Autisme FAUX AMIS
28 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
28 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Autisme et psychanalyse : les véritables enjeux Par Eric Laurent Psychanalyste LE PLUS. Le débat fait rage ces derniers temps autour de la prise en charge thérapeutique de l'autisme, après la publication d'une recommandation par la Haute Autorité de Santé qui met les psys en défaut. Retour sur les éléments et les questions que pose ce débat avec Eric Laurent, psychanalyste, ancien président de l'Association mondiale de psychanalyse. Édité par Henri Rouillier inShare4Réagir L’autisme a reçu du gouvernement le label "Grande cause nationale 2012". Depuis lors, des associations de parents d’enfant autistes soutiennent une campagne de presse sur le thème "la guerre est déclarée à la psychanalyse". Cette campagne, préparée par des professionnels, caricature la psychanalyse pour proposer les seules thérapies comportementales comme solution adaptée à l’autisme dans son ensemble, et sur toute l’étendue de son spectre. Le centre pour jeunes autistes Albert Camus, à Villeneuve-d'Ascq, le 14 novembre 2008 (B.CHIBANE/SIPA). Elle réduit la position des psychanalystes à une thèse ridicule : la cause de l’autisme est une faute parentale, spécialement de la mère. L’opération est couverte par le recours à la science qui aurait démontré la cause biologique. Pourtant, le dernier numero dé "Nature" consacré à cette question, en novembre 2011, concluait que rien n’est pour l’instant confirme,́ dans les nombreuses hypothes̀es émises sur la cause de l’autisme.

Informations

Publié par
Publié le 19 mars 2013
Nombre de lectures 177
Langue Français

Extrait

Autisme et psychanalyse : les véritables enjeux
ParEric Laurent Psychanalyste
LE PLUS. Le débat fait rage ces derniers temps autour de la prise en charge thérapeutique de l'autisme, après la publication d'une recommandation par la Haute Autorité de Santé qui met les psys en défaut. Retour sur les éléments et les questions que pose ce débat avec Eric Laurent, psychanalyste, ancien président de l'Association mondiale de psychanalyse.
Édité parHenri Rouillier
inShare4Réagir
L’autisme a reçu du gouvernement le label"Grande cause nationale 2012". Depuis lors, des associations de parents d’enfant autistes soutiennent une campagne de presse sur le thème "la guerre est déclarée à la psychanalyse". Cette campagne, préparée par des professionnels, caricature la psychanalyse pour proposer les seules thérapies comportementales comme solution adaptée à l’autisme dans son ensemble, et sur toute l’étendue de son spectre.
Le centre pour jeunes autistes Albert Camus, à Villeneuve-d'Ascq, le 14 novembre 2008 (B.CHIBANE/SIPA).
Elle réduit la position des psychanalystes à une thèse ridicule : la cause de l’autisme est une faute parentale, spécialement de la mère. L’opération est couverte par le recours à la science qui aurait démontré la cause biologique. Pourtant,le dernier numéro de "Nature"consacré à cette question, en novembre 2011, concluait que rien n’est pour l’instant confirmé, dans les nombreuses hypothèses émises sur la cause de l’autisme.
Deux approches différentes : psychanalyse et techniques comportementales
En France, les traitements des sujets autistes, inspirés par la psychanalyse, tiennent compte des avancées de la science, utilisent les médicaments adéquats, recommandent l’inscription des enfants dans des institutions qui leur conviennent le mieux, et dans une école où l’on puisse adapter les apprentissages. Ils mettent l’accent sur une approche relationnelle, à partir des signes d’intérêt manifestés par l’enfant. Non pas une stimulation-répétition pour tous, mais une sollicitation sur mesure. Un exemple : un enfant avait comme objet exclusif de son intérêt un bâton, qu’il traînait et agitait autour de lui. Une première approche, comportementale, voulait à tout prix le lui faire lâcher, provoquant angoisse et cris.
Dans une approche d’inspiration psychanalytique, on est parti de l’existence de cet objet élu et les intérêts de l’enfant ont pu ainsi se développer à partir desonobjet, considéré non pas comme un obstacle mais comme un appui pour ses inventions. Dans ce cas, une rencontre s’est produite entre le bâton et le battant de la cloche de l’église voisine qui fascinait par sa grosse voix. Puis intérêt pour les heures où sonnait la cloche. Puis pour les aiguilles de l’horloge. De là, s’est ouvert un passage vers les chiffres, d’abord abordés concrètement : 12 heures, puis 24 heures, puis 60 minutes dans une heure. Enfin, l’enfant a pu passer aux apprentissages arithmétiques à l’école. L’orientation psychanalytique accompagne les enfants autistes sur les chemins de traverse qu’ils peuvent emprunter pour accéder aux apprentissages.
