Culture et mentalité : les librairies des gens du parlement au temps de Charles VI - article ; n°5 ; vol.28, pg 1219-1244
27 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 5 - Pages 1219-1244
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Françoise Autrand
Culture et mentalité : les librairies des gens du parlement au
temps de Charles VI
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 5, 1973. pp. 1219-1244.
Citer ce document / Cite this document :
Autrand Françoise. Culture et mentalité : les librairies des gens du parlement au temps de Charles VI. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 5, 1973. pp. 1219-1244.
doi : 10.3406/ahess.1973.293418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_5_293418LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
Culture et mentalité
Les librairies des gens du Parlement
au temps de Charles VI
homogène. collèges. La dans formation d'apprendre Au vie la temps commune vie Puis de On professionnelle, le ce de droit ne c'étaient milieu. Charles dans saurait canon ce Dès VI, les négliger milieu à l'enfance, les ils Paris études gens avaient, très et l'importance le du universitaires, uni ces droit Parlement pour hommes et civil très la des plupart, à particulier avaient constituaient Orléans. allongées années atteint fréquenté de Quand qu'était par jeunesse déjà la ils les trentaine. un le entraient nécessité dans mêmes monde milieu la
universitaire, les connaissances acquises lentement au cours de ces longues
années d'études, avaient déjà noué les liens d'une profonde unité entre ces
officiers et gens de pratique que rapprochaient par la suite leurs activités
professionnelles autour de la justice royale. Pour définir le milieu parlementaire,
il paraît donc indispensable d'étudier sa culture. Georges Duby a mis en valeur
« la coïncidence entre la diffusion d'un certain type de culture et la formation
d'une certaine catégorie sociale, consciente d'elle-même et apparaissant dans
sa cohésion, dans son homogénéité aux autres groupes sociaux » 1. Cette idée
que Georges Duby applique à un large groupe social comme celui de la noblesse
ne peut-elle s'appliquer à un groupe restreint comme celui du Parlement ?
Sans être le seul, le livre est un instrument privilégié pour l'approche de
cette culture. Il suffit de chercher, à travers le livre, le lecteur, en suivant la
voie ouverte par les savants travaux d'E. Pellegrin qui, changeant les perspec
tives de l'étude des manuscrits, s'est attachée à reconstituer les bibliothèques 2.
La connaissance du public lettré parisien dans les premières années du
XVe siècle est largement éclairée par les études de G. Ouy. Il est intéressant
à ce propos de remarquer que G. Ouy qui, à partir d'une étude des manuscrits
menée selon les derniers procédés scientifiques, se consacre au courant intellec-
1. G. Duby, « La vulgarisation des modèles culturels dans la société féodale », Niveaux
de culture et groupes sociaux. Actes du colloque réuni du 7 au 9 mai iç66 à l'École normale
supérieure, Paris, 1967, p. 49.
2. Cf. surtout et outre les autres études d'E. Pellegrin citées plus bas, La biblio
thèque des Visconti et des Sforza, ducs de Milan, XVe siècle, Paris, 1955.
1219 DOMAINES DE L'HISTOIRE LES
tuel de l'Humanisme, en arrive à mettre en valeur un groupe social, celui des
notaires et secrétaires du roi 3, et à demander, à l'appui des recherches sur les
origines de la Renaissance, de « solides monographies familiales » 4. Parti du
livre ou parti d'un milieu social, on se rencontre au même point. Remarquons,
pour une autre époque, la même démarche chez H.-J. Martin qui, considérant
au départ le livre « comme marchandise », en vient à décrire des types de culture
selon les groupes sociaux à travers les bibliothèques parisiennes du xvne siècle s.
Chercher le rôle de la culture dans la construction du groupe social que
constituent les gens du Parlement, définir cette culture dans son originalité,
déceler les ressorts de son évolution, tels sont les objets de cette étude qui vou
drait ajouter ainsi quelques traits à l'image de Г «homme de robe», type social
si important dans la société française depuis la fin du Moyen Age.
Les livres et leurs propriétaires
La connaissance des bibliothèques des serviteurs du roi et, plus spécialement,
des gens du Parlement, pourrait nous en dire long sur la culture de ce milieu.
