Communication. Sur les crânes basques de St Jean-de -Luz - article ; n°1 ; vol.3, pg 43-107
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1868 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 43-107
65 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1868
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Paul Broca
Communication. Sur les crânes basques de St Jean-de -Luz
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 3, 1868. pp. 43-107.
Citer ce document / Cite this document :
Broca Paul. Communication. Sur les crânes basques de St Jean-de -Luz. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II°
Série, tome 3, 1868. pp. 43-107.
doi : 10.3406/bmsap.1868.9834
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1868_num_3_1_9834BROCA. — «BASES BAGUES DE SUSMEÀN-DE-LUZ. 41
COMMUNICATION
Sa* les crânes basques de Satat-Jean-de-Luzf
PAR H. BROCA.
Je prie la Société d'accepter pour son musée une collec
tion de cinquante-huit crânes basques, qui provient d'un
ossuaire de Saint-Jean-de-Luz, antérieur à l'an 1532.
Avant de vous communiquer les résultats de mes pre
mières études sur cette collection, je vous demande la per
mission de résumer rapidement l'histoire de la question
des crânes basques.
Vous savez que les Basques sont le seul peuple de l'Eu
rope occidentale qui parle encore une langue étrangère à
la souche indo-européenne. Il est donc naturel qu'on les
ait considérés comme les derniers et purs représentants des
races dites autochthones, qui occupaient le sol de cette partie
de l'Europe avant l'ère des invasions asiatiques. Cette con
clusion est loin sans doute d'être rigoureuse, car il pourrait
très-bien se faire que les Basques, en se mêlant avec les
Indo-Européens, eussent perdu tout ou partie des carac
tères primitifs de leur race, sans abandonner pour cela
leur idiome primitif. Il est probable toutefois que, si leur
langue a seule survécu, tandis que celles des peuples pré"
historiques qui les entouraient se sont éteintes, en laissant
à peine çà et là quelques noms géographiques comme un
témoignage de leur antique existence, c'est parce que la
petite région montagneuse qu'ils occupent encore aujour
d'hui ne fut jamais complètement subjuguée par les enva
hisseurs, et qu'ils y conservèrent toujours, sinon la souve
raineté politique, du moins la prépondérance numérique.
Il y a donc lieu de croire que leurs caractères physiques
ont été moins modifiés par les croisements que ceux des
autres peuples de l'Europe occidentale. SÉANCE DU 23 JANVIER 1868. 44
Mais les quelques milliers d'années qui se sont écoulées
depuis l'époque des premières migrations indo-européennes
ne sont qu'une période très-courte, si on les compare à
l'immense durée de la période antérieure, dont le début r
emonte au moins jusqu'au commencement de l'époque qua
ternaire, et probablement même beaucoup plus haut encore.
Pendant cette incalculable série de siècles, les populations
dites autochthones se répandirent dans toute l'Europe, car on
a retrouvé leurs traces dans le sol partout où on les a cher
chées avec persévérance; et bien des fois, sans doute, ces
peuples préhistoriques durent se déplacer, se combattre, se
mêler, se grouper et se séparer, comme le font continuell
ement la plupart des peuples barbares ou sauvages, et souvent
même les peuples déjà civilisés. — Les ancêtres des Basques
modernes avaient donc déjà pu subir, longtemps avant
l'époque indo-européenne, divers mélanges de race; car on
sait aujourd'hui, et je crois avoir contribué à démontrer
cette proposition, que nos populations autochthones appar
tenaient à des races différentes, et présentaient au moins
deux types parfaitement distincts, l'un dolichocéphale,
l'autre brachycéphale. Si l'on discute aujourd'hui, ce n'est
plus sur l'existence de ces deux types, mais sur leur degré
d'ancienneté relative. Je pense, pour ma part, que le type
dolichocéphale était le plus ancien, et qu'il était encore le
plus répandu à l'époque de la pierre polie; et je ne pré
tends pas pour cela qu'à la même époque le type brachycé
phale n'ait pas pu prédominer dans certaines régions, telles,
par exemple, que la Ligurie. Je reconnais que cette ques
tion de prédominance des deux principaux types crâniens,
chez nos autochthones, est encore sujette à contestation ;
mais elle n'est ici que secondaire. L'essentiel est de consta
ter que l'existence des deux types dans l'Europe occident
ale, et j'ajoute dans l'Europe centrale, avant l'ère indo
européenne, est un fait aujourd'hui parfaitement démontré. — CRANES BASQUES DE SAINT-JEAN-DE-LUZ. 45 BROCA.
