Cadres structurels de la noblesse - article ; n°1 ; vol.18, pg 88-102
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1963 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 88-102
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andrzej Zajaczkowski
2. Cadres structurels de la noblesse
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 1, 1963. pp. 88-102.
Citer ce document / Cite this document :
Zajaczkowski Andrzej. 2. Cadres structurels de la noblesse. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 1,
1963. pp. 88-102.
doi : 10.3406/ahess.1963.420950
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1963_num_18_1_420950Cadres structurels de la noblesse 2.
pays particulière, L'histoire de l'Europe certainement de la occidentale. noblesse plus ед Ceci Pologne grande pour qu'elle a, plusieurs pour n'en ce pays, raisons a dans une de et, importance nombreux plus spé
cialement, parce que, dans la Pologne d'avant le démembrement, faute
d'une bourgeoisie puissante, la noblesse n'avait aucun concurrent sérieux
dans aucun domaine de la vie nationale. Par surcroît, l'influence de la
culture nobiliaire sur la vie de la nation s'est avérée très durable : les
nobles avaient depuis longtemps disparu de la scène de l'histoire, que les
éléments culturels qui étaient leur œuvre prolongeaient leur action.
Néanmoins, la connaissance de l'histoire de la noblesse en Pologne
est insuffisante. Non par suite d'un manque de matériaux, ni même
de l'absence d'études historiques. Cette lacune est due à deux facteurs :
les historiens anciens, fidèles aux méthodes anciennes, ont fourni, malgré
des efforts d'objectivité, une peinture incomplète, alors que les historiens
contemporains, se basantimr les prémisses marxistes, se désintéressent
de la noblesse, fixant leur attention sur les masses populaires, ou, quand
ils s'occupent de la noblesse, étudient surtout son activité dans le domaine
de l'exploitation agraire.
L'auteur du présent article n'est pas un historien, mais un sociologue.
Son propos n'est donc pas de montrer qu'il serait indispensable d'étu
dier plus à fond la noblesse pour acquérir une meilleure connaissance de
l'histoire polonaise. Tout en reconnaissant l'utilité de telles études, il
désire seulement formuler leurs prémisses sociologiques.
Le véritable signe distinctif de la noblesse polonaise était la complexité
de sa structure sociale. La noblesse se forma en Pologne, dans la première
moitié du xive siècle, comme classe de propriétaires fonciers. Le pro
cessus de sa naissance est trop complexe pour qu'on puisse l'aborder ici.
Un point seulement demande à être souligné : comme dans les pays de
l'Europe occidentale, la classe des propriétaires fonciers est devenue un
état dans la société, un groupe fermé, où l'on entrait soit par privilège
de naissance, soit par un acte légal d'admission.
Déjà les statuts du roi Casimir le Grand (fin du xive siècle) constatent
qu'est noble celui qui est né de parents nobles. Tout au long de son
88 POLOGNE
histoire, l'état nobiliaire luttant contre la Couronne et les autres états,
obtint une situation particulière au sein de la société. Ces faits sont
connus et n'exigent pas de présentation détaillée. Il suffira de donner
la liste des privilèges de la noblesse au début du xvine siècle, peu avant
l'apparition des processus sociaux qui ont précipité son déclin. Du reste,
tout le présent article est centré sur le xvne siècle et la première moitié
du xvine siècle, c'est-à-dire sur la période caractérisée par le plein
développement du régime économique de la corvée.
Voici donc quels étaient les droits et privilèges de la noblesse à cette
époque :
1 . Exclusivité du droit de propriété foncière ;
2. Le principe légal : Neminem captivabimus nisi jure victum, et
l'inviolabilité absolue de la demeure noble ;
3. Exemption d'impôts pour les terres appartenant aux métairies ;
4.des droits de douane ;
5. Droit d'acquisition du sel à un prix inférieur ;
6. Exclusivité des privilèges politiques et d'Etat ;
7.de l'accession aux dignités et charges laïques et ecclé
siastiques.
