Cités et territoires en Hispanie: l épigraphie des limites - article ; n°1 ; vol.30, pg 37-51
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Cités et territoires en Hispanie: l'épigraphie des limites - article ; n°1 ; vol.30, pg 37-51

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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1994 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 37-51
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 26
Langue Français
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Extrait

Patrick Le Roux
Cités et territoires en Hispanie: l'épigraphie des limites
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 30-1, 1994. pp. 37-51.
Citer ce document / Cite this document :
Le Roux Patrick. Cités et territoires en Hispanie: l'épigraphie des limites. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 30-1,
1994. pp. 37-51.
doi : 10.3406/casa.1994.2679
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1994_num_30_1_2679CITÉS ET TERRITOIRES EN HISPANIE :
L'ÉPIGRAPHIE DES LIMITES*
Patrick LE ROUX
Université de Toulouse-Le-Mirail
La définition de la cité ou civitas incluait deux réalités fondamentales et
complémentaires : d'une part, la ville ou oppidum, d'autre part, le territoire.
Malgré l'étymologie, oppidum, différent de urbs, dont la connotation est celle de
l'apparence monumentale, a acquis un sens administratif qui évoque les chefs-
lieux de cité urbanisés. On peut admettre, d'après les textes, une tendance à
employer oppidum pour désigner habituellement une ville provinciale d'origine
indigène, mais le mot est attesté pour des villes d'Italie et pour des colonies
Romaines, ce qui confirme l'évolution vers un sens surtout administratif qui n'a
pas fait disparaître totalement les autres aspects . Le territoire est désigné par des
vocables qui ont chacun une acception précise au départ, ce qui ne veut pas dire
qu'on les utilisait toujours avec cette rigueur. Dans les textes ayant valeur de
référence ou de règle, on peut toutefois reconnaître les nuances. Celui dont dérive
notre mot, territorium, est le plus difficile à cerner2. Il exprime l'idée d'autorité,
de compétence judiciaire inscrite dans certaines limites, comme le retient le
Digeste dont la formulation est en apparence confuse : territorium est universitas
agrorum intra fines cuiusque civitatis 3. La formule associe, en effet, les trois mots
Ce texte est issu de l'exposé présenté à Madrid, lors d'un séminaire, le 24/01/94. Je remercie ici
la direction de la Casa de Velâzquez et J.-G. Gorges pour cette invitation et pour l'accueil de mon
texte dans les Mélanges. Je remercie aussi ceux qui ont participé à la discussion et ont ainsi
contribué à enrichir ma réflexion.
Cf. le sens du mot dans N.h., III et IV de Pline. La loi d'Irni emploie oppidum pour désigner la
ville entendue comme le chef-lieu. L'évolution a aussi joué en faveur de civitas pour la
ville, comme on le voit par exemple chez Suétone, Galb., 12.
L'étymologie était controversée dès l'Antiquité : il semble que ce n'est que par jeu de mot ou par
rapprochement phonétique qu'on invoque le participe territus/effrayé, pour rappeler que le
territoire était un lieu où s'exerçait une autorité (Dig., L, 16, 239 : quod ab eo dictum quidam
aiunt, quod magistratus eius loci intra eos fines terrendi, id est summovendi ius habent).
D'autres rapportent le mot au verbe terere (fouler aux pieds, fendre le sol), mais il est plus
plausible que l'origine en soit terra.
Dig., L, 16, 239 : "le territorium est l'ensemble des terres comprises dans les limites de
chaque cité".
Mélanges de la Casa de Velâzquez (MCV), 1994, XXX (1), p. 37-51. PATRICK LE ROUX 38
essentiels qui définissent le territoire : territorium, ager, fines. Naturellement les
deux derniers ont ici un sens connoté distinct du premier.
Il semble que Yager mette davantage l'accent sur le caractère cultivé ou
utile des terres, sur les champs et les prairies, mais il est évident qu'il avait aussi
le sens de "contrée" ou de "territoire"4. Les fines traduisent l'idée de territoire bien
délimité, borné. En principe, sous l'Empire, toute cité possède un ager ou territo
rium, des fines, qui ont fait au moins l'objet d'une mesure globale comme le
rappelle Frontin : Ager est mensura comprehensus cuius modus universus civitati
