De la médiation médicale. Les conventions d usage des médicaments psychotropes - article ; n°1 ; vol.20, pg 13-34
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Sciences sociales et santé - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 13-34
Résumé. La prescription de médicaments psychotropes peut offrir une réponse face à la détresse. Néanmoins, cette perspective reste suspendue au crédit accordé par la population au soutien médical et à l'influence que l'interaction entre patients et médecins exerce en propre sur la décision de prescrire. Ces mécanismes, qu'on résume par la notion de médiation médicale, conditionnent un usage thérapeutique qui ne paraît pas structuré par la réglementation sanitaire, par les préconisations de la clinique ou bien encore par une inspection rigoureuse des risques de dépendance. L'article souligne en effet, à travers la présentation commentée du public consommateur et des logiques d'échanges qui organisent la consultation, l'incidence de repères concurrents, hérités pour l'essentiel des normes d' identité et de statut. Cette organisation appuie une légitimité thérapeutique centrée sur la prise en charge des publics inactifs, soit la constitution d'un espace de soin d'abord voué à la gestion de l'incapacité et donc à certaines formes seulement de régularisation du malheur.
About the medical mediation The norms of the psychotropic drugs use
Facing the distress, the prescription of psychotropic drugs may offer an answer. Nevertheless, this prospect is conditioned by two phenomena: thus the value granted by the population to the medical support, and the effect exerted by the interaction between patients and general practitioners. These mechanisms, which we summarize by the concept of medical mediation, condition a therapeutic use which succeeds in becoming emancipated from the rules fixed by the sanitary institution, but also from the psychiatric recommendations or even from a rigorous inspection of the risks of dependence. The article underlines indeed, through the presentation of the public consuming and logics which organize the medical exchange, the incidence of alternate references, inherited of norms of identity and status. This organization builds a legitimacy of prescription centered on the inactive publics. It is at the origin of a field of care first dedicated to the management of inability, and thus to certain forms only of regularization of misfortune.
Sobre la mediación médica. Las convenciones en uso de los medicamentos psicotrópicos
La prescripción de medicamentos psicotrópicos puede ser una respuesta eficaz frente al desamparo. No obstante, esta pespectiva dépende de la confianza de la poblacion en el apoyo médico y de la influencia que la interacción misma entre pacientes y médicos ejerce sobre la decisión de prescribir. Estos mecanismos, resumidos bajo el concepto de médiación médica, condicionan un uso terapéutico que no esta estructurado por una reglamentación sanitaria, las preconizaciones de la clinica ni tampoco por una inspeccion rigurosa de los riesgos de dependencia. En efecto, a través de una presentacion comentada sobre el publico consumidor y sobre las lógicas de intercambios que organizan la consulta, el artículo subraya la incidencia de referencias concurrentes que provienen esencialmente de las normas de identidad y de status. Esta organización sostiene una legitimidad terapéutica basada en hacerse cargo de públicos inactivos, es decir, la constitución de un espacio de tratamiento médico destinado en primer lugar a la gestión de la incapacidad y por ende, a ciertas formas solamente de regulación del sufrimiento.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Le Moigne
De la médiation médicale. Les conventions d'usage des
médicaments psychotropes
In: Sciences sociales et santé. Volume 20, n°1, 2002. pp. 13-34.
Citer ce document / Cite this document :
Le Moigne Philippe. De la médiation médicale. Les conventions d'usage des médicaments psychotropes. In: Sciences sociales
et santé. Volume 20, n°1, 2002. pp. 13-34.
doi : 10.3406/sosan.2002.1543
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_2002_num_20_1_1543Résumé
Résumé. La prescription de médicaments psychotropes peut offrir une réponse face à la détresse.
Néanmoins, cette perspective reste suspendue au crédit accordé par la population au soutien médical
et à l'influence que l'interaction entre patients et médecins exerce en propre sur la décision de prescrire.
Ces mécanismes, qu'on résume par la notion de médiation médicale, conditionnent un usage
thérapeutique qui ne paraît pas structuré par la réglementation sanitaire, par les préconisations de la
clinique ou bien encore par une inspection rigoureuse des risques de dépendance. L'article souligne en
effet, à travers la présentation commentée du public consommateur et des logiques d'échanges qui
organisent la consultation, l'incidence de repères concurrents, hérités pour l'essentiel des normes d'
identité et de statut. Cette organisation appuie une légitimité thérapeutique centrée sur la prise en
charge des publics inactifs, soit la constitution d'un espace de soin d'abord voué à la gestion de
l'incapacité et donc à certaines formes seulement de régularisation du malheur.
Abstract
About the medical mediation The norms of the psychotropic drugs use
Facing the distress, the prescription of psychotropic drugs may offer an answer. Nevertheless, this
prospect is conditioned by two phenomena: thus the value granted by the population to the medical
support, and the effect exerted by the interaction between patients and general practitioners. These
mechanisms, which we summarize by the concept of medical mediation, condition a therapeutic use
which succeeds in becoming emancipated from the rules fixed by the sanitary institution, but also from
the psychiatric recommendations or even from a rigorous inspection of the risks of dependence. The
article underlines indeed, through the presentation of the public consuming and logics which organize
the medical exchange, the incidence of alternate references, inherited of norms of identity and status.
This organization builds a legitimacy of prescription centered on the inactive publics. It is at the origin of
a field of care first dedicated to the management of inability, and thus to certain forms only of
regularization of misfortune.