Il convient de souligner que ces privilèges étaient en principe communs
à tout l'état nobiliaire, sans considération de stratification à l'intérieur
de la classe (le terme de « classe » est utilisé dans ce travail dans l'acception
de la terminologie marxiste.)
Deux points caractérisent tout particulièrement la noblesse polonaise.
Premièrement, le fait que, du point de vue légal, cette ne s'est
pas différenciée en haute et basse noblesse. En Europe occidentale, la
haute noblesse est issue par voie héréditaire des titulaires de charges
à la Cour ou de fonctions administratives. En Pologne, le phénomène
d'hérédité des charges et des fonctions s'amorça sérieusement, mais il
ne fut jamais sanctionné légalement.
Deuxième point caractéristique : malgré la tendance de l'état nobiliaire
à s'isoler au maximum par rapport aux autres états, il n'exista jamais,
dans la Pologne d'avant le démembrement, de Commission Héraldique
tenant des registres de la noblesse authentique. De ce fait, indépendam
ment des possibilités légales d'accession à l'état nobiliaire, il y avait
toujours moyen d'y entrer par des procédés illégaux, accessibles natu
rellement aux individus disposant de moyens financiers importants. Le
Rustre Libre, pamphlet du xvne siècle contre la noblesse usurpée, contient
quantité d'exemples de ce genre. Cette usurpation était possible du fait
de l'extrême importance numérique des nobles en Pologne. Quelques
89 ANNALES
spécialistes de l'héraldique estiment le nombre de familles nobles à
25 000. Selon les statistiques les plus modestes, la noblesse constituait
au xvme siècle 8 % de la population, et il y a des raisons de croire
que ce pourcentage était plus élevé.
Dès ses origines, l'état nobiliaire s'accrut d'un certain nombre d'indi
vidus plus faibles économiquement, qui s'y étaient introduits par les
liens familiaux et autres. Divers processus économiques, que nous n'ana
lyserons pas ici, ont conduit à la constitution, à l'intérieur de l'état, d'une
forte différenciation de classes. Pour la faire apparaître, nous allons donner
un bref tableau de la noblesse au xvme siècle, au moment de l'appari
tion en Pologne des premières tendances capitalistes.
La couche la moins nombreuse, mais possédant la majorité du revenu
social, était celle des magnats ou grands seigneurs. Charles Radziwill
avait un revenu annuel de 5 000 000 zlotys, Szczesny Potocki possédait
130 000 familles de serfs corvéables. Adam Czartoryski avait une fortune
analogue, ainsi que les autres Potocki, les Minszech, les Sapieha, etc.
A la même époque, en l'année 1789, le revenu annuel du noble le plus
fortuné du village Grabienice Maie, se montait à 96 zl. 19 gr., un autre
avait un revenu de 62 zl, 18 gr., et les sept autres membres de la no
blesse qui y résidaient n'avaient pas 50 zl. de revenu par an. Néanmoins,
malgré les différences énormes de potentiel économique, tant les Radz
iwill que les Grabienieck appartiennent à la même classe de propriétaires
fonciers.
C'est justement à cause de ces différences qu'il est nécessaire d'entre
prendre une classification intérieure de cette noblesse, ce qui est possible
en recourant aux critères de production et d'administration foncière.
Au bas de l'échelle, se trouve le petit agriculteur noble qui ne possède
pas de serfs et laboure lui-même sa terre. A l'échelon supérieur, nous
avons le noble de parcelle, qui s'est va attribuer, par le partage d'une
propriété plus importante, une ou deux familles de serfs, mais qui n'est
pas pour autant libéré du travail manuel. Encore plus haut, nous trou
vons le gentilhomme campagnard, propriétaire d'une ou deux métairies,
qui ne travaille plus la terre lui-même et organise l'exploitation et la
gérance de l'ensemble des terres. A l'échelon le plus élevé se trouvent
les magnats et les demi-magnats, propriétaires de plusieurs métairies
et grandes propriétés. Là, l'organisation de l'exploitation, et souvent
même la gérance entière, est aux mains d'

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