Un centenaire : L Etude sur les torrents des Hautes-Alpes, de Surell - article ; n°4 ; vol.31, pg 513-524
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Un centenaire : L'Etude sur les torrents des Hautes-Alpes, de Surell - article ; n°4 ; vol.31, pg 513-524

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Revue de géographie alpine - Année 1943 - Volume 31 - Numéro 4 - Pages 513-524
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Publié le 01 janvier 1943
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Langue Français

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Paul Veyret
Un centenaire : L'Etude sur les torrents des Hautes-Alpes, de
Surell
In: Revue de géographie alpine. 1943, Tome 31 N°4. pp. 513-524.
Citer ce document / Cite this document :
Veyret Paul. Un centenaire : L'Etude sur les torrents des Hautes-Alpes, de Surell. In: Revue de géographie alpine. 1943, Tome
31 N°4. pp. 513-524.
doi : 10.3406/rga.1943.4393
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1943_num_31_4_4393CENTENAIRE : UN
L'ÉTUDE SUR
LES TORRENTS DES HAUTES-ALPES
DE SURELL
par Paul VEYRET
En 1841, le ministre des Travaux publics, Dufaure, faisait im
primer à Paris une Etude sur les torrents des Hautes-Alpes 1. L'au
teur, jusque-là inconnu, qu'honorait la protection ministérielle,
Alexandre Surell, était un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées;
son ouvrage, rédigé en 1838, provenait à ce moment-là de deux
années de séjour dans les Hautes-Alpes, à Embrun particulièrement.
C'était son premier et ce devait être son seul livre, mais il a suffi
pour fonder sa renommée auprès des géologues, des géographes et
des forestiers. Souvent cité par eux, il l'a toujours été avec l'admi
ration que l'on doit au précurseur qui reste une autorité dans le
domaine de recherches où, le premier, il projeta une vive lumière.
Pourtant, à y regarder de près, géologues et géographes d'une part,
forestiers d'autre part, ne se réfèrent pas aux mêmes endroits du
livre. Les premiers admirent l'ingénieur qui sut déduire des torrents
les lois de l'érosion normale; les seconds révèrent le chantre de la
forêt, l'apôtre de la correction des torrents par le reboisement; or,
tandis que l'admiration des premiers s'adresse à une œuvre de
science pure, exempte de toute contestation, la vénération des s
econds repose au contraire sur une construction très contestable. Il
ne semble pas que l'on ait jamais remarqué combien l'œuvre de
i Surell (Alexandre), Etude sur les torrents des Hautes-Alpes. Paris, 1841,
in-4°, xix + 280 p., 15 fig. en 6 pi. hors-texte. — 2e édition avec une suite par
Cézanne (Ernest), Paris, in-8° ; t. I, 1870, 317 p., 4 pi. hors-texte; t. II, 1872,
386 p., 2 pi. Ce tome II est la « suite » de Cézanne; le tome I reproduit le texte
de Surell, « avec quelques coupures faites par l'auteur lui-même ». Nos citations
renvoient à la première édition. 514 P. VEYRET. ,
Surell est double et quelle profonde différence existe entre les deux
parties qui la composent. Il vaut pourtant la peine d'esquisser cette
analyse critique, surtout au moment où elle peut apparaître comme
la commémoration modeste d'un centenaire qui mérite de ne pas
passer inaperçu.
Les découvertes de l'ingénieur. — Avant que Surell n'écrivît son
Etude, on avait beaucoup parlé des torrents, mais sans les définir
clairement, sans entrevoir les lois physiques de leur évolution, sans
distinguer les vraies causes de leur formation. Sur tous ces points
négligés, l'ingénieur des Ponts et Chaussées a découvert l'essentiel.
La définition de Surell et les termes qu'il a inventés pour la
formuler ont été parfaits du premier coup. Un véritable torrent se
compose d'un bassin de réception, haut perché, qui rassemble les
eaux et les matériaux solides; d'un canal d'écoulement, talweg à
forte pente par lequel le mélange d'eau et d'alluvions dévale sur le
versant; d'un lit de déjection (on a dit depuis cône de déjections)
où se disposent les débris que le cours d'eau principal, dont le tor
rent est un affluent, ne peut pas empor-ter. Des trois sections, c'est
le bassin de réception qui joue le rôle principal; c'est lui qui fait
le torrent, car sa forme de « vaste entonnoir, aboutissant à un
goulot, placé dans le fond », a pour effet « de porter rapidement
sur un même point la masse d'eau qui tombe sur une grande sur
face de terrain » 2. Aussi est-ce sur la conformation du bassin de
réception que Surell a fondé sa classification des torrents en trois
genres : « Le premier genre comprend ceux qui partent d'un col,
et coulent dans une véritable vallée 3. Le deuxième comprend ceux
qui descendent directement d'un faîte, en suivant la ligne de plus
grande pente 4. Le troisième genre comprend ceux dont la source
est au-dessous du faîte, et sur les flancs mêmes de la montagne » 5.
Du premier au troisième genre, l'alimentation du torrent diminue
énormément et avec elle, toutes choses étant par ailleurs égales,
ce sont les érosions, les dépôts, les crues, les dégâts qui changent
de force. Sans trahir ni forcer la pensée de Surell, on peut donc
dire d'après lui : un torrent précipite les eaux et les alluvions d'un
bassin de réception plus ou moins étendu sur un cône de déjections
plus ou moins gros, par l'intermédiaire d'un canal d'écoulement ou raide et relativement court.
2 Etude, p. 14.
3 Puisqu'ils « partent d'un col ■», le bassin se développe forcément, à droite
et à gauche, sur une grande longueur de crête et il abreuve les plus puissants
des torrents (Réallon, Vachères, Crévoux, Boscodon...).
4 Ils ont donc un bassin de réception moins étendu, moins profond aussi :
un morceau de façade (Sainte-Marthe, Bramafan).
5 Bassin plus réduit et plus bas (Torrent des Graves aux Crottes). — La
citation : p. 11 de l'Etude. ET LES TORRENTS DES HAUTES-ALPES. 515 SURELL
De cette vue si distincte des phénomènes, Surell s'est élevé à
la connaissance des lois qui régissent leur évolution et même il a
fort bien compris que ces lois s'appliquent à toutes les eaux cou
rantes, rivières comme torrents, qu'elles sont, pour employer un
langage moderne, les lois de l'érosion normale. Il découvre que les
amas des cônes de déjections, « qui paraissent jetés là avec tant de
désordre, sont au contraire disposés suivant des lois toutes mathé
matiques » 6. La pente convexe vers la terre (on dit aujourd'hui
concave vers le ciel), « avec un profil si correct, que l'on croirait
réglé à l'aide du niveau », la forme en éventail déployé, tout porte
à considérer leur figure « comme engendrée par le talus naturel
d'un corps semi-liquide, qui aurait coulé hors de la montagne, en
sortant par la gorge » 7. Il fait un pas de plus en s'apercevant que
l'inclinaison de la pente croît de l'aval du cône vers son amont et
qu'elle varie avec la nature des dépôts. Passant du cône de déjec
tions à l'ensemble du lit torrentiel, il retrouve la même courbe
« convexe vers le centre de la terre » (c'est-à-dire concave vers le
ciel) et sa continuité le met sur le chemin d'une autre découverte :
« Les eaux assujetties à suivre d'abord le relief d'un terrain inégal
ont détruit, peu à peu, les irrégularités des pentes. Elles ont abaissé
certains points, elles ont relevé d'autres points. Ici, elles ont rongé;
là, elles ont exhaussé. Cet angle rentrant, formé par le talus de la
montagne et le niveau de la plaine, elles l'ont adouci, en le comblant,
et elles ont substitué, dans cette partie, une ligne courbe à une ligne*
brisée. Le résultat de toutes ces actions a été de créer une courbe
de lit nouvelle, qui convient mieux que le profil primitif du terrain
à l'écoulement des eaux » 8. La construction de ce profil amélioré
est plus ou moins avancée; sur certains torrents, la rupture de
pente par laquelle le secteur érodé se soude au secteur d'alluvion-
nement trahit l'inachèvement du travail; sur d'autres au contraire,
« la continuité de la courbe n'est pas brisée dans ce passage et les
pentes des déjections se raccordent tangentiellement avec celles de
la gorge... On remarque aussi que la pente des déjections est telle
que les matières qui y sont apportées s'écouleraient jusqu'à la ri
vière, si les eaux ne les dispersaient pas en divaguant... Il doit
exister une pareille pente pour toutes espèces de matières; nous la
nommerons la pente limite » 9. Sous un autre nom, c'est le profil
d'équilibre, dont on attribue d'habitude la paternité

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