De la monnaie antique à la monnaie musulmane. - article ; n°4 ; vol.30, pg 890-899

Gilles Hennequin

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1975 - Volume 30 - Numéro 4 - Pages 890-899
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 57
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Gilles Hennequin
De la monnaie antique à la monnaie musulmane.
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 4, 1975. pp. 890-899.
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Hennequin Gilles. De la monnaie antique à la monnaie musulmane. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année,
N. 4, 1975. pp. 890-899.
doi : 10.3406/ahess.1975.293649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1975_num_30_4_293649LA CIVILISATION ISLAMIQUE
DE LA MONNAIE ANTIQUE LA MONNAIE MUSULMANE
Hommage Maurice Lombard
La publication de plusieurs ouvrages posthumes de un des grands historiens du
xxe siècle fournit une opportune occasion de tenter une revue rapide des problèmes qui
se posent au sujet du fait monétaire dans Antiquité et au Moyen Age Sur chaque point
ou presque en effet apport original ou critique de Maurice Lombard constitue un
de départ commode partir duquel on peut essayer de faire progresser la discussion
est surtout le point de vue de utilisateur de monnaie ou demandeur encaisses
monétaires qui préoccupé Lombard suivant en cela ailleurs immense majorité
de ses prédécesseurs contemporains et même successeurs On ne considère ici que la
monnaie légale métallique Et on ne peut que souscrire au point de vue de Lom
bard sur union nécessaire entre la civilisation urbaine fondée sur-la division du travail
et utilisation de instrument monétaire Tout en donnant la monnaie la place centrale
qui ne peut pas ne pas être la sienne et même si quelques incertitudes dans la for
mulation ont pu donner prise la critique Lombard parfaitement évité écueil qui
aurait consisté faire de la monnaie une cause première ou même une nn en soi et la
lecture de tant et tant ouvrages et articles montre que sa clairvoyance été en oc
currence que fort peu imitée La monnaie est et reste dans uvre de Lombard un
instrument demandé sous sa triple forme étalon ou numéraire de médium des
échanges et de réserve de la valeur utilisation de la monnaie par tat lui-même
comme demandeur encaisses est très bien mise en lumière
Si on se tourne maintenant vers autre aspect du problème celui de offre de mon
naie autant plus capital il est uniformément ignoré la lecture de la produc
tion moderne et contemporaine donne une résonance presque pathétique aux aver
tissements de Lombard sur la double nécessité de distinguer chaque cas et chaque
situation dans le temps et dans espace est-à-dire de faire uvre historique la plupart
des auteurs ont manifestement pas songé La confusion et anachronisme régnent
presque souverainement sur histoire monétaire de Antiquité et du Moyen Age La
plupart des auteurs ne paraît même pas envisager que la monnaie ait pu ne pas être of
ferte exactement dans les mêmes conditions partout et toujours au cours des presque
trois millénaires de son existence Avant 1914 on projetait au moins implicitement dans
le passé et la Lydie indépendante incluse le libéralisme qui venait seulement de
triompher Dans notre dernier tiers du xxe siècle on ne comprend plus que de fa on
890 HENNEQUIN LA MONNAIE MUSULMANE
superficielle les situations et les préoccupations monétaires avant 1914 on se donne
rarement la peine étudier la théorie monétaire même élémentaire et on essaie même
pas en tout cas utiliser expérience concrète la plus récente qui par un paradoxe qui
est apparent post-libéral appliquant très bien pré-libéral si on entoure des
précautions nécessaires pourrait aider efficacement la compréhension de nombreux
faits époques même très reculées Le problème des conditions de offre de monnaie
touche la fois aux origines historiques du fait monétaire aux rapports de la et
de tat et donc alternative inévitable éternelle et universelle entre réalisme et
nominalisme
Aux âges et dans les espaces géographiques plus particulièrement considérés par
Lombard le stade de la marchandise-monnaie est-à-dire de la monnaie avant
tat sans tat ou hors de tat est presque partout dépassé sauf exceptions Est-ce