Mais cette démonstration est presque récente ; et il y a
vingt-trois ans, lorsque Retzius appela pour la première
fois l'attention sur la distinction des brachycéphales et des
dolichocéphales, on ne possédait sur les types préhisto
riques que de très-vagues renseignements. La linguistique
avait déjà établi l'existence des populations autochthones ;
l'archéologie, de son côté, établissait la succession de l'âge
de la pierre et de l'âge du bronze, et de fortes présomptions,
confirmées depuis, permettaient d'admettre que l'usage
des métaux avait été introduit par les peuples asiatiques
qui avaient importé les langues de la souche indo-euro
péenne. L'existence des deux groupes de population, les
unes autochthones, les autres étrangères, étant ainsi dou
blement prouvée, il s'agissait de découvrir leurs caractères
crâniologiques. Retzius, qui, le premier, souleva la question,
pensa que les types crâniens dolichocéphale et brachycé
phale qu'il venait de déterminer, et dont il exagérait d'ail
leurs la valeur, étaient en rapport avec cette double origine ;
et, croyant avoir reconnu que le type dolichocéphale était
celui des étrangers, inaugurateurs de l'âge du bronze, il en
conclut que le type brachycéphale devait être celui des
populations primitives, c'est-à-dire des hommes de l'âge
de la pierre.
La conséquence de cette doctrine était que les Euro
péens qui parlent encore aujourd'hui des langues étran
gères à la famille indo-européenne devaient être brachy
céphales; tels étaient, en effet, les Finnois et les Lapons ;
tels devaient aussi être les Basques, et ainsi se répandit
l'opinion que les Basques étaient brachycéphales.
Cette opinion, on le voit, reposait sur une théorie, et
non sur l'observation, car on sait aujourd'hui que les trois
crânes réputés basques que Retzius avait admis dans sa
collection n'étaient nullement authentiques ; et il est très-
certain d'ailleurs qu'une aussi courte série ne pouvait en SÉANCE DU 23 JANVIER 1868. 46
aucun cas servir de base à une démonstration. Si Ton s'était
contenté d'une vérification aussi facile, c'est parce que le
fait, paraissant suffisamment établi par une théorie génér
ale, semblait à peine avoir besoin d'une confirmation mat
érielle.
J'étais de ceux que cette brillante théorie de Retzius avait
séduits ; et je ne me dissimulais pas pourtant que le savant
Suédois avait fini par où il aurait fallu commencer ; on
plutôt qu'il avait commencé par où il aurait dû finir. C'est
un axiome de toutes les sciences d'observation que les faits
doivent précéder la théorie, et, quoique presque convaincu
d'avance de l'exactitude des conclusions de Retzius, j'
éprouvai le besoin de constater directement les faits. Il s'a*-
gissait donc de savoir, en premier lieu, s'il était vrai que
tous les crânes de l'âge de pierre fussent brachycéphales ;
en second lieu, s'il était vrai que la brachycéphalie fût le
caractère général, ou du moins le caractère presque génér
al des Basques actuels. De là deux séries de recherches :
tandis que, d'une part, je m'efforçai de recueillir pour notre
musée le plus grand nombre possible de crânes de l'âge de
pierre, je cherchai, d'une autre part, à me procurer sur les
lieux mêmes une série de crânes basques.
Je laisse de côté tout ce qui concerne la question de»
crânes préhistoriques ; j'en ai entretenu, au mois d'août
dernier, le Congrès international d'anthropol

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