De la Monnaie
192 pages
Français

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De la Monnaie

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Extrait

La Monnaie et le mécanisme de l’échange
William Stanley Jevons
1881
Texte entier sur une seule page
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
La Monnaie et le mécanisme de l’échange : Texte entier
La Monnaie et le mécanisme de l’échange
William Stanley Jevons
1881
Chapitre 1
Il y a quelques années, mademoiselle Zélie, chanteuse du théâtre Lyrique à Paris,
fit autour du globe une tournée artistique, et donna un concert aux Iles de la Société.En échange d’un air de la Norma et de quelques autres morceaux, elle devait
recevoir le tiers de la recette. Quand on fit les comptes, on trouva qu’il lui revenait
pour sa part trois porcs, vingt-trois dindons, quarante-quatre poulets, cinq mille noix
de coco, sans compter une quantité considérable de bananes, de citrons et
d’oranges. À la Halle de Paris, ainsi que le fait remarquer la prima-donna dans une
lettre spirituelle publiée par M. Wolowski, la vente de ces animaux et de ces
végétaux aurait pu rapporter quatre mille francs, ce qui aurait été pour cinq airs une
assez jolie rémunération. Mais dans les Iles de la Société les espèces étaient
rares ; et, comme mademoiselle Zélie ne put consommer elle-même qu’une faible
partie de sa recette, elle se vit bientôt obligée d’employer les fruits à nourrir les
porcs et la volaille.
Lorsque M. Wallace voyageait dans l’archipel de la Malaisie, il souffrait plus
souvent, à ce qu’il semble, de la rareté que de la surabondance des provisions.
Dans le récit si intéressant qu’il a fait de ses voyages, il nous dit que, dans
certaines îles, où l’on ne se servait pas de monnaie, il ne pouvait se procurer les
provisions nécessaires au dîner que moyennant un échange spécial qui exigeait
chaque fois de longs débats. Si l’on ne pouvait offrir au possesseur du poisson ou
des autres comestibles convoités l’objet contre lequel il voulait échanger sa
marchandise, il s’en allait, et M. Wallace et son monde se passaient de dîner. On
reconnut donc qu’il était très-commode d’avoir toujours sous la main un
approvisionnement d’articles divers, couteaux, pièces d’étoffe, arack, gâteaux de
sagou ; il y avait ainsi beaucoup de chances pour qu’un article ou l’autre convînt à
ces négociants de passage.
Dans la société civilisée d’aujourd’hui, les inconvénients de la méthode primitive
des échanges sont tout à fait inconnus, et pourraient presque paraître imaginaires.
Accoutumés dès nos plus tendres années à l’usage de la monnaie, nous n’avons
pas conscience des services inappréciables qu’elle nous rend ; c’est seulement
quand nous nous reportons à des états de société tout différents, que nous pouvons
nous faire une idée exacte des difficultés que l’absence de monnaie entraîne. On se
trouve même surpris quand on constate que le troc est aujourd’hui encore le seul
mode de commerce pratiqué par quelques races non civilisées. Il y a quelque
chose de singulièrement absurde en apparence dans ce fait qu’une société par
actions, — appelée Compagnie africaine du troc, à responsabilité limitée, — existe
à Londres, et que ses opérations consistent uniquement à échanger sur la côte
occidentale de l’Afrique des produits manufacturés de l’Europe contre l’huile de
palme, la poudre d’or, l’ivoire, le coton, le café, la gomme, et d’autres matières
brutes.
La forme primitive de l’échange consista sans doute à donner les objets dont on
pouvait se passer pour obtenir ceux dont on avait besoin. Ce trafic élémentaire est
ce que nous appelons barter ou truck, en français troc ; nous le distinguons de la
vente et de l’achat dans lequel on ne veut garder que peu de temps l’un des articles
échangés, pour s’en défaire ensuite en procédant à un second échange. L’objet qui
