Au XVIIe siècle, transports d argent à destination et à partir de la Sicile - article ; n°5 ; vol.18, pg 883-905
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1963 - Volume 18 - Numéro 5 - Pages 883-905
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Carmelo Trasselli
Au XVIIe siècle, transports d'argent à destination et à partir de la
Sicile
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 5, 1963. pp. 883-905.
Citer ce document / Cite this document :
Trasselli Carmelo. Au XVIIe siècle, transports d'argent à destination et à partir de la Sicile. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 18e année, N. 5, 1963. pp. 883-905.
doi : 10.3406/ahess.1963.421065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1963_num_18_5_421065XVIIе SIECLE : AU
Transports
d'argent à destination
et à partir de la Sicile
A la fin du Moyen Age, le commerce n'avait été souvent qu'un troc
généralisé, engageant parfois une pluralité de partenaires. Dans certaines
occasions, aussi, des prêts aux gouvernements rééquilibraient les comptes
et portaient le solde à zéro, évitant ainsi des remises en monnaie ou en
métaux précieux. Souvent cependant, sinon toujours, il était déjà nécess
aire, dans certaines circonstances, d'effectuer des payements en monnaies
fortes ou en métaux précieux. D'ailleurs avant l'arrivée massive de l'or
et de l'argent américains en Europe, quelques quintaux d'or et d'argent
permettaient des spéculations simplement fabuleuses et suffisaient à
rééquilibrer des balances brusquement bouleversées. J'ai déjà parlé
ailleurs de l'important drainage de monnaies et de métal à partir de la
Sicile, au xive siècle. Je rappellerai aussi qu'en 1438, Alphonse le Magnan
ime, pour financer l'entreprise de Naples, avait fait frapper à Palerme
plus de 24.000 ducats vénitiens. Cet or provenait des pays nord-africains,
qui, en raison d'une grave disette, avaient été obligés de payer en espèces
l'orge et le froment siciliens, importés alors en quantité supérieure à
celle qui pouvait être compensée par l'habituel volume des échanges.
De même, Ferdinand le Catholique, dans une situation identique,
avait pu se faire gloire d'avoir conquis Grenade avec l'or des Musulmans
d'Afrique. Je noterai encore qu'en Sicile, durant la seconde moitié du
xve siècle, sous le règne de Jean et de Ferdinand, avait recommencé le
monnayage de l'or (réaux d'abord, triomphes ensuite), avec ce même or
africain qui était arrivé également à l'Hôtel de la Monnaie de Gênes.
En Sicile aussi, les doubles africaines, arrivées en énorme quantité, avaient
cours officiellement.
Bref, les transports de métaux précieux et de monnaies ne sont pas
un fait nouveau. Ainsi, bien avant le xvie siècle, le déséquilibre du
883 ANNALES
commerce du Levant, au détriment de l'Europe, explique une fuite ini
nterrompue de métaux précieux vers l'Est. Certains épisodes, réussites
politiques, voyages de souverains, grandes disettes, créaient de brusques
et fortes dénivellations, que devaient combler des payements en espèces.
Cependant, avant le xvie siècle, ces transferts furent sinon rares, du moins
limités, en gros exceptionnels.
Au xvne siècle, époque à laquelle se situe notre étude, ces nécessités
anciennes subsistent, d'autres s'y ajoutent et l'animation de l'économie
gonfle tous ces mouvements.
En Méditerranée, l'Europe est toujours obligée de payer en espèces
une partie de ses achats dans le Levant. Seule l'Angleterre semble avoir
réussi alors à équilibrer ses achats par ses ventes, parfois même à en
retirer un solde actif. Tout cela est bien connu x. Mais d'autres causes
entraînent un drainage des métaux précieux hors d'Europe : la piraterie
et les rachats de captifs ; la nécessité d'envoyer leur solde en espèces
aux soldats des présides européens d'Afrique ; l'obligation enfin de finan
cer Malte ; soit quatre raisons à ce drainage, dont trois évidemment
extra-commerciales .
