Alimentation de rue, mutations urbaines et différenciations sociales à Bamako (Mali) - article ; n°2 ; vol.16, pg 33-59
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Sciences sociales et santé - Année 1998 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 33-59
Résumé. Une recherche comportant une enquête en deux temps, réalisée en 1995 à Bamako, a permis d'étudier les pratiques et les raisons exprimées de recours à l'alimentation de rue chez des sujets appartenant à trois catégories de familles socio-économiquement différentes (riches, intermédiaires et pauvres). Hormis les adultes riches, pratiquement tous les individus, quels que soient leur sexe et leur âge, consomment quotidiennement des aliments de rue. La diversité des plats et aliments consommés est plus grande chez les sujets des familles riches que chez ceux des familles intermédiaires et pauvres. Chez les pauvres, les achats sont concentrés sur un fruit ou une friture. Les dépenses en aliments de rue par personne et par jour sont, par rapport aux familles pauvres, deux fois plus élevées dans les familles intermédiaires et trois fois plus dans les familles aisées : 36,5 FCFA contre 65,7 et 92,9 FCFA. De multiples motivations sont exprimées pour expliquer le recours à l'alimentation de rue : contraintes liées à l'activité professionnelle, plaisir gustatif, complément alimentaire individualisé, lié à l'insuffisance de l'alimentation à domicile dans le contexte de crise économique.
Un estudio con dos visitas se llevo a cabo en 1995 en Bamako (Mali) para investigar las prácticas y motivaciones para corner alimentos de la calle en individuos perteneciendo a hogares de très diferentes tipos socioeconámicos (ricos, intermediarios, pobres). Excepto los adultos ricos, casi todos los individuos consumen comida callejera a diario, cualquer sea su edad y sexo (mayor de 2 años). La diversidad de platos y alimentos consumidos por individuos de hogares ricos es mayor que por los de hogares intermediarios y pobres. Las compras de los pobres estan principalmente dedicadas a frutas y fritadas. El gasto en alimentos de la calle por día y persona es, comparado cón hogares pobres, 2 veces mayor en hogares intermediarios y 3 veces mayor en hgogares acomodados : 36,5 FCFA trente a 65,7 y 92,9 FCFA. Una diversidad de motivaciones se expresan, para explicar porque se recurre a la alimentación de la calle : dificultades prácticas ligadas a la actividad laboral, placer gustativo, aporte adicional individualizado en relación de la calle : dificultades prácticas ligadas a la actividad laboral, placer gustativo, aporte adicional individualizado en ralación cón la insuficiencia de la comida familiar en contexto de crisis económica.
In 1995 in Bamako (Mali), a two-stage research project was carried out in order to study street food consumption practices and motivations to eat street foods among individuals from households in three socio-economic levels (rich, intermediary, poor). Almost ail individuals, regardless age and sex, consumed street food on a daily basis. Variety of foods and dishes was greater among individuals from rich households than among those from poor or intermediary ones. Among the poor, purchases were mainly fruits and fried foods. Daily expenditures on street foods per individual were respectively twice and three times greater in intermediary and rich households than in poor ones: 36.5 FCFA, 65.7, 92.9 FCFA. Many motivations are expressed to explain the street food purchases: constraints linked to job activity, gustative satisfaction, individual food supplementation linked to home food insufficiency in a context of economic crisis.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Mohamed Ag Bendech
Michel Chauliac
Denis Malvy
Alimentation de rue, mutations urbaines et différenciations
sociales à Bamako (Mali)
In: Sciences sociales et santé. Volume 16, n°2, 1998. pp. 33-59.
