Comment les unités d élite parlent-elles d elles-mêmes: le cas du GIGN - article ; n°1 ; vol.24, pg 27-45
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Déviance et société - Année 2000 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 27-45
Elite units have a policy relating to violence which has never been changed by public discussion. Research into the Intervention Group of the Gendarmerie Nationale (GIGN) has revealed that this discourse is particularly complex. It mixes three forms of identity references - police officer/GIGN/military - in the ways in which people refer to themselves and to their powers. The overall structure which this creates is justified above all by participants' collective experience of danger.
Die Eliteeinheiten besitzen Gewaltpraktiken, die noch nie in irgendeinem öffentlichen Diskurs problematisiert wurden. Interviews innerhalb der Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) zeigen, daß dieser Diskurs sehr komplex ist. Er vermischt drei Bezugspunkte der Identität: Polizei, GIGN und Militàr entsprechend der Art der Infragestellung von Selbstbestätigung oder der Macht, die den Diskurs bestimmt. Dennoch rechtfertigt sich die daraus entstehende Gesamtstruktur aus der kollektiven Erfahrung von Gefahr.
De elitie-eenheden hebben een geweldspraktijk die nooit door ening publiek discours werd bezworen. Nochtans is dit bijzonder complex discours aan de orde in de schoot van het interventieeskadron van de nationale gendarmerie (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, GIGN). Drie identieke referenten worden vermengd: gendarme, GIGN en militaire. De totaliserende structuur die hier wordt opgeroepen justifieert zich door het collectieve onve- ligheidsgevoel.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Clotilde Marchetti
Comment les unités d'élite parlent-elles d'elles-mêmes: le cas
du GIGN
In: Déviance et société. 2000 - Vol. 24 - N°1. pp. 27-45.
Abstract
Elite units have a policy relating to violence which has never been changed by public discussion. Research into the Intervention
Group of the Gendarmerie Nationale (GIGN) has revealed that this discourse is particularly complex. It mixes three forms of
identity references - police officer/GIGN/military - in the ways in which people refer to themselves and to their powers. The overall
structure which this creates is justified above all by participants' collective experience of danger.
Zusammenfassung
Die Eliteeinheiten besitzen Gewaltpraktiken, die noch nie in irgendeinem öffentlichen Diskurs problematisiert wurden. Interviews
innerhalb der Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) zeigen, daß dieser Diskurs sehr komplex ist. Er
vermischt drei Bezugspunkte der Identität: Polizei, GIGN und Militàr entsprechend der Art der Infragestellung von
Selbstbestätigung oder der Macht, die den Diskurs bestimmt. Dennoch rechtfertigt sich die daraus entstehende Gesamtstruktur
aus der kollektiven Erfahrung von Gefahr.
De elitie-eenheden hebben een geweldspraktijk die nooit door ening publiek discours werd bezworen. Nochtans is dit bijzonder
complex discours aan de orde in de schoot van het interventieeskadron van de nationale gendarmerie (Groupe d'intervention de
la gendarmerie nationale, GIGN). Drie identieke referenten worden vermengd: gendarme, GIGN en militaire. De totaliserende
structuur die hier wordt opgeroepen justifieert zich door het collectieve onve- ligheidsgevoel.
Citer ce document / Cite this document :
Marchetti Clotilde. Comment les unités d'élite parlent-elles d'elles-mêmes: le cas du GIGN. In: Déviance et société. 2000 - Vol.
24 - N°1. pp. 27-45.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_2000_num_24_1_1711et Société, 2000, Vol. 24, No 1, pp. 27-45 Déviance
COMMENT LES UNITÉS D'ÉLITE PARLENT-ELLES
D'ELLES-MÊMES?
LE CAS DU GROUPE D'INTERVENTION
DE LA GENDARMERIE NATIONALE (GIGN)
C. MARCHETTI*
Les unités d'élite ont une pratique de la violence qui n'est jamais exorcisée par un quel
conque discours public. Or, des entretiens au sein du Groupe d'intervention de la gendarmer
ie nationale (GIGN) révèlent que ce discours est particulièrement complexe. Il mêle trois
referents identitaires: gendarme / GIGN / militaire selon les enjeux d'affirmation de soi ou de
pouvoir qui le déterminent. La structure totalisante qui s'y révèle se justifie néanmoins par
l'expérience collective du danger.
Mots-clés : Discours - Gign - Identité professionnelle - Sécurité - Unité d'élite -
Violence
Parmi les groupes qui usent de la violence, se dessine un clivage. Il en est qui parlent, et
d'autres qui se taisent. Il en est des grands bavards, et des bien silencieux... Cette relation entre
discours et violence est un terrain fertile, mais qui est exploré le plus souvent à partir d'une
seule et même perspective: celle des acteurs violents. Ainsi, David Apter souligne-t-il à bon
escient que la violence politique est toujours associée à un discours; parce qu'elle produit
explicitement du désordre dans un dessein de remise en ordre (Apter, 1997). Le discours vio
lent donnerait donc du sens à une réalité sociale, et en dévoilerait le lien avec ses propres pra
tiques. La violence aurait, selon l'auteur, une nature auto-légitimante. Cette réflexion ne vaut
cependant, que pour les acteurs dits «illégitimes». Car force est de constater que les groupes
dits «légitimes» ne s'expriment guère, ou avec beaucoup de réticence, sur leur activité...