Aux USA, les traitements comportementaux rencontrent des objections et des limites : éthiques, économiques et épistémologiques. L’objection éthique porte sur le nombre et l’éventail des punitions à exercer pour forcer la concentration du sujet. Au Canada, pays spécialement sensible à la protection des communautés, l’objection est allée jusqu’à considérer l’imposition de comportements comme une atteinte aux droits du sujet autistique.
Entre les deux positions radicales, on trouve toute une série d’approches mixtes,mecom3iet Floortimequi souhaitent s’éloigner de techniques rigides, pour solliciter les particularités de l’enfant. Les résultats de l’apprentissage rigide intensif se maintiennent mal au-delà du cadre strict dans lequel ils sont administrés. L’objection économique est qu’un traitement standard est évalué à 60 000 $ par an. Les associations de parents conquis par ces méthodes ont essayé de les faire rembourser. La Californie a refusé ce remboursement, ainsi que la Colombie britannique au Canada. Enfin,l’approche ABAest sujette à discussions du point de vue des études randomisées. L’équipe canadiennedu neuroscientifique Laurent Mottronle souligne. Il suffit de ne pas se laisser fasciner par les résultats des méta-analyses, de s’intéresser à l’histoire des méthodes comportementales, à l’inclusion ou non des études admettant les punitions, et aux types de punitions admises, pour que l’évidence chiffrée recule.
Une proposition de loi minoritaire
Partisan résolu de ces méthodes, le président d’Autistes sans Frontières, Vincent Gerhards, grand professionnel des medias et des relations publiques, a ouvert le 12 janvier les premières rencontres parlementaires sur l’autisme organisées par Daniel Fasquelle, député du Pas de Calais. Ces rencontres parlementaires, dans leur organisation, étaient agencées pour conclure sur le dépôt d’une proposition de loi, le 20 janvier. Elle stipulait que "les pratiques psychanalytiques, sous toutes leurs formes, doivent être abandonnées dans l’accompagnement des personnes autistes". C’était vouloir "dicter leurs choix thérapeutiques à des médecins psychiatres et pédopsychiatres",comme le dit sa collègue Edwige Antier, pédopsychiatre et députée UMP de Paris.
La plus grande association de parents d’enfants, l’UNAPEI première fédération d’associations française de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, créée en 1960, qui rassemble 600 associations,s’est opposée à cette proposition.
Le débat n’est pas réductible à une querelle de chiffres
Le rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS),publié le 8 mars 2012répète ses avis de 2010 et 2011, en faveur de l’approche comportementaliste, et développe le biais connu de cette institution envers la standardisation sous toutes ses formes. Quand il n’y a pas de données chiffrées selon les protocoles, on ne peut plus conclure. Cela donne dans le style HAS : "l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle."
La HAS est traversée d’opinions très opposées entre le petit groupe des chercheurs peu cliniciens, ou cliniciens de laboratoires, et les représentants de la grande majorité des praticiens psychiatres qui traitent effectivement les enfants/adolescents autistes, dans une grande misère de moyens. Les débats entre le petit nombre et le grand nombre auraient dû être réduits au silence par la magie du chiffre. Ce silence est impossible à atteindre. Les divergences d’interprétations des données fournies par les séries statistiques de l’Evidence Based Medecine (EBM) demeurent irréductibles.
Pallier le déficit démocratique inhérent aux bureaucraties
Dans la navette entre "comité de lecture" et "groupe de pilotage", toutes les tensions se sont accumulées. Le député Fasquelle parlede "pressions" qui s’exercent sur la HASsans doute parce qu’il considère que tout est groupe de pression en dehors de lui-même et ses amis. Le résultat de ces compromis est que les thérapies inspirées par la psychanalyse sont des "interventions globales non consensuelles". Ce truisme montre bien que ce vaste système a accouché d’une souris.
En situation d’incertitude, il est crucial de préserver l’espace du débat démocratique. On sait le goût, en Europe, des bureaucraties de tous ordres se pensant comme les guides sûrs de l’administration des choses, guidant les peuples, s’il le faut à leur insu, vers des solutions parfaitement calculées. Nous souffrons clairement d’un déficit démocratique qui ne cesse de se manifester dans les différents scandales qui traversent le milieu psy depuis la régulation abusive des psychothérapies en passant par le plan de la prévention précoce de la délinquance, objet de la pétition"Pas de zéro de conduite à 3 ans".