Citer ce document / Cite this document :
Ag Bendech Mohamed, Chauliac Michel, Malvy Denis. Alimentation de rue, mutations urbaines et différenciations sociales à
Bamako (Mali). In: Sciences sociales et santé. Volume 16, n°2, 1998. pp. 33-59.
doi : 10.3406/sosan.1998.1425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1998_num_16_2_1425Résumé
Résumé. Une recherche comportant une enquête en deux temps, réalisée en 1995 à Bamako, a permis
d'étudier les pratiques et les raisons exprimées de recours à l'alimentation de rue chez des sujets
appartenant à trois catégories de familles socio-économiquement différentes (riches, intermédiaires et
pauvres). Hormis les adultes riches, pratiquement tous les individus, quels que soient leur sexe et leur
âge, consomment quotidiennement des aliments de rue. La diversité des plats et aliments consommés
est plus grande chez les sujets des familles riches que chez ceux des familles intermédiaires et
pauvres. Chez les pauvres, les achats sont concentrés sur un fruit ou une friture. Les dépenses en
aliments de rue par personne et par jour sont, par rapport aux familles pauvres, deux fois plus élevées
dans les familles intermédiaires et trois fois plus dans les familles aisées : 36,5 FCFA contre 65,7 et
92,9 FCFA. De multiples motivations sont exprimées pour expliquer le recours à l'alimentation de rue :
contraintes liées à l'activité professionnelle, plaisir gustatif, complément alimentaire individualisé, lié à
l'insuffisance de l'alimentation à domicile dans le contexte de crise économique.
Resumen
Un estudio con dos visitas se llevo a cabo en 1995 en Bamako (Mali) para investigar las prácticas y
motivaciones para corner alimentos de la calle en individuos perteneciendo a hogares de très diferentes
tipos socioeconámicos (ricos, intermediarios, pobres). Excepto los adultos ricos, casi todos los
individuos consumen comida callejera a diario, cualquer sea su edad y sexo (mayor de 2 años). La
diversidad de platos y alimentos consumidos por individuos de hogares ricos es mayor que por los de
hogares intermediarios y pobres. Las compras de los pobres estan principalmente dedicadas a frutas y
fritadas. El gasto en alimentos de la calle por día y persona es, comparado cón hogares pobres, 2
veces mayor en hogares intermediarios y 3 veces mayor en hgogares acomodados : 36,5 FCFA trente
a 65,7 y 92,9 FCFA. Una diversidad de motivaciones se expresan, para explicar porque se recurre a la
alimentación de la calle : dificultades prácticas ligadas a la actividad laboral, placer gustativo, aporte
adicional individualizado en relación de la calle : dificultades prácticas ligadas a la actividad laboral,
placer gustativo, aporte adicional individualizado en ralación cón la insuficiencia de la comida familiar
en contexto de crisis económica.
Abstract
In 1995 in Bamako (Mali), a two-stage research project was carried out in order to study street food
consumption practices and motivations to eat street foods among individuals from households in three
socio-economic levels (rich, intermediary, poor). Almost ail individuals, regardless age and sex,
consumed street food on a daily basis. Variety of foods and dishes was greater among individuals from
rich households than among those from poor or intermediary ones. Among the poor, purchases were
mainly fruits and fried foods. Daily expenditures on street foods per individual were respectively twice
and three times greater in intermediary and rich households than in poor ones: 36.5 FCFA, 65.7, 92.9
FCFA. Many motivations are expressed to explain the street food purchases: constraints linked to job
activity, gustative satisfaction, individual food supplementation linked to home food insufficiency in a
context of economic crisis.Sciences Sociales et Santé, Vol. 16, n° 2, juin 1998
Alimentation de rue, mutations
urbaines et différenciations sociales
à Bamako (Mali)
Mohamed Ag Bendech*, Michel Chauliac**, Denis Malvy***
Résumé. Une recherche comportant une enquête en deux temps, réalisée
en 1995 à Bamako, a permis d'étudier les pratiques et les raisons expri
mées de recours à l'alimentation de rue chez des sujets appartenant à trois
catégories de familles socio-économiquement différentes (riches, inte
rmédiaires et pauvres). Hormis les adultes riches, pratiquement tous les
individus, quels que soient leur sexe et leur âge, consomment quotidien
nement des aliments de rue. La diversité des plats et aliments consommés
est plus grande chez les sujets des familles riches que chez ceux des
familles intermédiaires et pauvres. Chez les pauvres, les achats sont
concentrés sur un fruit ou une friture. Les dépenses en aliments de rue par
personne et par jour sont, par rapport aux familles pauvres, deux fois plus
élevées dans les familles intermédiaires et trois fois plus dans les familles
aisées : 36,5 FCFA contre 65,7 et 92,9 FCFA. De multiples motivations
* Mohamed Ag Bendech, pharmacien et médecin de Santé publique, Centre Interna
tional de l'Enfance et de la Famille, Château-de-Lonchamp, Bois-de-Boulogne, 75016
Paris, France.
