De la dénomination : la spécificité des noms propres - article ; n°4 ; vol.99, pg 731-751
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Description

L'année psychologique - Année 1999 - Volume 99 - Numéro 4 - Pages 731-751
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Izaute
De la dénomination : la spécificité des noms propres
In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°4. pp. 731-751.
Citer ce document / Cite this document :
Izaute M. De la dénomination : la spécificité des noms propres. In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°4. pp. 731-751.
doi : 10.3406/psy.1999.28506
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1999_num_99_4_28506L'Année psychologique, 1999, 99, 731-751
Laboratoire de Psychologie Sociale de la COgnition
LAPSCO-UPRESA 6024 CNRS
Université Biaise- Pascal, Clermont-Ferrand 21
DE LA DENOMINATION :
LA SPÉCIFICITÉ DES NOMS PROPRES
par Marie IZAUTE2
SUMMARY : About naming : The specificity of proper names.
This article provides a review of empirical studies and theoretical models
concerned with retrieval problems for proper names. Many findings have
demonstrated the difficulty associated with both learning and retrieving proper
names. Retrieval difficulties for proper names have been shown to affect elderly
people and some brain-damaged patients. We review person naming-models
and explore the explanations proposed. First, the difficulty of retrieving
someone's name in the face recognition domain is examined. Second, some
explanations concerned with the comparison of the recall of common names and
proper names are explored. Our conclusion is that « uniqueness » is a factor
that make proper names difficult to recall. However, is not a single
factor because it can be interpreted in several ways. Proper names have no
synonyms, are generally not shared by another person and are « pure referring
expressions ». Moreover, all theoretical models suggest that proper names are
activated by a single semantic node.
Key words : learning, retrieval, proper name.
INTRODUCTION
La capacité à récupérer l'étiquette linguistique appropriée sur présen
tation d'un matériel particulier est une tâche centrale du langage. Dans la
vie quotidienne, nous avons peu de difficultés à retrouver les noms com-
1. 34, avenue Carnot, 63037 Clermont-Ferrand Cedex. E-mail:
Marie.Izaute@lapsco.univ-bpclermont.fr.
2. Ce travail a bénéficié d'un soutien financier de divers organismes en
France. Le Centre Jacques-Cartier, la Région Rhône-Alpes, le Programme
Cognisciences et le Centre national de recherche scientifique (URA 665 CNRS,
UPRESA 6024) ont contribué à la réalisation de cet article. 732 Marie Izaute
muns. En revanche, la récupération des noms propres (noms de personnes,
de villes, de lieux célèbres...) pose davantage de problèmes (Baddeley,
1990). De nombreuses études décrivent ces difficultés plus spécifiquement
pour les noms de personnes. Dans plusieurs situations, allant de la vie de
tous les jours aux expériences de laboratoire en passant par les études de
cas neurologiques, le statut du nom propre paraît spécifique. Dans une
revue critique des cas de patients présentant des troubles spécifiques de
dénomination des noms propres, Semenza, Mondini et Zettin (1995) con
cluent qu'il est difficile d'identifier une localisation anatomique spécifique
du traitement des noms propres. En revanche, Damasio, Grabowski, Tra-
nel, Hichwa et Damasio (1996) suggèrent, à partir de données issues de
l'imagerie cérébrale, que les mots appartenant à différentes catégories
(outils, animaux et noms de personnes) sont traités dans des régions anato-
miques distinctes.
Dans une situation de reconnaissance d'une personne familière, le nom
propre paraît plus difficile à récupérer que d'autres informations biographi
ques relatives à cette personne. Il nous arrive fréquemment de reconnaître
quelqu'un, d'être capable de donner des informations sur sa profession, de
se rappeler dans quelles circonstances on l'a rencontré, alors que son nom
nous échappe temporairement. S'intéresser au nom propre exige de définir
quelles en sont les caractéristiques par rapport à d'autres mots et plus par
ticulièrement à des noms communs (pour une revue détaillée concernant les
noms communs, voir Ferrand, 1994). En effet, le nom propre en tant
qu'étiquette unique désignant une personne, un lieu ou un événement
semble se distinguer des noms communs. Ainsi, l'étude de la récupération
d'un nom propre en mémoire et plus spécifiquement de la difficulté de récu
pération d'un nom sera développée dans deux parties. Dans une première
partie, nous effectuerons un bilan des données et dans une deuxième partie
nous présenterons les principaux modèles théoriques.
