Les prix du foncier agricole sous la pression de l urbanisation
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Entre 1995 et 2010, les lignes de partage du marché foncier agricole n'ont pas changé. Il se répartit toujours entre un marché de terres louées acquises par des agriculteurs dans des régions de cultures comme le Bassin parisien, un marché de loisir et d'espaces naturels dans des régions de forte pression démographique (rivage méditerranéen) où de petites parcelles sont acquises par des non-agriculteurs, et deux marchés liés à l'élevage (prairies naturelles dans les petites communes rurales des bassins allaitants traditionnels, et terres de poly-élevage et d'élevage granivore de l'Ouest). En revanche, la structure des échanges a évolué : diminution des transactions et des surfaces échangées, prix apparents en hausse ; le calcul d'un indice de prix doit en tenir compte. Les prix sont positivement corrélés avec les facteurs liés au potentiel de revenu de l'activité agricole, tels que le revenu espéré ou la localisation, qui peut exprimer la qualité agronomique. Mais ils le sont aussi avec d'autres facteurs importants pour toute activité économique : accessibilité, rareté de la ressource foncière. Ils sont également influencés par des facteurs non liés à l'activité agricole : la pression démographique dans la commune de rattachement, la destination du fonds et la profession de l'acheteur traduisent la concurrence qui s'exerce sur le marché foncier. La formation du prix du foncier agricole s'effectue de deux façons différentes : dans les régions d'élevage ou de grandes cultures, ce sont les variables liées à la rentabilité de l'activité agricole qui priment, tandis que dans celles qui subissent une forte pression démographique, ce sont les facteurs d'attractivité par rapport à l'urbain qui jouent le plus. Tenir compte de la forte mutation du marché atténue nettement l'augmentation apparente des prix, dans les régions où la pression urbaine s'exerce fortement. Dans les régions d'élevage, l'évolution du marché a masqué une partie de l'évolution pure de prix.

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Nombre de lectures 257
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

