Commerce international et genèse de la révolution industrielle anglaise - article ; n°2 ; vol.28, pg 541-571
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 541-571
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Paul Bairoch
Commerce international et genèse de la révolution industrielle
anglaise
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 2, 1973. pp. 541-571.
Citer ce document / Cite this document :
Bairoch Paul. Commerce international et genèse de la révolution industrielle anglaise. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 28e année, N. 2, 1973. pp. 541-571.
doi : 10.3406/ahess.1973.293363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_2_293363Commerce international et genèse
de la révolution industrielle anglaise
Introduction générale : Éléments qui ont conduit à fausser
le problème
Dans l'analyse de l'influence du commerce international sur les premières
phases de la révolution industrielle anglaise on doit se poser deux questions
partiellement dépendantes l'une de l'autre.
La première, à notre avis la moins importante, est celle de la continuité
dans le processus du développement économique anglais. La révolution indust
rielle ayant débuté à un moment où l'Angleterre avait, depuis près d'un
demi-siècle, la suprématie en matière de commerce international, quel a été
le rôle de cette expansion commerciale dans la genèse de la révolution indust
rielle ? Traditionnellement la réponse à cette question a été très largement
dans le sens d'une influence prépondérante \ Mais il faut bien avouer que les
preuves d'une telle ont été assez maigres, très peu étoffées. Nous
parlons de preuves autres que celle qui, implicitement ou explicitement, a été
considérée comme déterminante. Il s'agit en fait d'un raisonnement pseudo
logique qui déduit de la succession de deux phénomènes la preuve d'un lien
causal. Remarquons tout de suite que la logique de ce se trouve
renforcée par le caractère exceptionnel des deux phénomènes. En effet, l'expan
sion commerciale du xvne siècle peut, comme la révolution industrielle, être
considérée comme un phénomène sans précédent dans l'histoire économique
de l'humanité. Les éléments de réponse à cette première et vaste question
seront exposés dans la partie A de cet article.
La seconde question, à laquelle nous nous attachons surtout, et qui sera
traitée dans la partie B, est celle de l'influence du marché extérieur dans les
premières phases de la révolution industrielle. Ce a-t-il joué, comme on
i. Comme le note M. W. Flinn, « One of the most commonly quoted generalization
is that the Industrial Revolution was the natural consequence of the commercial expans
ion » (Origins of the Industrial Revolution, Londres, 1966, p. 56).
541 MESURES ET INTERPRÉTATIONS DE LA CROISSANCE
le prétend souvent, un rôle déterminant ou seulement marginal ? Ici aussi,
et c'est ce qui a renforcé l'opinion présentée plus haut, la réponse à cette ques
tion a été traditionnellement dans le sens d'un rôle déterminant. Et les princi
pales preuves à la base d'une telle conclusion sont de deux ordres.
Il y a d'abord le fait indiscutable que les marchés extérieurs ont joué un
rôle capital dans les débouchés de l'industrie anglaise en général et de l'industrie
cotonnière en particulier et cela durant pratiquement tout le xixe siècle,
période pour laquelle on possède des données statistiques valables. Il va de soi
que ceci est loin d'être une preuve suffisante pour postuler une importance
voisine du commerce extérieur dans le début de la révolution industrielle ;
tout au plus peut-il s'agir d'une présomption.
D'autre part, et ceci concerne plus particulièrement la période de démarrage
qui nous intéresse ici, le rôle important du commerce extérieur a été souvent
déduit de la confrontation des taux de croissance du volume des exportations
(données relativement sûres) avec celui de la production nationale (données
beaucoup moins sûres), et ce sans tenir compte ni de l'importance relative du
commerce extérieur, ni parfois des secteurs responsables de l'expansion des
exportations. Nous citerons ici un exemple récent d'une telle approche emprunté
à l'excellente étude de Hobsbawm 2. Le fait que Hobsbawm adopte ces conclu
sions ne diminue en rien la valeur du reste de son analyse très pénétrante sur
la révolution industrielle qui, à notre avis, garde tout son intérêt, mais qui
dénote peut-être un attachement à certaines thèses insuffisamment fondées
dans ce domaine
Dans le chapitre consacré aux origines de la révolution industrielle, Hobs
bawm écrit 3 : « Between 1700 and 1750 home industries increased their output
by 7 %, export industries by 76 % ; between 1750 and 1780 (which we may
regard as the runway for industrial ' take-off ') by another 7 % and 80 %
respectively. Home demand increased but foreign demand multiplied. If a
spark was needed, this is where it came form. » Les chiffres cités sont empruntés
à l'étude de Deane et Cole qui reste la meilleure sur les aspects quantitatifs du
développement anglais 4. Et la première remarque qu'il faut faire est que les
« export industries » ne sont pas en fait le volume du commerce extérieur,
puisque pour calculer cet indice Deane et Cole ont simplement utilisé celui du
total des exportations et des importations. Ce qui, d'ailleurs, introduit un biais ;
car, entre 1700 et 1780, le volume des importations s'est accru d'un peu plus
de 300 %, alors que celui des exportations de produits anglais s'accroissait d'un
peu moins de 200 % seulement. D'autre part, comme nous le verrons plus
loin, les « home industries » n'incluent pas les secteurs qui ont montré le plus
grand dynamisme durant cette période, c'est-à-dire le fer et le textile ; cet
indice est basé uniquement sur les statistiques fiscales de la bière, des cuirs
et peaux, des bougies et savons. Enfin, et c'est là que se trouve l'erreur
généralement commise dans ces cas, ces deux séries de taux de croissance
(comportant les biais relevés ci-dessus) sont confrontées l'une à l'autre sans
tenir compte du fait que le commerce extérieur ne représentait alors que 5-7 %
du produit brut.
S'il est certain que le volume des renseignements dont on dispose à l'heure
2. E. J. Hobsbawm, Industry and Empire, Londres, 1968.
3. P. 48 de l'édition Pelican (Londres, 1969).
4. P. Deane et W. A. Cole, British Economie Growth i688-iç5Q, Cambridge, 1962.
542 P. BAIROCH COMMERCE ET RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
actuelle est loin d'être pleinement satisfaisant pour répondre avec certitude
à toutes les sous-questions qu'implique une approche réaliste de l'influence
respective de la demande locale et extérieure, il n'en reste pas moins que les
progrès en ce domaine ont été très conséquents durant ces vingt dernières
années, et que les renseignements dont on dispose actuellement permettent
de cerner d'une façon relativement satisfaisante les aspects principaux de cette
question.
Dans l'analyse qui va suivre, nous nous concentrerons surtout sur la période
1700-1710 à 1780-1790. Ces huit décennies peuvent être considérées comme
celles englobant le mieux la période du début de la révolution industrielle qui
nous intéresse ici. Sans entrer dans les détails, rappelons que, dès le début
du XVIIIe siècle 5, l'économie anglaise commence à subir des transformations
profondes, d'abord dans le domaine agricole ; mais, très tôt, dès 1730-1750,
c'est le secteur industriel et celui des transports qui commencent à subir des
mutations profondes. Vers 1790, l'économie anglaise a déjà très largement les
traits qui seront ceux des autres économies européennes vers les années i860 :
industrie sidérurgique basée sur le coke ; principales innovations techniques
déjà largement répandues dans la filature du coton ; ère des canaux ayant déjà
commencé ; vapeur dé j à assez largement utilisée ; croissance démographique
continue et rapide ; importance relative de la population active agricole très
restreinte ; etc., etc. 6. Déjà, dès 1760-1770, nous nous trouvons en présence
d'un stade d'évolution qui ne peut plus être assimilé à un si

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