Il serait merveilleux de posséder les inventaires des librairies que ces savants
personnages abritaient dans leurs hôtels. Mais, faute de ces documents, inexis
tants ou disparus, il faut se contenter des traces qui en ont subsisté dans les
sources, peu de chose à vrai dire. Il y a tout d'abord, deux inventaires bien
connus, celui des livres de Robert Le Coq, avocat du roi, évêque de Laon, livres
qui furent confisqués et estimés en 1362 6 ; et celui, qui fut dressé en 1419, de la
bibliothèque de Nicolas de Baye, grenier du Parlement 7. Quant aux inventaires
après décès, il en subsiste un bon nombre, mais nous n'avons pas encore eu la
bonne fortune d'en rencontrer qui touchent aux gens du Parlement.
Mais nous n'avons pas que cette unique source, il y a aussi les testaments.
Et là nous sommes bien pourvus pour la fin du xrve et le début du xve siècle.
Il subsiste en effet aux Archives nationales un volume de testaments enregistrés
au Parlement sous Charles VI. Il est complété par une copie du xvne siècle de
pages aujourd'hui disparues. A. Tuetey en a édité une partie en un ouvrage
justement renommé 8. Là sont réunis en grand nombre des testaments de gens
3. Cf. principalement G. Ouy, « Paris l'un des principaux foyers de l'Humanisme en
Europe au début du XVe siècle », Bull, de la Soc. de l'hist. de Paris et de l'Ile-de-France,
94e et 95e années, 1967-1968 [1970], pp. 71-98.
4. G. Ouy, « Le songe et les ambitions d'un jeune humaniste parisien vers 1395 »,
Miscellanea di studi i ricerche sul quattrocento francese a cura di Franco Simone, Turin,
1966, pp. 357-4O7-
5. H.-J. Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701) , t. 1,
Genève, 1969. Cf. aussi H. Bresc, Livre et société en Sicile (1299-1499), Palermo, 1971
(Supplemento al Bollettino di Centro di Studi Filologici e Linguistici Siciliani, 3). Et
A. Labarre, Le livre dans la vie amiénoise du XVIe siècle. L'enseignement des inventaires
après décès, 1503-1570, Paris-Louvain, 1971.
6. R. Delachenal, « La bibliothèque d'un avocat du xive siècle », Nouv. Rev. hist, de
du dr.fr. et étr., t. 11, 1887, pp. 524-537.
7. A. Tuetey, Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris 1400-1417,
t. 2, Paris, 1888, pp. Lxxvii-xcvii.
8. A. Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI,
coll. Documents inédits sur l'histoire de France, Paris, 1880. L'original se trouve aux A.N.
sous la cote X IA 9807. Les deux volumes de copies font partie à la B.N. du fonds Moreau,
n08 1161-1162. Enfin au xvne siècle François Blanchard a relevé des notes sur des testa-
1220 F. AUTRAND BIBLIOTHÈQUES PRIVÉES SOUS CHARLES VI
du Parlement, d'autres officiers royaux, d'avocats. En lisant ces testaments,
on voit que les livres figurent en bonne place parmi les biens qui sont l'objet
de legs. On peut donc, en relevant la liste des livres légués par un testateur,
reconstituer l'inventaire d'une partie de sa bibliothèque. D'une partie seule
ment, car souvent l'ensemble de ses livres fait l'objet d'un unique legs. Ou
encore il dispose de tous ses livres de droit ou de tous ses livres de grammaire
en bloc, sans les énumérer. Seuls, d'autre part, les livres d'une certaine valeur
sont mentionnés et non tous les petits traités, carnets de notes, ouvrages récents,
c'est-à-dire les livres d'usage, souvent plus révélateurs qu'un gros volume
qu'on n'ouvrait peut-être jamais. Enfin les gens du Moyen Age avaient l'habi
tude de relier ensemble plusieurs ouvrages. En ce cas, ils désignaient le volume
dans leurs testaments par le titre du premier de ces ouvrages seulement et le
reste du contenu nous échappe. L'idéal, c'est évident, est de retrouver les
manuscrits eux-mêmes. Aussi voyons-nous tout le prix des recherches d'E. Pel-
legrin et de G. Ouy.
L'originalité de ces bibliothèques et, par là, de la culture de leurs pro
priétaires ressort mieux si on les compare à celles des autres milieux cultivés
parisiens, milieu de la Cour, milieu d

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