Ambiguïté du stimulus, incertitude de la réponse et processus d influence sociale - article ; n°1 ; vol.59, pg 73-92
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Ambiguïté du stimulus, incertitude de la réponse et processus d'influence sociale - article ; n°1 ; vol.59, pg 73-92

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Description

L'année psychologique - Année 1959 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 73-92
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Flament
Ambiguïté du stimulus, incertitude de la réponse et processus
d'influence sociale
In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 73-92.
Citer ce document / Cite this document :
Flament G. Ambiguïté du stimulus, incertitude de la réponse et processus d'influence sociale. In: L'année psychologique. 1959
vol. 59, n°1. pp. 73-92.
doi : 10.3406/psy.1959.6597
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1959_num_59_1_6597de Psychologie expérimentale et comparée Laboratoire
de la Sorbonne
AMBIGUÏTÉ DU STIMULUS
INCERTITUDE DE LA RÉPONSE
ET PROCESSUS D'INFLUENCE SOCIALE
par Claude Flament
II est généralement admis que l'amplitude des changements
d'opinion sous influence sociale dépend largement des caracté
ristiques de l'objet jugé (qu'il soit perceptif ou cognitif) : on
considère la force de sa structure, son degré de prégnance — disons,
d'un mot : son ambiguïté.
Ainsi, Coffin (3) fait estimer trois attributs d'un son : hauteur,
volume et orthosonorité (ce dernier étant de pure invention) ;
l'auteur estime qu'ils sont d'ambiguïté croissante, et constate
que les jugements des sujets sont d'autant plus modifiés que l'am
biguïté est grande. Luchins, utilisant des dessins complexes (15),
constate qu'il ne peut influencer la réponse des sujets (ce à quoi
leur fait penser le dessin) que si le dessin est quelque peu ambigu.
Asch (1) pense que le changement d'opinion vis-à-vis d'une pro
fession suppose la possibilité de restructurer le concept qu'on en
a, et nous avons montré (7), dans une expérience analogue, que
les limitations introduites dans la restructuration du concept
diminuaient les effets de l'influence sociale.
Cependant, Asch, dans une expérience plus récente (2),
utilisant un matériel perceptif, constate des différences dans
les effets de l'influence sociale sur les réponses à divers stimuli
tous également non ambigus (99,3 % de réponses exactes en
moyenne, lorsqu'il n'y a pas d'influence) ; et Wiener, Carpenter
et Carpenter (19) ne trouvent pas de relation entre les effets de
l'influence et le degré d'ambiguïté des stimuli : l'ordonnancement
de ces stimuli en raison de leur degré d'ambiguïté ne correspond
nullement à leur ordonnancement en raison des effets de l'i
nfluence sur les réponses correspondantes. 74 MÉMOIRES ORIGINAUX
Ces derniers auteurs, discutant ce résultat négatif, suggèrent
que « peut-être plus que l'ambiguïté du stimulus..., c'est l'incer
titude du jugement qui est reliée au conformisme ». Par ailleurs,
Mausner, dans une esquisse théorique (17), estime que « l'inter-
raction sociale dans le jugement » dépend de la structure du
champ de comportement du sujet, qui est déterminé, entre autres
par l'ambiguïté du stimulus et par la confiance que le sujet
a en lui-même.
On est ainsi amené à considérer un autre aspect du problème :
les relations entre confiance du sujet en lui-même (ou dans ses
réponses) et influence sociale. Les travaux de Hochbaum (12),
Luchins (16), Goldberg et Lubin (11) en montrent l'importance :
au début de ces expériences, on présente au sujet, en dehors de
toute influence sociale, la série des stimuli qui seront ensuite
utilisés avec influence sociale (ou une série analogue), et l'exp
érimentateur déclare au sujet que ses réponses sont presque toutes
exactes, ou presque toutes inexactes ; on fait ainsi varier la
confiance du sujet en lui-même, et on constate que les sujets
les plus sûrs d'eux sont aussi les moins influencés dans la suite
de l'expérience.
Mais, dans ces expériences, on joue sur une attitude du
sujet relative à l'ensemble de la tâche (juger des stimuli d'un
certain type) et non sur une attitude relative à chaque stimulus ;