Les unités d'élite ont en effet cette particularité d'entretenir avec soin le secret qui entoure
leurs missions et leurs membres. Cette exigence, qui d'ailleurs se justifie d'un point de vue
fonctionnel, est parfois pratiquée de manière obsessionnelle. Si bien que l'obligation légale de
réserve constitue un moyen efficace pour décourager des médias avides d'interviews «à
chaud». La connaissance médiatique de ces unités a donc pour caractéristique majeure d'être
à la fois fragmentaire et construite. En France, le Groupe d'intervention de la gendarmerie
nationale (GIGN) n'échappe pas à cette problématique. Il est connu du grand public français
pour s'être illustré depuis presque vingt-cinq ans au cours d'interventions délicates. Celles-ci
ont fait l'objet d'un traitement différencié dans la presse, puisque la raison d'État y a souvent
côtoyé le fait divers (Marchetti, 1997). Cette information médiatique ne constitue donc pas un
* CRPS, Université Paris I. 28 Déviance et Société
support satisfaisant pour exposer ce que les membres du GIGN ont à dire d'eux-mêmes. La
légitimation de la violence, élément central du discours professionnel des unités d'élite, y est
la plupart du temps absente. S'est imposée alors la nécessité de pénétrer directement en ces
lieux inexplorés pour recueillir des propos qui n'avaient jusqu'à présent jamais été exprimés.
Mais avant d'en expliciter la teneur, il faut s'attarder quelques instants sur ce qu'est le GIGN,
et sur les conditions de la recherche auprès d'une « société secrète ».
Les hommes du GIGN se plaisent à souligner que la création de leur unité fut étroitement
liée à la préoccupation des autorités publiques de lutter contre le terrorisme. La genèse offi
cielle, (ré)citée au visiteur, renvoie aux événements de Munich, lors des Jeux Olympiques de
1972, avec la tragique prise d'otages de la délégation israélienne par un commando terroriste.
C'est en 1974 qu'a été créé le GIGN, tout d'abord sous une forme régionale, avant d'être uni
fié et de recevoir une compétence nationale deux années plus tard. La Gendarmerie nationale
en constitue l'institution matrice. Elle est cette force militaire chargée de remplir des missions
de police judiciaire, conjointement avec une institution civile : la Police nationale. Le GIGN
relève plus précisément de la Gendarmerie Mobile dont le rôle est d'assurer le maintien de
l'ordre. En 1984, une réforme intervient en amont de l'organigramme, et le GIGN est direct
ement rattaché à une structure appelée Groupement de sécurité et d'intervention de la gendar
merie nationale (GSIGN). Celui-ci regroupe deux autres unités opérationnelles: le service de
sécurité de l'Elysée (GSPR) et les parachutistes d'intervention (EPIGN).
C'est dans cet environnement conjoncturel et institutionnel que des missions précises sont
dévolues au GIGN. Ses compétences sont régies par des textes dont la plupart sont des circu
laires ministérielles, souvent classées sous le sceau du « Secret Défense »'. Sa force d'action est
requise notamment en cas d'événements graves (actes de terrorisme ou de banditisme, prises
d'otages, révoltes pénitentiaires) qui peuvent nécessiter l'utilisation de techniques d'interven
tion «élaborées» pour parvenir à la neutralisation d'individus armés et retranchés. Appeler le
GIGN est donc généralement présenté comme l'ultime recours face à des situations critiques et
imprévisibles, lorsque les solutions dites «traditionnelles» ont été épuisées... La compétence
collective du Groupe est sans cesse mise en avant par ses membres, sa hiérarchie. L'unité
revendique sa capacité à intervenir dans tout type de milieu, qu'il soit terrestre, maritime ou
aérien. Aussi, certains hommes subissent-ils des entraînements plus spécifiques de «chute opé
rationnelle», ou de «plongée d'intervention». Les reportages menés par des journalistes sur
l'unité abondent dans ce sens; ils insistent à l'envi sur la possession et la maîtrise d'un arme
ment très sophistiqué, des lasers et des matériels de haute technologie, indispensables pour
mener à bien la lutte inextinguible contre la criminalité. Ces armes futuristes participent act
ivement à la «mythologie» des hommes cagoules, sortis de l'ombre et vêtus de sombre; dont
l'efficacité est redoutable.
Le Groupe connaît des effectifs assez stables. Il est composé d'une centaine d'hommes,
commandés par

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