Ampère et le télégraphe électrique. Réflexions sur les conceptions d'Ampère relatives aux conséquences économiques et sociales de la découverte scientifique et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications - article ; n°4 ; vol.30, pg 289-302

Maurice Ponte

Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1977 - Volume 30 - Numéro 4 - Pages 289-302
RÉSUMÉ. — L'auteur rappelle les antécédents du projet du télégraphe électrique d'Ampère et explique son fonctionnement. Mais c'est surtout pour lui l'occasion de montrer combien il est difficile de faire passer dans la pratique le résultat d'une recherche scientifique. A ce propos, il présente quelques réflexions sur les conceptions d'Ampère relatives aux conséquences économiques et sociales de la découverte scientifique et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications.
SUMMARY. — The author mentions the antecedents of Ampere's electrical telegraph project and explains its operation. But, above all, the author takes the opportunity of showing how difficult it is to put into practice the results of scientific research. In this connection, he discusses Ampere's views on the social and economic consequences of scientific discovery, and on the time-lag between it and its applications.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Sciences et techniques

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• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DES_SCIENCES
• Publié le: 01 janvier 1977
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

M MAURICE PONTE
Ampère et le télégraphe électrique. Réflexions sur les
conceptions d'Ampère relatives aux conséquences
économiques et sociales de la découverte scientifique et sur les
délais qui séparent celle-ci de ses applications
In: Revue d'histoire des sciences. 1977, Tome 30 n°4. pp. 289-302.
Résumé
RÉSUMÉ. — L'auteur rappelle les antécédents du projet du télégraphe électrique d'Ampère et explique son fonctionnement.
Mais c'est surtout pour lui l'occasion de montrer combien il est difficile de faire passer dans la pratique le résultat d'une recherche
scientifique. A ce propos, il présente quelques réflexions sur les conceptions d'Ampère relatives aux conséquences économiques
et sociales de la découverte scientifique et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications.
Abstract
SUMMARY. — The author mentions the antecedents of Ampere's electrical telegraph project and explains its operation. But,
above all, the author takes the opportunity of showing how difficult it is to put into practice the results of scientific research. In this
connection, he discusses Ampere's views on the social and economic consequences of scientific discovery, and on the time-lag
between it and its applications.
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PONTE MAURICE. Ampère et le télégraphe électrique. Réflexions sur les conceptions d'Ampère relatives aux conséquences
économiques et sociales de la découverte scientifique et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications. In: Revue
d'histoire des sciences. 1977, Tome 30 n°4. pp. 289-302.
doi : 10.3406/rhs.1977.1525
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1977_num_30_4_1525REV. HIST. SCI.
1977-XXX/4
Ampère et le télégraphe électrique
Réflexions sur les conceptions d'Ampère
relatives aux conséquences économiques et sociales
de la découverte scientifique
et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications
RÉSUMÉ. — L'auteur rappelle les antécédents du projet du télégraphe élec
trique d'Ampère et explique son fonctionnement. Mais c'est surtout pour lui
l'occasion de montrer combien il est difficile de faire passer dans la pratique le
résultat d'une recherche scientifique. A ce propos, il présente quelques réflexions
sur les conceptions d'Ampère relatives aux conséquences économiques et sociales
de la découverte scientifique et sur les délais qui séparent celle-ci de ses applications.
SUMMARY. — The author mentions the antecedents of Ampere's electrical tel
egraph project and explains its operation. But, above all, the author takes the oppor
tunity of showing how difficult it is to put into practice the results of scientific research.
In this connection, he discusses Ampere's views on the social and economic consequences
of scientific discovery, and on the time-lag between it and its applications.
De nombreuses études ont déjà été consacrées à l'attachante
figure d'Ampère, publiées ou non, et l'année du bicentenaire les a,
à juste titre, multipliées. Il apparaît donc difficile d'éviter des
redites : c'est ce qui m'a amené au thème choisi pour la présente
étude. Ampère est un personnage aux multiples facettes éclairées
par le miroitement des turbulences d'une période historique riche
en événements de toute sorte et il a, à son tour, éclairé son temps
par des éclats amplifiés par sa personnalité. Marqué par une
curiosité sans cesse en éveil qui le conduisait d'ailleurs à une
certaine instabilité, il n'a pas dédaigné de marquer son intérêt
pour les applications des découvertes scientifiques, l'une d'elles
étant la machine de Pixii, ancêtre de la machine électrique tour
nante qui attira spécialement son attention. Mais, plus générale
ment, de tout temps, l'homme a cherché à communiquer à distance
avec ses semblables et, en cette période romantique si avide de
connaître, l'application de l'électromagnétisme et de l'électro-
T. xxx. — 1977 16 290 MAURICE PONTE
dynamisme à une telle mission ne pouvait que séduire le philosophe
scientifique Ampère : d'où son montage d'un « télégraphe
électrique ».
La conjugaison de la personnalité d'Ampère et du développe
ment des télécommunications électriques qui va durer soixante
années après ce modeste essai, sans en être pourtant terminé,
paraît bien propre à susciter des réflexions assez complètes sur ce
qui arrive en telle matière sur la longue route qui sépare le moment
plus ou moins bien défini de la découverte et la généralisation
pratique de ses applications. Ce n'est pas par hasard que le nom
d'Ampère, cet esprit constamment ouvert sur l'avenir, est associé
à l'origine des télécommunications électriques, facteur essentiel
de l'évolution des sociétés, dont les effets ne peuvent être encore
complètement estimés.
De tout temps, les scientifiques se sont répartis plus ou moins
nettement entre ceux qui se préoccupent des applications de leurs
travaux et ceux qui professent n'en avoir cure, quitte à dire :
« Je n'ai pas voulu cela », s'il en résulte quelque inconvénient pour
l'humanité. En somme, ceux-ci ne souhaitent que retenir l'aff
irmation de Marcelin Berthelot qui traduit la grande espérance
du xixe siècle : « La science est la bienfaitrice de l'humanité. »
II faut bien remarquer qu'il y avait déjà des entorses à ce
principe de noblesse. Archimède, ce champion de la pureté de la
science, n'avait-il pas imaginé quelque deux cent cinquante ans
avant notre ère de construire un miroir focalisant l'énergie solaire
en vue de calciner les soldats et bateaux romains qui s'approche
raient de trop près des remparts de Syracuse ! Et on ne peut
oublier que son grand principe fut découvert en vue de confondre
un orfèvre peu consciencieux.
Plus près de nous et contemporain d'Ampère, le scrupuleux
Faraday, consulté par l'Amirauté britannique durant la guerre
de 1854-1855 avec la Russie sur la possibilité d'asphyxier la garni
son de Cronstadt à l'aide de navires-brûlots chargés de soufre
enflammé, déconseille le procédé à cause de son inefficacité probable
sans mention de son inhumanité...
Ampère joue le jeu et reste fidèle à lui-même : il a une haute
conscience du rôle de la science et de ses applications dans l'amélio
ration du sort des hommes qui peinent et il ne craint pas de le dire. AMPÈRE ET LE TÉLÉGRAPHE ÉLECTRIQUE 291
Dans son abondante correspondance, avec ses amis et son fils
Jean-Jacques, il s'exprime ainsi dès 1817, année où il commence
à réfléchir sérieusement aux problèmes des « fluides » magnétique
et électrique :
« On ne doit pas craindre le développement de l'industrie et des
inventions de machines successives, de procédés pour abréger le travail.
« A mesure que le travail d'un même nombre d'hommes produit
davantage, les produits diminuent de prix et l'usage s'en étend de classe
en classe. Il faut encourager le progrès jusqu'à ce que le dernier agriculteur
ait de bons aliments, de bons vêtements, une habitation salubre, etc.
Souhaitons que ces idées se développent et se multiplient.
« Plus les hommes produisent, plus les impôts sont considérables et
faciles à lever, plus la masse de la nation est heureuse, plus les crimes sont
rares. Cet état supérieur à ce que nous voyons sera le résultat infaillible
de la marche toujours accélérée de l'esprit humain... » (1).
Quel mélange touchant de l'empreinte laissée par Y Encyclopédie
de Diderot et d'Alembert qui a formé André-Marie Ampère et
des grands espoirs du début du xixe siècle qui conduiront de
Saint-Simon à Enfantin et Renan... Cette foi d'Ampère, si géné
reusement exprimée dès 1817, dans la continuité du progrès social
sous l'effet de la science et de la technique, s'affirmera jusqu'à la
fin du siècle et, en fait, jusqu'à la grande guerre de 1914-1918.
En 1873, malgr&#