les résultats ne nous éclairent pas directement sur ce qui peut
se passer lorsqu'on étudie les relations entre ambiguïté d'un
stimulus donné et influence sociale.
Nous considérerons donc le sentiment d'incertitude attaché
aux réponses à un stimulus.
Ambiguïté du stimulus et incertitude de la réponse ne sau
raient être complètement indépendantes. Les rapports entre
ces deux termes ont été étudiés dans des perspectives autres que
celles de la psychologie sociale : Johnson (13) et Festinger (6),
dans des études de temps de décision, Decker et Pollak (4), dans
le cadre de la théorie des seuils de Tanner (18), ont tous obtenu
des résultats semblables, sur lesquels nous reviendrons un peu
plus loin.
Dans les travaux cités, l'ambiguïté et l'incertitude reçoivent
des définitions opérationnelles fort diverses.
Nous dirons qu'un stimulus est non ambigu si toutes les
réponses à ce stimulus sont identiques, et qu'il est totalement
ambigu si toutes les réponses possibles apparaissent avec une
fréquence égale. Nous considérons k réponses possibles i, et •
FLAMENT. AMBIGUÏTÉ DU STIMULUS 75 C.
leurs fréquences /; ; le stimulus est non ambigu si f{ ~ 1 pour
une certaine réponse i, et f, ■= 0 pour tout / ^ i ; il est totalement
ambigu si f{ = \jk quel que soit i. Mais, entre ces extrêmes, il
faut distinguer des degrés intermédiaires ; si k = 2 (s'il n'y a
que deux réponses possibles), on peut considérer l'indice /x//2.
Nous avons par ailleurs (8) proposé un indice plus général, dont
la forme est inspirée de la théorie de l'information, et qui n'est
autre qu'un indice de dispersion des fréquences (5) :
H = - I k U log2 h = 1 [N log2 N - m log2 nj
où N est le nombre total de réponses, et n{ = N/*.
Cet indice varie de zéro (ambiguïté nulle) à log2 k (ambi
guïté totale). Il ne suppose aucune limitation sur la valeur de k ;
même, il permet de comparer deux stimuli auxquels sont asso
ciées des réponses possibles en nombre inconnu, mais supposé
identique pour les deux stimuli.
Remarquons que la définition de l'ambiguïté d'un stimulus
ne tient pas compte de l'exactitude des réponses : si toutes les
réponses à un stimulus sont exactes, le stimulus n'est pas ambigu,
mais on peut très bien imaginer un qui, donnant lieu
à une illusion systématique, ne soit nullement ambigu, bien
que toutes les réponses qu'il entraîne soient inexactes. Cependant,
le sujet (s'il est de bonne volonté) s'efforce toujours de donner
la réponse exacte au stimulus présenté : il donne la réponse
qui lui semble avoir la plus grande probabilité d'être exacte ;
donc l'incertitude, elle, se définira, pour le sujet, en fonction de
la relation d'exactitude existant entre les stimuli et les réponses.
Goldberg et Lubin (11) considèrent que l'incertitude d'une réponse
n'est autre chose que l'estimation (plus ou moins claire) par le
sujet de la probabilité qu'a cette réponse d'être exacte ; l'incer
titude de la réponse est donc un équivalent subjectif de l'ambi
guïté du stimulus ; nous allons voir que cette équivalence ne peut
pas se traduire par une relation mathématique simple : la rela
tion n'est pas linéaire, elle n'est même pas biunivoque.
Johnson (13) et Festinger (6) utilisent des stimuli composés
chacun de deux segments de droite A et B, de longueurs respec
tives LA et LB ; la différence (LA — LB) peut prendre des valeurs
négatives, nulle et positives, et LA = LB correspond au point
d'égalisation subjective ; il n'y a que deux réponses possibles :
(A > B) ou (A < B). Les auteurs mesurent l'incertitude d'une
réponse par la probabilité (exprimée en %) qu'a cette réponse MEMOIRES ORIGINAUX 76
d'être exacte, selon le sujet; on s'assure que le sujet comprend
bien que les probabilités des deux réponses possibles sont
complémentaires pour une présentation donnée, c'est-à-dire que
si le sujet estime, par exemple, que la réponse (A > B) a 75 chances
sur 100 d'être exacte, cela veut dire que la réponse (A < B) a
25 chances sur 100 d'être exacte. On peut alors exprimer l'e
nsemble des résultats en ne considérant que l'une des deux réponses ;
on obtient des courbes du type de celles de la figure 1. On peut
ca

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