Byrsa. La ruse d Élissa et la fondation de Carthage - article ; n°2 ; vol.40, pg 328-342
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Byrsa. La ruse d'Élissa et la fondation de Carthage - article ; n°2 ; vol.40, pg 328-342

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1985 - Volume 40 - Numéro 2 - Pages 328-342
Byrsa. Elissa's Ruse and the Foundation of Carthage
The story of Carthage's -or Byra's - foundation by Dido serves as a reference myth to folklorists : in fact, Dido's treacherous demand for as much land as an ox-hide bursa can hold has a great number of parallels in the most different cultures. But it is on purpose that the present article leaves out these parallels in order to focus the attention on Byrsa, whose legend is studied in relation to its Greco-Roman linguistics, cultural and historical context.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 93
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jesper Svenbro
Monsieur John Scheid
Byrsa. La ruse d'Élissa et la fondation de Carthage
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 328-342.
Abstract
Byrsa. Elissa's Ruse and the Foundation of Carthage
The story of Carthage's -or Byra's - foundation by Dido serves as a reference myth to folklorists : in fact, Dido's treacherous
demand for "as much land as an ox-hide bursa can hold" has a great number of parallels in the most different cultures. But it is on
purpose that the present article leaves out these parallels in order to focus the attention on Byrsa, whose legend is studied in
relation to its Greco-Roman linguistics, cultural and historical context.
Citer ce document / Cite this document :
Svenbro Jesper, Scheid John. Byrsa. La ruse d'Élissa et la fondation de Carthage. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 328-342.
doi : 10.3406/ahess.1985.283165
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1985_num_40_2_283165NOUVELLES HYPO THESES
JOHN SCHEID ET JESPER SVENER
BYRSA LA RUSE DELISSA
ET LA FONDATION DE CARTHAGE*
Pour Jean-Pierre Vernant
äéüù éê öü èé ôù
éï ïö
Archimède Le problème des ufs
Maestoso
Illustration non autorisée à la diffusion
Joseph Haydn Menuet du uf pour piano quatre mains
Annales ESC mars-avril 1985 no pp 328-342
328 ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE SCHEID
La tradition sur Byrsa
Quelques vers du premier Livre de Enéide ont probablement fait plus que
toute autre source pour diffuser le récit sur la fondation de Carthage par
Didon est dans ce Livre qu née apprend par la bouche de Vénus le destin
de la reine phénicienne qui après de longs voyages arriva un jour endroit où
la future Carthage allait élever En fait dit Vénus les Phéniciens achetèrent
autant de territoire de ce fait appelé Byrsa ils pouvaient entourer une
peau de taureau1 >> peine plus une allusion les vers de Virgile qui est
un de nos premiers témoins de ce récit présupposent que les lecteurs
connaissent déjà la célèbre ruse de Didon faute de quoi ils ont besoin du
commentaire un Servius chouée en Libye précise en effet celui-ci
Didon se vit abord chassée par Hiarbas ensuite elle demanda par ruse cal
lide) acheter autant de terre une peau de uf pouvait en tenir tenere
Elle étendit alors une peau découpée en fil et occupa espace une cir
conférence de vingt-deux stades Virgile reste trop allusif en disant aeti de
nomine Byrsam et circumdare au lieu de tenere1 >> La critique de Servius car
en est bien une vise donc deux choses un côté expression condensée
aeti de nomine Byrsam dont la traduction de ce fait appelé Byrsa
emporte sans doute en clarté sur original latin qui de plus implique on
sache que bursa est le mot grec pour peau de uf de autre côté le choix
du verbe circumdare entourer au lieu de tenere tenir
Ce dernier point est important et même décisif car pour que la ruse de
Didon puisse fonctionner elle doit appuyer sur un mot qui signifie la fois
couvrir et entourer Le sens couvrir est celui que Hiarbas le roi
numide doit entendre pour consentir la demande de Didon le sens
entourer est celui que la reine produira après coup une fois le traité conclu
afin obtenir de Hiarbas le territoire dont elle besoin pour fonder une cité
Toute la ruse repose sur cette ambiguïté bien calculée de tenere Une peau
intacte aurait pas entouré espace sur lequel on aurait placée elle
aurait couvert et est précisément cela que attend Hiarbas lorsque
tout un coup il doit admettre que tenere signifie non seulement couvrir
mais encore entourer Moins intéressé par la logique de la ruse que par le
résultat obtenu par Didon Virgile se contente de ce deuxième aspect en écrivant