Resumen
Sobre la mediación médica. Las convenciones en uso de los medicamentos psicotrópicos
La prescripción de medicamentos psicotrópicos puede ser una respuesta eficaz frente al desamparo.
No obstante, esta pespectiva dépende de la confianza de la poblacion en el apoyo médico y de la
influencia que la interacción misma entre pacientes y médicos ejerce sobre la decisión de prescribir.
Estos mecanismos, resumidos bajo el concepto de médiación médica, condicionan un uso terapéutico
que no esta estructurado por una reglamentación sanitaria, las preconizaciones de la clinica ni tampoco
por una inspeccion rigurosa de los riesgos de dependencia. En efecto, a través de una presentacion
comentada sobre el publico consumidor y sobre las lógicas de intercambios que organizan la consulta,
el artículo subraya la incidencia de referencias concurrentes que provienen esencialmente de las
normas de identidad y de status. Esta organización sostiene una legitimidad terapéutica basada en
hacerse cargo de públicos inactivos, es decir, la constitución de un espacio de tratamiento médico
destinado en primer lugar a la gestión de la incapacidad y por ende, a ciertas formas solamente de
regulación del sufrimiento.Sciences Sociales et Santé, Vol. 20, n° 1, mars 2002
De la médiation médicale.
Les conventions d'usage
des médicaments psychotropes
Philippe Le Moigne*
Résumé. La prescription de médicaments psychotropes peut offrir une
réponse face à la détresse. Néanmoins, cette perspective reste suspendue
au crédit accordé par la population au soutien médical et à l'influence que
l'interaction entre patients et médecins exerce en propre sur la décision de
prescrire. Ces mécanismes, qu'on résume par la notion de médiation
médicale, conditionnent un usage thérapeutique qui ne paraît pas struc
turé par la réglementation sanitaire, par les préconisations de la clinique
ou bien encore par une inspection rigoureuse des risques de dépendance.
L'article souligne en effet, à travers la présentation commentée du public
consommateur et des logiques d'échanges qui organisent la consultation,
l'incidence de repères concurrents, hérités pour l'essentiel des normes
d' identité et de statut. Cette organisation appuie une légitimité thérapeu
tique centrée sur la prise en charge des publics inactifs, soit la constitu
tion d'un espace de soin d'abord voué à la gestion de l'incapacité et donc
à certaines formes seulement de régularisation du malheur.
Mots-clés : médicament psychotrope, inactif, incapacité, généraliste,
médiation, prescription, psychiatrie, RMO.
* Philippe Le Moigne, sociologue, Centre de Recherche Psychotropes, Santé Mentale,
Société (CESAMES), INSERM/CNRS, Université Pans V René-Descartes, 59-61, rue
Pouchet, 75017 Paris, France ; e-mail : le-moigne.philippe@wanadoo.fr 4 PHILIPPE LE MOIGNE 1
En matière de médicaments psychotropes, quel est le degré réel
d'adéquation entre les découpages nosographiques (anxiété, insomnie,
dépression, psychose), la nature des produits (anxiolytiques, hypnotiques,
antidépresseurs, neuroleptiques), et les destinataires effectifs de la médi
cation (anxieux, insomniaques, déprimés, psychotiques) ? La probabilité
d'une telle correspondance, largement débattue (Cohen, 1994 ; Cohen et
Collin, 1997 ; Costentin, 1993 ; Woods et Winger, 1995), paraît aujour
d'hui suspendue à la question du transfert de la thérapeutique en médecine
générale, premier lieu de prescription des médicaments. Les caractéris
tiques de l'exercice en médecine ambulatoire et les attentes et les percep
tions de la clientèle sont à l'origine de contraintes qui contribuent en effet
à projeter l'action du thérapeute hors des schémas cliniques ou administ
ratifs de la prescription (DSM IV, RMO (1), etc.)- En particulier, ces
normes d'action conduisent à écarter du public, auquel s'adressent les
prescriptions, une partie des candidats légitimes au traitement, au regard
de leur tableau clinique. Mais elles suscitent également des décisions thé
rapeutiques qui ne sont pas nécessairement étayées par la symptomatolo-
gie (Zarifian, 1996) (2).
La plupart des travaux de recherche se sont employés à expliquer cet
écart. L'analyse s'est souvent appuyée ici sur l'étude des comportements
de santé pour expliquer en particulier pourquoi la confrontation à une
même série d'événements (veuvage, divorce, chômage, etc.) pouvait
conduire à des taux de médicalisation très différenciés. Cette grille de lec
ture fait appel à l'influence exercée par les cultures du soin et par la proxi
mité à l'égard de l'appareil sanitaire. Néanmoins, l'explication misant sur
les facteurs de sélection, qui influent sur le profil des candidats à la
consultation, conduit à prêter un rôle sans doute trop déterminant aux
effets de milieu (communautaire, professionnel, familial, etc.) (Le
Moigne, 2000). À cet égard, il faut saluer le mérite des analyses qui ont
(1) Diagnostic and Sîatistical Manual of Mental Disorders. Il s'agit de la classification
classique des troubles mentaux édictée par X American Psychiatrie Association. Quant
aux RMO (références médicales opposables), produites par l'institution sanitaire, elles
définissent le cadre des « bonnes pratiques » que les prescripteurs doivent respecter.
Comme on le verra, ces règles sont en réalité très inégalement observées par le corps
médical.
(2) La prévalence de la dépression est estimée à 5 %, soit un taux similaire à celui des
prescriptions d'

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