Considérations sur le Beau et les Beaux-Arts - article ; n°31 ; vol.8, pg 225-242
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Revue néo-scolastique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 31 - Pages 225-242
18 pages

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Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Extrait

H. Hallez
Considérations sur le Beau et les Beaux-Arts
In: Revue néo-scolastique. 8° année, N°31, 1901. pp. 225-242.
Citer ce document / Cite this document :
Hallez H. Considérations sur le Beau et les Beaux-Arts. In: Revue néo-scolastique. 8° année, N°31, 1901. pp. 225-242.
doi : 10.3406/phlou.1901.1273
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1901_num_8_31_1273IX.
Considérations snr le Beau et les Beaux-Arts.
§ 1. — Le Beau.
Le beau et V agréable. — Le bon absolu et le bon relatif — Le bon apparent
et la perversion du goût , ses conditions. — Maladies, besoms, sugges
tions ou préjugés, répétition des perceptions — Définition du beau propre
ment dit oti beau sensible. — Le beau intelligible — Division du beau
sensible ou esthétique.
Ce qui est agréable n'est pas toujours beau ; par exemple,
l'odeur de la rose est agréable, mais on ne peut pas dire que
cette odeur soit belle.
Au contraire, ce qui est beau est toujours quelque chose
d'agréable : d'agréable a entendre, comme un beau morceau
de musique ; à voir, comme un beau tableau.
Le beau appartient donc à la catégorie de l'agréable ; aussi
convient-il d'étudier l'agréable pour arriver à savoir ce qu'est
le beau.
De la confusion du beau avec ce qui est agréable a voir
ou a entendre découlent toutes les erreurs concernant la
beauté.
L'agréable, c'est ce qui fait (ou peut faire) plaisir.
Le plaisir est une chose qu'on ne peut définir complètement.
C'est d'ailleurs, comme le déplaisir ou la souffrance, une chose
bien connue de tous en vertu d'une expérience directe.
Aussi pouvons-nous nous dispenser d'examiner ici les diff
érentes théories du plaisir.
L'agréable est donc ce qui fait plaisir soit directement,
REVUE NEO-SCOLASTIQUE. 16 D1 HALLEZ. 226
par exemple, une odeur agréable ; soit indirectement, par
exemple, une rose agréable a flairer. On peut dire en eff t
également de la rose et de son odeur, qu'elles sont agréables a
sentir ; toutefois, c'est a cause de son odeur que la rose e^t
agréable a flairer.
L'agréable a des rapports très intimes avec le bon, et il
n'est même qu'une manière de bon, en prenant ce mot dans son
acception la plus large.
Dans ce sens, on dit qu'une chose est bonne lorsqu'elle
peut être le terme d'une tendance (bonum est appetibile). Or
l'agréable a évidemment par soi de quoi être voulu, il est de
telle nature qu'il peut être le terme d'une ^lition. Il est donc
bon suivant cette acception.
Mais le bon ainsi compris peut être ou bien le dernier
terme d'une tendance et alors c'est le bien ou le parfait, le bon
absolu ; ou bien il peut être seulement un terme intermédiaire
d'une tendance qui a un autre terme ultime et c'est ce qu'on
appelle le bon relatif, bon à autre chose.
Or, tandis que le bon absolu ne peut être mauvais en soi, le
bien, envisage exclusivement dans ses relations immédiates
peut être une chose mauvaise. Ainsi le mensonge serait quel
quefois bon ou utile pour exercer la charité envers autrui.
Si le plaisir est un bien, l'agréable est simplement cause de
plaisir et par conséquent n'est bon que relativement, car dans
son essence, l'agréable est le terme intermédiaire d'une ten
dance vers le plaisir.
Ce qui est agréable peut donc être mauvais en soi. Nous
en voyons un exemple dans certaines maladies.
On voit, en effet, certains malades manger avec plaisir de la
terre ou d'autres choses encore plus mauvaises. Ces choses
sont bonnes pour eux, elles leur semblent bonnes, mais elles
ne sont pas bonnes absolument ; ce n'est pas en raison de leur
perfection qu'elles font plaisir, mais à cause de l'imperfection
causée dans le corps par la maladie. LE BEAU RT LES BEAUX-ARTS. 227
II est donc clair que la cause d'un bien peut être une chose
miuvaise ; néanmoins, si elle est cause do plaisir, elle paraît
bonne. Dès lors, il faut distinguer dans les choses agréables,