Nous nous sommes souvent gaussés, de ce côté-ci de l’Atlantique, du choix américain de soumettre le remaniement du champ psy à des votes au sein del’American Psychiatric Association. Le système européen des agences "indépendantes", est sans doute, sous nos yeux, en train de trouver ses limites. Nous ne pouvons plus continuer à coup de "méthode de consensus formalisé" et d’assertions du type "Il convient de rappeler quelques faits qui ne sont pas contestables". Nous sommes dans un champ qui ne nous permet pas ces facilités. Commençons par réformer ces Hautes Autorités faites pour réduire au silence le débat démocratique.
Vos réactions (171)
Saverio Tomasellaa posté le 28-04-2012 à 12:05
Bonjour et merci pour votre article qui a le mérite de redonner de la place au réel... La crise que nous vivons est le signe qu'un changement de paradigme est nécessaire : le référentiel actuel n'est plus forcément adapté à notre société. La psychanalyse, dans son ensemble et sa diversité, n'échappe pas à cette grande remise en cause. En France, elle a souffert d'être parfois devenue arrogante ou dogmatique. Certains psychanalystes se sont même cru autorisés à donner des leçons, souvent sous la forme d'interprétations toutes faites, donc violentes. Elle s'est aussi un temps restreinte au structuralisme, ce qui n'est pas sa vraie nature. Pourtant, pour une large part, les praticiens d'aujourd'hui sont des êtres humains attentifs et vraiment à l'écoute de leurs patients.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/452183-autisme-et-psychanalyse-les-veritables-enjeux.html
Frans Tassigny a créé un Multi-share depuiskheopsy numéro Après l’Autisme…
http://bit.ly/12NKHyI
Frans Tassignymoins d'une minute
. «La psychanalyse n’a rien apporté à la compréhension ni à la prise en charge de l’autisme, ni en termes de pratiques, ni en termes de connaissances»
L'autisme a la parole / France Inter
Partagé par Catherine Badel 77
franceinter.fr- Bonjour, Professionnelle dans un établissement accueillant des enfants et des adolescents autistes avec des troubles associés voire des déficiences; je regrette comme d'autres le signal que l'on ne...
Des anomalies génétiques communes dans cinq troubles mentaux
Partagé par Autisme Québec lemonde.fr- Les chercheurs ont découvert que les cinq grands troubles avaient en commun des défauts sur les chromosomes 2 et 10 ainsi que sur deux gènes participant à la régulation du calcium dans les cellules...
Pour la Science - Actualité - Autisme : un même mécanisme pourrait expliquer plusieurs cas
Partagé par Claude MATHIS pourlascience.fr- Ch. G. Gkogkas et al., Autism-related déficits via dysregulated eIF4E-dependent translational control, Nature, doi :10.1038/nature11628, 21 novembre 2012. T. Zalla, Les bases neurobiologiques de l'...
Antoine Ouellette: AUTISME ET PSYCHANALYSE: DES FAUX AMIS!
Partagé par Josiane Bonadonna
antoine-ouellette.blogspot.com- Du 7 au 11 mars, BELGIQUE: je serai à la Foire du livre de Bruxelles. Ce sera ma première visite en Belgique (que je ferai en dépit de ma peur de l'avion!). Alors je serais vraiment très heureux de...
Un coup de pouce bienvenu du Rotary à Autisme Aube
Partagé par catherine de Gavre lest-eclair.fr- Publié le dimanche 10 mars 2013 à 10H27 - Vu 56 fois Béatrice Champagne (à gauche) a remis un chèque de 7 900 € à Petra Schlosser (Autisme Aube) jeudi soir au self La Fontaine à Troyes Troyes - Le ...
DH.be - Au-delà du handicap
Partagé par FRENCHFRAGILEX
dhnet.be- Une nouvelle ASBL souhaite faciliter l’intégration des personnes handicapées RUMES “Dans l’esprit de la plupart des gens, le mot handicap va de pair avec l’image d’un fauteuil roulant. Et donc, qua...
NOTRE CHOIX…
AUTISME ET PSYCHANALYSE: DES FAUX AMIS!
* * *
AUTISME ET PSYCHANALYSE:
DE FAUX AMIS!
Désolé monsieur Freud: psychanalyse et autisme ne vont pas ensemble.