** Michel Chauliac, médecin nutritionniste, Centre International de l'Enfance et de la
Famille, Château-de-Lonchamp, Bois-de-Boulogne, 75016 Paris, France.
*** Denis Malvy, médecin de Santé publique, Centre René-Labusquière, Université
de Bordeaux 2, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux, France. MOHAMED AG BENDECH ET AL. 34
sont exprimées pour expliquer le recours à l'alimentation de rue :
contraintes liées à l'activité professionnelle, plaisir gustatif, complément
alimentaire individualisé, lié à l'insuffisance de à domicile
dans le contexte de crise économique.
Mots clés : alimentation de rue, urbanisation, Mali.
En Afrique, où la croissance démographique est en cette fin de
xxe siècle la plus élevée de tous les continents, les villes connaissent un
essor très rapide. Bien que la population urbaine ne représente encore
qu'environ 35 % de la population totale, sa croissance atteint souvent 5 %
et la migration rurale permanente ou temporaire demeure très importante
(Guérin, 1996).
Ces phénomènes démographiques s'inscrivent dans un contexte de
crise durable. Les diverses politiques économiques mises en œuvre depuis
une quinzaine d'année et, dans les pays de la zone franc CFA, la dévaluat
ion de janvier 1994, ont particulièrement touché les populations urbaines.
Ces différents facteurs ont contribué à modeler la géographie urbaine à
l'évolution de la société. À Bamako, il y a juxtaposition de quartiers stri
ctement planifiés disposant des infrastructures adéquates et de quartiers
spontanés, regroupant environ 60 % de la population manquant des équi
pements même sommaires et dont les habitants sont menacés d'expulsion
(Ouedraogo et al, 1995). Dans ces derniers, chômage et sous-emploi
sévissent.
Les structures familiales des sociétés urbaines d'Afrique de l'Ouest
sont en pleine mutation : la famille élémentaire élargie des années quatre-
vingt, compromis entre la conjugale de type occidental et la
famille étendue de type traditionnel (Marie, 1997), s'effrite à l'épreuve de
la crise. Celle-ci, tout en provoquant une baisse des revenus monétaires, a
provoqué une augmentation de la demande d'assistance. Cela entraîne
dans les années quatre-vingt-dix le développement de nouveaux modèles
familiaux plus individualistes, plus « contractualistes » dans lesquels
l'épouse a un rôle renforcé pour la survie économique du ménage (Marie,
cité par Vimard, 1997). Selon Vimard (1997 : 22), « la crise conforte une
tendance à la diversification des formes et des conduites familiales et une
pluralité évolutive et non définitive des modèles familiaux (...) qui semble
procéder d'une stratification sociale croissante ».
On assiste à une transformation lente ou rapide, selon le cas, des
modes de vie, des solidarités (comprenant en particulier l'émergence de ALIMENTATION DE RUE À BAMAKO 35
réseaux intra-urbains dépassant le cadre familial) et des modes de pro
duction entraînant des inégalités sociales de plus en plus accentuées.
L'économie populaire s'est développée indépendamment des pou
voirs publics. En 1989, 78 % des e

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