Un drame : la disparition de la Mer d Aral - article ; n°578 ; vol.103, pg 396-406
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Description

Annales de Géographie - Année 1994 - Volume 103 - Numéro 578 - Pages 396-406
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Tricart
Un drame : la disparition de la Mer d'Aral
In: Annales de Géographie. 1994, t. 103, n°578. pp. 396-406.
Citer ce document / Cite this document :
Tricart Jean. Un drame : la disparition de la Mer d'Aral. In: Annales de Géographie. 1994, t. 103, n°578. pp. 396-406.
doi : 10.3406/geo.1994.21667
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1994_num_103_578_21667NOTES
Un drame : la disparition de la Mer d'Aral l
Cette monographie porte à la fois sur une région (la Basse Asie
Centrale de l'ancienne Union Soviétique) et sur un problème, celui de
l'invraisemblable état de dégradation dans lequel une planification
bureaucratique et centralisée, refusant les évidences de manière têtue,
a fait pratiquement disparaître l'ancienne Mer d'Aral. On ne peut que
regretter que la bibliographie, par ordre alphabétique, sans une ligne
d'analyse, soit répartie en fonction des divers chapitres du livre : cela
n'en facilite aucunement la consultation. Or, elle est fort complète et
contient de nombreuses publications en russe, dont les titres sont
traduits. Mais il est FAUX d'écrire, p. 222 les « publications occidentales
qui étaient — et sont encore — là-bas quasiment inacessibles ». Le
journal de Références, publié par l'Académie des Sciences de TU.R.S.S.
analysait soigneusement, et en détail, les travaux qui parvenaient à la
bibliothèque de l'Académie. Nous le recevions jusqu'à ce que l'anarchie
détruise l'ancienne U.R.S.S. II y a, dans cet ouvrage, beaucoup de
choses... peut-être trop, car elles sont déversées au Lecteur dans un
remarquable désordre. Certains thèmes reviennent 4,5 ou 6 fois, parfois
plus dans des endroits différents, sans renvoi à la page où ils ont été
antérieurement évoqués. Il faut que le Lecteur s'arme de patience et
mette tout cela sur fiches, non sans mal. Que de différence avec le
soin, classique, avec lequel Cameina d'Almeida a rédigé le volume de
la Géographie Universelle, auquel il est d'ailleurs renvoyé pour une
« vue d'ensemble ». Compliment qui est, aussi, un terrible aveu. Chez
Sprinver-Verlag, Heidelberg ou Berlin, les épreuves sont soigneusement
corrigées et l'Auteur prié de rectifier ses erreurs. Ce n'est pas toujours
le cas ici. Il reste, en effet, des coquilles, et, plus grave, de tristes
bévues. Qu'un géochimiste, comme R. Létolle, écrive, p. 201, à propos
des pluies acides : « Azote (NH3) » est particulièrement affligeant, car
le symbole de l'azote, ne lui en déplaise, est « N ». Autres bévues,
probablement du même spécialiste, dans le choix des figurés des cartes,
en particulier, celles des p. 26-27 où les concentrations les plus faibles
sont les plus visibles car indiquées au moyen du figuré le plus chargé,
alors que les concentrations les plus fortes le sont par des signes très
légers, peu couvrants, qui n'attirent pas l'attention. Les légendes de
120 fig., 1. Letolle 47 phot, (R.), couleurs. Mainguet (M.), 1993: Aral. Springer-V. France, Paris, etc., 357 p.,
Ann. Géo., n° 578, 1994, pages 396-406, © Armand Colin NOTES 397
certaines cartes de l'Auteur (notamment celle de la p. 32), mais ce n'est
pas la seule, sont écrites en anglais. D'autres, en russe, ne sont pas
traduites... Éviter ces bévues n'aurait demandé que peu de temps, mais
aurait témoigné de soin. Trop souvent, aussi, sur les cartes, les noms
de fleuves, de villes ou même de régions importantes, ont été oubliés.
Il faut arriver tout à la fin du livre pour trouver, sur une carte, le
ICarakalpakstan (p. 233) et d'autres noms de régions ou de villes, cités
auparavant une centaine de fois. Si c'est un pastiche de la « langue de
bois » et de la « pagaïe bureaucratique » si violemment reprochées à
l'ancienne U.R.S.S. et à ses héritiers, je dois avouer que je le trouve
fort réussi. Par contre, les photographies, dans l'ensemble, sont excel
lentes. Le chapitre historique, bien écrit, se lit agréablement.