Dificile d’être plus explicite et erme que l’a été le docteur Laurent Mottron, grand spécialiste de l’autisme : «La psychanalyse n’a rien apporté à la compréhension ni à la prise en charge de l’autisme, ni en termes de pratiques, ni en termes de connaissances» (L’autisme : une diférence plus qu’une maladie. Revue Cerveau & Psycho. Numéro 51, mai-juin 2012, page 21). Je salue son courage car il s’agit vraiment d’une position courageuse de la part d’un intellectuel rançais. J’ai
discuté dans mon livre des «cures» pour l’autisme pratiquées par les psychanalystes reudiens en France, pays où jusqu’à une date récente telle était la nature de l’«aide» imposée aux personnes autistes (pages 109-110). Comme me l’a écrit un correspondant rançais, l’élite «progressiste» de son pays tète encore aujourd’hui à deux mamelles : le reudisme et le marxisme. Beau progrès.
Pour en savoir plus, voir cet article sécurisé en cas de censure (vous verrez plus loin pourquoi «censure»):
http://dl.dropbox.com/u/28800927/Gauche%20et%20psychanalyse.pd
Mais la vie se montre ironique à l’occasion. Avec la hausse du nombre d’Autistes (j’applaudis!), il arrive que des enants autistes naissent dans la amille d’éminents psychanalystes. Ces derniers se trouvent alors démunis, surtout parce qu’ils hésitent à appliquer leurs «méthodes» à des enants si proches. Il y a de quoi!
Vivement faire des momies avec ces psychanalystes adeptes du packing (ne pas oublier de les mettre en sarcophage ensuite).
Le top de ces «thérapies» est le ameuxpackingqui consiste «à enrouler la personne dans des draps trempés dans l’eau froide, aîn d’aider le patient à retrouver une image corporelle en privilégiant ses vécus sensoriels et émotionnels. Ce «traitement» est utilisé sur les enfants (et adultes) atteints d’autisme par quelques 300 hôpitaux français et
structures médicalisées, sans protocole, sans évaluation ni résultat».Et voilà qu’un psychanalyste rançais démuni me contacte en m’écrivant ceci (j’ai évidemment changé quelques détails pour la conîdentialité) :
Bonjour cher monsieur, […] J'ai lu votre position par rapport à la psychanalyse mais votre témoignage me parle tellement notamment par rapport à un patient que j'accompagne depuis longtemps, que j'aurais aimé pouvoir vous rencontrer et discuter. Eectivement, je suis psychanalyste depuis […] ans et j'ai accompagné en institution ou à mon cabinet des jeunes autistes dont certains ont une vie ayant de la valeur à leurs yeux et aux miens[Merci de me rassurer!]. Tous les jours, des découvertes sont évoquées quand à la cause de l'autisme, mais en attendant, il y a quelque chose à faire. Et ne pas reculer devant la diïculté reste mon éthique, même avec ma boussole qui reste la psychanalyse, car elle respecte le sujet dans sa singularité. Je vous prie de croire en toute ma sympathie Cordialement
La phrase qui me ait riser le plus les oreilles est : «en attendant, il y a quelque chose à aire». J’ai observé qu’il arrive au contraire que le mieux à aire est de ne pas chercher à trop aire… Mais tout de même, je suis poli et me suis senti obligé de répondre après quelques jours de réexion. Je suis poli et gentil aussi. En tous cas, j’ai tenté de mettre des gants blancs (mais remarquez qu’il y a «une main de er dans ce gant de velours»!). Alors voici ce que je peux vous transmettre de ma réponse :
Bonjour Monsieur […].
J'ai bien reçu votre courriel. Je vous remercie pour votre intérêt mais j'avoue que j'ai hésité à vous répondre. Je le fais înalement en ne sachant pas trop comment bien dire ce que j'aurais à dire, parce que votre mot est gentil et qu'il me serait impoli de le laisser sans réponse. J'ai surtout très peur d'être brusque... Tout d'abord, je ne sais pas quelle est votre approche en psychanalyse. À l'occasion d'un colloque, j'ai pu écouter monsieur Guy Corneau et discuter un peu avec lui. M. Corneau est bien connu et son approche est jungienne. Cela posé, il s'est ouvertement dit réfractaire à la «médicalisation» des personnes autistes et formulait même le souhait que la société soit davantage à l'écoute de «ces gens nouveaux». Je crois d'ailleurs me rappeler que j'ai glissé un mot à cet eet dans mon livre. Évidemment, je n'ai rien contre cette attitude et peut-être est-ce la votre.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents