Surfaces d aplanissement - article ; n°326 ; vol.61, pg 245-262
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Description

Annales de Géographie - Année 1952 - Volume 61 - Numéro 326 - Pages 245-262
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Baulig
Surfaces d'aplanissement
In: Annales de Géographie. 1952, t. 61, n°326. pp. 245-262.
Citer ce document / Cite this document :
Baulig Henri. Surfaces d'aplanissement. In: Annales de Géographie. 1952, t. 61, n°326. pp. 245-262.
doi : 10.3406/geo.1952.13421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1952_num_61_326_13421245
SURFACES D'APLANISSEMENT
(Deuxième article1.)
I. — Les aplanissements désertiques
L'aridité morphologique comporte, on le sait, tous les degrés depuis le
désert absolu, sans eau ni végétation, jusqu'à la savane tropicale qui, copieu
sement arrosée une partie de l'année, est soumise le reste du temps à une
sécheresse rigoureuse. Gela, suivant l'importance, absolue et relative, des
processus essentiels : désagrégation mécanique et altération chimique, ruis
sellement pluvial, actions éoliennes2.
L'action du vent s'exerce sous une double forme : ablation des matériaux
meubles (ou déflation) ; attaque de la roche (ou corrosion). Les vents forts
et constants en direction, tels que l'alizé, sont des agents de transport extr
êmement puissants : ils balaient les hammadas, chassent le sable et l'amonc
ellent en dunes, exportent les poussières vers des régions plus humides ou
les jettent à la mer. Mais leur action est limitée par le calibre des matériaux,
par l'humidité qui, persistant dans les fonds, fixe le sable, et par le progrès
même du travail : le résidu caillouteux du vannage forme le pavage déser
tique des regs et des sérirs. La déflation ne s'exerce donc que sur les produits
de la désagrégation superficielle, sur les dépôts sableux fluviatiles ou sur
les formations éoliennes elles-mêmes. D'autre part, le vent chargé de sable
polit les cailloux et les taille à facettes, cisèle les parois rocheuses, sculpte
des roches-champignons, incise la pellicule argileuse des sebkhas et creuse
dans le sable sous-jacent des gouttières parallèles entre les crêtes aiguës
des yardangs : on conçoit que ce processus, s'exerçant librement, finirait
par vider les cuvettes de leur remplissage meuble. Cependant, la corrasion
éolienne et la déflation ne semblent pas capables de planation véritable,
car le vent ne connaît pas de niveau de base défini — sauf le cas où, dans
une structure tabulaire, il existe à faible profondeur une nappe phréatique
régulière capable d'entretenir l'humidité du sol et de nourrir une certaine
végétation. Les immenses plates-formes du désert Libyque, qui, sous une
mince couverture de sable mobile, ne portent aucune trace de l'action de
l'eau, pourraient sembler l'œuvre exclusive de la denudation ëolienne. En
réalité, elles supposent la collaboration de l'eau courante et du vent. Le Gilf
Kebir, décrit par R. F. Peel3, est un plateau de structure tabulaire domi
nant de 200 à 300 m. la plate-forme voisine ; les oueds entaillent vigoureu
sement ses bords abrupts, et leurs crues étalent dans la plaine des nappes
de débris où elles s'infiltrent. Ces matériaux ne s'accumulent pas, car,
n° 325, 1. Voir p. 161-183). le' premier article dans le précédent numéro des Annales de Géographie (LXI, 1952,
2. Nous renvoyons, pour tout ce qui suit, à C. A. Cotton, Climatic accidents in landscape-
making, 1942. Ce livre, de format modeste et de riche substance, signale et analyse les travaux
essentiels.
3. Denudational landforms in the Central Libyan Desert (Journ. Geomorph., IV, 1941, p. 3-23). ANNALES DE GÉOGRAPHIE 246
lentement amenuisés, ils sont emportés par le vent. Ainsi, tandis que le
ruissellement attaque les pentes qui reculent, la déflation tient à nu la sur
face structurale qui s'étend. C'est par une action combinée de ce genre que
s'expliquent, selon toute apparence, les profondes dépressions fermées qui
abritent les oasis libyques1. Une fois percée la dure carapace calcaire, le
ruissellement s'attaque aux couches tendres sous-jacentes et dégage des
falaises ; le vent exerce peut-être une certaine corrasion ; en tout cas il
emporte les déblais. Ainsi, la cavité. s'élargit et se creuse, mais seulement
jusqu'à la nappe phréatique contenue dans le grès nubien. C'est de la même
manière qu'il faut sans doute interpréter les dépressions fermées du Namib
(E. Kaiser), du Kalahari (S. Passarge), de la Mongolie (C. P. Berkey et
F. K. Morris), de l'Australie (J. J. Jutson) : le ruissellement périphérique
apporte du sable et de la boue, l'eau infiltrée remonte à la surface, la
cristallisation des sels achève de pulvériser les matériaux et le vent les
emporte.
