durance le Comtat élargit
en un vaste bassin depuis le Rhône au pied des collines de Gigon-
das et du plateau de Saint-Christol Au bord du fleuve des alluvions
argileuses puis une riche campagne sol profond Avignon Sor-
gues Plus loin une ride légère de coteaux où affleure la mollasse marine
calcaro-marneuse côté de débris de terrasses fluviales Au delà la
vaste plaine où arrivent les eaux irrégulières de Eygues et de Ou-
vèze et le flot plus régulier de la Sorgue altitude varie de 28
120 alluvions caillouteuses et terres grises voisinent avec les
limons noirâtres des anciens marais Althen-les-Paluds Au Sud les
bords de la Durance abri des digues et épis sont formés de terres
légères et fraîches est le pays vert de Cavaillon et de Gadenet
La Petite Crau Entre la Durance et les Alpines quatre paliers
séparés par des lignes de coteaux rappellent la topographie du Comtat
plaine rhodanienne de Boulbon Tarasc et Arles entre et 10
altitude mamelons couverts de maquis et olivettes de la Monta
gnette plaine de Châteaurenard et de Saint-Remy entre 10 et 30
hauteurs de la Petite Crau plaine de Noves et Mollèges entre 40 et
55 plans ou plateaux Orgon plaine de Senas 80 100 m. domi
née au Sud-Est par la Trévaresse On retrouve ici les sols de la rive
droite calcaires secs alluvions grossières limons humides
La vallée des Baux1 où abîment les chaînons méridionaux des
Alpines est une dépression bordée au Sud par la côtière de la Crau et
dont le fond est au-dessus du niveau de la mer Roches cal
caires dénudées éboulis et cônes de déjections torrentiels argiles des
marécages trouvent côte côte
La Crau 35 000 ha. est un delta torrentiel de la Durance pliocène
quand la rivière arrivait directement la mer par le pertuis de Lama-
non Salon son extrémité orientale son niveau est 40 Elle
élargit vers le Sud-Ouest et abaisse insensiblement au niveau
de la mer la lisière du Plan du Bou