circumdare En fin de compte le territoire obtenu par les Phéniciens été pré
cisément entouré par la très fine lanière que la reine obtenue en décou
pant la peau de uf
De toute évidence Virgile présume que son public connaît déjà cette ruse de
Didon Il rien inventé ici il fait allusion un récit bien en place peut-être
depuis des siècles Une tradition remontant Timée historien sicilien
mort époque de la première guerre punique connaît en effet histoire de la
fondation de Carthage par Didon Telle elle nous est rapportée par auteur
anonyme un Traité sur les femmes3 cette tradition bien elle connaisse
le caractère rusé de Didon ne fait pourtant pas allusion la ruse de la bursa
Mais bien réfléchir ce silence est pas forcément celui de Timée lui-même
contrairement historien notre auteur anonyme est prédisposé intéresser
au personnage de Didon plutôt aux circonstances de la fondation de
329 NOUVELLES HYPOTH SES
Carthage Nous excluons donc pas que Timée ait déjà pu connaître la ruse de
la bursa qui aurait donné le nom la citadelle de Byrsa autant plus il
agit un jeu de mots propre au grec la langue de Timée
Mis part la version de Virgile nous en avons plusieurs autres dans leur
majorité mieux articulées que la sienne Du côté latin est Justin qui nous
fournit le texte principal4 Texte tardif il est vrai mais qui fait partie de son
Epitomé de Histoire universelle de Trogue Pompée historien époque augus-
téenne Contemporain de Trogue Pompée et de Virgile Tite Live fait lui aussi
mention de la bursa qui intervient dans la fondation légendaire de Carthage
sans pour autant insister sur opération rusée elle implique5 Du côté grec
historien Appien raconte le récit de fa on détaillée6 contrairement Denys le
Périégète dont deux vers seulement font allusion au mûthos de la fondation de
Carthage et de la peau de uf7 Le caractère succinct de cette version pour
tant eu heureuse conséquence de provoquer un commentaire très long de
archevêque Eustathe8 auteur le plus récent de notre dossier Contrairement
Appien Denys et son commentateur semblent avoir fait attention la forme
linguistique de la ruse de Didon si Appien se contente comme le font aussi
Virgile Tite Live et Silius Italicus9 un verbe signifiant entourer inverse
ment Justin emploie tegere couvrir Denys utilise metrem mesurer
un verbe qui remarquons-le bien est aussi ambigu que le tenere employé par
Servius Parlant de Carthage Denys dit en effet que selon la légende elle
été mesurée au moyen une peau de uf hupa boi metrehênai Eus
tathe semble lui aussi avoir compris que le sophisma utilisé par Didon implique
deux significations du verbe lambanein prendre car dans son exégèse du
récit il utilise la fois epi-lambanein couvrir et em-peri-lambanein
entourer Il est vrai que ni Virgile ni Tite Live ne mentionnent explicitement
la ruse propos de Byrsa pour eux aucune raison donc de arrêter sur le
double sens exigé par le traité trompeur de Didon En revanche on aurait pu
attendre de Justin et Appien ils accordent plus attention ce détail en
fait leur présentation de opération par laquelle Didon obtient plus de terri
toire que Hiarbas ne prévu montre bien ils dépendent une tradition
qui déjà assuré le succès du récit un se contente du verbe tegere
couvrir autre du verbe perilambanein entourer comme ils
avaient plus se soucier du jeu sémantique une fois que celui-ci mis his
toire en orbite Comme on vu ce jeu est possible que dans la mesure où
on emploie des verbes comme tenere ou lamb nein metrem) dans lesquels les
deux significations couvrir et entourer coexistent
Malgré son défaut cet égard nous avons choisi de citer ici la séquence
centrale du récit de Justin Bien évidemment ce est pas le désir de privilégier
une version aux dépens des autres qui nous imposé ce choix mais plutôt le
simple souci de donner une version qui ne soit ni une allusion succincte ni une
exégèse ad hoc la manière de celles de Servius et Eustathe
Après avoir fui son frère Pygmalion roi de Tyr et assassin de son mari
Didon qui se nomme ici lissa gagne abord Chypre où grâce un rapt
ses compagnons se procurent des femmes Ils regagnent la mer et le voyage
touche bientôt sa fin Arrivée sur les côtes Afrique lissa recherche
amitié des habitants qui voyaient avec joie dans arrivée de ces étrangers
une occasion de trafic et de mutuels échanges Ensuite elle acheta autant de
330 SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE
terrain en pouvait couvrir une peau de uf pour assurer son
départ un lieu de repos ses compagnons fatigués une si longue na

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents