Art et nature dans l alchimie médiévale/Art and nature in medieval alchemy - article ; n°2 ; vol.49, pg 215-286
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Art et nature dans l'alchimie médiévale/Art and nature in medieval alchemy - article ; n°2 ; vol.49, pg 215-286

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Revue d'histoire des sciences - Année 1996 - Volume 49 - Numéro 2 - Pages 215-286
RÉSUMÉ. — L'article regroupe et analyse les passages des textes alchimiques du хше et du début du xrv* siècle qui théorisent la position de l'artisan vis-à-vis de la nature, tout en les replaçant dans leur contexte historique. Le хше siècle voit en effet le développement rapide de procédés de transformation (le verre par exemple) qui posent le problème de la transmutation des espèces, en principe la prérogative de la nature, ou de la divinité. Aussi l'ambition des alchimistes de produire un or équivalent à celui de la nature semble-t-elle aller à rencontre de l'antique conception de l'infériorité de l'art à la nature. Cependant, les justifications de leur activité n'amènent pas les défenseurs de l'art alchimique à prétendre à une inversion du rapport. Plutôt, ils exploitent et adaptent les théories qui permettent de se poser en serviteur de la nature, lequel déclenche, accélère, ou mène à leur terme les processus naturels. Bien que le champ de l'activité humaine en soit considérablement élargi, la conception d'une nature formant un tout organique n'est pas pour autant remise en question. L'artisan peut intervenir dans le processus non pas substituer.
SUMMARY. — This article groups and analyzes those passages of alchemical texts from the 13th and early 14th centuries which theorize the artisan 's position with respect to nature. At the same time, it attempts to place them in their historical context. In the 13th century, transformátory procedures (such as the fabrication of glass) underwent considerable development, thus raising the problem of transmutation of species, which was, in principle, considered to be the prerogative of nature or divinity. The alchemist's prétention to be able to produce gold that is equivalent to the natural substance also, appears to undermine the ancient conception of art as inferior to nature. However, when justifying their activity, defenders of the alchemical art do not go so far as to claim an inversion of the art-nature relationship. Rather, they exploit and adapt to their needs those theories that allow them to pose as nature's servants, which start, accelerate or complete natural processes. Although this implies a considerable extension of their sphere of action, the conception of nature as an organic whole is not questioned. The artisan may interfere with natural processes, but he is not nature's substitute.
72 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