A / LES DONNEES EMPIRIQUES
La difficulté à dénommer un nom propre est illustrée par plusieurs étu
des expérimentales et introspectives. Déjà en 1893, James la décrivait en
ces termes : « Suppose we try to recall a forgotten name. (...) A sort of
wraith of the name is in it, beckoning us in a given direction, making us at
moments tingle with the sense of our closeness, and then letting us sink
back without the longed-for term » (p. 251). L'exploration du phénomène
présenté par des personnes qui déclarent ne pas réussir à récupérer un mot
recherché, tout en ayant l'impression d'avoir ce mot « sur le bout de la
langue » (« tip-of-the-tongue phenomenon », TOT) a été proposée par
Brown et McNeill (1966). Ces auteurs ont développé un paradigme expér
imental qui permet de recueillir des données sur les problèmes de récupéra
tion au rappel. Ils fournissaient aux sujets des définitions de mots rares et la dénomination : la spécificité des noms propres 733 De
leur demandaient de récupérer le mot cible proposé. Les sujets devaient
ensuite produire les connaissances qu'ils étaient capables de retrouver sur
le mot recherché.
Des études utilisant ce paradigme expérimental ont été réalisées pour
mesurer les difficultés de récupération des noms propres. Gruneberg, Smith
et Winfrow (1973) ont montré que le phénomène du « mot sur le bout de la
langue » (MBL) est plus fréquent pour les noms des personnes faisant partie
des relations personnelles (40 %) que pour des termes géographiques
(26 %) ou des termes politiques (16 %). Ces travaux ont été confirmés par
Burke, MacKay, Worthley et Wade (1991) qui obtiennent 62 % de MBL
pour les noms propres, 12 % pour les noms d'objets et 23 % pour les mots
abstraits. La dominance de MBL pour les noms propres confirme la diffi
culté d'accès à ce type d'information.
Selon Burke et al. (1991), plusieurs facteurs sont à l'origine des MBL :
l'âge du sujet, la fréquence d'utilisation d'un mot et sa récence d'uti
lisation. Chez les personnes âgées, 75 % des MBL apparaissaient pour des
noms de personnes qu'elles connaissaient depuis plus de six ans. Ce résultat
suggère que l'apprentissage récent d'un nom n'est pas un facteur détermi
nant dans l'apparition des MBL. En revanche, la récence d'un contact avec
la personne dont le nom n'est pas récupéré est un facteur qui varie
l'âge des sujets. Pour les personnes âgées, la dernière relation était plus tar
dive que pour les sujets jeunes. La récence influence donc l'apparition de
MBL des noms de personnes qui n'ont pas été contactées depuis 3 mois et
plus pour les âgées.
Hanley et Cowell (1988) ont exploré l'effet de différents indices sur la
capacité des sujets à récupérer des noms propres qu'ils n'ont pu évoquer
antérieurement. Ces auteurs présentaient aux sujets des visages de personn
alités connues, les sujets devaient préciser si le visage leur était familier,
s'ils connaissaient la profession et le nom de la personne en question. S'ils
n'arrivaient pas à produire le nom attendu, des indices de récupération leur
étaient fournis. La présentation des initiales du nom facilitait la récupéra
tion du nom lorsque le sujet connaissait la profession de la personne plutôt
que lorsque le visage était jugé comme non familier. De la même façon,
seules les informations concernant le nom propre facilitaient sa récupéra
tion lorsque les MBL sont provoqués par la description d'une personne
(Brennen, Baguley, Bright et Bruce, 1990).
Cette difficulté à récupérer un nom propre a aussi été mise en évidence
dans des situations nat

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