Des changements de climat séculaires, sinon de l'aride à l'humide, du
moins du plus aride au moins aride, ont pu accélérer l'évolution en inten
sifiant à tour de rôle l'action de l'eau et celle du vent ; il semble cependant
que les variations de courte période, saisonnières ou purement accidentelles,
suffisent à produire la plupart des résultats observés. Agent ďablation très
puissant, agent de denudation efficace, le vent est incapable de produire de
vraies surfaces ďérosion de quelque étendue. Ce rôle appartient presque
exclusivement au ruissellement, sous la forme qu'il prend dans les régions
sub-désertiques ou périodiquement arides.
II. — Les aplanissements subdésertiques
Tout ruissellement qui, pour une raison quelconque, est empêché de se
concentrer, donc de creuser, tend à planer. La chose s'observe même dans
les régions tempérées-humides, mais beaucoup mieux encore sous les climats
sub désertiques ou périodiquement arides8. Que ce soit dans la zone inter
tropicale, dans les steppes de l'Afrique australe ou de la Mongolie, sur les
hauts plateaux du Colorado ou dans les Grandes Plaines des États-Unis,
dans les hautes plaines algériennes ou anatoliennes, partout où les averses
sont brèves et brutales, où la végétation éparse n'entrave guère le mouve
ment de l'eau, où la roche produit en abondance des débris meubles propres
à saturer le ruissellement8, l'écoulement se fait par une multitude de filets
enchevêtrés (rill wash) qui, débordant au fort de la crue, peuvent engendrer
1. John Ball, W. H. Hobbs, etc.
2. Voir H. Baulig, Essais de géomorphologie, 1950, p. 80-86 ; bibliographie.
3. Saturer : le mot ne doit pas être pris dans un sens trop rigoureux. Me Gee (1897) a remarqué
que le ruissellement en nappe procède par pulsations. Davis (Sheetfloods and streamfloods,
Bull. Geol. Soc. Amer., 49, 1938, p. 1337-1416, posthume) a décrit le mécanisme en détail : tout
filet qui s'accélère augmente sa charge ; par là même, il se ralentit et dépose ; allégé, il reprend
de la vitesse, se recharge, et ainsi de suite. On a là un de ces phénomènes rythmiques dont la
morphologie offre de nombreux exemples. D'APLANISSEMENT 247 SURFACES
un ruissellement en nappe (sheet wash). Le phénomène est particulièrement
net quand l'écoulement pluvial, s'étant concentré dans la montagne et
chargé de matériaux de toute taille, débouche soudain dans la plaine. Le
ruissellement, en filets ou en nappe, entraîne les produits de la désagrégat
ion météorique ; il peut même exercer une certaine corrasion latérale, au
moins sur les roches tendres, grâce aux matériaux abrasifs dont il est chargé.
Il développe ainsi un glacis rocheux (rock floor, rock plane, pediment) qui
prend un profil d'équilibre concave, d'ailleurs sujet, comme tout profil
d'équilibre, à des remaniements répétés selon le rapport variable de la charge
au débit.
Les aplanissements ne peuvent se maintenir et s'étendre qu'en rapport
avec un niveau de base suffisamment stable. Dans certains cas, les crues,
les plus fortes au moins, atteignent la mer ou une rivière exoréique ; plus
souvent, elles se terminent dans des champs d'épandage ou dans des nappes
d'eau temporaires. Ces niveaux de base intérieurs peuvent se trouver à toute
altitude au-dessus ou au-dessous du niveau de la mer. Ils sont sujets à se
relever par accumulation des alluvions, mais d'autant plus lentement que
la cuvette réceptrice est plus grande et le bassin versant plus petit — sous
réserve toutefois du déversement possible des alluvions vers un bassin adja
cent, et d'exportation des poussières par le vent (Davis,

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