Première de ces raisons : les payements en direction du Levant. La
navigation nordique se développe en Méditerranée et l'envahit ; de
même l'activité des marins et marchands français se renforce ; le port de
Livourne s'affirme en plein essor ; celui de Tunis connaît une énorme
activité. Les Européens qui, plus ou moins officiellement, exerçaient leur
trafic dans ce dernier port (à l'exclusion des Ibériques) pouvaient y avoir
accès via Trapani ou via Palerme. Ces intermédiaires siciliens m'ont
posé un problème ; dans quelle mesure, en effet, les ports ont-ils
alors participé à la vie générale de la Méditerranée ? Ces questions ont
commandé toute la présente étude, à dessein minutieuse. Quels témoi
gnages nous offrent-ils sur l'histoire générale de la mer ?
1
Commerce et Transport d'argent
Pour répondre à ces questions, j'ai examiné les Registres de la Douane
de Palerme 2, de la fin du xvie siècle jusqu'en 1674. J'ai choisi comme
terminus ad quem la Révolution de Messine de cette année-là ; elle marque
de toute évidence, le début d'un cours nouveau dans l'histoire sicilienne.
1. Je me réfère aux rapports de F. Braudel, de R. Davis et autres, au Colloque
de Venise de 1957 (Decadenza economica veneziana nel secolo XVII, Venise, 1961,
p. 25, 71, 72, 196, 199, 200).
2. Ces registres se trouvent aux Archives d'État de Palerme, Secrezia, Responsali.
Je donnerai seulement la mention de la date. D'autres registres analogues de la Douane
884 ■
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1
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TRANSPORTS D'ARGENT
QUANTITES DE RÉAUX DIS BA RQU ES
A PALERME PAR DES NAVIRES FRANÇAIS
Syracuse
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885 ANNALES
Or ces documents de Palerme (auxquels il faudrait ajouter ceux de
Trapani, qui existent encore) m'ont révélé un important mouvement de
la monnaie le long de la côte septentrionale de la Sicile, entre Trapani,
Palerme et Messine, ainsi qu'un afflux très de monnaie en
provenance d'Espagne, de France, même d'Italie. Ce mouvement multiple
mérite d'être analysé avant même que l'étude générale des ports siciliens
ne soit achevée. Ne serait-ce qu'en raison de sa très grande signification
et du peu d'attention que les historiens lui ont jusqu'ici consacré. Un
tableau complet du commerce sicilien en général n'est pas dans notre
propos. Notons, cependant, que la liste des marchandises chargées et
déchargées dans le port de Palerme, au xvne siècle, est fort différente de
celle qu'on trouve régulièrement aux xve et xvie siècles. Ouvrons à ce
sujet une première parenthèse, à ce propos :
1. Les marchandises exportées au XVIIe siècle.
Parmi les nouveaux « articles », signalons pêle-mêle : 144 sacs de café
pesant en tout 250 cantars (environ 20 tonnes), achetés par le Vice-Roi de
Sicile à un corsaire et réexportés sur plusieurs barques vers des destina
tions inconnues ; à nouveau (23 juillet 1601, 11 février 1602), 100 cantars
de café réexportés vers différentes localités de Sicile ; 1 800 coquilles de
nacre de provenance inconnue, réexportées en (20 décembre 1602),
dix balles de morue salée du poids de 875 kilos environ (22 mars 1604),
des peaux de chiens et de chats exportées vers la Sicile même (11 jan
vier 1605), des peaux de Sicile pour l'étranger (18 mai 1606), 540 agneaux,
300 renards, 32 martres, 26 veaux, 600 lapins, 2 veaux marins (c'est-à-
dire des phoques, aujourd'hui fort rares, mais vivant encore dans les
légendes des petites îles voisines de la Sicile), un cadavre de femme maure
expédié à Tunis (24 août 1607), de nombreux esclaves de Barbarie
libérés, avec passeport délivré par le Vice-Roi, et transportés parMaometto
Corrao ou Corrat, personnage et courtier bien connu x ; le « corpo cada-
vero » de don Francesco Buglio et Minafria qui arrive de Messine
(28 mars 1624), des bas, des draps de soie, des barracans, des draps de
fil et soie, des pantalons, des v&

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