AGRICULTURE
Les prix du foncier agricole
sous la pression de l’urbanisation
Lise Lefebvre et Céline Rouquette*
Entre 1995 et 2010, les lignes de partage du marché foncier agricole n’ont pas changé.
Il se répartit toujours entre un marché de terres louées acquises par des agriculteurs
dans des régions de cultures comme le Bassin parisien, un marché de loisir et d’espaces
naturels dans des régions de forte pression démographique (rivage méditerranéen) où de
petites parcelles sont acquises par des non-agriculteurs, et deux marchés liés à l’élevage
(prairies naturelles dans les petites communes rurales des bassins allaitants traditionnels,
et terres de poly-élevage et d’élevage granivore de l’Ouest). En revanche, la structure
des échanges a évolué : diminution des transactions et des surfaces échangées, prix
apparents en hausse ; le calcul d’un indice de prix doit en tenir compte.
Les prix sont positivement corrélés avec les facteurs liés au potentiel de revenu de l’ac-
tivité agricole, tels que le revenu espéré ou la localisation, qui peut exprimer la qualité
agronomique. Mais ils le sont aussi avec d’autres facteurs importants pour toute activité
économique : accessibilité, rareté de la ressource foncière. Ils sont également infuencés 
par des facteurs non liés à l’activité agricole : la pression démographique dans la com-
mune de rattachement, la destination du fonds et la profession de l’acheteur traduisent la
concurrence qui s’exerce sur le marché foncier.
La formation du prix du foncier agricole s’effectue de deux façons différentes : dans les
régions d’élevage ou de grandes cultures, ce sont les variables liées à la rentabilité de
l’activité agricole qui priment, tandis que dans celles qui subissent une forte pression
démographique, ce sont les facteurs d’attractivité par rapport à l’urbain qui jouent le
plus. Tenir compte de la forte mutation du marché atténue nettement l’augmentation
apparente des prix, dans les régions où la pression urbaine s’exerce fortement. A contra-
rio, dans les régions d’élevage, l’évolution du marché a masqué une partie de l’évolution
pure de prix.
* Au moment de la rédaction de l’article, les auteurs étaient respectivement chargée d’études et sous-directrice au Service de la
Statistique et de la Prospective du Ministère de l’ Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du
Territoire.
Les auteurs remercient les deux rapporteurs anonymes qui ont accepté de relire cet article et ainsi de contribuer à son amélioration,
Sébastien Roux, Philippe Zamora, Xavier d’Haultfœuille et Corentin Trevien pour leurs éclairages en techniques économétriques, Jean
Cavailhès pour sa relecture et ses suggestions, ainsi que Gisèle Giroux, chef du Bureau de l’Information Statistique au SSP, pour son
appui en sémiologie graphique. Elles remercient également SCAFR- Terres d’Europe pour leur avoir donné accès aux bases de données.
Elles restent seules responsables des erreurs que pourrait contenir cette étude.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 444–445, 2011 155’est un truisme d’affrmer  que la ressource  le présent mais une réserve de valeur pour l’ave-C foncière est limitée et non reproductible. nir. Pour un non-agriculteur, l’acquisition de
La planète ou plus localement le territoire d’un foncier agricole représente plutôt un investisse-
pays, ne sont pas extensibles. La ressource fon- ment médiocre, dans la mesure où le rendement
cière disponible étant partagée entre différents fnancier  est faible comparativement à d’autres 
usages – habitat, activités économiques au nom- placements, et que la législation sur les baux
bre desquelles l’agriculture, loisir – il peut ainsi ruraux favorise la continuité de l’exploitation
se manifester, dans certaines zones, une concur- économique. Mais la parcelle peut présenter,
rence pour l’utilisation des terres. pour l’acheteur non-agriculteur, d’autres avan-
tages, liés à sa situation géographique ou aux
possibilités qu’elle offre pour les loisirs. Peut En théorie, le marché foncier en zone rurale est
également s’ajouter l’anticipation d’un chan-un marché libre, de sorte que la loi de l’offre et
gement d’usage possible du fonds. La valeur de la demande peut s’y exercer. La concurrence
qu’un particulier non-agriculteur est suscepti-s’y exprimerait tout naturellement par les prix.
ble d’attribuer à une terre ou un pré peut donc En pratique, c’est un marché très encadré en
être sans commune mesure avec le rendement France, par le code rural notamment, mais aussi
économique agricole espéré. Le même raison-par le code de l’urbanisme : les politiques fon-
nement s’applique lorsque l’acheteur potentiel cières menées depuis la Libération ont engendré
est une institution. Pour être pertinent, le calcul de nombreux textes de loi. Les différentes lois
d’un indice de prix des terres agricoles doit tenir d’orientation agricole qui ont façonné l’agri-
compte de ces éléments.culture française contemporaine ont toujours
compté un volet consacré à la politique foncière
En France, les textes de loi instituant un certain agricole, dans une optique de régulation de la
contrôle du marché des terres agricoles ont eu concentration des terres, d’accès favorisé à la
pour conséquence la mise en place d’une base ressource foncière pour les premières installa-
de données recueillant l’ensemble des transac-tions de jeunes agriculteurs, et de limitation de la
tions sur le foncier agricole, par les sociétés spéculation. Des années 1960 à la fn  des années 
d’aménagement foncier et d’établissement rural 1970, la construction des politiques des struc-
(Safer) qui régulent ces marchés (cf. encadré 1). tures n’a toutefois pas empêché la hausse, en
Il est donc possible d’étudier comment évoluent francs constants, du prix du foncier agricole. La
les marchés fonciers, en particulier les détermi-baisse des revenus agricoles au début des années
nants du prix des terres et prés agricoles, et de 1980, conjuguée à la hausse des taux d’intérêts
calculer des indices de prix. On s’attache dans réels, a freiné les échanges sur le marché foncier
ce qui suit à décrire en premier lieu les évolu-agricole et entraîné une diminution du prix réel
tions sur quinze ans du marché des terres labou-de la ressource foncière dans les années 1980.
rables et des prairies naturelles. On détermine Mais à partir du milieu des années 1990, le fon-
ensuite les principaux facteurs susceptibles de cier agricole s’est à nouveau renchéri.
jouer sur le prix de ces fonds. On propose enfn 
un nouveau mode de calcul des indices de prix La maîtrise ou du moins le pilotage de l’al-
pour des terres et prés agricoles, fondé sur ces location de la ressource foncière est donc un
variables et permettant de s’affranchir des muta-élément fondamental des politiques agricoles
tions du marché foncier.depuis plus de soixante ans. Le suivi des prix du
foncier en est un aspect, depuis la loi d’orienta-
tion agricole de 1980, qui, devant la fambée  des 
La contraction du marché agricole prix du foncier des années 1970, a institué un
s’explique plus par la diminution du barème indicatif de la valeur vénale des terres
nombre de transactions que par la très agricoles. La valeur d’un bien foncier, et donc
faible réduction de la surface agricole utilele prix qu’un acheteur potentiel est disposé à
payer pour l’acquérir, varie en effet fortement
Entre 1995 et 2010, la structure du marché des suivant les usages de la terre. Pour un agricul-
1terres et prés agricoles (1) a considérablement teur, en bonne logique économique, la ressource
foncière est avant tout un facteur de production,
dont la valeur sera estimée en fonction du revenu
1. On entend p

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