En définitive, pour épargner la peine que j'ai eue moi-même à nos
Lecteurs, que peut-on tirer de ce livre ?
La région de l'Aral, a été balayée par les invasions et objet de
guerres de conquêtes dont les objectifs étaient, en grande partie, hors
d'elle. Gengis Khan, par exemple, pour asservir les oasis, a détruit les
digues de l'Amou Daria. Les bandits attaquaient, jusqu'en plein
XIXe siècle, les caravanes qui traversaient l'Oust-Ourt. Les agents de
renseignement russes s'y infiltraient, car l'objectif du Tsar était l'Af
ghanistan et, surtout, le Pamir et l'Empire des Indes. Les agents anglais
venaient aussi vers l'Aral, pour s'informer des projets russes et tenter
de les déjouer. L'Union Soviétique finissante n'a-t-elle pas envahi
l'Afghanistan à partir de la « Touranie » comme elle est appelée au
début du livre, mais le nom est ensuite oublié jusqu'à la fin de
l'ouvrage... Dans le prolongement des steppes du Sud de la Sibérie, la
région a été fréquemment envahie par les grands nomades, dont Gengis
Khan est un exemple. Elle l'a été aussi par les peuples du Sud, les
Perses (Cyrus, Darius), puis Alexandre à la fin de la période hellénique.
Au cours du refoulement des nomades asiatiques par les Russes, les
cosaques y ont poussé des incursions, puis les tsars ont tenté de la
conquérir. Mais la médiocrité, parfois l'incompétence du commandem
ent, l'habitude de combattre dans les forêts et les régions humides
ont rendu ces tentatives difficiles, avec des avancées suivies de reculs.
Ivan le Terrible, puis Pierre le Grand ont pensé qu'il fallait la conquérir.
A partir d'Orenbourg, fondée en 1740, ils pénètrent vers le Nord de
l'Aral et fondent des forts à Irghiz (1825), puis Tourgaï (1845). Mais
c'est à partir de la Caspienne qu'eurent lieu les avancées décisives. Un
port est fondé sur sa rive orientale, en 1839 : Fort Alexandrovsk. Il est
remplacé par Krasnovodsk, mieux abrité, en eaux plus profondes. Les
abords W de la Mer d'Aral sont atteints vers 1860, le N.E. en 1850-
1852, le S.W. en 1855. Noukous, à la tête du delta de l'Amou Daria,
est devenue russe en 1874, Merv en 1884, alors que la région de ANNALES DE GÉOGRAPHIE 398
Samarkand est soumise entre 1880 et 1885, le Sud du Lac Balkach
entre 1855 et 1860. En 1881, un traité avec les Anglais laisse théor
iquement indépendants l'Iran et l'Afghanistan. Les axes de la conquête
se situent, l'un au Nord de l'Aral, l'autre au Sud. La progression sur
ce dernier a été plus lente à cause de l'existence de petits États d'oasis
suffisamment peuplés et organisés pour se défendre. Une mystique de
la richesse des steppes, en réalité désertiques, se développe, sur la foi
des premiers explorateurs décrivant une végétation luxuriante et
d'énormes troupeaux. Comme la légende de l'« Or du Bambouk » qui
a attiré la colonisation française toujours plus loin vers l'Est en Afrique
occidentale, il ne s'agissait que de mirages géopolitiques. Pour mieux
dominer les riches oasis du piémont méridional, on entreprit la
construction du chemin de fer Transcaspien, à la hâte, depuis Kras
novodsk. Le tronçon Merv-Tchardziu est ouvert en 1888, année où le
rail atteint aussi Samarkand. L'E de Ferghana est desservi en 1899.
On menait de front la soumission du Caucase, la mise en exploitation
des pétroles de Bakou et l'installation aux portes de l'Inde. Tashkent,
par Bakou et Krasnovodsk était à dix jours seulement de Moscou. En
1913 le réseau est complété par la ligne Orenbourg-Tashkent par Aralsk.
Mais une grave crise économique survient alors, puis la Première
Guerre Mondiale et la Révolution Bolchevique. Le milieu naturel a
rendu difficile la construction de ces voies ferrées : par exemple, pour
le Transcaspien, l'absence de tout affleurement rocheux aux abords de
la ligne a obligé à transporter, par trains entiers, le ballast et les
pierres pour les ouvrages depuis Krasnovodsk. Mais la nature a présenté
bien d'autres difficultés contrastant avec le mirage des vertes pâtures...
Les eaux souterraines, artésiennes le long de failles, sont fortement
minéralisées et s

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