intervient ainsi temporairement dans la vente et dans l’achat est la monnaie, Il
semble tout d’abord que l’usage de la monnaie ne peut que donner une double
peine, puisqu’il rend deux échanges nécessaire» là où un seul suffisait ; mais une
rapide analyse des difficultés inhérentes au troc simple nous montrera qu’à ce point
de vue l’avantage est tout entier du côté de la monnaie. Une telle analyse peut seule
nous montrer que l’argent ne nous rend pas un service unique, mais plusieurs
services différents dont chacun est indispensable. La société moderne ne pourrait
exister, dans sa forme actuelle si complexe, sans les moyens que nous fournit la
monnaie pour évaluer, distribuer, négocier les denrées les plus diverses.
DÉFAUT DE COÏNCIDENCE DANS LE TROC.
La première difficulté, dans le troc, est de trouver deux personnes dont chacune
possède et peut céder les objets qui conviennent aux besoins de l’autre. Il peut y
avoir beaucoup d’hommes qui éprouvent des besoins et beaucoup d’autres qui
possèdent ce dont manquent les premiers ; mais pour qu’un échange soit possible,
il faut qu’il se produise une double coïncidence, et c’est ce qui arrivera rarement. Un
chasseur, au retour d’une chasse heureuse, a beaucoup plus de gibier qu’il ne lui
en faut, et manque peut-être d’armes et de munitions pour recommencer sa
chasse. Mais ceux qui ont des armes sont peut-être aussi fort bien pourvus de
gibier, de telle sorte qu’un échange direct entre eux est impossible. Dans une
société civilisée, le propriétaire d’une maison peut la trouver incommode et par
suite jeter les yeux sur une autre maison qui ferait exactement son affaire. Mais, au
cas même où le propriétaire de cette seconde maison souhaite s’en défaire, il est
fort peu probable que ses désirs répondent exactement à ceux du premier
propriétaire, et qu’il veuille échanger les maisons. Vendeurs et acheteurs ne
peuvent arriver à s’accorder que par le moyen de quelque denrée, de quelquemarchandise banale, comme disent les Français, que tous en même temps sont
disposés à recevoir, de sorte qu’après l’avoir obtenue par une vente, on peut
toujours ensuite l’employer à un achat. Cette marchandise banale est appelée un
moyen d’échange, parce qu’elle forme un troisième et moyen terme dans toutes les
opérations de commerce.
Dans ces dernières années on a essayé une curieuse tentative pour faire revivre la
pratique de l’échange à l’aide d’avis mis en circulation. Le Exchange and Mart est
un journal destiné à annoncer tous les objets dépareillés dont leurs propriétaires
veulent se défaire en échange de quelque article désiré. Une personne a quelques
vieilles monnaies et un vélocipède, et veut les changer contre une bonne concertina.
Une jeune dame désire posséder « Middlemarch, » et offre pour l’avoir quelques
vieux morceaux de musique dont elle ne veut plus. À en juger par les dimensions et
le succès du journal, ainsi que par quelques autres journaux hebdomadaires qui lui
ont emprunté son idée, nous devons présumer que ces offres sont quelquefois
acceptées, et que la presse peut amener, jusqu’à un certain degré, la double
coïncidence nécessaire à la pratique du troc.
NÉCESSITÉ D’UNE MESURE DE VALEUR.
Dans le troc nous rencontrons une seconde difficulté. À quel taux doit-on faire un
échange quelconque ? Si l’on donne une certaine quantité de bœuf pour une
certaine quantité de blé ; si l’on échange de la même façon le blé pour du fromage,
le fromage pour des œufs, les œufs pour la cire, et ainsi de suite, nous aurons
encore à résoudre cette question : Combien de bœuf pour combien de cire ? c’est-
à-dire combien faut-il donner de chaque denrée pour une quantité déterminée d’une
autre marchandise ? Avec le système de l’échange, la liste des prix courants serait
un document singulièrement compliqué, car chaque denrée y devrait être évaluée
en termes de

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