celles qui sont bonnes et celles qui ne le ^ont pas.
La cause pour laquelle le mauvais est agréable réside dans
une perversion du goût.
La maladie, faisant trouver le mauvais agréable, est donc
une des causes de la perversion du goût.
Il y a des maladies qui sont remarquables à ce point de
vue. Tel est le daltonisme ou dyschromatopsie, affection dans
laquelle on ne voit pas les couleurs comme le commun des
hommes. C'est d'une affection analogue que sont atteintes les
personnes qui, selon l'expression vulgaire, n'ont pas d'oreille.
Il faut assimiler aux affections morbides les besoins cor
porels. Comme les maladies, ces besoins, lorsqu'ils sont assez
vifs, peuvent faire beaucoup souffrir. Le besoin corporel n'est
pas, en réalité, autre chose qu'une sorte de maladie : comme
la faim, la soif, etc. Ces besoins correspondent a des anomalies
du corps, anomalies par excès ou par défaut. Le désir qu'on
éprouve a satisfaire ces sortes de besoins est donc un plaisir
de malade, et il ne peut que nous tromper sur la perfection ou
la bonté absolue de l'acte qui les satisfait ou des objets qui
poussent à cet acte.
Et en effet, ces mémos actes et ces mêmes objets deviennent
insipides ou même désagréables, aussitôt le besoin satisfait.
Il est donc évident que pour avoir bon goût, c'est-a-dire
pour pouvoir apprécier sûrement, par le plaisir qu'on ressent,
la perfection ou la bonté d'un objet qui cause ce plaisir, il
faut, autant que possible, être exempt de tout besoin corporel.
Lorsque cette condition fait défaut, il faut savoir faire
abstraction du plaisir que l'on ressent uniquement parce qu'on
éprouve tel ou tel besoin du corps. Cela n'est pas aussi difficile
qu'on pourrait le croire, car certains plaisirs sont caracté
ristiques de l'existence de tels ou tels besoins. Ces plaisirs
ne doivent donc compter pour rien dans l'appréciation du bon
ou du parfait en soi. Dr HALLEZ. 228
Il faut encore assimiler à une maladie la suggestion qui
pervertit le goût et qui peut faire trouver un objet plus ou
moins agréable.
La suggestion est un facteur très important de la perversion
du goût.
Pour avoir bon goût, il faut être insensible aux appréciations
d' autrui, il ne faut attribuer aucune confiance a l'autorité des
autres. En un mot, il faut être exempt de préjuges. Mais s'il
faut éviter d'obéir a la suggestion positive, il faut également
se tenir en garde contre la suggestion négative, contre ce
qu'on appelle l'esprit de contradiction. Certaines personnes
sont ainsi faites, que pour leur suggérer réellement une
chose, il suffit de leur suggérer verbalement le contraire.
Il y a aussi une autosuggestion qui dérive de certaines
théories préconçues sur le bon ou le beau .
L'habitude de percevoir un objet peut modifier le sentiment
de plaisir ou de déplaisir causé pjr cet objet.
Lorsqu'un objet est d'abord agréable, et que malgré l'habi
tude que l'on a de le percevoir, le sentiment qu'il fait éprouver
est toujours le même, on ne peut avoir aucun doute sur sa
perfection ou son imperfection, si d'ailleurs on a mis de côté
les trois causes d'erreur énoncées plus haut.
Mais si a l'impression agréable succède un sentiment dés
agréable ou vice versa, que faut-il conclure ?
D'abord il faut conclure que le goût s'est modifié et qu'il
s'est perverti ou affine. Mais laquelle des deux alternatives
est vraie ?
Le problème ne laisse pas d'être embarrassant. Pour l'éluci
der, mettons d'abord de côte la fatigue ou lassitude qui per
vertit le goût ; car c'est un besoin corporel passager, le besoin
du repos.
Remarquons maintenant que le déplaisir provoque toujours
le dégoût pour l'objet qui le cause et nous devrons conclure
très vraisemblablement que le déplaisir pervertit le goût, et LE BP1AU ET LES BE AUX- ARTS. 229
c'est pour cela qu'une chose qui est d'abord désagréable finit
par perdre son amertume et même par devenir agréable lors
qu'elle n'est pas perçue assez souvent pour exaspérer le
déplaisir.
L'habitude de perce\oir une chose mauvaise pervertit donc
le goût et cela explique que cette chose, d'abord désagréable»
devienne indifférente et même agréable.

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