est adsignatus, sicut in Lusitania Salmaticensibus aut Hispania citeriore Palatinis
et compluribus provinciis tributarium solum per universitatem populis est
definitum5. La rubrique 76 de la lex Irnitana désigne sous le nom defines le terri
toire municipal objet d'une tournée d'inspection et les distingue des agri, c'est-à-
dire des terres utiles données en location et susceptibles de fournir des
redevances6. Le fait qu'il s'agit entre autres choses de vérifier l'état des limites et
des bornages ne peut pas être mis en doute en ce cas.
Ces quelques définitions rapides appellent plusieurs observations. En
premier lieu, on constate que le territoire d'une cité formait une unité administrative
juridiquement établie, placée ordinairement sous la responsabilité des magistrats
annuels des cités et à ce titre garantie par les règles du droit de Rome sous l'égide
du gouverneur provincial. Ce statut territorial se distinguait de celui des terres et
notamment de la propriété privée dont la délimitation et la protection obéissaient à
des critères différents. En second lieu, il semble que le territoire d'une cité tirait en
principe sa physionomie essentielle du statut de la communauté : le régime de la
propriété, l'existence d'une centuriation, le rang de la ville y influaient jusqu'à un
certain point. Siculus Flaccus et les arpenteurs laissent penser qu'il y avait une
originalité des territoires des colonies et des municipes en matière d'organisation,
de réglementation et de configuration interne. Quant au texte de Frontin, il signale
que, si les communautés peregrines n'étaient pas à l'écart des opérations de
mesurage, puisque Salamanque et Palencia sont données en exemple, leur territoire
ne faisait l'objet que d'une évaluation globale par repérage des contours (per
universitatem). Il faut peut-être, en outre, différencier l'Italie et les provinces, dans
4. "domaine" Cf. les expressions est donc canoniques présente aussi. : ager Romanus, ager Campanus, ager publiais, etc.. L'idée de
5. Frontin, I, p. 4-5 L : "En effectuant le mesurage (mensura) on a recensé le pourtour du territoire
dont la superficie totale (modus universus) a été assignée à la cité, comme ce fut le cas, en
Lusitanie, pour la cité de Salamanque ou, en Espagne citérieure, pour celle de Palantia, ainsi que
dans de nombreuses provinces où on a fixé aux populations le sol tributaire par une évaluation
totale du territoire (per universitatem)". Cf. aussi, F.T. Hinrichs, Histoire des institutions
gromatiques. Recherches sur la répartition des terres, l'arpentage agraire, l'administration et
les droits fonciers dans l'Empire romain, Paris, trad, fr., 1989, p. 120-121 . Malheureusement, le
commentaire qu'il donne de ce passage dénote un manque de familiarité avec la péninsule. En
revanche, l'ouvrage est très utile sur les questions de vocabulaire technique et sur le sens des
expressions ager per extremitatem ouper universitatem comprehensus ou definitus : il s'agit de
locutions adaptées à un mesurage sans centuriation ni parcellaire qui concerne donc
fondamentalement les limites extérieures et l'évaluation globale des territoires des cités.
6. AE, 1986, 333. CITÉS ET TERRITOIRES EN HISPANIE 39
la mesure où elles n'étaient pas à égalité au regard du droit du sol, ce qui avait des
incidences sur le régime de la propriété et sur la fiscalité. Pourtant, je retiens surtout
que les provinces hispaniques ont fourni matière à des exempla qui étaient sûrement
diffusés dans les écoles ou les lieux d'enseignement de la science des arpenteurs,
qui s'est, semble-t-il, consolidée et constituée en un corpus cohérent à partir de
l'époque césaro-augustéenne7. Ces données apportent des arguments supplément
aires en faveur de la diffusion généralisée du système de la civitas sous le premier
empereur, ce qui rend également compte de l'ampleur des opérations de recense
ment, cadastration, bornage et délimitation dont l'Hispanie a alors été le théâtre .
C'est sous cet éclairage que je voudrais examiner ici l'épigraphie des
bornages de cité dans la péninsule ; elle a fourni un échantillon non négligeable,
mais assez peu parlant a priori en raison même des problèmes d'établissement des
textes. Aussi, après avoir examiné les informations contenues dans les documents,
est-il nécessaire de réfléchi

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