MME BARBARA OBRIST
Art et nature dans l'alchimie médiévale/Art and nature in
medieval alchemy
In: Revue d'histoire des sciences. 1996, Tome 49 n°2-3. pp. 215-286.
Citer ce document / Cite this document :
OBRIST BARBARA. Art et nature dans l'alchimie médiévale/Art and nature in medieval alchemy. In: Revue d'histoire des
sciences. 1996, Tome 49 n°2-3. pp. 215-286.
doi : 10.3406/rhs.1996.1256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1996_num_49_2_1256Résumé
RÉSUMÉ. — L'article regroupe et analyse les passages des textes alchimiques du хше et du début du
xrv* siècle qui théorisent la position de l'artisan vis-à-vis de la nature, tout en les replaçant dans leur
contexte historique. Le хше siècle voit en effet le développement rapide de procédés de transformation
(le verre par exemple) qui posent le problème de la transmutation des espèces, en principe la
prérogative de la nature, ou de la divinité. Aussi l'ambition des alchimistes de produire un or équivalent
à celui de la nature semble-t-elle aller à rencontre de l'antique conception de l'infériorité de l'art à la
nature. Cependant, les justifications de leur activité n'amènent pas les défenseurs de l'art alchimique à
prétendre à une inversion du rapport. Plutôt, ils exploitent et adaptent les théories qui permettent de se
poser en serviteur de la nature, lequel déclenche, accélère, ou mène à leur terme les processus
naturels. Bien que le champ de l'activité humaine en soit considérablement élargi, la conception d'une
nature formant un tout organique n'est pas pour autant remise en question. L'artisan peut intervenir
dans le processus non pas substituer.
Abstract
SUMMARY. — This article groups and analyzes those passages of alchemical texts from the 13th and
early 14th centuries which theorize the artisan 's position with respect to nature. At the same time, it
attempts to place them in their historical context. In the 13th century, transformátory procedures (such
as the fabrication of glass) underwent considerable development, thus raising the problem of
transmutation of species, which was, in principle, considered to be the prerogative of nature or divinity.
The alchemist's prétention to be able to produce gold that is equivalent to the natural substance also,
appears to undermine the ancient conception of art as inferior to nature. However, when justifying their
activity, defenders of the alchemical art do not go so far as to claim an inversion of the art-nature
relationship. Rather, they exploit and adapt to their needs those theories that allow them to pose as
nature's servants, which start, accelerate or complete natural processes. Although this implies a
considerable extension of their sphere of action, the conception of nature as an organic whole is not
questioned. The artisan may interfere with natural processes, but he is not nature's substitute.Art et nature
dans l'alchimie médiévale (*)
Barbara Obrist (**)
« [...] de tous les arts, [l'art alchimique] imite le
mieux la nature. »
Albert le Grand, Minéralogie,
III. 1. 2, 1250-1260 (1)
RÉSUMÉ. — L'article regroupe et analyse les passages des textes alchimiques
du хше et du début du xrv* siècle qui théorisent la position de l'artisan vis-à-vis
de la nature, tout en les replaçant dans leur contexte historique. Le хше siècle
voit en effet le développement rapide de procédés de transformation (le verre
par exemple) qui posent le problème de la transmutation des espèces, en principe
la prérogative de la nature, ou de la divinité. Aussi l'ambition des alchimistes
de produire un or équivalent à celui de la nature semble-t-elle aller à rencontre
de l'antique conception de l'infériorité de l'art à la nature. Cependant, les justif
ications de leur activité n'amènent pas les défenseurs de l'art alchimique à pré
tendre à une inversion du rapport. Plutôt, ils exploitent et adaptent les théories
qui permettent de se poser en serviteur de la nature, lequel déclenche, accélère,
ou mène à leur terme les processus naturels. Bien que le champ de l'activité
humaine en soit considérablement élargi, la conception d'une nature formant
un tout organique n'est pas pour autant remise en question. L'artisan peut inter
venir dans le processus naturel, non pas s'y substituer.
MOTS-CLÉS. — Alchimie médiévale ; art ; nature ; imitation ; transformation ;
espèces.
SUMMARY. — This article groups and analyzes those passages of alchemical
texts from the 13th and early 14th centuries which theorize the artisan 's position
with respect to nature. At the same time, it attempts to place them in their
historical context. In the 13th century, transformátory procedures (such as the
(*) Je remercie l'Institute for Research in the Humanities, université du Wisconsin,
Madison, de m'avoir donné la possibilité de terminer cet article dans des conditions de
travail exceptionnelles.
(**) Centre d'histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, ura 108S
cnrs/ephe (Ve section), 7, rue Guy-Môquet, bp 8, F-94801 Villejuif Cedex.
(1) «[...] inter omnes artes fars alchimiae] maxime naturam imitatur », dans A. Borgnet
(éd.), Opera omnia, V (Paris, 1890). Cet ouvrage sera cité par Minéral. Dorothy Wyckoff,
Albertus Magnus : Book of minerals (Oxford : Clarendon Press, 1967), 158.
Rev. Hist. Set., 1996, 49/2-3, 215-286 Barbara Obrist 216
fabrication of glass) underwent considerable development, thus raising the problem
of transmutation of species, which was, in principle, considered to be the prerogat
ive of nature or divinity. The alchemist's prétention to be able to produce gold
that is equivalent to the natural substance also, appears to undermine the ancient
conception of art as inferior to nature. However, when justifying their activity,
defenders of the alchemical art do not go so far as to claim an inversion of the
art-nature relationship. Rather, they exploit and adapt to their needs those theo
ries that allow them to pose as nature's servants, which start, accelerate or comp
lete natural processes. Although this implies a considerable extension of their
sphere of action, the conception of nature as an organic whole is not questioned.
The artisan may interfere with natural processes, but he is not nature's substitute.
KEYWORDS. — Medevial alchemy; art; nature; imitation; transformation;
species.
Considérée comme l'art de transformation par excellence,
Palchimie médiévale pose le problème de l'intervention humaine
dans l'ordre naturellement établi des choses. De par sa prétention
de produire un or équivalent à l'or naturel, en effectuant éventuel
lement une mutation d'espèces, elle pouvait sembler aller à rencontre
de la vue plus que millénaire sur l'infériorité de l'art à la nature.
Au début, cette virtuelle mise en brèche ne posait apparemment
pas de problèmes. L'alchimie était fréquemment définie comme
la science de la transformation des espèces et comme l'art opérant
cette mutation (2) et, dans la première moitié du xm* siècle, les
attitudes envers cette discipline nouvellement introduite en Europe
vers le milieu du xne siècle étaient, dans l'ensemble, plutôt favorab
les. L'entreprise ne semblait pas impossible. Mais par la suite,
la multiplication des fraudes marqua de plus en plus les discus
sions sur la transmutation des métaux. Dans les attaques contre
l'alchimie que provoquèrent les abus, aboutissant à des mesures
juridiques à son encontre dès la seconde moitié du хше siècle, sa
capacité d'égaler la nature lui fut résolument déniée.
Les accusations portées contre l'alchimie affectèrent profondé
ment son statut scientifique et social, et eurent pour effet d'inciter
(2) Dominicus Gundissalinus (2e moitié du xn* siècle), De divisione philosophie : « Sciencia
alquimia [...] est sciencia de conversione rerum in alias species », in Beitràge zur Geschichte
der Philosophie des Mittelalters, Clemens Baeumker (éd.) (Munster : Aschendorff, 1903),
vol. IV, p. 20, 1. 17-19. Daniel de Morley, De naturis inferiorum et superiorům (après 1187) :
« [...] scientia de alckimia, que est scientia de transformatione metallorum in alias species »,
in Karl Sudhoff (éd.), Archiv fur die Geschichte der Naturwissenschaften und der Technik,
VIII (1917), 6-40, cf. 34. Vincent de Beauvais, Speculum naturale, VII. 6 : « Ex doctrina
alchymiae. Porro per artem alchymiae transmutantur corpora mineralia a propriis

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