dire que le stade de la monnaie-marchandise abandonnée au hasard par un tat qui
laisse tout faire et tout passer et qui il doit toujours et obligatoirement intervenir
puisque seul il peut donner la monnaie son âme le fait de fa on totalement passive et
qualitative automatique et gratuite été atteint partout et tout de suite
En fait le lien entre tat et offre de monnaie dans les sociétés que nous décrit
Lombard paraît bien avoir été une nature fort différente intervention au moins
partiellement active et quantitative discrétionnaire et onéreuse intérêt de tat pour la
fonction offreur de monnaie peut ailleurs être historiquement parlant long
éveiller Mais il devient ensuite exclusif et un monopole instaure défendu avec la
plus extrême sévérité Les raisons agir ainsi ont pu être de prestige politique Les soucis
de utilisateur de monnaie ont pu également ne pas être absents les pouvoirs publics
préférant être en mesure effectuer des paiements sans avoir dépendre offreurs
étrangers espèces monétaires Mais agissant de importe quel tat peut-on
empêcher de penser que le souci de paiements recevoir dû être au moins aussi
pressant que celui de paiements effectuer
Non seulement la monnaie est dès origine un auxiliaire essentiel de la fiscalité
mais elle permet également dès origine en démultiplier efficacité Ceci empêchait
certes pas la monnaie tat antique et médiévale de remplir aux mains des utilisateurs
les fonctions purement économiques énumérées plus haut mais seulement dans cer
taines conditions il nous faut maintenant nous efforcer éclaircir
Tout commence en effet lorsque tat édicté que des signes matériels émis ex
clusivement par lui et décriables tout instant par lui pourront seuls permettre de
acquitter de toutes obligations envers lui Cet instant critique est celui où meurt la mar
chandise-monnaie Le pouvoir libératoire illimité vis-à-vis de tat et donc également
des particuliers est désormais dispensé par atelier monétaire et par lui seul Com
ment les choses ont-elles pu se passer dans la pratique quotidienne du point de vue un
simple particulier il 2500 ou 1500 ou 1000 ans pour nous en tenir aux époques
considérées plus particulièrement par Lombard Si notre particulier demandeur de
monnaie pouvait effectivement tout instant et sans limitation aucune extraire du
métal monétaire en importer en acheter sur un marché parfaitement libre et au prix
établi par le seul jeu de offre et de la demande le détenir où il lui plaisait et aussi
longtemps il lui plaisait apporter finalement atelier repartir en emportant un
poids espèces monnayées identique celui du métal brut apporté déduction faite éven
tuellement une quantité correspondant très exactement au prix de revient économique
de opération matérielle de la frappe les exporter après les avoir éventuellement refon
dues en lingots. si toutes ces conditions étaient effectivement et simultanément
réunies alors oui notre particulier vivait en régime de monnaie-marchandise réelle
pleine droite libre certains disent même silencieuse en régime étalon
métallique Ce particulier payait sans doute des impôts et avec de la monnaie mais pas
par la monnaie Est-il besoin ajouter un lecteur non prévenu cherche en vain au
long de centaines de volumes et de milliers articles la description circonstanciée un
seul tat antique ou médiéval où pareille situation aurait été effectivement réalisée
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Ce dû être en fait expérience quotidienne du particulier ces époques est le
prélèvement supérieur au simple brassage et il faut donc bien considérer comme
un impôt pour la fraction en excédent dudit brassage On peut appeler ce prélèvement
fiscal seigneuriage ou droit de frappe et sa caractéristique essentielle semble bien
avoir été-moins la lourdeur que arbitraire Car le marché des lingots était pas libre les
pouvoirs publics arrogeant en fait sinon en droit le contrôle de offre ou de la demande
ou des deux la fois en particulier aux frontières Les exemples abondent Byzance
dont le mercantilisme on ne peut plus bullioniste pu et par définition ex
clure le libéralisme monétaire et dont le cas est autant plus intéressant il permet de
supposer une certaine continuité maintenue ou retrouvée entre Antiquité c